Le média
de la vie locale
Sans surprise, le socialiste Sébastien Vincini a été élu ce mardi pour succéder à Georges Méric qui a démissionné il y a deux semaines. Il a détaillé ses projets et ses ambitions à France Bleu Occitanie.
Le département de la Haute-Garonne a désormais un nouveau président. Sébastien Vincini, 44 ans, a été désigné à une large majorité (45 voix pour sur 54 votants) pour succéder à Georges Méric qui a quitté ses fonctions en cours de mandat le 29 novembre. Sébastien Vincini était jusque-là conseiller départemental et maire de Cintegabelle, une maire de laquelle il a démissionné.
L’ancien premier secrétaire fédéral du PS en Haute-Garonne est un proche d’Olivier Faure, le secrétaire national du parti. Sébastien Vincini a également fait partie des négociateurs de l’accord avec la Nupes. Quelques minutes après son élection, il a détaillé ses projets, ses ambitions et sa vision de la politique à France Bleu Occitanie.
France Bleu Occitanie : Quelles seront vos priorités pour ce mandat ?
Sébastien Vincini : La priorité première du département sera la solidarité. C’est l’ADN constitutif des assemblées départementales : solidarités auprès des personnes les plus vulnérables, l’enfance en danger, les personnes en situation de handicap, les seniors. Aujourd’hui, il faut aller plus loin face aux difficultés des gens. Il faut aussi savoir innover et avoir plus de partenariats, de concertations et de contractualisation pour saisir toutes les opportunités pour améliorer nos politiques publiques.
Dans le domaine de l’insertion, il faut davantage de liens avec la Région, puisque c’est la région qui gère les mobilités et qui gère les formations.
Et il faut aussi avoir des liens avec l’État pour la protection de l’enfance. On a besoin de créer des passerelles et des liens beaucoup plus solides pour avoir des meilleures réponses auprès de nos concitoyens.
Et si vous deviez retenir une autre priorité pour ce mandat à venir ?
Ce serait la transition écologique, c’est un impératif. Nous devons prendre des décisions. Je pense à la sécurisation en eau potable après l’été que nous avons traversé. Nous faisons partie de la génération qui doit prendre des décisions importantes pour nous adapter au changement climatique. Nous devons continuer à lutter contre les effets des gaz à effet de serre, mais aussi prendre des mesures pour mieux isoler nos bâtiments, changer nos modes de consommation, adapter nos productions. Nous devons également investir dans les mobilités. C’est un sujet pour lequel le Département n’a plus aucune compétence. Mais je tenais à l’affirmer : nous serons présents pour pouvoir participer aux réflexions et aux prises de décisions nécessaires si on ne veut pas continuer à vivre sur des routes et dans une métropole asphyxiée.
Vous faites référence au projet de RER Toulousain, voulu par Emmanuel Macron dans les dix plus grandes villes de France ?
C’est une main tendue à l’ensemble des acteurs qui travaillent aujourd’hui sur ces questions : le département est prêt à être à leurs côtés pour pouvoir bâtir un vrai projet qui améliore le quotidien de nos concitoyens. Nous avons une expertise en matière d’aménagement du territoire, nous pouvons participer à l’intelligence collective. Et puis, nous sommes une collectivité qui a la capacité financière de pouvoir investir aux côtés de la région et de l’État : ce type de projet ne peut pas se faire seul.
Vous avez cité Lionel Jospin pendant votre discours. Il a été conseiller général du canton de Cintegabelle, commune dont vous avez été maire. Vous revendiquez cette filiation. Lionel Jospin a quitté la politique en 2002, vous n’avez pas trouvé d’autres modèles depuis ?
Je me nourris des rencontres. Et depuis 2002, je vous rassure, j’ai rencontré plein de personnes. Donc une qui s’appelle Georges Méric, en 2011. Mais je me nourris aussi de littérature, de mes amis et autres personnes que je rencontre.
Vous évoquez l’amitié : comment occupez-vous votre temps libre ?
Mes journées ne font que 24 heures, à mon grand regret. Mais j’arrive à travailler plus de 70 h par semaine. J’ai été diagnostiqué hyperactif sur le tard, à l’âge de 35 ans. Donc, je m’occupe avec beaucoup de choses. J’aime beaucoup la poésie qui, le soir, me permet de m’évader. René Char et Paul Eluard sont les deux poètes qui ne me quittent pas. Mais je pourrais aussi vous citer deux Toulousains qui font des romans et de thrillers fantastiques : Giacometti et Ravenne. Ils ont, je crois, écrit leur 20ᵉ roman. Après, j’aime aussi regarder de bons films et quelques blockbusters le week-end.
Et puis, pour rester endurant, je cours : j’ai déjà fait plusieurs marathons. La course à pied, c’est presque un art de vivre. Ça nous apprend la résistance face aux difficultés, la résilience. Je cours au milieu de mes paysages, avec les Pyrénées en toile de fond : ça me ressource beaucoup.
Le 80e congrès du Parti socialiste aura lieu fin janvier à Marseille. C’est un parti sur le déclin. Est-ce qu’il faut faire table rase du PS ? Changer de nom, par exemple ?
Les formations politiques connaissent toujours des hauts et des bas. Nous en avons connu dans l’histoire et ce n’est pas la première fois. Mais on a progressé aux élections locales, en terme de nombre de régions et de grandes villes.
Et ce n’est pas un hasard si “France Urbaine”, l’association qui regroupe toutes les métropoles de France, est présidée par Johanna Rolland, socialiste et maire de Nantes. Ce n’est pas non plus un hasard que l’Association des régions de France soit présidée par Carole Delga, la présidente de la région Occitanie qui est elle aussi socialiste. Ce sont deux femmes, d’ailleurs. Peut-être que l’avenir du Parti socialiste passera par les femmes, ce sera très probablement le cas.
Si nous présidons ces instances-là, ce n’est pas par générosité de la droite qui nous aurait laissé les sièges. C’est bien parce que la gauche a progressé. Alors, effectivement, nous avons eu une très lourde défaite au moment de l’élection présidentielle. Mais nous avons su écouter ce que nous disaient les gens pour bâtir l’union de la gauche et aussi obtenir finalement un bien meilleur résultat qu’escompté au moment des législatives.
Vous êtes désormais président du Conseil départemental. Est-ce que vous voyez ce poste comme un tremplin pour la mairie de Toulouse en 2026 ?
Non. Je suis un élu de terrain. Je pense qu’à la tête de cette collectivité, il y a beaucoup encore à faire. Nos concitoyens attendent des réponses de nous, pas qu’on se projette sur une carrière ou sur un devenir personnel.
Un mot des stations de ski. Vous participez au financement de trois stations en Haute-Garonne. Le contexte est difficile avec la hausse des prix de l’énergie. Vous ne craignez pas que cet accompagnement soit un gouffre financier pour le Département ?
Lorsque le département de la Haute-Garonne a pris la décision, il y a quelques années, de s’investir dans l’économie de montagne, c’était justement pour que perdure une économie de montagne. De nombreux investissements ont été réalisés, d’autres sont encore en cours pour basculer sur les quatre saisons et professionnaliser les acteurs de la montagne haut-garonnaise. C’est un bassin de vie qui a droit, lui aussi, de maîtriser son destin.
À la fin de votre discours, vous avez évoqué va origines modestes et rendu hommage à vos grands-parents : des métayers italiens qui se sont installés près de Cintegabelle, à Picarrou, au milieu des années 1930. Vous avez également a rappelé l’importance de l’école de la République…
L’école a été ma citadelle. C’est là où j’ai pris conscience de ma propre condition. Mais j’ai aussi appris que c’était par l’école que je pouvais m’élever, m’instruire. Ca a forgé mes convictions politiques, j’ai rencontré ce qu’on pourrait appeler des vrais hussards de la République : j’ai eu la chance de rencontrer des professeurs qui ont fait plus que me délivrer un enseignement pédagogique.
Mais vous croyez encore sincèrement à cette école de la République qui joue un rôle d’ascenseur sociale ? Les choses ne sont plus les mêmes qu’il y a 20 ou 30 ans ?
Je ne sais pas si cette école existe toujours sous cette forme : l’école n’évolue pas dans les mêmes conditions qu’il y a trente ans. On demande beaucoup de choses à l’école d’aujourd’hui. Quand j’étais gamin, on ne lui demandait pas de régler des problèmes sociaux. Mais je crois qu’il y a encore beaucoup d’enseignants très engagés et qui croient en ce en qu’ils forment. Le Département a un projet de mixité sociale pour les collèges : on a souhaité briser les collèges ghettos. Et aujourd’hui, les résultats scolaires des premières cohortes qui sortent et qui ont obtenu leur brevet nous démontrent qu’on a eu raison de briser ce système. La mixité a amené à la rencontre avec l’autre, la possibilité d’apprendre les choses différemment. Avec cette mixité, on se tire vers le haut, en quelque sorte.
Hausse généralisée du coût de la vie, risque de pénurie d’électricité ou de gaz, phénomènes climatiques extrêmes : ces crises bouleversent nos quotidiens, transforment nos modes de vie, nous poussent à dessiner les contours d’horizons nouveaux. Pour répondre à ces défis, France Bleu et Make.org lancent une grande consultation citoyenne autour des économies d’énergie. Prenez position sur ces solutions & proposez les vôtres !
Votre radio locale
L’essentiel de l’information de votre France Bleu.
En cliquant sur "M'abonner", j'accepte que les données recueillies par Radio France soient destinées à l'envoi par courrier électronique de contenus et d'informations relatifs aux programmes.
Votre radio locale
L’essentiel de l’information de votre France Bleu.
En cliquant sur "M'abonner", j'accepte que les données recueillies par Radio France soient destinées à l'envoi par courrier électronique de contenus et d'informations relatifs aux programmes.
France Bleu 2022 – Tous droits réservés