Fondés le 30 septembre 1993, les Raptors devront attendre un peu plus de deux ans avant d’effectuer leurs débuts en NBA, à l’occasion de l’exercice 1995/96. Quarante-neuf ans plus tard, le Canada – et plus particulièrement la ville de Toronto – accueillait à nouveau une franchise de la Grande Ligue sur son territoire.
L’anomalie est ainsi réparée pour ce pays, qui possède une attache particulière avec le basket. Car en plus d’être la terre d’origine de l’inventeur de ce sport – le Dr. James Naismith – et d’avoir joué un rôle prépondérant dans la création de la BAA (ancêtre de la NBA), c’est également le lieu où s’est déroulé le tout premier match BAA de l’histoire.
À l’époque, c’est effectivement dans l’Ontario qu’a eu lieu la rencontre opposant les Toronto Huskies aux New York Knicks. Le 1er novembre 1946, plus de 7 000 personnes s’étaient amassées dans le Maple Leafs Garden afin d’assister à cette affiche historique, qui verra les New-Yorkais l’emporter de justesse (68-66).
Depuis cette saison 1946/47, à l’issue de laquelle les dirigeants des Huskies ont finalement mis la clé sous la porte (faute d’intérêt pour la franchise et donc de rentabilité), le Canada a été sevré de basket professionnel américain. Jusqu’à cette fameuse soirée de novembre 1995.
Les fans canadiens ont même été gâtés ce soir-là puisqu’il n’y a non pas eu une mais deux équipes issues du « pays à la feuille d’érable » lancées le 3 novembre. Outre les Toronto Raptors, les Vancouver Grizzlies effectuaient eux aussi leurs premiers pas en NBA (victoire chez les Blazers). Si la ville de Vancouver ne dispose aujourd’hui plus d’aucune franchise, Toronto a de son côté la chance de pouvoir fêter le 27e anniversaire de ses débuts officiels.
Et pour leur match inaugural, les Raptors affrontaient les Nets au SkyDome, cette enceinte omnisports bénéficiant d’une capacité maximale de 50 000 places ! Pour l’occasion, seules 33 306 personnes se sont déplacées pour assister à ce duel, qui n’était pourtant pas le plus attrayant de tous, sur le papier.
À cette époque, tandis que la franchise du New Jersey, orpheline de Derrick Coleman et désormais emmenée par le duo Kenny Anderson – Armen Gilliam, disposait d’un niveau relativement modeste, Toronto s’appuyait sur un effectif hétéroclite et sans vécu collectif, avec le rookie Damon Stoudamire en chef de file.
Cependant, contrairement à leurs adversaires, les Canadiens pouvaient eux compter sur ce supplément d’âme provoqué par le poids de l’histoire.
Damon Stoudamire, Alvin Robertson, Ed Pinckney, Carlos Rogers et Zan Tabak composent le tout premier cinq de départ des Raptors. Dans une ambiance électrique, ceux-ci vont d’ailleurs prendre rapidement les commandes de cette partie, pour ne jamais les lâcher.
Portés par un Alvin Robertson de gala, les hommes de Brendan Malone (le père de Michael…) virent en tête après un quart-temps (21-17). Ils vont ensuite faire fructifier petit à petit leur avance, afin de regagner les vestiaires en étant devant de 13 points (46-33). En contrôle, Toronto ne faiblira pas davantage en deuxième mi-temps et l’emportera finalement sur le score de 94 à 79.
De retour sur un parquet après deux ans et demi d’absence, pour cause de blessure au dos, Alvin Robertson avait brillé de mille feux ce soir-là. Le Défenseur de l’année 1986, qui prendra sa retraite au terme de la saison 1995/96, avait ainsi terminé cette rencontre avec 30 points (à 11/14 aux tirs), 7 rebonds, 4 passes et 5 interceptions ! Quant à Damon Stoudamire, il réussissait un double-double (10 points, 10 passes) pour ses débuts en NBA.
Incapables de résister à la déferlante canadienne, les Nets s’étaient inclinés sèchement dans ce match d’ouverture, permettant à toute une franchise de démarrer de la meilleure des façons son aventure dans la Grande Ligue.
Pour autant, ce succès des Raptors ne sera malheureusement pas annonciateur d’un exercice synonyme de réussite pour eux. Ils le boucleront effectivement avec un triste (mais logique) bilan de 21 victoires et 61 défaites, synonyme de 14e place dans la conférence Est. Ils se consoleront cependant avec la troisième meilleure affluence de NBA (23 178 spectateurs de moyenne), juste derrière les Hornets et les Bulls.
Au cours de sa campagne inaugurale, Toronto se distinguera toutefois en étant l’une des neuf (les Pacers l’ont fait deux fois) équipes à avoir vaincu Chicago, en mars 1996. À ce moment-là, les joueurs de l’Illinois étaient tout simplement en route vers une saison record : 72 victoires et 10 défaites !
Autre (rare) bonne nouvelle dans le paysage canadien : le trophée de Rookie de l’année obtenu par Damon Stoudamire. Auteur de 19.0 points, 4.0 rebonds, 9.3 passes et 1.4 interception par match, le 7e choix de la Draft 1995 était appelé à devenir celui qui allait amener la franchise de l’Ontario en playoffs. Il n’y parviendra pourtant pas puisque les Raptors devront finalement attendre l’arrivée de Vince Carter en 1998 afin de lancer définitivement leur ascension.
Article initialement publié en 2020