Nous partageons de nombreux moments avec nos compagnons canins et la question de leur conscience du temps qui passe préoccupe particulièrement les propriétaires soucieux du bien-être de leur animal. Lorsque nous travaillons et que nous ne pouvons les emmener à notre bureau, nous nous inquiétons de leurs facultés à ressentir et gérer solitude et absence. Cette conscience de la notion du temps, bien qu’elle soit différente de notre conception humaine, existe bel et bien chez le chien et chez de nombreux mammifères. Corrélée à la mémoire, elle permet à l’animal de survivre pour se nourrir, se reproduire, se soustraire d’un danger. Les différentes mémoires du chien ainsi que la conscience de soi concourent à une notion du temps différente de la nôtre, mais bien réelle.
Tout comme chez l’être humain, le chien possède différentes mémoires qui lui permettent de survivre, se nourrir et se reproduire.
Si chez l’homme la mémoire perceptive s’appuie indifféremment sur les cinq sens, toucher, vue, audition, goût et odorat, chez nos compagnons de quatre pattes, c’est surtout l’odorat qui prime parmi les cinq sens du chien. C’est par les odeurs et l’association à une émotion positive ou négative que le chien travaille sa mémoire à court terme.
C’est cette mémoire qui lui permet de se souvenir, durant 2 minutes, où il a déposé son os, où se cache le chat du voisin. Au-delà de ce laps de temps, l’information disparaît. C’est pourquoi l’on conseille fortement de ne pas gronder l’animal lorsque la bêtise n’est pas prise sur le fait. Il comprendra et ressentira parfaitement votre colère, mais se trouvera incapable de la corréler à son action. Cette première étape de mémorisation donnera lieu ensuite à la mémoire à long terme, si l’information mérite d’être retenue.
Composée de la mémoire implicite et explicite, cette dernière a pour but de stocker l’information sur de plus longues périodes. Le chien peut donc se “souvenir” d’une émotion positive ou négative associée à une odeur durant plusieurs jours, semaines, mois ou années. Cependant, si nous avons la capacité de dissocier souvenirs et émotions, ce n’est pas le cas du chien qui pourra associer maître brutal à toute la gent humaine ou considérer tous les congénères comme de potentiels dangers. Il pourra alors présenter de graves troubles de socialisation par la suite de maltraitances.
La mémoire implicite est procédurale. Elle permet à l’animal d’utiliser ses aptitudes naturelles comme la marche sans y penser. De la même manière, le chien de travail ou l’athlète mobilisera l’acquisition de compétences motrices nécessaires à la recherche de personne, au pistage, à l’assistance aux personnes en situation de handicap sans même y penser.
La mémoire explicite requiert quant à elle une “conscience de soi”. Nous avons longtemps cru que le chien ne possédait pas de mémoire épisodique. Pourtant, l’étude de Claudia Fuggaza publiée en 2016 a prouvé que le canidé était capable de revenir en arrière mentalement pour se souvenir des détails d’un événement. Il en va de même pour cette autre étude réalisée par l’équipe de Fujita de l’université de Kyoto. Contrairement à d’autres animaux comme le geai qui cache sa nourriture pour la retrouver plus tard, la notion du “quand” ne semble pas présente chez nos toutous. On considère en effet que la mémoire épisodique s’appuie sur les notions de “Quoi, où et quand”. Si les chiens de l’expérience de Kyoto ont été capables de se souvenir de l’information – le quoi – et du lieu de stockage de nourriture – le où – le délai entre les deux étapes de l’expérimentation de seulement 20 minutes ne permet pas de confirmer la temporalité de la mémorisation. Le chien possède également une mémoire sémantique qui lui permet d’associer information et sens de ses expériences vécues. C’est elle qui lui permet par ailleurs, après une phrase d’apprentissage, de relier le geste ou la voix à une action comme l’ordre de se coucher ou de s’asseoir.
Les expériences sensorielles et leur enregistrement dans sa mémoire offrent à notre ami de quatre pattes de disposer d’une conscience du temps qui passe.
Bien évidemment, notre toutou ne conceptualise pas le temps. Inutile de lui dire l’heure à laquelle nous partons ou à laquelle nous revenons. Bien qu’il ait conscience de votre absence, votre chien ne regardera pas défiler les aiguilles de l’horloge. Sa perception du temps est ancrée sur le moment présent. Il ne peut, contrairement à nous, voyager dans le passé ni imaginer l’avenir. En l’état actuel des connaissances scientifiques, nous ne détenons aucune preuve que l’animal peut se souvenir consciemment, de la même manière qu’un être humain, d’événements passés. Leur mémoire leur permettrait seulement de réaliser l’action demandée parce qu’ils savent qu’il y a une récompense à la clé. La conscience du temps développée par nos animaux de compagnie serait donc avant tout basée sur l’instinct de survie pour :
Si certains animaux comme la martre se projettent dans le futur en attendant que le fruit stocké mûrisse avant de retourner le déguster, les scientifiques n’ont pour le moment pas fait la preuve que le chien soit capable de retrouver l’os enterré à l’aide de sa mémoire plutôt que de son flair.
Le moment présent reste le premier repère de temps pour notre ami canin. Pour ce faire, il s’appuie sur :
C’est par l’étude réalisée par la Northwestern University en Illinois que l’on a pu démontrer que le lobe temporal de leur cerveau, le cortex entorhinal médial, était susceptible de coder le temps. Associée à la mémoire et à la navigation, un ensemble de neurones s’active lorsque le chien attend par exemple une récompense. Ces cellules de chronométrage ne s’activent pas lorsque le chien joue ou renifle son environnement.
Une autre expérience scientifique a mis en lumière la capacité du canidé à ressentir la durée de l’absence de son maître. Laissé seul durant 30 minutes, 2 ou 4 heures, le test a révélé que si le comportement du toutou ne variait pas durant la durée de la séparation, l’intensité des retrouvailles était plus importante lorsque cette dernière était de 2 ou 4 heures. Cependant, l’étude n’apporte pas de preuve que l’animal quantifie la durée de l’absence. Il est à noter que les 25 chiens participants à cette étude ne souffraient pas de l’anxiété de séparation.
Si la notion du temps existe bien pour nos toutous, elle reste toutefois différente de notre propre perception. Il peut ainsi se repérer dans la journée, se “remémorer” des événements passés et coder le temps. Il peut également ressentir si votre absence dure longtemps. Néanmoins, sa mémoire à court terme, brève, ne lui permet pas d’associer votre colère lorsque vous trouvez votre canapé rongé ou vos chaussures mâchouillés à cette action passée. Il est donc important de préparer le chien à ces moments de solitude par un apprentissage dès son plus jeune âge pour lui permettre de mieux supporter l’attente et éviter qu’il ne développe l’anxiété de séparation.
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