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Les musées, nouveaux vecteurs vers l’emploi – Le Quotidien de l'Art

Le Quotidien de l’Art
Par Sarah Hugounenq
Édition N°2500
/25 novembre 2022 à 10h05
Face à un taux de chômage persistant, les organismes de réinsertion semblent avoir trouvé dans les musées de nouveaux vecteurs de retour à l’emploi, aussi efficaces qu’inattendus tant pour les demandeurs que pour leur propre fonctionnement.
Le chemin le plus court entre deux points n’est pas toujours la ligne droite. La preuve en est dans la réinsertion. Alors que plus de 2,3 millions de personnes sont au chômage en France – dont une sur trois depuis plus d’un an –, certains musées les invitent à faire un détour chez eux pour retrouver confiance. « Nous avions commencé à faire un pas de côté avec les acteurs du sport ou de la cuisine pour remobiliser les publics les plus fragilisés et les ramener vers l’emploi, confie Frédéric Danel, directeur régional Pôle emploi Hauts-de-France. En cherchant de nouveaux leviers pour valoriser les demandeurs d’emploi, nous nous sommes tournés vers l’art. » Lancé le 7 décembre 2021 au Louvre-Lens, le dispositif « L’Art d’accéder à l’emploi » associe les 84 agences Pôle emploi de la région à une soixantaine d’acteurs culturels de la musique, du théâtre mais aussi du patrimoine, du musée des Beaux-Arts de Cambrai à la Condition Publique à Roubaix. Le postulat de départ est simple : faire de l’œuvre d’art un objet de travail au service du retour à l’emploi. « L’art permet à chacun d’exprimer ses sentiments, ses compétences, son savoir-être sans risque, car en passant par un objet extérieur à eux », observe Zohra Elbasri, responsable partenariats à Pôle emploi Hauts-de-France.
« Ces personnes arrivent avec une étiquette difficile à porter, celle de chômeur. À nous de les faire sortir de ce carcan. On ne se substitue en rien à un conseiller en réinsertion, mais on les accompagne à partir de notre métier », explique Juliette Barthélémy, chargée des projets de médiation au Palais des Beaux-Arts de Lille. Des visites sont proposées au gré d’une lecture inhabituelle des œuvres. Devant l’Ulysse avachi de Théophile-François-Marcel Bra, les participants partagent leur ressenti face à la posture du personnage. La fatigue et la tristesse constatées contrastent avec l’imaginaire grandiloquent autour du héros : l’écart peut être important entre ce que l’on donne à voir et ce que l’on est. Ces éléments de personnalité sont par la suite retravaillés en atelier avec Pôle Emploi.
Plus originaux, deux entretiens d’embauche sous forme de ventes aux enchères fictives ont été organisées, dont la dernière début novembre. Commissaire-priseur d’un jour, le demandeur d’emploi vend symboliquement cinq toiles des collections du musée lillois à une assistance de recruteurs. « Ils ont été guidés sur le contenu historique et artistique par des ateliers en histoire de l’art, en élocution, en respiration ou en gestion du stress, rappelle Juliette Barthélémy. À eux de trouver les meilleurs arguments de vente, de s’exprimer en public, d’apprendre à être ambitieux. Autant d’atouts que recherchent les recruteurs. » Le succès est tel que le Pôle Emploi de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur adopte le dispositif pour l’expérimenter au Mucem à Marseille. En six mois d’existence, le programme a touché 400 demandeurs d’emploi au fil de 80 opérations. Depuis, une personne sur deux est rentrée en formation ou a retrouvé un emploi.
Les résultats sont encore plus probants au château de Versailles. 50 des 71 personnes accompagnées depuis 2015 dans le cadre de sa Job Academy ont retrouvé un emploi dans les six mois. Réservé depuis 10 ans à un réseau de 200 entreprises franciliennes, ce parcours d’accompagnement porté par la fondation Agir contre l’exclusion (FACE) en Yvelines a inclus le château pour « transformer la vision d’un monument historique en employeur d’une grande diversité de métiers », précise Jacqueline Le Floch Berger, chargée de missions emploi de la fondation. Comme chaque année, une dizaine de personnes en difficulté sociale seront accueillies en janvier prochain pour suivre des ateliers généraux animés par les équipes de la communication et des ressources humaines, et six rendez-vous individuels seront organisés avec un « parrain » ou une « marraine » volontaire, issus des cinquante corps de métiers œuvrant au domaine. « Nous sommes un établissement public culturel mais nous avons aussi un rôle économique, souligne Sévérine Duroselle, directrice des ressources humaines du château de Versailles gérant quelques 857 agents permanents. De plus, ce dispositif met les métiers des agents en avant : certains postes comme la surveillance sous souvent invisibilisés. Les réunions autour des filleuls permettent de rencontrer des collègues qu’on ne connaît pas et de fédérer les équipes ».
À Bordeaux, le dispositif de réinsertion TAPAJ (Travail Alternatif Payé à la Journée), jusque-là concentré sur des missions de désherbage manuel des rues, investit aussi les musées. Après cinq ans d’activités éparses proposées aux jeunes en réinsertion, le musée d’Aquitaine s’est démené cette année pour trouver les 12 500 euros nécessaires à l’extension du dispositif. Le mécénat de la fondation EDF et de Mutualia Mécénat a permis en six mois de programmer 200 heures de travail rémunéré pour six jeunes. « Le processus se fait en plusieurs étapes pour se familiariser avec le musée tout autant qu’avec le travail. Au départ nous proposons des chantiers de mise sous pli ou de peinture de salles d’exposition. Puis, nous passons à des missions de récolement avec la bibliothécaire, ou des missions de médiation. Nous avons désormais deux jeunes femmes qui fréquentent le musée chaque semaine », se félicite Katia Kukawka, directrice adjointe de l’établissement.
Le constat est le même à Lille. « Nous n’avons pas de chiffres précis, nuance Juliette Barthélémy, mais on voit ces personnes revenir accompagnés, avec fierté. Ils sont arrivés dans l’inconnu, ils reviennent en ambassadeurs. Dans cette société où tout doit être chiffré pour être valable, les effets du musée ne sont pas quantifiables et donc peu compris. On dit qu’il ragaillardit le visiteur, mais qu’est-ce que cela veut dire ? Pour la chargée de médiation, il est urgent de lancer des études pour prouver que le musée permet de faire des économies : sur la prévention de la maladie ou sur l’emploi.
Retrouvez cet article dans l’édition N°2500 du 25 novembre 2022
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