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Au Théâtre des Doms, cette extra-territorialité de la confédération Wallonie-Bruxelles à Avignon se trouve un bijou, une pépite de « care » sans faux-semblant mais avec des beaux faux-cils !
Lylybeth Merle nous attend dans un écrin de verdure. Le gradin est en plein air. Elle se soucie : « il ne fait pas trop chaud ? ». Elle nous distribue des brumisateurs, elle fait cas de nous devenus un et un seul groupe.
Elle est belle à en mourir, et peut-être qu’elle n’aimera pas que l’on dise ça d’elle. Elle a des yeux immenses, augmentés par un maquillage aux dégradés de bleu. Elle porte une barbe taillée à la perfection. Elle a un crop-top qui flotte sur une jupe longue fluide. Elle aurait voulu se présenter à nous dans son armure, « son costume de super-héroïne » de drag-queer. Avec une robe à plume, une autre en velours, un bel imperméable aussi. Mais la canicule a dit non.
Dire non c’est ce qu’elle fait souvent, particulièrement depuis deux ans quand elle a choisi d’embrasser le chemin de la trans-identité. Elle nous raconte, seule ou presque, accompagnée de son·sa regisseur.euse général.e Baxter son histoire. Une histoire marquée par des figures tutélaires féminines : sa mère, sa tante et sa grand-mère, qui toutes les trois, chacune à leur endroit, ont autorisé le petit garçon qu’il était à accepter sa féminité.
Lilith(s) n’est pas un cours sur la transidentité. Ce n’est pas une performance dogmatiste. Litith c’est celle qui, dans le mythe, a défié Adam, a osé partir du jardin d’Eden pour être, elle, libre. Mais la liberté coûte parfois cher face à la bêtise, à la violence.
Nous sommes abasourdis qu’encore et toujours, un vêtement ou une histoire puisse générer de la haine. Nous sommes abasourdis que face justement à cette haine, cette artiste choisisse inlassablement le dialogue, comme une pèlerine qui apporterait la bonne nouvelle, celle d’un monde où chacun et chacune puisse vraiment se nommer et se vêtir selon ce qui l’anime. Bouger selon ses gestes personnels aussi.
Au plateau, qui peut ressembler à une chambre, Lylybeth vole, danse, parle, lit les mots trop durs à dire à voix nue. Elle parle sans juger, très consciente de ce qui gronde autour. Elle sait sans le dire qu’une assemblée française remplie d’homophobes ou que la fin de l’avortement dans plusieurs Etats d’Amérique laissent penser que le futur proche, comme dirait Jan Martens, ne sera pas que bienveillant.
En attendant de nouvelles guerres, assister à une représentation de Lilith(s) est un moment doux, sensible et généreux qui, nous l’espérons, permettra encore plus de transmission autour des questions de genre.
Dernière le 28 juillet à 13h, au Théâtre des Doms. Durée 1h.
Visuel : Inés Detraux
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