Retrouvez-nous sur :
– Les négociations s’intensifient à deux jours de la fin de la conférence sur le climat, mais elles patinent toujours sur la question d’un fonds d’indemnisation pour les dégâts subis par les pays pauvres. L’annonce d’un possible accord pourrait être reportée à samedi.
– Ovationné à Charm el-Cheikh, le président brésilien élu Luiz Inacio Lula da Silva a proclamé mercredi “le retour” du Brésil sur le front de la lutte mondiale contre le changement climatique. Il propose aux Nations unies d’organiser le 30e sommet sur le climat en 2025 en Amazonie.
– “Il reste encore beaucoup de travail si nous voulons obtenir des résultats significatifs et tangibles dont nous pourrons être fiers. Il faut maintenant changer de vitesse”, a lancé le président de la COP27 Sameh Choukri en ouverture de la dernière ligne droite de la conférence mondiale sur le climat.
– Les dirigeants politiques du monde entier sont réunis depuis le 7 novembre à Charm el-Cheikh, en Egypte. Ils sont sous pression pour renforcer leurs engagements climatiques, face à un réchauffement qui s’emballe, et apporter un soutien financier aux pays pauvres, qui en souffrent le plus.
– Les émissions de gaz à effet de serre doivent baisser de 45% d’ici 2030 pour avoir une chance de limiter le réchauffement à 1,5 degré par rapport à l’ère préindustrielle, objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris. Or, les pays sont loin de faire ce qui est nécessaire pour lutter contre le réchauffement.
– Dans un geste que beaucoup espèrent plus que symbolique, les délégués ont décidé lors de l’ouverture officielle de mettre pour la première fois à l’agenda officiel de la conférence la question épineuse du financement des dommages déjà causés par le réchauffement.
– Cette 27e conférence se déroule sur fond de crises multiples et liées qui secouent le monde: invasion de l’Ukraine, inflation galopante et menace de récession, crise énergétique, avec relance ou soutien aux énergies fossiles, crise alimentaire.
16h45
Appel à un accord "crédible" sur les compensations
12h40
Les discussions devraient se prolonger jusqu'à samedi soir
10h00
La France soutient l'idée d'une COP en Amazonie lancée par Lula
JEUDI 17 NOVEMBRE
Simonetta Sommaruga rejoint le sommet
20h25
Le secteur des énergies renouvelables s'affiche comme jamais à la COP
18h55
Lula promet de lutter "avec acharnement" contre la déforestation
17h25
L'UE promet près d'un milliard pour l'adaptation en Afrique
15h50
Les Etats insulaires "ne repartiront pas sans rien" de la COP27
13h40
Le Brésilien Lula veut organiser la COP de 2025 en Amazonie
11h00
L'engagement du G20 salué à la COP
MERCREDI 16 NOVEMBRE
Lula fait son retour sur la scène internationale à la COP27
17h30
Les engagements à la neutralité carbone jugés insuffisants
14h15
La Turquie annonce réviser ses engagements à la hausse, sans convaincre
12h00
"Absence de leadership" déplorée par les pays pauvres
09h00
L'Indonésie obtient 20 milliards pour réduire sa dépendance au charbon
MARDI 15 NOVEMBRE
L'Union européenne prête à rehausser ses ambitions climatiques
19h00
La Suisse se repose-t-elle sur les pays en développement?
15h40
La rencontre entre Joe Biden et Xi Jinping scrutée à la COP27
13h30
Encore "beaucoup de travail" pour surmonter les désaccords
12h15
G7 et pays vulnérables lancent un "bouclier" contre les risques climatiques
10h15
La Suisse recule au classement mondial de performance sur le changement climatique
09h30
L'indemnisation des pertes et dommages climatiques encore incertaine
08h15
A l'heure de la COP27, l'Inde va abattre 130 km2 de forêt tropicale
LUNDI 14 NOVEMBRE
La "ruée sur le gaz", une fausse promesse pour l'Afrique
DIMANCHE 13 NOVEMBRE
Bilan intermédiaire mitigé pour la Suisse
17h30
Le Brésil agira contre la déforestation, assure une proche de Lula
SAMEDI 12 NOVEMBRE
Le Mexique revoit son ambition de réduction des émissions à la hausse
18h15
Joe Biden exhorte "tous les pays" à limiter leur empreinte carbone
16h00
Nouvelles initiatives pour réduire les émissions de méthane
VENDREDI 11 NOVEMBRE
Critiques de la COP27 sur les réseaux sociaux
11h45
Des ONG déplorent le lobby des fossiles venu en force
JEUDI 10 NOVEMBRE
Critiqués, l'ambassadeur Franz Perrez défend les objectifs suisses
16h30
Le président ougandais accuse l'Europe "d'hypocrisie"
MERCREDI 9 NOVEMBRE
Un geste pour financer les dommages des catastrophes climatiques
22h10
Neuf pays rejoignent une alliance en faveur de l'éolien en mer
21h00
Les compensations, "une question de justice climatique"
20h25
Le Pakistan sur la ligne de front du réchauffement climatique
19h15
Le renouvelable est aussi bon pour la sécurité, dit le patron de l'Otan
16h55
Trois pays sud-américains appellent à sauver l'Amazonie
15h40
Le président sud-africain critique des aides financières "hors de portée"
14h00
Les petits Etats insulaires veulent taxer les grands groupes
12h10
Joe Biden restera "déterminé" quel que soit le résultat des élections
09h25
Emmanuel Macron, un président à l'avant-garde du combat climatique?
08h00
Un besoin de financement
MARDI 8 NOVEMBRE
Ignazio Cassis espère un plan d'action
20h55
Les points forts de la première journée
20h40
Pourquoi est-il nécessaire de maintenir l'objectif des 1,5 degré?
20h15
Le Kenya appelle à reconnaître le "cauchemar" des Africains
18h30
Près de 100 dirigeants, dont de nombreux africains, présents
17h30
Cassis souligne la nécessité de maintenir les objectifs climatiques
15h30
Une "COP africaine" qui risque de s'avérer décevante pour le continent
14h30
Un monde au bord du "suicide collectif" climatique, avertit le patron de l'ONU
13h50
Une centaine de gouvernants attendus sur deux jours
13h10
"Les pays riches ne peuvent plus faire l'autruche"
10h55
Stratégie suisse "insuffisante", selon Greenpeace
09h20
Emmanuel Macron: les Européens sont "les seuls à payer"
08h25
Charm el-Cheikh, une ville métamorphosée par la conférence
07h10
La société civile au ban de la conférence
LUNDI 7 NOVEMBRE
Les objectifs de la Suisse à Charm el-Cheikh
20h35
Charbon: Public Eye critique la place financière suisse
18h20
Le rapport de l'OMM comme "chronique du chaos climatique"
16h50
"Aucune crise n'est plus importante" que celle-ci
DIMANCHE 6 NOVEMBRE
Antonio Guterres: "Une question de vie ou de mort"
Alors que les négociations se poursuivent voire s’enlisent, le secrétaire général de l’ONU presse les pays rassemblés à la COP27 de trouver un accord sur la question de la compensation des dégâts climatiques subis par les pays du Sud.
“La manière la plus efficace de reconstruire la confiance est de trouver un accord ambitieux et crédible sur les pertes et préjudices et le soutien financier aux pays en développement”, a lancé Antonio Guterres.
Les négociations s’intensifient, à deux jours de la fin de la conférence de l’ONU sur le climat. Les pays en développement espèrent toujours la création d’un fonds pour compenser les “pertes et dommages” subis face aux impacts du réchauffement, un thème central de cette COP27.
Mais les pays dits riches sont encore très réticents à l’idée de développer un fonds consacré à ce sujet, préférant annoncer de simples enveloppes. L’Union européenne a ainsi précisé que 60 millions d’euros seront spécifiquement destinés à ces dommages déjà subis.
Un jour de plus
Mais d’autres sujets sont aussi en discussion à 48 heures de la fin officielle, comme l’atténuation du réchauffement climatique, l’adaptation.
Aux dernières nouvelles, cette COP27 aura aussi besoin, comme les précédentes, d’un peu plus de temps. Elle ne devrait donc pas se clore vendredi soir comme prévu mais plutôt samedi soir, avec peut-être l’annonce d’un accord.
>> Le point de situation dans le 12h30:
Le président français Emmanuel Macron a apporté jeudi son soutien à la proposition du président brésilien élu Luiz Inacio Lula da Silva d’organiser la conférence de l’ONU sur le climat en 2025 en Amazonie.
“Je souhaite ardemment que nous puissions avoir une COP en Amazonie donc je soutiens totalement cette initiative du président Lula”, a-t-il déclaré lors d’un déplacement à Bangkok pour le sommet du Forum de Coopération Asie-Pacifique (Apec).
“Nous en avons besoin”
“Je soutiens le retour du Bresil dans une stratégie amazonienne. Nous en avons besoin”, a insisté le dirigeant.
Le président élu Lula, qui prendra ses fonctions le 1er janvier, a formulé le voeu mercredi d’organiser la COP30 en Amazonie, poumon vert indispensable à l’équilibre du climat et de la biodiversité mondiale, depuis Charm el-Cheikh en Egypte où il a assisté à la COP27.
La COP27 sur le climat entre dans sa dernière ligne droite en Egypte. Les 190 pays réunis à Charm el-Cheikh depuis 10 jours tentent d’aboutir à une déclaration unanime d’ici vendredi, mais la discorde règne.
Dédommager les pays du Sud face aux conséquences du réchauffement, mais aussi concrétiser les promesses faites pour limiter le réchauffement à 1,5° d’ici la fin du siècle: les défis sont difficiles, mais pas impossibles.
“Solutions concrètes”
C’est du moins l’avis de Simonetta Sommaruga, conseillère fédérale en charge de l’Environnement, arrivée mercredi à la COP27. “C’est une COP difficile”, admet-elle. “On a pris des décisions il y a une année à Glasgow, il est temps maintenant de les mettre en oeuvre, de trouver des solutions concrètes.”
C’est pourquoi la Suisse lutte pour avoir un programme concret sur comment réduire le CO2 dans les prochaines années, précise la conseillère, et demande à tous les pays de faire leur travail.
>> L’interview de Simonetta Sommaruga dans La Matinale:
Une ville éphémère de 33’000 personnes venues du monde entier est en effervescence pour les trois derniers jours de négociations de la COP27, qui s’achèvera vendredi.
Et parmi les 12’000 ONG actives dans cette fourmilière, celles qui représentent les intérêts des technologies renouvelables sont de plus en plus nombreuses et de plus en plus visibles.
“Une exposition de solutions”
Mais “ce n’est pas une foire des technologies que l’on voit ici”, assure le président de Solar Impulse Bertrand Piccard dans le 19h30 de la RTS. “C’est une exposition de solutions”, poursuit-il. “Quand je veux déprimer, je vais voir les négociations. Et quand je veux me remonter le moral, je vais voir toutes les solutions qui sont là et qui sont à disposition”.
Aux côtés de technologies comme l’hydrogène vert figurent aussi l’éolien ou le solaire notamment. Reste à savoir si ces solutions qui émergent pousseront les politiques à l’audace.
>> Voir le reportage de Pascal Jeannerat dans le 19h30:
Sous une pluie d’applaudissements, aux cris de “Lula, Lula”, le président élu du Brésil a été accueilli en véritable star à la conférence de Charm el-Cheikh.Le président brésilien élu Lula da Silva à Charm el-Cheikh, 16.11.2022. [Khaled Elfiqi – EPA/Keystone]Très attendu, Luiz Inacio Lula da Silva a proclamé “le retour” de son pays sur le front la lutte mondiale contre le changement climatique.
Il a appelé à la création “urgente” d’un fonds dédié pour couvrir les dégâts déjà causés. “Nous ne pouvons plus reporter ce débat”, a-t-il déclaré dans son discours.
Et la sécurité climatique du monde dépend de la protection de la forêt amazonienne, a-t-il ajouté. “Il n’y aura pas de sécurité climatique dans le monde sans une Amazonie protégée”.
“Nous allons lutter avec acharnement contre la déforestation”, a promis le Brésilien dans la foulée, alors que la destruction de la forêt tropicale a fortement augmenté au Brésil sous la présidence du chef de l’Etat sortant Jair Bolsonaro.
Lutte pour le climat et contre la pauvreté
Lula s’est engagé à muscler la législation environnementale brésilienne et à créer de nombreux “emplois verts”. Il s’est dit convaincu, dans son discours, que la lutte contre le changement climatique est indissociable de la lutte contre la pauvreté.
L’Union européenne et certains Etats membres vont verser ensemble plus d’un milliard d’euros (980 millions de francs) pour aider l’Afrique à s’adapter au changement climatique.
“Ensemble, l’Union européenne et quatre Etats membres (France, Allemagne, Pays-Bas et Danemark) vont fournir plus d’un milliard d’euros pour soutenir l’adaptation en Afrique”, a annoncé le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans.
Cette initiative doit mobiliser des programmes d’adaptation nouveaux et existants, a indiqué la Commission dans un communiqué, sans préciser quelle proportion était nouvelle.
L’UE a précisé que 60 millions d’euros (presque 59 millions de francs) seront spécifiquement destinés aux dommages déjà subis.
Particulièrement menacés par le réchauffement, les Etats insulaires ont déjà “renoncé à beaucoup” et ne repartiront pas de la COP27 sans un fonds dédié pour compenser les “pertes et dommages” qu’ils subissent, a insisté leur représentant lors d’un entretien avec l’AFP.
“Nous espérons que (les pays développés) seront capables de tenir compte de certaines de nos priorités, a souligné le négociateur principal de l’Alliance des petits Etats insulaires (Aosis).
Le sujet a été officiellement inscrit à l’agenda, alors “il est important d’établir ce fonds à cette COP pour ne pas perdre l’élan”, a insisté Conrod Hunte. Mais Aosis dénonce l’absence de véritables négociations à ce stade, alors que la conférence se termine officiellement vendredi.Le président brésilien élu Lula da Silva à Charm el-Cheikh, 16.11.2022. [Khaled Elfiqi – EPA/Keystone]Le président élu brésilien Lula da Silva a annoncé à Charm el-Cheikh son souhait d’organiser la conférence de l’ONU sur le climat en 2025 dans les Etats amazoniens d’Amazonas ou du Para.
“Nous allons parler au secrétaire général de l’ONU et lui demander que la COP30 se déroule en Amazonie”, a déclaré le futur chef de l’Etat qui prendra ses fonctions le 1er janvier.
“Le Brésil ne doit pas être isolé” sur la scène internationale, a-t-il souligné alors que le pays s’est replié sur lui-même sous le mandat du président d’extrême droite sortant Jair Bolsonaro.
Lula effectue en Egypte son premier déplacement à l’étranger depuis son élection fin octobre.
L’engagement réaffirmé des pays du G20, qui représente 80% des émissions mondiales, à poursuivre les efforts pour limiter le réchauffement à 1,5°C faisait souffler mercredi un vent d’espoir à la COP27 où les négociations entrent dans leur dernière ligne droite.
“Les signaux positifs du sommet du G20 devraient donner une bouffée d’air aux négociations en Egypte qui entrent dans leurs derniers jours”, a commenté Ani Dasgupta, président du centre de réflexion World Resources Institute.
“Nous sommes contents de voir que ces pays sont d’accord sur l’importance de garder 1,5°C à portée, sur le besoin de renforcer les financements pour les pays et vulnérables et leur réaffirmation des objectifs de l’accord de Paris”, a-t-il ajouté.
L’accord de Paris reste la cible
L’accord de Paris de 2015 vise à limiter le réchauffement nettement en dessous de +2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, si possible +1,5°C. Alors que chaque dixième de degré entraîne une multiplication des catastrophes climatiques, les signataires de l’accord s’étaient engagés l’an dernier à la COP26 à “maintenir en vie” l’objectif le plus ambitieux.
Mais selon des observateurs, l’Arabie saoudite et la Chine, membres du G20, avaient fait savoir lors de la COP27 leur réticence, déjà exprimée par le passé, à voir à nouveau cette référence dans le texte final, alors que le monde se dirige vers un réchauffement catastrophique de 2,8°C.
Dans son communiqué final, le G20, notant que les évaluations des experts du climat de l’ONU (Giec) disent que “les impacts du réchauffement seront bien plus faibles à +1,5° qu’à 2°C”, sont “déterminés à poursuivre les efforts pour limiter la hausse de la température à +1,5°C”.
Le grand retour de Lula sur la scène internationale a lieu mercredi après-midi en Égypte dans le cadre de la COP 27. A 17h15, heure locale, le président élu du Brésil doit prononcer un discours dans lequel il va soutenir que la lutte contre le changement climatique doit aller de pair avec le combat pour éradiquer la faim et la pauvreté. Il marque ainsi une rupture avec Jair Bolsonaro, très critiqué pour sa gestion de la forêt amazonienne.
Ce discours est très attendu car il va donner les premières indications sur l’agenda environnemental que le Brésil entend définir à partir de 2023. Mais aussi parce qu’il devrait signifier la fin de la gestion de Jair Bolsonaro marquée par le démantèlement des politiques environnementales et la hausse de la déforestation ainsi que de l’activité minière illégale.
Pour y parvenir, le futur gouvernement entend miser sur les ressources et les investissements étrangers, destinés à lutter contre le changement climatique stimuler l’économie et donc permettre de réduire la pauvreté.
>> Les explications de La Matinale:
La plupart des engagements à la neutralité carbone des entreprises, villes ou régions ne sont pas à la hauteur des récentes recommandations du groupe d’experts de l’ONU dédié à cette question, selon une analyse publiée à la COP27.
“Les promesses de neutralité carbone ne doivent pas toutes être obligatoirement identiques, mais la plupart manquent des détails les plus basiques pour pouvoir être mises en oeuvre”, estime le Net Zero Tracker.
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La plateforme qui regroupe plusieurs centres de recherche a repassé en revue les engagements des entreprises, villes et régions à l’aune du rapport du groupe d’experts de l’ONU qui, la semaine dernière, a tracé les “lignes rouges” contre le greenwashing des acteurs privés.
Selon eux, un engagement à la neutralité carbone est incompatible avec des investissements dans les fossiles ou des activités entraînant de la déforestation. Et l’achat de crédits carbone pour compenser des émissions ne peut remplacer la réduction effective de ces émissions.
“Nous avons actualisé notre contribution” nationale déterminée (NDC), document qui liste les engagements de réduction d’émissions d’un pays aux termes de l’accord de Paris sur le climat, a annoncé le ministre turc de l’Environnement Murat Kurum dans un discours en séance plénière.
Cette NDC est “en adéquation avec notre cible de neutralité carbone à 2053” et “revoit à la hausse de 21% à 41% sa cible de réduction des émissions d’ici à 2030” par rapport au niveau qu’elles auraient atteint cette même année si la Turquie maintenait son rythme actuel d’émissions, a-t-il indiqué.
“Nos émissions atteindront leur pic au plus tard en 2038”, a poursuivi le ministre sans donner plus de précisions sur ces nouveaux engagements de la Turquie, 10e émetteur mondial de gaz à effet de serre.
Selon des ONG, vu le rythme actuel d’augmentation des émissions du pays, cette diminution par rapport à un scénario “où rien ne change”, aboutit finalement à une hausse nette certes réduite, mais tout de même de 31% par rapport aux niveaux actuels.
L’annonce d’une réduction plus forte des émissions par l’Union européenne est peu susceptible d’apaiser la colère des pays en développement, les moins responsables du réchauffement mais en première ligne face à ses impacts dévastateurs qui s’amplifient.
“L’absence de leadership et d’ambition en matière d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre est inquiétante”, a lancé le ministre sénégalais de l’Environnement Alioune Ndoye, au nom du groupe des Pays les Moins Avancés, dénonçant trois décennies “émaillées de déception”.
Fortes attentes sur les pays du G20
“Notre génération doit avoir le courage et la sagesse d’endosser la responsabilité de changer le cours de l’Histoire pour transmettre aux générations futures une planète vivable”, a-t-il ajouté.
“Lors de combien de COP avons-nous réclamé des actions climatiques urgentes? Combien de plus seront nécessaires? Combien de vies devrons-nous sacrifier?”, a ajouté le ministre du changement climatique du Belize, Orlando Habet, réclamant des actes du G20 et des “autres gros pollueurs”.
Nombre de participants à la COP27 attendent d’ailleurs de voir la façon dont les dirigeants du G20 réunis à Bali mardi et mercredi prendront en compte la crise climatique et leur ambition à agir. Ils espèrent une bonne nouvelle qui donnerait un coup de pouce aux négociations à Charm el-Cheikh.
Un groupe de pays riches et d’institutions internationales s’est engagé à verser à l’Indonésie, quatrième pays le plus peuplé du monde, 20 milliards de dollars pour réduire sa dépendance au charbon et qu’elle parvienne dix ans plus tôt que prévu à la neutralité carbone.
Les Etats-Unis, la France, le Canada et le Royaume-Uni font partie du groupe de pays riches qui contribuent à ce plan d’investissement, annoncé par la Maison Blanche mardi en marge du sommet des grandes économies du G20 sur l’île indonésienne de Bali.
Il fait suite à un autre de 98 milliards de dollars bénéficiant à l’Afrique du Sud, première puissance industrielle africaine.
Cet accord va permettre à l’Indonésie d’avancer de dix ans son objectif de neutralité carbone, à 2050.
Les financements obtenus sur une période de trois à cinq ans se partagent à moitié entre public et privé, sous la forme d’aides, de garanties de crédits ou d’investissements privés.
L’Union européenne est prête à rehausser ses ambitions climatiques et ne fera pas “machine arrière”, a annoncé Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne, mardi lors de la COP27 en Egypte.
La réduction des émissions des Vingt-sept devrait atteindre “au moins 57%” d’ici 2030, contre un objectif d’au moins 55% affiché jusque-là, et “je suis heureux de vous annoncer ici aujourd’hui que l’UE est prête à mettre à jour ses engagements pour refléter cette ambition rehaussée”, a-t-il dit dans un discours.
Accords récemment trouvés
Le responsable européen a souligné les accords récemment trouvés sur la répartition des baisses d’émissions de gaz à effet de serre entre Etats membres, sur les objectifs de capture de carbone par les sols et forêts ou la fin des véhicules thermiques.
“Nous sommes résolument sur le chemin de la finalisation de toute la législation, afin de mettre en oeuvre nos objectifs climatiques d’ici la fin de l’année”, a assuré Frans Timmermans depuis la tribune de la grande conférence de l’ONU sur le climat, qui se tient dans la ville balnéaire de Charm el-Cheikh.
“Ne laissez personne vous dire, ici ou ailleurs, que l’UE fait machine arrière. Ne les laissez pas vous dire que l’invasion de l’Ukraine par la Russie est en train de tuer le Pacte vert européen et que nous sommes dans une ruée vers le gaz”, a-t-il ajouté, en référence au difficile sevrage du gaz russe et à la recherche de nouvelles sources d’approvisionnement.
Samedi, la Suisse a signé un accord de compensation de C02 avec le Ghana. La Confédération va promouvoir dans ce pays des techniques de production de riz qui dégagent peu de méthane.
Les tonnes de C02 économisées grâce à cela seront attribuées à la Suisse.
>> Lire aussi: La Suisse signe un accord de compensation de CO2 avec le Ghana
Cette pratique a suscité la semaine dernière un article critique du New York Times, qui titrait: La Suisse compte sur les pays pauvres pour réduire les émissions de C02 à sa place. Alors est-ce bien le cas?
>> Le débat de Forum entre Franziska Meinherz, répondante de la grève du climat, Philippe Thalmann, professeur d’économie et directeur du laboratoire d’économie urbaine et de l’environnement de l’EPFL, et Gaëlle Fumeaux, coresponsable de la fondation Klik:
Le président américain Joe Biden et son homologue Xi Jinping se sont entretenus sur l’île indonésienne de Bali, à la veille du sommet du G20. Cette rencontre résonne jusqu’à Charm el-Cheikh.
>> Lire: Joe Biden et Xi Jinping ont eu une discussion “sincère” sur Taïwan, l’économie et l’Ukraine
“Tout signal venant de ces deux superpuissances aura une influence sur les négociations” du sommet sur le climat, analyse le journaliste Pascal Jeannerat dans le 12h45.
“Actuellement, les discussions à la COP27 sont larges, mais elles bloquent sur plusieurs éléments. Il y a toutefois énormément de pressions pour aboutir à des solutions”, ajoute-t-il.
>> Les précisions de Pascal Jeannerat, envoyé spécial de la RTS à Charm el-Cheikh:
“Nous avons terminé sur certaines questions, mais il reste encore beaucoup de travail si nous voulons obtenir des résultats significatifs et tangibles dont nous pourrons être fiers. Il faut maintenant changer de vitesse”, a exhorté Sameh Choukri, président de la COP27, lors d’un bref point d’étape en ouverture de la dernière ligne droite de la conférence mondiale sur le climat.
Le chef de la diplomatie égyptienne a listé les points litigieux, soit tous les chapitres importants: l’atténuation (baisse des émissions), l’adaptation aux effets prévisibles du changement climatique et les finances, notamment pour les “pertes et dommages” déjà inévitables, qui frappent souvent les pays les plus pauvres, les moins responsables du réchauffement.
La présidence allemande du G7 et une soixantaine de pays vulnérables ont lancé une nouvelle structure pour aider les populations à financer les impacts du réchauffement, une initiative accueillie avec prudence par les ONG.
Ce “bouclier mondial contre les risques climatiques”, qui a recueilli à ce stade 210 millions d’euros, vise à pallier les “faiblesses des structures de protection financière” dans les pays vulnérables via un “financement pré-organisé” qui peut être déboursé avant ou juste après une catastrophe climatique, selon le communiqué commun de l’Allemagne et du V20, qui compte 58 pays.
Cela inclut en particulier des systèmes d’assurance contre les dégâts causés aux récoltes, aux bâtiments ou contre l’interruption d’activités d’une entreprise.
La Suisse recule de sept places à l’indice de performance sur le changement climatique (CCPI), qui évalue annuellement les efforts des différents pays contre le réchauffement. La Confédération est classée 22e et sort ainsi du groupe des meilleurs élèves en la matière.
Le “Climate Change Performance Index” (CCPI) 2023, publié lundi à l’occasion de la COP27 en Egypte par l’organisation environnementale Germanwatch de concert avec le New Climate Institute et le Climate Action Network, évalue chaque année depuis 2005 les efforts d’atténuation du réchauffement climatique d’une soixantaine de pays ainsi que de l’Union européenne (UE) dans son ensemble. Quelque 450 experts internationaux y ont contribué.
Respectivement 14e et 15e des deux classements précédents, la Suisse chute cette fois de sept places. Elle fait partie des pays dont la performance s’est le plus détériorée en un an, après la Chine (-13 places, 51e), la Thaïlande (-11, 41e) et la France (-11, 28e). A l’inverse, l’Estonie (+ 23 rangs, 9e) fait désormais partie des “pays vertueux”. L’Inde étonne en se retrouvant 5e (+2).
Le Danemark devant
La Suisse arrive ainsi juste après la moyenne des pays de l’UE considérée dans son ensemble (19e), derrière l’Egypte (20e), mais devance encore la France (28e), l’Espagne (23e) ou l’Italie (29e).
Les pays les mieux classés sont, dans l’ordre, le Danemark (primé notamment pour ses éoliennes), la Suède et le Chili, qui arrivent 4e, 5e et 6e. Les trois premières places ne sont pas attribuées, les efforts étant jugés insuffisants dans l’ensemble pour s’aligner sur l’objectif de limiter le réchauffement global à 1,5°C.
Pour la première fois, l’indemnisation des “pertes et dommages” dûs au dérèglement climatique a été inscrite à l’agenda de la COP27. Jusqu’à présent, les pays industrialisés censés passer à la caisse ont toujours refusé d’entrer en matière.Mariama Camara mène les négociations pour la Gambie à la COP27, un pays de plus en plus menacé par l’élévation du niveau de l’océan Atlantique. [Céline Fontannaz – RTS]Pour les pays du Sud, qui réclament depuis trente ans la mise en place d’un nouveau mécanisme d’aide financière, il s’agit d’une victoire.
Mais au terme de la première moitié du sommet, la création d’un fonds international n’est pas acquise. L’avènement d’un mécanisme global qui fasse consensus risque de prendre des années, notamment car il faut établir un cadre clair et équitable.
Pour Mariama Camara, membre de la délégation officielle de la Gambie, il est capital que ce thème soit enfin abordé à la COP. Son pays est de plus en plus menacé par l’élévation du niveau de l’océan Atlantique.
“Nous avons par exemple besoin d’argent pour pouvoir planter des arbres le long des côtes ou pour construire des digues”, explique-t-elle, lundi dans La Matinale. “Nous sommes extrêmement affectés par le changement climatique. Or, la Gambie contribue à hauteur de moins de 1% aux émissions de gaz à effet de serre”, souligne aussi Mariama Camara.
>> Les explications de La Matinale:
Alors que la COP27 débat sur les manières de préserver l’environnement, le gouvernement indien a récemment approuvé l’un des plus grands abattages d’arbres de son histoire.
Au total, 130 kilomètres carrés de forêt tropicale primaire devraient tomber dans l’archipel des Andamans, à l’est des côtes indiennes, afin de construire un port et aéroport militaires dans cette zone stratégique de l’océan indien.
En plus des 850’000 arbres qui devraient être coupés, les coraux de nombreuses espèces animales, telles que les tortues, pourraient aussi en souffrir.
>> Les précisions dans La Matinale de Sébastien Farcis, correspondant en Inde:
La “ruée sur le gaz” des puissances occidentales plongées en pleine crise de l’énergie représente une fausse promesse de développement de l’Afrique, s’inquiètent des militants et experts à la COP27, qui voient l’avenir du côté des renouvelables.
L’invasion russe de l’Ukraine a déclenché une tempête sur les marchés de l’énergie et poussé les pays du Nord, particulièrement l’Europe, à s’assurer à tout prix des approvisionnements stratégiques pour leur économie.
Les Européens lorgnent donc vers les pays africains, qui entendent, pour certains, profiter de cette nouvelle course. Le Sénégal ou la République démocratique du Congo (RDC) ont par exemple récemment découvert des ressources pétrolières et gazières nourrissant des espoirs de richesse. Le Mozambique tente de développer un projet géant de gaz naturel liquéfié (GNL), retardé pour des raisons de sécurité.
“L’Europe veut faire de l’Afrique sa station-service”, déplore Mohamed Adow, directeur de Power Shift Africa, qui s’inquiète de ces perspectives, comme de nombreux militants africains à la COP 27.
La Suisse tire un bilan intermédiaire mitigé de la conférence de l’ONU sur le climat à Charm el-Cheick. Elle regrette qu’il n’ait pas été possible de maintenir à l’ordre du jour des négociations l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5 degré.
Cela en est de même pour l’objectif visant à ce que tous les flux financiers soient réorientés de manière à respecter le climat, a indiqué dimanche le Département fédéral de l’environnement (DETEC), interrogé par Keystone-ATS.
Le DETEC est en revanche satisfait que l’aide aux pays les plus pauvres pour faire face aux dommages liés au changement climatique soit enfin à l’ordre du jour.
Des décisions concrètes devront être prises au cours de la deuxième semaine, a souligné le DETEC, précisant que les positions sont très éloignées les unes des autres.
Le Brésil renforcera la protection de l’Amazonie sans conditionner ses actions à l’aide internationale, a déclaré l’ancienne ministre de l’Environnement Marina Silva, membre de l’équipe du président élu Luiz Inacio Lula da Silva.
Marina Silva, pressentie pour reprendre ce ministère, a qualifié cette lutte de “priorité stratégique” après quatre ans de gouvernement Bolsonaro marqués par une forte augmentation de la déforestation et des incendies dans la plus grande forêt tropicale de la planète.
Lors d’une rencontre avec la presse à Charm el-Cheikh, où le président élu Lula est attendu la semaine prochaine, elle a estimé que le Brésil montrera “l’exemple” à l’échelle mondiale en poursuivant un objectif de reforestation de 12 millions d’hectares.
Le Mexique va renforcer ses efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le cadre d’un programme d’investissement de 48 milliards de dollars dans les énergies renouvelables avec les Etats-Unis, a annoncé samedi le ministre mexicain des Affaires étrangères Marcelo Ebrard.
Le pays s’était engagé dans son dernier plan de réduction des émissions en 2020 à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 22% d’ici à 2030 par rapport aux projections prévues.
Ce nouveau programme va permettre de rehausser cette ambition à 35%, a déclaré Marcelo Ebrard lors d’une conférence de presse à la COP27.
Le président américain Joe Biden, assurant que les Etats-Unis faisaient leur part, a appelé “tous les pays” à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement qui menace “la vie même de la planète”.
Le chef d’Etat a déclaré qu'”à cette réunion, nous devons renouveler et relever nos ambitions climatiques. Les Etats-Unis ont agi, tout le monde doit agir, c’est la responsabilité d’un leadership mondial”. Il s’exprimait lors d’une courte apparition à Charm el-Cheikh, en Egypte, pour la conférence annuelle de l’ONU sur le climat.
>> Lire en détail: A la COP27, Joe Biden exhorte “tous les pays” à limiter leur empreinte carbone
“Pour gagner ce combat, chaque pays parmi les principaux émetteurs doit s’aligner sur +1,5°C”, a insisté Joe Biden. L’accord de Paris vise à limiter le réchauffement nettement en dessous de +2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, si possible +1,50°C.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a entraîné une crise énergétique mondiale, “ne fait que renforcer l’urgence pour le monde de sortir de sa dépendance envers les énergies fossiles”, a aussi souligné le président américain.
Une série d’initiatives a été dévoilée vendredi à la COP27 pour s’attaquer au méthane, un gaz très nocif pour le climat, lié en particulier à l’industrie des énergies fossiles.
L’ONU a ainsi annoncé un nouveau programme par satellite, baptisé “Methane alert and response system” (MARS). Ce système sera le “premier système mondial et public capable de lier de manière transparente la détection de méthane à un processus de notification”, explique l’agence onusienne de l’environnement.
Concrètement, les satellites pourront identifier de grosses fuites de ce gaz et les gouvernements et entreprises seront aussitôt prévenus pour pouvoir agir rapidement. Ces derniers pourront aussi bénéficier de conseils sur la manière de résoudre le problème.
De nombreux messages sur les réseaux sociaux ont dénoncé l’utilisation des jets privés par des participants à la COP27 en Egypte, s’ajoutant aux critiques récurrentes ciblant le sommet des Nations unies sur le climat.
Diverses estimations ont été avancées concernant le nombre de jets acheminant les délégués à ce rendez-vous dans la station balnéaire de Charm el-Cheikh, au bord de la mer Rouge.
Les critiques sur l'”hypocrisie et l’élitisme” supposés revenaient le plus souvent dans ces messages, selon un rapport publié jeudi par l’ONG Climate Action Against Disinformation, qui analyse les tendances en matière de fausses informations sur les réseaux sociaux.
Les lobbyistes du secteur pétrolier et gazier sont encore plus nombreux à la COP27 qu’à la dernière conférence des Nations unies sur le climat, ont déploré des ONG.
“636 lobbyistes des énergies fossiles, affiliés à certains des plus gros géants pollueurs du pétrole et du gaz, se sont inscrits pour les discussions climatiques à la COP27”, selon les calculs de Global Witness et d’autres associations.
Cela représente une augmentation de plus de 25% par rapport à la COP26 qui se tenait à Glasgow il y a un an. Ces personnes viennent au nom des entreprises du secteur (BP, Chevron, Shell…) ou représentent le secteur des fossiles, dont l’utilisation depuis la révolution industrielle est la cause essentielle du réchauffement climatique, au sein de délégations nationales.
Le contingent le plus nombreux vient des Emirats arabes unis, qui accueilleront la COP28 l’an prochain, suivis de la Russie. Selon les ONG, la COP compte plus de lobbyistes du secteur que n’importe quelle délégation du continent africain et leur nombre dépasse le total des représentants de dix des pays parmi les plus touchés par le changement climatique.
Le chef de la délégation helvétique à la COP27 de Charm el-Cheikh Franz Perrez défend la politique climatique suisse critiquée cette semaine par le média américain New York Times. “Nos objectifs sont robustes”, assure-t-il jeudi dans Le Temps.
“Nous avons été repris sur trois choses”, explique le haut fonctionnaire. D’abord, les objectifs de la Suisse sont jugés insuffisamment ambitieux. “C’est malheureusement le cas de la plupart des pays, c’est une critique générale”, se défend Franz Perrez qui juge les objectifs de la Suisse au-dessus du minimum demandé par le GIEC.
Même son de cloche en ce qui concerne l’argent mis à disposition des pays en développement jugé insuffisant par le média Outre-Atlantique. “Sur l’objectif des 100 milliards annuels destinés à financer la transition écologique des pays les plus pauvres, la Suisse a contribué équitablement”, argumente l’ambassadeur, “nous sommes dans le haut du panier mondial”.
Le président ougandais Yoweri Museveni a accusé l’Europe de “deux poids deux mesures éhontés” et d'”hypocrisie” à l’égard de l’Afrique sur la question climatique et les politiques énergétiques, dans un post de blog publié en pleine COP27.
Le chef de l’Etat ougandais, au pouvoir depuis 1986, a notamment fustigé la réouverture en Europe de centrales à charbon face à la crise énergétique causée par la guerre en Ukraine, alors que le Vieux continent demande aux nations africaines de ne pas utiliser de combustibles fossiles.
“Nous n’accepterons pas une règle pour eux et une autre pour nous”, écrit Yoweri Museveni. “L’incapacité de l’Europe à atteindre ses objectifs climatiques ne devrait pas être le problème de l’Afrique”, ajoute-t-il, critiquant “l’hypocrisie” du Vieux continent.
Plusieurs pays riches se sont engagés ces derniers jours à débloquer des fonds destinés aux “pertes et dommages” causés par les catastrophes climatiques déjà subis par les pays les plus pauvres, un “geste” salué par observateurs et Etats vulnérables.
Les discussions autour de la création d’un mécanisme spécifique réclamé par les pays en développement pour faire face aux dégâts causés par inondations ou sécheresses sont un des points les plus sensibles des discussions de cette conférence climat de Charm el-Cheikh.
Alors que les pays riches sont réticents à créer ce mécanisme dédié, certains ont toutefois annoncé des financements spécifiques depuis le début de la COP27, suivant la voie du Danemark qui avait annoncé il y a quelques semaines une enveloppe de 13 millions d’euros.
Neuf pays supplémentaires (Allemagne, Belgique, Colombie, Etats-Unis, Irlande, Japon, Norvège, Pays-Bas et Royaume-Uni) ont rejoint l’Alliance mondiale pour l’éolien en mer (GOWA).
Destinée à encourager le développement de de cette énergie, elle a été établie par l’Agence internationale des énergies renouvelables (IRENA), le Danemark et l’association regroupant les professionnels du secteur dans le monde.
La ministre belge de l’Energie, Tinne Van der Straeten, a loué le fort développement de l’éolien en Mer du Nord, qui “va se transformer en vaste centrale électrique durable”. Avec cette accélération verte, “nous pouvons remplacer le gaz et le pétrole plus vite”, a-t-elle promis.
Une grande partie des discussions de la COP27 devrait concerner les pertes et dégâts causés par le réchauffement climatique. Il s’agit de créer un fonds alimenté par les pays riches pour indemniser les pays pauvres, fortement impactés par le dérèglement climatique et qui portent peu de responsabilités dans les émissions de gaz à effet de serre.
“C’est essentiel, c’est une question de justice climatique”, a souligné la climatologue Sonia Seneviratne dans le 19h30 de la RTS. “Les pays développés ont été responsables des émissions de CO2 jusqu’à présent et les pays pauvres, qui doivent faire face eux aussi à ces changements climatiques, n’ont pas forcément les moyens de s’adapter”, a-t-elle rappelé.
“Il faudrait avoir deux mécanismes différents”
Parallèlement, ne faudrait-il pas demander aussi un peu plus d’efforts à des pays comme la Chine ou l’Inde? “L’un n’exclut pas l’autre”, remarque cette professeure à Zurich et membre du Giec.
“Il y a d’un côté la réalité historique: les pays développés ont émis beaucoup de CO2 depuis la période préindustrielle”, constate Sonia Seneviratne. “Mais les émissions actuelles de la Chine ou de l’Inde contribuent à l’augmentation du réchauffement. Donc (…) il faudrait avoir deux mécanismes différents, l’un pour les pays développés et l’autre pour les pollueurs actuels.”
>> L’interview de Sonia Seneviratne dans le 19h30:
Responsable de moins de 1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, le Pakistan figure en revanche parmi les plus touchés par les événements météorologiques extrêmes dus au dérèglement climatique.
Après les épisodes de canicule enregistrés en mai dernier, des pluies diluviennes se sont abattues sur le pays lors d’une mousson exceptionnelle en été.
En quelques semaines, un tiers du territoire s’est retrouvé sous les eaux, deux millions d’habitations ont été détruites, 1700 personnes ont été tuées et 33 millions d’autres ont été affectées.
Dépassées par l’ampleur des catastrophes naturelles successives, les autorités demandent aujourd’hui des comptes aux pays riches.
>> Le reportage de Sonia Ghezali dans le 19h30:
>> Relire aussi: Les vagues de chaleur à venir rendront des régions entièrement inhabitables
Le développement des énergies renouvelables est non seulement bon pour le climat mais aussi pour la sécurité, a jugé le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg, qui a insisté sur l’intérêt stratégique de réduire la “dépendance aux carburants fossiles”.
“Je pense vraiment que ce que nous avons vu en Ukraine, c’est la tentative de la Russie d’utiliser l’énergie comme une arme contre les alliés de l’Otan et d’autres pays”, a-t-il déclaré lors d’une intervention par vidéo à la COP27.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie s’est traduite par une grave crise énergétique, notamment en Europe, avec une forte Le secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg. [Yves Herman – REUTERS]hausse des cours et des craintes sur l’approvisionnement en gaz pour cet hiver. Le continent, et en particulier certains pays comme l’Allemagne, était jusqu’alors très dépendant de la Russie pour la fourniture de gaz naturel.
“C’est un rappel brutal du besoin d’assurer une transition de la dépendance aux carburants fossiles vers les renouvelables, parce c’est ce qui nous rendra moins dépendants du gaz et du pétrole russes”, a dit le patron de l’alliance Atlantique. Le passage aux renouvelables “sera bon pour notre sécurité mais aussi pour le climat”.
“Le changement climatique affecte la sécurité des gens chaque jour. On le voit avec les sécheresses, avec les inondations, toutes les conséquences extrêmes causées par le changement climatique”, a par ailleurs encore souligné Jens Stoltenberg.
Les présidents de Colombie, du Venezuela et du Suriname ont lancé à la tribune un appel à la création d’une vaste alliance pour protéger l’Amazonie.
“Nous sommes décidés à revitaliser la forêt amazonienne” afin “d’offrir à l’humanité une victoire importante dans la lutte contre le changement climatique”, a déclaré le Colombien Gustavo Petro.
“Si nous, les Sud-américains, portons une responsabilité, c’est celle d’arrêter la destruction de l’Amazonie et de mettre en place un processus de récupération coordonnée”, a enchaîné le Vénézuélien Nicolas Maduro.
Très attendu par les trois chefs d’Etat d’Amérique latine, le président élu brésilien Luiz Inacio Lula da Silva doit se rendre la semaine prochaine à la COP27. La participation du Brésil à une telle alliance, qui relève pour l’heure d’une déclaration d’intentions, serait “absolument stratégique”, a souligné Gustavo Petro.
Les pays du Sud auront besoin de plus de 2000 milliards de dollars par an d’ici 2030 pour financer leur action climatique, dont près de la moitié venant d’investisseurs extérieurs, selon un rapport commandé par la présidence de la COP.Le président sud-africain Cyril Ramaphosa. [Themba Hadebe – Keystone/AP Photo]Mais “à l’heure actuelle, l’aide multilatérale est hors de portée de la majorité de la population mondiale en raison de politiques de prêts peu enclines à prendre des risques, assorties de coûts et de conditions onéreux”, a reproché le président sud-africain.
“Les banques multilatérales de développement doivent être réformées pour répondre aux besoins des économies en développement en matière de développement durable et de résilience climatique”, a poursuivi Cyril Ramaphosa en prônant une “équité internationale” et une transition “juste et inclusive”.
Le Premier ministre d’Antigua-et-Barbuda a demandé au nom des petits Etats insulaires une taxe mondiale sur les bénéfices des entreprises pétrolières et gazières pour financer le dédommagement des pays du Sud frappés par les catastrophes climatiques.
“Au premier semestre de cette année, six entreprises des énergies fossiles ont gagné plus d’argent que nécessaire pour couvrir les coûts des dégâts climatiques majeurs dans les pays en développement, avec près de 70 milliards de dollars de bénéfices”, a lancé Gaston Browne à la tribune de la COP27.
“Il est temps que ces entreprises paient une taxe carbone mondiale sur ces profits pour financer les pertes et préjudices”, a-t-il exigé, au nom de l’Alliance des petits Etats insulaires menacés par la montée des eaux.John Kerry, l’envoyé spécial du président américain Joe Biden à la COP27 à Charm el-Cheikh. [Khaled Elfiqi – Keystone/EPA]Le président américain Joe Biden restera “déterminé” dans la lutte contre le changement climatique quel que soit le résultat des élections aux Etats-Unis, a promis son émissaire à la COP27. Les pays du Sud réclament des financements qui pourraient être astronomiques.
“La crise climatique ne menace pas seulement nos infrastructures, nos économies ou notre sécurité – elle menace chaque aspect de notre vie au quotidien”, a mis en garde mardi l’émissaire américain pour le climat John Kerry, au troisième jour de la grande conférence de l’ONU sur le climat, qui se tient à Charm el-Cheikh en Egypte.
Une “responsabilité particulière”
“Le président Biden est plus déterminé que jamais à continuer ce que nous faisons”, quel que soit le résultat des élections, et reconnaît la “responsabilité particulière” de son pays envers les nations en développement, a-t-il assuré.
Le président américain n’est pas présent en Egypte en même temps que les autres dirigeants, attendant ce mardi le résultat d’élections de mi-mandat cruciales pour son avenir politique. Il viendra toutefois à Charm el-Cheikh vendredi.
Les dirigeants continuent de défiler mardi à la COP27, qui a inscrit officiellement à son agenda la question des pertes et dommages subis par les pays du Sud.
A la COP 27 en Egypte, Emmanuel Macron s’est affiché lundi omme un président à l’avant-garde du combat climatique. Il a exhorté les pays riches à aider les pays émergents à mener à bien leur transition énergétique. Les enjeux ne sont pas chez nous, dit en substance le président français.
>> Ecouter l’analyse d’Alexandre Habay dans La Matinale:
Les pays du Sud ont profité du rendez-vous de la COP sur leur terre pour monter au front et bousculer les pays riches sur leur responsabilité.
Devant les autres chefs d’Etats, ils ont d’abord témoigné de leur situation climatique catastrophique. Comme la Corne de l’Afrique menacée de famine par la sécheresse et les déplacement des populations.
Ces dirigeants de pays pauvre ont ensuite insisté sur la promesse de financement non tenue depuis 2 ans, des 100 milliards de dollars pour soutenir les pays pauvres.
>> Le résumé de la journée de lundi dans La Matinale:
La conférence de l’ONU sur le climat COP27 sera un succès si un plan d’action avec des mesures et des délais concrets est établi à l’issue de celle-ci, selon Ignazio Cassis. “Je serais alors très satisfait”, a déclaré le président de la Confédération à la radio SRF.
La crise climatique ne sera pas résolue d’une année à l’autre, a précisé le Tessinois, mais l’engagement financier tel que celui de la Suisse à l’étranger est important.
Les besoins sont certes si immenses que l’on peut se demander si les aides à l’étranger servent à quelque chose, a-t-il ajouté. Mais la réponse est claire à ses yeux: “Oui, ça sert – et comment!” Nous ne pouvons pas rester inactifs”, a encore précisé Ignazio Cassis.
“Notre planète s’approche très vite de points de bascule qui rendront la chaos climatique irréversible. Nous sommes sur une autoroute vers l’enfer climatique avec le pied encore enfoncé sur l’accélérateur”, a notamment déclaré le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres lors de son discours à la COP.
Un discours qui donne le ton et qui entend montrer l’urgence à agir rapidement et à prendre des décisions lors de la COP27 en Egypte.
>> Les points forts de la première journée exposés dans le 19h30:
Les émissions de gaz à effet de serre doivent baisser de 45% d’ici 2030 pour avoir une chance de limiter le réchauffement à 1,5 degré par rapport à l’ère préindustrielle, objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris. Or, les pays sont loin de faire ce qui est nécessaire pour lutter contre le réchauffement.
Mais pourquoi est-il nécessaire de maintenir l’objectif de 1,5 degré? Parce que c’est la limite d’un réchauffement “supportable” pour l’humanité. Au-delà, les conséquences seraient pires et surtout imprévisibles.
>> Les explications de Pascal Jeannerat dans le 19h30:
Le président kenyan William Ruto a appelé à la reconnaissance des “besoins spéciaux” de l’Afrique dans la lutte contre le réchauffement, soulignant le “cauchemar” vécu par les Africains et aussi les atouts du continent dans ce combat.
“Les pertes et dommages ne sont pas le sujet abstrait d’un dialogue sans fin. C’est notre expérience quotidienne et le cauchemar vivant subi par des millions d’Africains”, a déclaré au nom du groupe Afrique William Ruto, en référence à la réticence des pays riches à créer un mécanisme spécifique pour aider les plus pauvres à faire face aux dégâts déjà causés par les impacts du réchauffement.
“Il est donc juste et approprié que cette conférence prenne les mesures nécessaires pour reconnaître les circonstances et besoins spéciaux de l’Afrique”, a-t-il ajouté, égrenant la longue liste des désastres vécus par ce continent, en particulier les sécheresses.
“Ces 50 dernières années, les sécheresses ont tué un demi-million de personnes et provoqué des pertes économiques de plus de 70 milliards de dollars dans la région”, a-t-il déclaré.
“La Corne de l’Afrique, dont le Kenya, vit sa pire sécheresse depuis 40 ans”, a ajouté William Ruto, décrivant la “détresse de millions de personnes”.
“La fameuse vie sauvage du Kenya n’a pas été épargnée. Des carcasses d’éléphants, de zèbres, de gnous et d’autres animaux sauvages jonchent nos parcs. Nous avons dépensé 3 millions de dollars pour (leur) apporter nourriture et eau”.
Près de 100 chefs d’Etat et de gouvernement sont réunis à Charm el-Cheikh, dont de très nombreux dirigeants africains qui n’ont pas hésité à décrire la situation climatique catastrophique de certaines régions, touchées par la sécheresse, la famine et les déplacement de populations.
Certains Etats au contraire n’ont pas jugé nécessaire de faire le déplacement. Pourtant grands émetteurs de CO2, les chefs d’Etat de la Chine, du Japon, du Canada, de l’Inde et de l’Australie ont estimé que cela ne valait pas la peine de faire le voyage.
>> Les précisions de Céline Fontannaz, envoyée spéciale en Egypte, dans Forum:
En Egypte, le président de la Confédération Ignazio Cassis a souligné la nécessité de maintenir l’objectif des 1,5°C et la “responsabilité particulière” des grands émetteurs. Il a annoncé des contributions supplémentaires de la Suisse.
“La COP27 ne peut pas être la conférence où nous perdons de vue l’objectif des 1,5°C. Bien au contraire: la COP27 doit renforcer cet objectif!”, a déclaré le Tessinois lors de la cérémonie d’ouverture, selon la version écrite de son discours.
Et d’ajouter que cet objectif ne pourra pas être atteint sans efforts renforcés des pays membres du G20 – qui représente 80% des émissions globales. Les plus pauvres et les plus vulnérables, qui contribuent le moins aux émissions, sont ceux qui vont souffrir le plus, a-t-il rappelé. “Nous ne pouvons accepter ces conséquences”.
“Nous pouvons limiter le changement climatique, si nous le voulons”, a scandé le Tessinois, ajoutant que la Suisse était prête. Lors de son mandat de membre non permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU, la Suisse va davantage considérer les risques climatiques sur la sécurité et la paix, a-t-il précisé.
Le ministre des Affaires étrangères a rappelé que lors de la dernière COP à Glasgow, les pays se sont, pour la première fois, engagés à éliminer et supprimer les subsides aux énergies fossiles. “Cette COP27 doit demander à chaque pays de présenter un calendrier concret de désinvestissement des énergies fossiles”, a-t-il poursuivi.
Interrogé dans Forum, le président de la Confédération a estimé que la Suisse est bien placée par ses efforts pour dire ce qui est nécessaire de faire. “Après, il faut encore le réaliser à l’intérieur des pays et comme nous sommes dans des démocraties, ce sont finalement les populations et les Parlements qui votent.”
“Je crois que la Suisse fait énormément. Elle a investi dans la stratégie de coopération internationale de 300 à 400 millions de francs par année et aujourd’hui j’ai annoncé que 200 millions supplémentaires vont être demandés au Parlement pour lutter contre le changement climatique. Je crois que ce sont des gestes qui ne passent pas inaperçus”, a déclaré le président de la Confédération.
“Par rapport à notre population et notre grandeur, 200 millions est un investissement important. Evidemment que les besoins sont infinis et que nous pourrions donner 10 fois plus, mais il faut trouver des équilibres avec les autres activités de l’Etat”, a encore relevé Ignazio Cassis.
>> L’interview d’Ignazio Cassis dans Forum:
>> Lire aussi: Ignazio Cassis: “La Suisse est bien placée pour dire ce qui est nécessaire de faire” pour le climat
Présentée comme une “COP africaine” par ses organisateurs, ce rendez-vous égyptien risque pourtant une nouvelle fois de s’avérer décevant pour un continent durement frappé par ses conséquences, estiment des militants et des scientifiques.
En accueillant la COP, la présidence égyptienne veut en profiter pour mettre en avant les demandes de l’Afrique. C’est l’occasion en théorie pour les pays africains de pousser à l’adoption d’un mécanisme de prise en compte des “pertes et dommages” provoqués par le changement climatique, auxquels ils sont durement exposés. Ils espèrent une contribution financière spécifique des pays développés, à l’origine d’une majorité des émissions de gaz à effet de serre.
“Historiquement, l’Afrique est responsable de moins de 4% des émissions mondiales mais les Africains souffrent de certains des effets les plus brutaux de la crise climatique”, souligne la jeune militante ougandaise Vanessa Nakate.Treize millions de personnes menacées de famine dans la Corne de l’Afrique en raison de la sécheresse [RTS]
“Nous avons besoin de soutien financier pour faire face aux pertes et dommages que nous subissons à travers le continent. Les pollueurs doivent payer pour compenser les destructions qu’ils ont causées”, demande-t-elle.
Mais les pays riches ont rejeté l’an dernier, lors de la COP26 de Glasgow, l’établissement d’un tel mécanisme financier dans l’immédiat, acceptant un simple calendrier de “dialogue” sur des compensations financières.
Les militants espèrent pourtant que le sujet pourra revenir sur la table à Charm el-Cheikh au moment où la planète est confrontée à une série d’inondations, canicules et sécheresses.
Ces catastrophes sont particulièrement sévères pour l’Afrique. Selon une étude récente du Carbon Brief, les événements météorologiques extrêmes ont tué au moins 4000 personnes et en ont déplacé 19 millions à travers le continent rien que depuis le début de l’année.
L’inaction face à la crise climatique qui s’accélère s’apparente à un “suicide collectif”, a lancé le patron de l’ONU aux grands de ce monde réunis à la COP27 en Egypte, les exhortant à renforcer la lutte avant qu’il ne soit trop tard.
“L’humanité a un choix: coopérer ou périr. C’est soit un Pacte de solidarité climatique soit un Pacte de suicide collectif”, a tonné Antonio Guterres devant près de 100 chefs d’Etat et de gouvernement réunis à Charm el-Cheikh.
Car face à l’urgence, il s’agit de mettre le maximum de pression sur les pays pour qu’ils renforcent la lutte contre le réchauffement, malgré la “polycrise” qui accapare leur attention: guerre en Ukraine, crises énergétique et alimentaire, retour de l’inflation, récession qui menace…
Le climat est “la question déterminante de notre temps”, et il serait “inacceptable, scandaleux et autodestructeur” de la reléguer “au second plan”, a martelé Antonio Guterres.
“Le monde est devenu une terre de souffrance”, a lancé l’hôte du sommet, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, en référence à la multiplication des impacts catastrophiques du réchauffement : inondations dévastatrices, canicules, sécheresses mettant à mal les récoltes. “N’est-il pas temps d’y mettre fin?”
Simon Stiell, patron de l’ONU-Climat a lui aussi clairement mis les responsables politiques en première ligne, les appelant à mettre en adéquation déclarations publiques et actes. “La responsabilité est entre vos mains”.Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres et le président égyptien Abdel Fattah El-Sissi (au centre) à l’ouverture de la COP27. [AP Photo/Nariman El-Mofty – Keystone]
Après son ouverture officielle dimanche, la Conférence de l’ONU sur le climat voit converger à Charm el-Cheikh des chefs d’Etat et de gouvernement du monde entier. Une centaine d’entre eux doivent y prendre la parole, y compris le président de la Confédération Ignazio Cassis.
Au coeur des préoccupations figure la volonté de ne pas laisser les préoccupations climatiques à l’abandon face aux tensions géopolitiques actuelles. Il s’agit de maintenir l’objectif d’un réchauffement à moins d’1,5 degré, comme fixé par l’Accord de Paris.
>> Les explications de Pascal Jeannerat dans le 12h45:
En marge de la conférence de Charm el-Cheikh, la Suisse comme les autres pays riches, a été attaquée par plusieurs ONG sur sa politique climatique. Certaines font partie du Réseau action climat, alliance regroupant des organisations qui luttent contre le dérèglement climatique (Greenpeace, Oxfam ou WWF notamment).
Interrogée dans le 12h30 de la RTS, sa responsable politique internationale, Aurore Mathieu, dit attendre “que les pays riches responsables du changement climatique prennent enfin leurs responsabilités et paient la dette climatique qu’ils ont envers les pays du Sud”.
L’alliance attend concrètement des annonces de financement envers ces pays. Et “on a bon espoir d’être entendus”, souligne Aurore Mathieu, “dans le sens où les impacts climatiques se multiplient et s’intensifient. On sait aujourd’hui que c’est une question de vie ou de mort pour certains pays. Donc on pense que les pays riches ne peuvent plus vraiment faire l’autruche”.
>> L’interview d’Aurore Mathieu dans le 12h30:
Dans un communiqué publié en marge de l’ouverture de la COP27, Greenpeace estime que “la place financière suisse se trouve sur une trajectoire allant jusqu’à 4 degrés de réchauffement”.
Parlant de situation “suicidaire”, l’ONG déplore que – sept ans après l’adoption de l’Accord de Paris – la Suisse “ne dispose toujours pas de directives contraignantes pour réduire les dommages climatiques dont la place financière et la Banque nationale suisse sont responsables”.
Plus généralement, Greenpeace estime que la stratégie climatique de la Confédération est “largement insuffisante”, à l’instar de celle d’autres pays riches.
Près de 100 chefs d’Etat et de gouvernement doivent prendre la parole lundi et mardi devant les délégués réunis à Charm el-Cheikh pour la 27e conférence mondiale sur le climat de l’ONU.Emmanuel Macron à Charm el-Cheikh, 07.11.2022. [Ludovic Marin – Pool/AP/Keystone]
Parmi les premiers arrivés sur place, Emmanuel Macron a posé la France en élève “exemplaire” de la lutte contre le changement climatique. Le président de la République s’est exprimé avant d’enchaîner les rendez-vous pour afficher son bilan environnemental, face à des militants déjà déçus par ce début de quinquennat.
Alors que le débat sur l’aide financière aux pays les plus vulnérables grossit, “les Européens paient” mais “on est les seuls à payer”, a-t-il dit lors d’un échange avec de jeunes Africains et Français engagés pour le climat. “Il faut donc “mettre la pression sur les pays riches non européens”, a-t-il poursuivi en pointant notamment la Chine et les Etats-Unis.
La station balnéaire égyptienne sur la mer Rouge, qui accueille la COP27, a subi une véritable métamorphose à cette occasion.
Tout l’espace public de cette ville située en plein désert a été rénové. Les chaussées ont été refaites à neuf, des arbres et de la végétation ont été plantés le long des routes, des pistes cyclables et des promenades piétonnes ont été créées et des parcs solaires ont été construits.
Les autorités voulaient à tout prix montrer une image neuve, propre et moderne de la ville, même au détriment de l’environnement.
>> Le récit de Foued Boukari dans La Matinale:
Tous les projets de dialogue ou de manifestation émanant de la société civile, à l’occasion de la conférence, se sont heurtés aux mesures de sécurité mises en place par l’Egypte.
Détentions arbitraires, disparitions forcées, torture: toutes les ONG disent que l’Egypte traverse une grave crise des droits humains. Et les associations concernées veulent faire de cet événement international un porte-voix pour leur cause.
“Les policiers arrêtent les gens de manière aléatoire pour regarder dans leur téléphone mobile, leurs posts sur les réseaux sociaux, pour savoir s’ils sont anti-gouvernement”, témoigne Mohamed Lotfy, directeur de l’Egyptian Commission For Rights and Freedom.
>> Explications d’Emilien Cassard et interview dans La Matinale:
Une délégation suisse participe aux négociations, avec à sa tête le chef de la Division Affaires Internationales de l’Office fédéral de l’environnement, Franz Perrez.
Interrogé lundi dans La Matinale de la RTS, celui qui a aussi le titre d’ambassadeur de l’environnement souligne qu’il est important pour la Confédération que les décisions prises à Charm el-Cheikh garantissent la possibilité d’atteindre l’objectif de maintenir le réchauffement climatique mondial en dessous de 1,5 degré.
“Cela signifie que nous devons prendre différentes décisions dans le domaine de la réduction des émissions”, a-t-il expliqué. “Nous devons adopter un programme de travail. Nous devons également revenir sur les décisions prises à Glasgow et voir où nous en sommes en ce qui concerne le charbon et les subventions pour les énergies fossiles.”
>> L’interview de Franz Perrez dans la Matinale:
Détermination de la délégation helvétique
La Suisse, qui se montre déterminée à l’ouverture de la conférence, a même demandé en vain que l’objectif de 1,5 degré constitue un point spécifique à l’agenda de la COP27.
La délégation suisse dirige le plus petit des groupes de négociation, composé de cinq Etats dont la Corée du Sud et le Mexique.
>> Les précisions de Céline Fontannaz, envoyée spéciale de la RTS:
Durant les quinze jours de la conférence, la Suisse doit signer par ailleurs des accords avec le Maroc, l’Uruguay et le Malawi, pour lui permettre de compenser une partie de ses émissions de CO2 à l’étranger.
Quelque 40% du commerce mondial de charbon est négocié depuis le sol helvétique, selon un rapport de Public Eye à paraître lundi, en marge de l’ouverture de la COP27. L’ONG dénonce le laxisme des autorités et des banques qui financent ces entreprises. Ces dernières affirment cependant réduire massivement leurs investissements.
Selon le rapport de Public Eye que la RTS a pu dévoiler dans le 19h30, le charbon est revenu en force en 2022 dans le monde, porté par la guerre en Ukraine, la sortie de la pandémie et les turbulences sur les marchés de l’énergie.
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Si les projections pour cette année se confirment, les années 2015-2022 seront les plus chaudes jamais enregistrées, a indiqué dimanche l’Organisation météorologique mondiale (OMM) dans un rapport.
“Alors que la COP27 commence, notre planète envoie un signal de détresse”, a commenté le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres dans un message vidéo diffusé à Charm el-Cheikh.
Cette “chronique du chaos climatique” montre “tellement clairement que le changement se produit à une vitesse catastrophique, dévastant les vies sur tous les continents”, a-t-il ajouté, appelant à y répondre par des “actions ambitieuses et crédibles” pendant les deux semaines de cette conférence sur le climat en Egypte.
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Jusqu’au 18 novembre, les délégués de près de 200 pays vont tenter de donner un nouveau souffle à la lutte contre le réchauffement, alors que les crises multiples et liées qui secouent le monde font craindre qu’elle ne passe au second plan.
“Toutes les crises sont importantes, mais aucune n’a autant d’impact” que le réchauffement climatique, dont les effets dévastateurs “ne vont qu’empirer”, a martelé dimanche Simon Stiell, patron d’ONU-Climat, lors de l’ouverture formelle de la COP27.
>> Voir le compte-rendu du 19h30:
Mais les engagements actuels des Etats signataires, même s’ils étaient enfin respectés, entraîneraient une hausse de 5 à 10% des émissions, mettant le monde sur une trajectoire au mieux de 2,4°C d’ici la fin du siècle.
Et avec les politiques menées actuellement, c’est un catastrophique +2,8°C qui se profile, selon l’ONU. Les éventuelles annonces de réductions supplémentaires à Charm el-Cheikh seront donc scrutées de près.
Tout comme celles sur l’aide aux pays pauvres et souvent les plus exposés aux effets du réchauffement, même s’ils n’y ont presque pas contribué, ayant des émissions de gaz à effet de serre minimales.
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Dans un geste que beaucoup de militants espèrent plus que symbolique, les délégués à la COP27 ont décidé en ouverture de mettre pour la première fois à l’agenda officiel de la conférence la question épineuse du financement des dommages déjà causés par le réchauffement.
Ils se chiffrent déjà à des dizaines de milliards de dollars et devraient croître fortement. Les pays vulnérables réclament un mécanisme de financement spécifique, ce à quoi rechignent les plus riches, qui craignent de voir leur responsabilité mise en cause et arguent que le système de financement climat est déjà suffisamment complexe sans ajouter une couche supplémentaire.
>> Interview de François Gemenne, politologue et co-auteur du dernier rapport du Giec, dans Forum:
Le sommet se déroule avec deux grands absents. Le président chinois Xi Jinping ne viendra pas en Egypte, et son homologue américain Joe Biden, retenu par les élections de mi-mandat, passera rapidement à la COP le 11 novembre.
La COP27 ne débouchera pas sur une décision, les discussions devant se poursuivre à horizon 2024.
Les négociations de Charm el-Cheikh se tiennent sur fond de crise climatique toujours plus pressante. Le combat pour le climat est une “question de vie ou de mort, pour notre sécurité aujourd’hui et pour notre survie demain”, a insisté le secrétaire général de l’ONU dimanche, peu avant l’ouverture officielle de la COP27.
La conférence “doit poser les fondations pour une action climatique plus rapide et plus courageuse, maintenant et pendant cette décennie qui décidera si le combat pour le climat est gagné ou perdu”, a averti Antonio Guterres.
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