Pour Benoît, à la fois officier responsable de l’Équipe locale de sécurité pénitentiaire (ELSP), adjoint et moniteur de la sécurité, « tout tourne autour de l’ordre ». L’ELSP, composée de dix surveillants, se charge d’assurer toutes les sorties sous escorte des détenus. Et les journées peuvent être longues pour le moniteur, qui commence…
Pour Benoît, à la fois officier responsable de l’Équipe locale de sécurité pénitentiaire (ELSP), adjoint et moniteur de la sécurité, « tout tourne autour de l’ordre ». L’ELSP, composée de dix surveillants, se charge d’assurer toutes les sorties sous escorte des détenus. Et les journées peuvent être longues pour le moniteur, qui commence parfois à 7 h 30. « Les formations demandent beaucoup de préparation », confie-t-il.
Originaire d’une famille de chasseurs d’Aire-sur-l’Adour, Benoît ne rêvait pourtant pas de porter des armes à feu au quotidien. Même s’il prend désormais plaisir à s’entraîner régulièrement au tir au Stade Montois. Ce qui l’intéresse dans le pénitentiaire, c’est avant tout de « devoir se surpasser, tout en s’entretenant pour rester compétent ».
L’Aturin est arrivé à Pémégnan en 2014, après avoir passé le concours de surveillant en 2012. Mais son histoire avec l’administration pénitentiaire a débuté en 1997, lorsqu’il a intégré la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, l’une des plus grandes d’Europe, à l’âge de 23 ans. « Cela m’a formé en tant qu’homme. Le carcéral, c’est faire don de soi. Mais j’étais bien à Fleury, j’y avais l’équipe de rugby », se souvient celui qui est désormais officier.
Le ballon ovale a lui aussi son importance dans sa carrière. Car ce qu’il aime dans son métier, c’est la transmission, comme dans le rugby. « La pédagogie est à la fois une de mes qualités principales et ma priorité », analyse-t-il. Le moniteur ajoute : « Lorsqu’un gars en formation vous dit qu’il a passé une bonne journée, vous avez tout gagné. »
Pourtant, l’Aturin a bien failli abandonner le monde pénitentiaire en 2018 après avoir été agressé. « Je saturais, je voulais quitter la prison. » Mais c’est aussi à ce moment-là, lorsqu’il est retourné six mois à l’École nationale d’administration pénitentiaire d’Agen pour faire un bilan de compétences, qu’il a découvert le monitorat qui l’a réconcilié avec le pénitentiaire.
Si Benoît devait donner un conseil, ce serait de ne tomber en aucun cas dans la routine. « Lorsqu’on ouvre une cellule, on ne sait jamais ce qu’il peut se passer. Il faut se remettre en question tous les jours. » C’est pourquoi le moniteur qualifie d’essentielles les formations et révisions, en plus de l’humilité.
Même s’il se dit épanoui dans son travail, Benoît admet que si c’était à refaire, il ne serait peut-être pas à Pémégnan aujourd’hui. « Notamment en sachant ce que j’ai enduré, associé à l’éloignement pendant deux ans de mes enfants », précise l’officier. Il ajoute : « C’est un métier dur psychologiquement, il ne faut pas s’apitoyer ».
L’arrivée d’un escadron ELSP en avril 2022 à Pémégnan s’apparente à l’événement le plus marquant de la carrière du responsable. « Ce n’est que le commencement d’un projet, la finalité est de le faire grandir et de le construire ensemble. » Il souligne aussi l’avantage d’avoir pu participer au recrutement et parfois à la formation de membres de son équipe. Benoît s’estime « riche d’être ici à Pémégnan, il y a pire ailleurs ».
Mais l’obtention du titre d’officier reste certainement la plus grande satisfaction de Benoît : « C’est le Graal, je n’aurais jamais pensé devenir officier. Il me reste encore dix ans pour d’autres surprises. »