Des membres du collectif Médecins pour demain manifestaient à Lyon, le 1er décembre 2022. (Bastien Doudaine /Hans Lucas. AFP)
Ils commencent 2023 comme ils avaient terminé 2022 : dépités par leurs conditions de travail et en colère contre le manque d’action du gouvernement. Les médecins libéraux sont à nouveau en grève cette semaine, jusqu’au lundi 8 janvier. Le collectif Médecins pour demain a appelé à poursuivre le mouvement entamé lundi 26 décembre, «avec beaucoup de regret et d’amertume».
«Le gouvernement n’a malheureusement pas daigné nous accorder de l’attention malgré cette première semaine de grève. Au contraire, nous avons même été injustement sermonnés par notre ministre», regrette le collectif, créé à la fin de l’été, dans un communiqué. François Braun, le ministre de la Santé, a critiqué cette grogne la semaine dernière : selon lui, ce n’est «pas acceptable que l’accès à la santé des Français soit ainsi mis à mal» face à la triple épidémie grippe-Covid-bronchiolite qui met les hôpitaux à genoux.
Le collectif Médecins pour demain a également prévu une journée de manifestation, jeudi à Paris. Le rendez-vous est donné aux soignants comme au reste de la population à 13 heures place du Panthéon. Le cortège s’élancera ensuite vers le ministère de la Santé.
Même si elle mobilise moins que le mouvement de début décembre, la nouvelle grève déclenchée chez les généralistes entre Noël et le jour de l’An a encore accru la pression sur l’hôpital et les urgentistes libéraux de SOS Médecins. Plus de 50 % des cabinets sont fermés, affirme le collectif Médecins pour demain, quand l’Assurance maladie estime la baisse d’activité des généralistes à 5 à 10 %.
Leur revendication centrale demeure la hausse du tarif de la consultation à 50 euros pour créer un «choc d’attractivité» vers une médecine de ville écrasée par les tâches administratives et qui n’attire plus les jeunes.
Tout en reconnaissant «les difficultés et parfois l’épuisement de certains médecins libéraux», François Braun a «fermement» condamné ce mouvement, alors que la négociation de la convention liant ces praticiens à l’Assurance maladie n’est pas terminée. Son successeur à la tête de Samu-Urgences de France, Marc Noizet, a estimé que cette grève arrivait «au pire des moments». Mais tous les médecins hospitaliers n’ont pas critiqué l’action. La coalition intersyndicale Action Praticiens Hôpital a demandé «que le mouvement des médecins libéraux soit pris à sa juste considération : il n’est que la face émergée de l’iceberg qu’est la déliquescence de notre système de santé».
L’amélioration des conditions de travail est au centre des attentes. «Il y a une réponse financière», mais elle n’est pas suffisante, a estimé vendredi l’urgentiste Mathias Wargon. Il faut «une réponse de fond qui est d’assurer une qualité de vie au travail, un intérêt du travail», a-t-il commenté sur France Info, en relevant que «les infirmières – plus que les médecins – ont l’impression de boucher les trous».
Un collectif de plus de 5 000 médecins, soignants et agents hospitaliers a exigé récemment un horaire défini et un ratio maximal de patients par infirmière. Ce qui nécessiterait d’embaucher «environ 100 000 infirmières» sur trois ans. François Braun a réaffirmé cette semaine qu’il annoncerait dès janvier les «grands axes» de restructuration de l’offre de soins, à l’hôpital comme en ville, sur la base des travaux du Conseil national de la refondation (CNR). «C’est tout le système de santé qu’il faut remettre à plat, et cela devient urgent», prévient Action Praticiens Hôpital
En attendant, les «défaillances» du système ont des conséquences funestes, a alerté fin décembre le syndicat Samu-Urgences de France, qui a recensé plusieurs dizaines de «morts inattendues» de personnes en attente de prise en charge hospitalière depuis un mois en France.
© Libé 2022
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