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Le câble le plus long du monde a choisi Marseille – La Provence

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France – Monde
Le câble le plus long du monde a choisi Marseille

Par Jean-Luc CROZEL
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Etre numérique ou ne pas exister. Depuis plus d’une décennie, Aix-Marseille-Provence et son port de commerce, le premier de France, affichent de grandes ambitions dans ce domaine. Les deux y ont vu une opportunité liée à ce constat que le monde change et se fait de plus en plus interconnecté. Ils ont aussi intégré que l’explosion de l’internet et la dématérialisation des données, doivent beaucoup à ces invisibles réseaux de câbles de télécommunications qui serpentent aux fonds des mers, côtoyant parfois les abysses.
C’est à eux que l’essentiel de l’internet mondial doit ce qu’il est, plus de 98 % des données échangées l’étant grâce à eux. Bref, le câble est devenu un incontournable outil que les besoins grandissants et l’essor des technologies ont propulsé de l’état de routes parfois secondaires, “à celui de super autoroutes à deux fois quatre voies“. La formule est de Fabrice Coquio, à la tête de Digital Realty France (l’ex-Interxion), filiale du géant américain, nº 1 mondial de solutions data center. Il a vu en Marseille et son port l’occasion de maîtriser un avantage géographique qui, aujourd’hui, fait de lui un acteur de référence dans le Sud-Est et en France.
À cette situation géographique, la cité phocéenne doit tout. Certes, des câbles reliant principalement l’Asie rejoignaient le maillage terrestre sous les plages du Prado. Mais il y a dix ans, Marseille, qui ne pointait qu’au 44e rang mondial, était loin du top 10 des hubs numériques. Et puis tout s’est accéléré avec l’envol d’une digitalisation à marche forcée, la valorisation des data et la nécessité de se doter de plateformes sécurisées dédiées à l’atterrissage des câbles. De sorte que Marseille a marqué des points, se positionnant à présent à la 7e place du classement mondial des hubs internet (Paris est au 4e rang), tel qu’établi par le cabinet de conseil et de recherches en télécommunications Telegeography.
Au début de 2022 en effet, Marseille a dépassé Stockholm et Miami. Un rang acquis grâce aux 15 câbles de télécommunications sous-marins qui atterrissent sur son littoral, lui permettant d’être reliée à 43 pays et de desservir près de 4,5 milliards d’utilisateurs, principalement des entreprises. D’où l’intérêt pour la place d’opérateurs internationaux spécialisés dans l’exploitation des data centers. Un intérêt appelé à croître encore, en témoigne le tout récent atterrage au sein d’une nouvelle station conçue au sein du Grand Port maritime, d’un 16e câble et non le moindre : 2Africa. Avec l’arrivée prévue d’ici à 2025 d’au moins six câbles, Marseille devrait se propulser au 5e rang mondial, après Francfort, Londres, Amsterdam et Paris. Mais devant Singapour, Hong Kong et New York. Cocorico : avec Paris et Marseille, la France est le seul pays d’Europe à posséder deux hubs internet inscrits au top 10 mondial.

Et aussi 2Africa, plus grand câble sous-marin au monde, se raccorde à Marseille

De ce câble noir avec protection d’acier de la taille d’un gros tuyau d’arrosage d’environ 35 millimètres, dont la pose a débuté et qui, à terme, affichera une longueur de 45 000 km, ce qui en fera le plus long au monde, on ne voit rien. Juste son point de jonction avec le sol français. Une station d’atterrage construite au sein des bassins du Grand Port maritime de Marseille-Fos. Un investissement voulu par le GPMM qui a inscrit dans son développement stratégique la transition numérique. Une étape clé bâtie sur l’atout géographique qu’est une vallée du Rhône ouverte sur l’Europe du Nord et très industrialisée, ainsi que la capacité du port à gérer des flux de manière sécurisée.
L’accord conclu avec l’américain Digital realty qui a notamment transformé une ancienne base pour sous-marins allemands rebaptisée MRS3, en un data center qui abrite également le très discret point de connexion de ses clients avec une paire de fibres optiques de 2Africa, en est une illustration. “La volonté du GPMM est de se positionner comme un hub de données numériques avec la création de nouvelles filières de l’économie digitale“, insistait, il y a quelques jours, Frédéric Dagnet, le directeur du cabinet d’Hervé Martel, à la tête du directoire du GPMM. “Le premier flux de Marseille est actuellement l’Inde qui représente 20 % du trafic. C’est quelque chose qui devrait très vite évoluer car ce nouveau câble va révolutionner la connectivité avec l’Afrique et commence avec cela“, complète Fabrice Coquio, président de Digital Realty France.
La création de la station d’atterrage qui, dans une première phase a nécessité six forages jusque sous la digue du Large (elle protège les bassins historiques du port de commerce) pour accueillir autant de câbles – dans une seconde phase, elle en accueillera 12 -, témoigne donc d’une ambition qui a séduit le consortium d’opérateurs internationaux et nationaux à l’origine du projet 2Africa. Parmi eux, les géants Vodafone (partenaire de l’atterrage à Marseille), Orange, Meta, China mobile international, MTN globalconnect, STC, Telecom Egypt ou encore WIOCC.
Ensemble, ils ont entrepris de faire le tour du continent africain et de relier 33 pays à partir de 2023. Avec dans la foulée une extension jusque vers l’Inde programmée à l’horizon 2024. Grâce à ce câble fait de 16 paires de fibres optiques dont la capacité nominale pourra atteindre 180 terabits à la seconde, il leur sera proposé un outil capable d’échanger des données – des data – en quelques millièmes de seconde. “À ce niveau, il n’y a plus de latence, c’est comme un TGV“, résume Fabrice Coquio. Le coût d’un tel projet ? “Il est divisé entre les parties. Disons que pour un câble transatlantique il faut compter 150 millions de dollars… 2Africa est autre chose, mais en vingt ans, le coût de mise en oeuvre a été divisé par dix.”
En Méditerranée, 2Africa, outre Marseille qui est le point d’ancrage le plus important, fait aussi étape à Gènes et Barcelone. À chaque fois le navire câblier de la flotte Alcatel submarine networks (ASN), entièrement mobilisée pour la totalité de l’opération, déroule lentement le câble qui doit reposer sans tension sur un fond marin choisi et préparé. Une opération minutieuse, menée à bien il y a tout juste une semaine à Marseille.
Le 6 novembre, des plongeurs de la société ciotadenne Louis Dreyfus Travocean ont en effet attaché l’embout du câble à un cordage et l’ont guidé jusqu’à l’entrée d’un des forages sous la digue du Large afin qu’il y pénètre et rejoigne au bout de près de 500 mètres, une des chambres d’atterrage de la station portuaire. Une opération de précision menée sans encombre, appelée à en préfigurer d’autres. Dont l’atterrissage d’un second câble Vodafone attendu pour le 21 novembre.
La preuve que la plateforme numérique marseillaise est attractive et en mesure de gagner encore des places au niveau mondial. Un atout qui en retour offre un autre avantage : la possibilité garantie pour une entreprise d’être raccordée au réseau mondial contribue à l’attractivité de la métropole et de l’ensemble de sa région.

Qui dit câbles sous-marins et transmission de données, dit aussi data center. Des bâtiments très protégés au service de l’hébergement des serveurs des entreprises et de la protection des données qu’ils génèrent et doivent être disponibles à tout instant. Marseille en compte six : quatre appartiennent à l’américain Interxion qui vient de choisir de fédérer ses activités sous le nom de Digital Realty et a lourdement investi au sein du Grand Port maritime de Marseille ; deux autres, celui THM1 du japonais Telehouse et celui de la société marseillaise Jaguar Network, qui a rejoint le groupe Iliad, sont hors de l’enceinte portuaire.
Trait commun : les data centers sont de véritables coffres-forts, discrets et autonomes. Ils doivent être équipés de systèmes de protection incendie performants (ce point a été mis en évidence lors du sinistre qui a affecté l’un des sites de l’hébergeur OVH en mars 2021) et d’autres redondants qui limitent le risque de panne. Mais surtout, ils doivent disposer d’une ressource permanente en énergie électrique. En cas de rupture de l’alimentation extérieure, un data center doit pouvoir prendre la relève sans temps mort. “Il est vital que nous soyons en mesure de garantir une continuité de travail. C’est la raison pour laquelle, en prévision d’un hiver à venir où il pourrait y avoir des coupures, nous avons d’ores et déjà rempli au maximum les cuves d’alimentation de nos groupes électrogènes. Nous garantissons une durée de fonctionnement de quinze jours, contre trois en temps normal”, rassure Fabrice Coquio. Qui précise dans la foulée que le carburant utilisé est un fuel HVO100 décarboné. De quoi verdir des data centers particulièrement gourmands en énergie et producteurs de chaleur. D’où pour l’ex-Interxion, un investissement de 15 millions d’euros dans un river cooling qui permet de refroidir les data centers à partir de l’eau d’exhaure de l’ex-mine de Gardanne. Une solution innovante, 30 fois plus économe en énergie qu’un système de refroidissement classique. De quoi économiser jusqu’à 18 400 MWh chaque année, tout en évitant l’émission de 795 tonnes de CO2.

Si l’opérateur Orange est membre du consortium 2Africa, ce n’est pas sa filiale Orange marine qui prend en charge la pose des 45 000 kilomètres du câble. Mais en revanche, en cas de survenance d’un incident en Méditerranée, c’est sa filiale qui dispose à La Seyne d’une plateforme atelier et d’un navire, le Raymond Croze, qui devra intervenir, ainsi que l’explique Didier Dillard, président d’Orange marine.
L’homme qui connaît bien le marché des câbles sous-marins, insiste sur leur caractère fondamental. “Il n’y a pas d’internet sans eux et le monde devenant de plus en plus connecté, il y a en ce moment une forte demande. On estime qu’il y a actuellement 1,3 million de kilomètres de câbles sous-marins et la pose de 2Africa confirme cette montée en puissance. J’apporte néanmoins un bémol : les technologies avancent vite et le fait qu’il soit possible de faire passer de plus en plus de données dans un même format de câble pourrait être de nature à freiner ce développement. Mais à cet instant ce n’est pas le cas.”
Les câbles sous-marins qui jadis étaient plutôt dispersés, ne le sont plus à présent. D’où l’apparition de hubs numériques, dont celui de Marseille qui les connecte aux infrastructures terrestres qui remontent vers les hubs de Paris de l’Europe du Nord. “Mais ces câbles qui s’enfoncent dans la mer et les océans, parfois jusqu’à des profondeurs de 7 000 mètres comme cela s’est vu en mer du Japon, peuvent être l’objet d’incidents. Ceux d’ordre technique lorsqu’un des ‘répéteurs’, qui équipent un câble tous les 90 ou 100 km afin de réamplifier le signal, est défaillant ; ceux d’ordre exogènes du type arrachage par un chalut ou une ancre de navire. Cette dernière catégorie est la plus courante dans les faibles profondeurs. Mais elle est très nettement moins répandue lorsque le câble plonge au-delà de 1 000 mètres. Et en Méditerranée où le plateau continental est étroit, la profondeur atteint très vite 2 000 à 3 000 m“, poursuit Didier Dillard. Qui précise encore qu’il arrive que les fonds marins connaissent des séismes, des éruptions ou tout simplement, des éboulements.
Bref, la vie d’un câble n’est pas forcément tranquille et il faut donc être en mesure de réparer.
Cette hypothèse est prise en compte avant la pose lors du choix de la route. Lequel se fait par l’étude des fonds sur lesquels le câble va reposer. Sa protection est adaptée et il peut même être enfoui dans un sillon, c’est l’ensouillage. Au fur et à mesure de la pose par un navire câblier qui peut avoir jusqu’à 7 000 km à son bord, tout est également cartographié pour qu’on puisse ensuite localiser au mieux la survenance d’un incident.”
Lorsque cela survient en Méditerranée, “le garagiste” de permanence est donc Orange marine qui opère si besoin avec sa filiale italienne Electra. “Il faut disposer du nécessaire. C’est pour cela que nous avons dans notre hub de maintenance de La Seyne. Y sont stockés tous les types de câbles, des plus anciens aux plus récents. Un câble a une durée de vie moyenne de vingt-cinq ans et nous sommes toujours en mesure d’apporter une réponse.”
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