Écrit par Tracy Heindrichs
Publié le 22.12.2022
Gilles Pierre est le responsable de la réglementation bancaire et des marchés financiers au sein de l’ABBL. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)
Suite à la septième édition de la conférence annuelle sur la gestion des risques de l’ABBL et de l’ALRiM, Gilles Pierre, responsable de la réglementation bancaire et des marchés financiers de l’ABBL, s’est entretenu avec Delano sur deux points de discussion majeurs pour l’année à venir: l’externalisation et l’ESG.
Comme de tradition, chaque mois de décembre depuis 2013 – à l’exception des années Covid –, les responsables de la gestion des risques basés au Luxembourg ont l’occasion de réseauter et d’échanger sur les défis et les aspects techniques de la réglementation lors d’une conférence. À l’origine de l’événement, on trouve Gilles Pierre de l’association des banquiers luxembourgeois (ABBL) et Thierry López et Luc Neuberg de l’ALRIM (Luxembourg Association for Risk Management).
Gilles Pierre , Responsable de la réglementation bancaire et des marchés financiers, ABBL
Cette année, l’externalisation et l’ESG étaient au premier plan de la conférence, un choix évident pour Gilles Pierre. «L’importance de l’externalisation n’est pas nouvelle, mais il était important de rappeler que peut-être, pour les banques, l’externalisation est importante d’abord parce qu’elle nous permet d’avoir les ressources humaines et les compétences spécifiques et spécialisées nécessaires que nous n’avons pas en interne. Mais il y a aussi un objectif de coût-efficacité.»
La CSSF a publié, en avril, la circulaire 22/806 sur l’externalisation, un document qui non seulement encadre les accords d’externalisation, mais aborde également les exigences en matière de technologies de l’information et de la communication (TIC). «C’est aussi pour cela que c’est en tête de l’agenda des régulateurs: il faut éviter les situations où une banque va tout externaliser et où il n’y aurait plus de substance dans la banque», indique Gilles Pierre. Le défi de l’application de la réglementation à des scénarios transfrontaliers a également été abordé lors de l’événement.
L’ESG, quant à elle, est un sujet permanent pour les organisateurs de la conférence: «Le sujet de la durabilité et de la finance durable est là pour rester, nous devons donc relever les défis», estime Gilles Pierre, ajoutant que «sauver la planète est l’objectif ultime. Bien sûr, nous avons besoin de temps, nous n’avons pas beaucoup de temps, mais nous avons besoin d’une mise en place progressive. Nous ne pouvons pas tout mettre en œuvre dès le départ».
Il est rassurant de constater que «la prise de conscience est désormais totale au sein des banques et que, dans la pratique, les cadres supérieurs et les directeurs des banques ont vraiment pris le sujet à bras-le-corps», mais au stade actuel de la bataille – la mise en œuvre pratique – «nous sommes confrontés à des problèmes de données».
«Les cadres de gestion des risques sont alimentés par des données – nous avons besoin des données sur le degré de durabilité des contreparties – et nous sommes en train de collecter les données, mais elles font quelque peu défaut pour le moment», explique le responsable de l’ABBL. La faute en incombe en partie au calendrier de mise en place de certaines réglementations, comme la directive européenne sur les rapports de durabilité des entreprises (CSRD).
Mais, si des progrès doivent être réalisés dans le secteur bancaire concernant l’accès à des données suffisantes, «nous allons faire de notre mieux pour intégrer les bonnes pratiques», affirme Gilles Pierre. «Cela commence par le haut – toute cette prise de conscience a été faite et il est sûr que nous ne reviendrons jamais en arrière. Il y aura une phase d’accélération donc le cadre réglementaire n’est pas forcément stable et harmonisé mais il y a beaucoup de choses qui se mettent en place.»
En ce qui concerne la prochaine conférence de fin d’année, qui aura lieu en décembre 2023, Gilles Pierre pense que des développements majeurs sur le front de la réglementation européenne et de Bâle IV seront à l’ordre du jour. Mais comme cette année l’a montré, le plus sage est de s’attendre… à l’inattendu.
Cet article a été écrit pour Delano, traduit et édité pour Paperjam.
