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Le masque de la normalité : une arme redoutable qui cache notre déconnexion émotionnelle – Nippon.com

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L’alexithymie est un terme du langage psychiatrique composé de alexie, qui traduit une incapacité à lire les caractères et les mots et à en comprendre le sens, et de thymie, qui désigne une condition émotionnelle particulière.
Si les émotions doivent être reconnues comme telles avant de pouvoir les apprivoiser sainement, il y a des gens qui ne parviennent pas à être en phase avec leurs sentiments. Ainsi, l’alexithymie est une condition mentale dans laquelle un individu se retrouve submergé par des émotions comme la colère ou le chagrin au point de ne plus être en mesure de les exprimer.
Ceci dit, personne – hormis les enfants en bas âge – ne se répand en pleurs ou en gémissements. En devenant adulte, la société attend de nous que l’on s’abstienne d’exprimer des émotions aussi primaires. Quant à ceux qui n’y parviennent pas, on considère qu’ils souffrent d’un trouble émotionnel et doivent suivre des soins psychiatriques.
Les jeunes gens qui cherchent à être « normaux » vont modeler leurs comportements sur ceux des adultes de leur entourage et apprendre à contrôler leurs émotions. Avec le temps, il peut leur arriver de perdre leur aptitude à percevoir les émotions. La colère ou le chagrin risquent alors de déclencher chez eux de l’hypocondrie ou une maladie psychosomatique. L’hypocondrie est un état où le sujet développe des symptômes sans qu’aucune pathologie physique puisse pour autant être identifiée, accompagnés de la peur d’être gravement atteint. Et lorsqu’apparaissent des signes tels que l’hypertension ou une ulcération de l’estomac, ils sont considérés comme les conséquences diagnostiques d’un dysfonctionnement psychosomatique.
L’alexithymie émousse non seulement la perception du chagrin et de l’affliction, mais aussi celle de la joie et de l’allégresse. L’incapacité à percevoir la joie est appelée anhédonie : le sujet ne tire plus aucun plaisir de situations ou d’activités qu’il trouvait jadis agréables. C’est un indicateur important pour diagnostiquer la dépression mélancolique.
Mon activité de thérapeute en plein centre de Tokyo me met tous les jours en contact avec des dépressifs et des hypocondriaques. Lors de notre première rencontre, la plupart de ces patients ne montrent aucun signe d’angoisse ou de chagrin. Il faut que je les dépouille de la normalité qu’ils portent comme un masque avant de pouvoir identifier les maux qui requièrent un traitement.
Cette réflexion m’est venue à la lecture de La fille de la supérette, le roman de Murata Sayaka couronné en 2016 par le prestigieux prix Akutagawa. Le livre raconte incontestablement l’histoire d’une personne atteinte d’alexithymie. Kokura Keiko, la protagoniste principale, occupe depuis 18 ans un emploi à temps partiel dans la mê^me supérette (konbini). L’histoire nous est racontée de son point de vue. Elle a appris à se frayer un chemin dans la vie en faisant barrage à ses sentiments et jugements de valeur et s’est créé de toute pièce un « moi » de bric et de broc en imitant les gestes et les goûts des femmes de son entourage — principalement ses collègues — qui lui semblaient convenables et au goût du jour. Elle avait trouvé là un moyen utile et efficace pour s’adapter à son environnement.
À partir du moment où elle revêt son uniforme après être arrivée sur son lieu de travail quelques minutes avant l’heure requise, Keiko se transforme en « employée de supérette ». Sa tâche se résume à effectuer ses heures de travail en faisant usage de sa maîtrise des manières et des jugements qui vont de pair avec son rôle. Pour l’héroïne du roman, dont les comportements excentriques étaient critiqués par ses professeurs et déplorés par ses parents quand elle était enfant, cette aptitude à se cacher derrière l’uniforme est une bénédiction. (Voir notre article : Survivre sans pouvoirs surnaturels avec la romancière Murata Sayaka)
La couverture du livre Konbini ningen, de Murata Sayaka (avec l’aimable autorisation du Bungei Shunjû). Le roman est paru en français sous le titre La fille de la supérette, aux éditions Folio.
La couverture du livre Konbini ningen, de Murata Sayaka (avec l’aimable autorisation du Bungei Shunjû). Le roman est paru en français sous le titre La fille de la supérette, aux éditions Folio.
Keiko est toutefois obsédée par l’idée qu’elle puisse inspirer de la pitié aux autres pour être toujours célibataire au bout de 18 années passées à travailler dans une supérette. Elle rencontre alors un nouveau collègue qui est son reflet inversé : cet homme, persuadé qu’il est persécuté et rejeté par la société, n’a nullement l’intention d’avoir l’air normal. Il est très vite licencié de la boutique, et Keiko lui propose de vivre avec elle. En surface, ils ont l’air d’un couple fait pour s’entendre, mais ils ne sont pas amoureux l’un de l’autre. Pour Keiko, qui travaille dur, leur relation lui permet de faire croire qu’elle a un petit ami, et pour lui, qui n’a aucune envie de travailler, Keiko constitue un bouclier qui le protège de la cruauté du monde. Mais la vie avec cet homme la fragilise en lézardant la façade qu’elle a mis 18 ans à se construire.
Les remarques cinglantes de l’homme mettent en évidence le vide que recouvre cette façade, quelque chose qu’elle s’était toujours efforcée de se cacher. Le déni est un mécanisme primaire de défense psychologique – une tentative subconsciente d’ignorer un problème ou une question dont l’existence est évidente aux yeux de tout le monde. Une personne qui refuse de voir la réalité en face apparaît souvent comme enfantine ou excentrique au regard des autres.
Après s’être trouvée confrontée à sa propre réalité, Keiko quitte son emploi. N’ayant plus rien à faire, elle passe ses journées allongée sur son futon, qu’elle a étendu dans la penderie. Son état, que j’appelle « dépendance au futon », se trouve à la racine de nombre d’intoxications, depuis l’abus d’alcool et autres substances jusqu’à l’obsession sexuelle. En fait, l’intoxication et l’adoption du masque de la « normalité » constituent l’une comme l’autre des tentatives désespérées en vue de se soustraire au vide émotionnel.
Le roman se termine sur une note « heureuse », puisque Keiko finit par reprendre son travail au konbini. Mais bien des lecteurs sortiront de ce livre avec le sentiment lancinant que leurs propres efforts en vue de s’adapter à leur lieu de travail sont, comme pour Keiko, un masque plaqué sur le sentiment de vacuité qu’ils éprouvent dans leur for intérieur.
La « dépendance au futon » est essentiellement une régression vers le sommeil primordial. C’est ce à quoi aspirent les héroïnomanes. Les gens qu’on classe communément dans la catégorie des hikikomori (personnes qui restent enfermées chez elles sans chercher le contact avec la société pendant de longues périodes) se trouvent aspirés dans ce genre de régression, et les en sortir n’est pas chose aisée. (Voir notre article : Le Japon malade de ses « hikikomori » : tirons la sonnette d’alarme !)
Il y a ici un point important à noter. Un bébé qui s’endort en tétant le sein de sa mère se réveille rouge de colère et se met à crier, perturbé par l’absence du sein qui était là tout à l’heure.
À cet âge (12 à 18 mois), les bébés vivent dans un univers d’émotions brutes telles que la colère, le découragement, l’anxiété et l’affliction. Les hikikomori adultes n’ont pas accès à ce genre de réactions. Ayant passé tellement de temps à refuser de reconnaître les diverses émotions qu’ils ressentent, ils tombent rapidement dans un état d’alexithymie.
Il arrive que des personnes de ce genre viennent me consulter à ma clinique, parce qu’ils confondent leur état avec une dépression. Une femme au foyer qui est venue se faire soigner a commencé à travailler lorsqu’elle a obtenu son diplôme, au bout de quatre années d’enseignement supérieur, mais elle a rapidement quitté son emploi parce qu’elle le trouvait ennuyeux. Elle a ensuite travaillé dans un club sadomasochiste, en pensant que ce ne serait qu’un emploi temporaire, mais elle y a pris tant de plaisir qu’elle est restée quatre ans. Elle a quitté le club avant son trentième anniversaire, en se disant qu’elle devait le faire tôt ou tard, et s’est mariée à l’issue d’un brève période de konkatsu (« la chasse au partenaire de mariage »). Mais, à peine a-t-elle eu un enfant et commencé à mener une vie « normale » qu’elle s’est retrouvée à passer le plus gros de son temps à entrer et sortir du lit.
L’homme qu’elle a épousé était un fils à maman atopique qui a divorcé d’elle sans délai après avoir réalisé que sa nouvelle épouse n’allait pas lui accorder l’attention qu’il voulait. La femme est venue à ma clinique un mois après le divorce.
D’autres psychiatres auraient peut-être diagnostiqué une dépression ou un trouble de l’adaptation (syndrome de réaction au stress). Mais je me suis rendu compte qu’elle était animée par un fort désir d’être « normale », qui la contraignait à faire table rase de son individualité et à rejeter ce qu’elle trouvait excitant.
Le travail au club sadomasochiste était dangereux, mais il était aussi excitant. L’excitation venant de l’idée même qu’il était « anormal ». Il se trouve toutefois que la normalité n’est en fait rien de plus qu’un idéal ou une illusion, qui s’exprime différemment d’une personne à l’autre.
« J’ai maintenant trente-cinq ans, et je suis trop vieille pour revenir à ce style de vie », m’a-t-elle dit. Mon propos n’est pas de discuter avec elle, mais je pense vraiment qu’elle a besoin de retrouver le sentiment d’excitation qu’elle éprouvait jadis. Mon rôle est de la remettre en contact avec ces émotions primaires et de lui permettre de voir que rien ne l’oblige à porter le masque de la normalité.
(Photo de titre : Design Pics/Aflo)

littérature maladie livre psychanalyse mentale

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