En un an, le prix du pain a grimpé de 18 % dans l'Union européenne, selon Eurostat. La hausse est particulièrement forte dans les pays d'Europe de l'Est et centrale. C'est en France qu'elle est la plus faible.
Par Sophie Amsili
Elément central de notre alimentation, le pain n'échappe pas à la hausse des prix en Europe. D'après des statistiques publiées lundi par l'institut Eurostat , le prix du pain a grimpé de 18 % en moyenne dans l'Union européenne (UE) en août par rapport à un an plus tôt. Sur les douze mois précédents, il n'avait augmenté que de 3 %.
Cette hausse soudaine est nettement supérieure au taux d'inflation : l'indice des prix harmonisés (IPCH) calculé par Eurostat, s'élève ainsi à 10 % sur un an en août – et à 9,1 % en zone euro, un record . Il continue d'être dopé par la hausse des prix de l'énergie et de plus en plus par ceux de l'alimentation.
EN CHIFFRES – Quels sont les produits non alimentaires dont le prix a le plus augmenté ?
France : l'inflation marque une pause
La flambée du prix de l'électricité et du gaz (+49 % sur un an selon Eurostat) utilisés pour faire fonctionner les fours mais aussi du prix de la farine et des autres céréales (+30 %) et des autres ingrédients utilisés dans les boulangeries – oeufs, beurre, sucre… – ont tiré les prix vers le haut. La guerre en Ukraine ayant accentué la tendance, la hausse du prix du pain a accéléré dans les mois qui ont suivi le déclenchement du conflit, avant de ralentir.
« Avant la guerre, le prix du blé avait déjà augmenté en raison de sécheresse et d'incendies, et celui du beurre à cause du manque de producteurs de lait, explique Dominique Anract, président de la Confédération nationale de la boulangerie et boulangerie-Pâtisserie française. Depuis le début de la guerre en Ukraine, tous les postes de dépense en boulangerie ont augmenté : la farine, mais aussi les salaires, les emballages, les oeufs – à cause d'épisodes de grippe aviaire – et maintenant, tout le monde est très inquiet de la hausse des prix de l'énergie. »
Derrière cette moyenne européenne, Eurostat souligne de fortes disparités entre les pays. En France, la valse des étiquettes est en fait la plus lente parmi tous les autres pays de l'UE : le prix du pain vendu dans nos boulangeries n'a augmenté que de 8 % sur un an. L'inflation annuelle dans l'Hexagone calculée par Eurostat – 6,6 % en août -, était déjà le taux le plus faible de toute l'UE.
Dominique Anract, avance aussi une explication culturelle à cette exception française : « La France est le seul pays où on achète sa baguette quotidiennement. On a une relation particulière à ce produit de base. La décision d'augmenter son prix n'est pas facile pour les boulangers qui connaissent la plupart de leurs clients », souligne-t-il. Il estime d'ailleurs que le prix de la baguette (qui représente 70 % des pains vendus en France) n'a augmenté que de 5 % tandis que celui des pains spéciaux a progressé davantage, autour de 10 %.
A l'inverse de la France, les prix ont bondi dans les pays d'Europe centrale et de l'Est, en premier lieu, et de loin, en Hongrie (+65,5 %). Dans quelques autres pays de la région, la hausse tourne autour des 30 % : les trois Etats baltes, la Slovaquie, la Croatie, la Pologne, la Bulgarie et la République tchèque.
Ce sont ces mêmes pays qui enregistrent les plus forts taux d'inflation de l'UE. Ces économies très dynamiques enregistraient déjà les plus fortes hausses de prix il y a un an. Mais très dépendantes du gaz russe, elles ont été heurtées de plein fouet par les conséquences de la guerre en Ukraine.
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Sophie Amsili
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