Rédaction Paris Match Belgique | Publié le | Mis à jour le
Vue aérienne du fort de Huy, surplombant la Meuse et la collégiale Notre-Dame. | © Guy Focant
Par Frédéric Marchesani / Photos Guy Focant
Vienne, 4 avril 1814. Alors que Napoléon vient d’abdiquer, une réunion des grands de ce monde s’ouvre pour redessiner la carte du continent européen. C’est le fameux Congrès de Vienne. Parmi les décisions adoptées, on trouve la création du Royaume-Uni des Pays-Bas qui, grosso modo, regroupe les actuels territoires néerlandais et belges, province du Luxembourg mise à part. Celle-ci fait en effet partie du nouveau Grand-Duché de Luxembourg. A la tête de cet Etat constitué de toutes pièces se trouve Guillaume Ier d’Orange-Nassau. S’ouvre ainsi chez nous une période de plus de quinze ans de régime hollandais.
Après une décennie de guerres napoléoniennes et une modification des frontières, le roi des Pays-Bas accorde une attention toute particulière à la protection de son territoire. Entre 1816 et 1825, trois lignes défensives sont mises en place. L’un d’entre elles concerne tout particulièrement la Wallonie et s’étend de la Meuse à la Côte en faisant face à la frontière française. Elle regroupe les villes de Liège, Huy, Namur, Dinant, Charleroi, Mons, Ath et Tournai avant de se prolonger vers Menin, Ypres et Nieuport. Les édifices historiques tels que les citadelles de Liège, Namur et Dinant sont rénovés, tandis que d’autres, majeurs, sont érigés de toutes pièces.
Le fort de Huy est probablement la plus imposante trace de l’ère hollandaise conservée en Wallonie. L’éperon rocheux dominant la collégiale et le centre-ville, le mont Picard, est occupé depuis le Moyen Age pour son véritable attrait stratégique. Dominant la vallée de la Meuse, comme à Dinant, il abritait autrefois le Tchestia, un château fort qui était l’une des résidences officielles des princes-évêques de Liège. Ce château a été détruit par les troupes de Louis XIV en 1676 et jamais reconstruit comme tel. Le site servira dès lors de forteresse à fonction exclusivement militaire.
Le fort français, déjà entièrement rasé en 1717, est abandonné jusqu’à l’arrivée des Hollandais.
En 1818 débute la construction d’un fort de calcaire intégré dans la ligne de défense contre la France. L’ouvrage est achevé en 1823 et se présente sous la forme d’un imposant quadrilatère aux côtés inégaux. Le fort vient se greffer à la roche naturelle du mont Picard. Aux quatre coins se trouvent plusieurs bastions en saillie reliés par des courtines d’une hauteur moyenne de 17 m. Chacun d’eux possède sa spécificité : contrôle de l’accès vers le sud, quartier des officiers, boulangerie militaire, forge, atelier, magasins de munitions. Les courtines abritent pour leur part des dortoirs et des sanitaires pour une garnison de 600 hommes. Tous les murs extérieurs, donnant sur la Meuse, sont percés d’une série de meurtrières.
L’approvisionnement en eau est rendu possible par un puits de 90 m déjà existant au Moyen Age. Au-dessus de l’entrée, une plaque commémorative en néerlandais rappelle que la première pierre de l’ensemble fut posée le 1er avril 1818 par le lieutenant-colonel Cammerlingh, auteur des plans, et que l’exécution a été confiée au capitaine Johannes Allatus Anemaet, officier de génie néerlandais.
Quelques années seulement après sa construction, le fort perd son rôle stratégique à la suite de l’indépendance de la Belgique. N’étant situé ni près de la France, ni près de l’Allemagne, il n’a jamais véritablement joué de rôle défensif ou militaire. Tout comme à Dinant, l’édifice est préservé et transformé à diverses reprises. Il est malheureusement devenu un monument de triste mémoire, servant à plusieurs reprises de prison d’Etat pour les inciviques mais, surtout, de camp disciplinaire et de lieu de détention au cours des deux conflits mondiaux. En 1914-1918, le site accueille un camp de discipline où l’armée allemande envoie les siens, déserteurs ou réfractaires à la guerre.
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En 1939, déjà avant la déclaration officielle de la guerre à la Belgique, des soldats allemands passent notre frontière ; ils sont internés au fort de Huy et deviennent de facto, le 10 mai 1940, des prisonniers de guerre. Le fort de Huy est ensuite attaqué par l’armée allemande qui, durant toute l’occupation, va l’utiliser comme centre d’internement pour prisonniers politiques et autres otages. Entre 1940 et 1944, plus de 6 500 patriotes y sont emprisonnés, un chiffre plus important que celui de Breendonk. Parmi ceux-ci, on retrouve bien entendu des résistants, mais également des personnes accusées de banditisme, de marché noir ou de communisme, ainsi que des grévistes français et des prisonniers politiques russes. A partir du 22 septembre 1941, le fort devient également un camp de transit pour des prisonniers condamnés à la déportation vers les camps de concentration, principalement de Vught (aux Pays-Bas, près de Bois-le-Duc) et de Neuengamme (en Allemagne, au sud-est d’Hambourg).
A la Libération, le fort est transformé en lieu de détention pour les inciviques. En 1957, l’installation d’un téléphérique permet une valorisation touristique de l’endroit. Celui-ci a fait les beaux jours du tourisme hutois jusqu’en 2012, lorsqu’un tragique accident d’hélicoptère l’a mis à l’arrêt. Des travaux de réhabilitation ont débuté en septembre 2020 et le nouveau téléphérique devrait être mis en service en juillet 2021. Le fort est classé comme monument depuis le 5 avril 1972 et l’ensemble de la citadelle et du mont Picard comme site depuis le 1er octobre 1976.
Si l’enceinte du fort et son espace muséal ne sont accessibles que durant la saison touristique, il est possible, tout au long de l’année, d’effectuer une balade autour du fort au départ de la chaussée Napoléon avec une arrivée dans la rue Sous-le-Château, ou inversement. Cette promenade vous permettra de jouir du splendide panorama sur toute la ville de Huy et ses environs.
Aujourd’hui, afin de perpétuer la mémoire de milliers de prisonniers détenus injustement et envoyés vers une mort certaine, le fort de Huy abrite un émouvant Musée de la Résistance et des camps de concentration, inauguré en 1992. La visite permet de se plonger dans cette période douloureuse : reconstitution de cachots, matelas en paille, salles d’interrogatoire… Il est à ce titre un témoignage intact de l’univers concentrationnaire nazi. Des activités pédagogiques liées à la connaissance des deux guerres mondiales et à l’éducation à la citoyenneté sont proposées pour les écoles. Des expositions temporaires, animations et spectacles sont régulièrement organisés.
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Le fort de Huy est ouvert du 3 avril au 31 octobre 2021. Toutefois, pour les groupes, le site est accessible du 15 mars au 15 novembre, uniquement sur réservation. Le site est ouvert, en semaine, de 9 h 30 à 17 h, le week-end et les jours fériés de 10 h à 18 h. Durant les mois de juillet et août, il est ouvert tous les jours de 10 h à 18 h. La visite revient à 4 euros par personne pour les adultes et à 2 euros pour les enfants et les étudiants. L’accès est gratuit les premiers dimanches du mois ainsi que le 21 juillet. Il est utile de rappeler que, dans l’optique du respect des conditions sanitaires en vigueur, il est indispensable de réserver sa visite et que le port du masque est obligatoire sur le site.
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