Darmanin s’est dit prêt à durcir la loi immigration notamment avec l’instauration de quotas. Alors que la macronie est en difficulté avec la réforme des retraites, elle joue à la surenchère xénophobe avec LR pour tenter de s’assurer leur soutien, indispensable pour passer la loi.
Léo Stella
mercredi 1er février
Crédits photo : IROZ GAIZKA / AFP
La loi immigration, a été présentée par Gérald Darmanin au conseil des ministres ce mercredi. A la sortie, le ministre s’est dit « certain » de trouver « un compromis sans dénaturer le texte », « en écoutant les oppositions et singulièrement les oppositions de droite ». Et pour cause, si le gouvernement veut espérer faire passer sa loi immigration qui s’annonce être une attaque d’ampleur contre les immigrés, le soutien de la droite LR lui est indispensable.
Par conséquent, le texte, qui devrait être débattu au Sénat début mars puis à l’assemblée nationale courant avril-mai, pourrait bien être encore plus dur contre les immigrés que ce qui avait été initialement prévu par le gouvernement. Dans un entretien accordé au Parisien ce lundi, Gérald Darmanin avait déjà affirmé être prêt à faire des concessions aux Républicains dont le soutien est indispensable pour pouvoir faire passer son projet de loi mais qui, pour le moment, refusent toujours de voter le projet de loi. De telles concessions impliqueraient ainsi d’aller vers un projet de loi toujours plus à droite que ce qu’avait initialement prévu le gouvernement. Pour rappel, avec ce projet de loi, Darmanin affirmait vouloir rendre « impossible la vie des étrangers » sous OQTF et se vantait dans son interview au Parisien « on va pouvoir expulser plus d’étrangers » !
Sur la question des titres de séjour « métiers en tension » qui cristallise les critiques en « laxisme » des Républicains et qui sont qualifiés de « chiffon rouge » par Eric Ciotti, Darmanin a ainsi donné des gages. Il a d’abord expliqué que cela ne signifiera en aucun cas des régulations massives, bien au contraire : « Pour bénéficier de ce titre, il faut trois ans de vie sur le territoire national. Cela ne concerne que les métiers en tension. Il a une validité de seulement un an, qui n’ouvre pas de droit au regroupement familial ».
Surtout, Darmanin s’est montré prêt à durcir la loi dans le sens des demandes des Républicains, en limitant toujours plus le droit à la régularisation. Le ministre a ainsi ouvert la voie à la mise en place d’un système de quotas tels que demandé par LR : « Je sais qu’il y a aussi des critiques sur le volet travail du texte. Parlons-en ! Chez les LR, certains défendent l’idée d’instaurer des quotas pour limiter les régularisations. Discutons-en. Nous sommes ouverts à toutes les discussions dans le cadre du débat parlementaire », a-t-il affirmé au Parisien. Pour le moment, malgré l’ouverture à un durcissement du texte témoignée par Darmanin, LR a réaffirmé ce mardi son refus de voter le texte du gouvernement de la voix notamment de Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat.
Ces appels du pied aux LR ne font qu’ouvrir la voie à une véritable surenchère xénophobe et un durcissement de la loi immigration de la part du gouvernement qui n’a d’autre choix que de faire un pas en direction de la droite s’il veut pouvoir faire passer son projet de loi. En effet, Les Républicains vont continuer de mettre la pression pour un projet toujours plus dur. Comme l’affirme le député LR du Pas-de-Calais Pierre-Henri Dumont : « nous sommes en train de travailler à des contre-propositions : quotas, système à points, diminution par deux de l’immigration étudiante » (qui représentait environ 108.000 titres en 2022) ou encore « immigration familiale, titres de séjour probatoires… ».
LR sait qu’après avoir initialement accepté de soutenir la réforme des retraites, le fait qu’elle vote la loi Immigration pourrait la faire apparaître comme une véritable béquille du gouvernement et lui faire jouer sa survie politique à l’avenir. D’où les déclarations de Pierre-Henri Dumont : « On ne peut pas demander à voter les retraites et après l’immigration, autant rejoindre la majorité ». Les débats parlementaires autour de cette loi s’apparenteront donc à une véritable surenchère xénophobe et anti-migrants.
Pourtant, alors qu’il n’y a rien à négocier ou amender dans une loi qui promet de pourrir toujours plus la vie des travailleurs sans-papiers et des immigrés, de les précariser et de les mettre toujours plus à la merci des intérêts du patronat, la gauche institutionnelle s’est montrée particulièrement silencieuse. Pire, certains députés, à l’image de Andy Kerbat, député LFI de Loire-Atlantique, se disent prêt à « co-construire le texte ».
À rebours de telles positions, et alors que le gouvernement est plus que jamais fragilisé dans le cadre de la bataille des retraites, il y a urgence à construire une mobilisation massive dans la rue contre le projet de loi immigration mais aussi pour la régularisation de tous les sans-papiers. Une telle perspective est possible au moment où les journées de mobilisation du 19 et du 31 janvier offrent une opportunité pour faire reculer Macron sur les retraites mais aussi pour faire reculer Darmanin sur la loi immigration, à condition que les revendications contre la loi immigration et pour la régularisation commencent à être portées avec force par le mouvement ouvrier.
Mots-clés
Loi Immigration / Racisme d’État / Anti-racisme / Migrants / Gérald Darmanin / Racisme / Racisme et violences d’Etat / Les Républicains / Immigration
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