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Le 22 janvier 1963, le jour de la réconciliation entre la France et l … – Institut National de l'Audiovisuel

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Le 22 janvier 1963, Charles de Gaulle et Konrad Adenauer signaient le traité de l’Élysée. Cet accord marqua la réconciliation des deux pays, moins d’une vingtaine d’années après la Seconde guerre mondiale et renforça le couple franco-allemand, acteur majeur de la construction européenne.
Il y a 60 ans, le 22 janvier 1963, le chancelier allemand Konrad Adenauer se rendait à l’Élysée pour y rencontrer Charles de Gaulle. Ensemble, ils signaient un traité d’amitié franco-allemand, dit de l’Élysée, qui scella le rapprochement entre les deux pays.
« C’est d’un cœur et d’un esprit profondément satisfait que moi-même, monsieur le Premier ministre, monsieur le ministre des Affaires étrangères de la République française, viennent de signer avec monsieur le Chancelier de la République Fédérale d’Allemagne et monsieur le ministre des Affaires étrangères de cette république, le traité de coopération franco-allemand », annonçait Charles de Gaulle, quelques secondes après avoir apposé sa signature au document formalisant la réconciliation de la France avec l’Allemagne de Konrad Adenauer. À la télévision française, le journal de 20h consacrait une séquence à la signature du traité de l’Élysée par les deux dirigeants.
Dans cette archive en noir et blanc, présentée en tête d’article, les deux hommes et leurs ministres signaient le traité de coopération franco-allemand dans un silence cérémoniel. Le président français clôturait la séance avec un court, mais solennel discours, qui termina ainsi : « Il n’y a pas un homme dans le monde qui ne mesure l’importance capitale de cet acte. Non pas seulement parce qu’il tourne la page après une si longue et si sanglante histoire de luttes et de combats, mais aussi parce qu’il ouvre toutes grandes les portes d’un avenir nouveau pour l’Allemagne pour la France, pour l’Europe, et par conséquence pour le monde. »
La symbolique était forte, après trois guerres qui opposèrent les deux pays en moins d’un siècle. Le rapprochement avait d’abord été entamé grâce à la déclaration de Robert Schuman en 1950, alors ministre des Affaires étrangères français. Considéré comme fondateur de la construction européenne, ce discours appelait à la coopération des deux puissances européennes dans la production de charbon et d’acier. Un an plus tard, une Communauté européenne du charbon et de l’acier fut effectivement fondée, réunissant la France, l’Allemagne de l’Ouest, l’Italie, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas. En 1957, cette intégration fut renforcée par la création de la Communauté économique européenne.
Lire aussi sur Ina.fr : 9 mai 1950 : Robert Schuman prononce le discours fondateur de l’Europe
Charles de Gaulle et Konrad Adenauer se rencontrèrent pour la première fois en 1958, au domicile privé du président français, à Colombey-les-Deux-Églises (Haute-Marne). Le traité de l’Élysée fut aussi le résultat d’une relation privilégiée et entretenue que les deux leaders développèrent au fil de cinq ans de visites mutuelles. Et, au fil des années et tout au long de la longue coopération entre la France et l’Allemagne, ces duos franco-allemands de chefs d’État permirent de mettre en scène et d’appuyer les relations des deux pays.
Sceller la proximité et l’amitié des deux puissances avait un objectif majeur pour Charles de Gaulle : détacher la construction européenne de l’influence des États-Unis, notamment véhiculée par l’Alliance atlantique. Il souhaitait ainsi encourager une Europe indépendante dont le centre de gravité serait formé par un duo franco-allemand. D’autant qu’il avait, quelques jours avant de signer le traité à l’Élysée, le 14 janvier 1963, déclaré son refus d’intégrer au marché commun européen l’Angleterre, puissance qui entretenait historiquement des liens étroits avec les États-Unis.
Néanmoins, la volonté du chef d’État français fut desservie par le départ d’Adenauer de la chancellerie, quelques mois après la signature du traité. Il fut remplacé par Ludwig Erhadt, chancelier aux positions plus Atlantistes.
Ce traité, au-delà de créer un socle fort à la construction européenne, devait permettre le rapprochement des deux puissances en matière de défense, d’affaires étrangères et d’éducation. Le traité mentionnait ainsi l’impératif pour les chefs d’État et de gouvernement des deux pays d’organiser un sommet conjoint deux fois par an. Les ministres des Affaires étrangères, de la Défense et de l’Éducation devaient se rencontrer tous les trois mois. Ces sommets ont été remplacés en 2003 par un conseil des ministres franco-allemand, tenu une à deux fois par an.
Ces rencontres devaient permettre à la France et l’Allemagne de se coordonner afin d’afficher des positions similaires sur la scène internationale. Et ce, que ce soit dans le cadre de la construction européenne, de l’Otan, de l’OCDE ou encore de l’ONU. En défense, cette coopération devait prendre la forme d’un rapprochement des doctrines militaires des deux puissances.
Lire aussi sur Ina.fr : Giscard d’Estaing – Schmidt, le couple européen
En dehors des enjeux politiques et militaires, le rapprochement des deux pays se fit surtout par l’organisation d’échanges autour de la jeunesse : création de l’Office franco-allemand pour la Jeunesse, enseignement des langues, équivalences de diplômes, jumelages de communes et séjours des jeunes des deux pays dans l’autre pays.
Au fil des années les duos de dirigeants se succédèrent et entretinrent la relation privilégiée des deux pays, réitérant régulièrement leurs attachement au traité de coopération. Pour les 30 ans du traité, par exemple, François Mitterrand s’était rendu à Bonn pour une cérémonie aux côtés d’Helmut Kohl. Sur Antenne 2, comme le montre l’archive suivante, le présentateur parlait d’une célébration de « l’entente exemplaire entre deux pays qui ont surmonté leurs antagonismes pour mettre ensemble leurs forces au service de l’Europe. »
30 ans du traité de l’Elysée
1993 – 02:18 – vidéo
Lire aussi sur Ina.fr : 22 septembre 1984, François Mitterrand et Helmut Kohl scellent la réconciliation franco-allemande à l’ossuaire de Douaumont
Le commentaire faisait déjà le bilan : « Aujourd’hui 3 millions d’élèves apprennent la langue de l’autre, et 30 ans après la signature du traité de l’Élysée, 4 millions de jeunes allemands et français ont pu se rencontrer. »
Ce bilan positif est parfois plus difficile à faire aujourd’hui, alors que le traité d’amitié entre la France et l’Allemagne fête ses 60 ans. En octobre 2022, le fameux conseil des ministres franco-allemand avait été annulé. Depuis, des tentatives de réchauffement des relations se concrétisent. En novembre, les chefs des gouvernements français et allemand avaient signé un accord de soutien mutuel concernant leur approvisionnement en énergies. Un retour du couple franco-allemand ?

Le site Lumni enseignement, édité par l’INA, propose aux enseignants et à leurs élèves une piste pédagogique intitulée : Le couple franco-allemand, condition de la construction européenne. Un contenu accessible une fois connecté.
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