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La vie, ce n'est pas du jeu – LeFaso.net

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Si nous refusons une vérité parce qu’elle est dure, nous irons pleurer devant un mensonge doux et crémeux. J’ai dit, “Allons à la République, ou ça va nous coûter cher un jour !”. On m’a obligé à dire que nous étions en République. Et que Faso, ça veut dire République.
Faso, ça veut dire République. Forts de cela, qu’est-ce que nous avons fait ? Chaque pouvoir est venu, avec ses amis et ses détracteurs. Parmi les “amis”, les compatriotes qui voient enfin l’occasion de tremper la moustache dans la soupe. Parmi les “détracteurs”, c’est plus composite. On a ceux qui ont été évincés du pouvoir et qui rêvent de revanche. On a ceux qui rêvent de renverser le pouvoir en place, et de s’approprier la gamelle de soupe.
Aujourd’hui encore, avec le pouvoir du Capitaine Traoré, nous sommes dans cette configuration. Ce pouvoir aussi a ses “amis”, et ses “détracteurs”. Et rien ne dit que ça va en rester là. Deux mois après sa prise du pouvoir, ce gouvernement a fait état de “tentatives de déstabilisation”. Or, c’est dans l’essence de ce genre de régime. C’est dans la nature d’un pouvoir putschiste d’être renversé à son tour par un putsch. Si vous me dites que je raconte n’importe quoi pour faire l’intéressant, je vous présenterai des excuses les plus plates.
Quittons les allées du pouvoir ! J’étais en séjour au pays, il y a quelques mois. Des hommes de tenue ont eu une altercation dans un bar de Ouagadougou. Conséquence logique, la troupe a fait une descente musclée dans le quartier Dapoya.
La nuit dernière, autre altercation entre des militaires et des jeunes, qui se disputent les faveurs d’une dame dans le quartier Nagrin. Vous voulez parier ? Moi, je mise ce que vous voulez. De façon mécanique, la troupe a fait une descente musclée. Les jeunes ont riposté. Résultat, du matériel incendié. Souvenez-vous ! Le Capitaine Traoré et ses hommes ont pleuré misère pour avoir du matériel. Et c’est ce matériel qui a été aussi sottement incendié, dans une affaire graveleuse.
Demandez aux collègues journalistes ! Quand on va en reportage, on doit aller se signaler aux autorités locales et faire signer un ordre de mission par les forces de l’ordre. C’est une démarche tout à fait banale. Mais on y va, la peur au ventre. Chacun sait qu’avec nos hommes de tenue, tout et n’importe quoi peut vous arriver. Essayons d’imaginer ce que peuvent ressentir les simples citoyens !
Nous, journalistes, gendarmes et policiers savent que nous pouvons faire du bruit. Un villageois comprend tout de suite que le rapport de force est très nettement en sa défaveur. A tous les coups, il sort perdant.
Dans une République vraie, tout cela ne peut pas arriver. Si on regarde notre “république” aujourd’hui, ça fait penser à cette jeune fille qui dit à sa mère qu’elle pense être “un peu enceinte”. Sa mère a de l’expérience. Elle sait très bien qu’on ne peut pas être “un peu enceinte”.
Ce jeu bizarre où nous jouons à nous tromper nous-mêmes, les conséquences peuvent être minimes en temps de paix. Or, la guerre, nous sommes en plein dedans. Et la situation est “un peu sous contrôle”. Rappelez-vous notre jeune fille et sa mère ! Les problèmes sont amplifiés, parce que nous avons négligé de construire un Etat sur des bases solides. On s’est menti à nous-mêmes en disant que nous sommes en République. Et le détenteur du pouvoir a modelé notre armée à sa main. Il ne faut pas aller chercher loin. Depuis 1982, chaque président a fait ça. Tenir l’armée en respect, pour éviter que cette armée ne vous fasse un coup d’Etat.
Me concernant, je ne suis pas difficile. Si vous me dites que c’est faux, je vais reconnaître humblement que je me suis trompé. Je vais même vous dire que j’ai inventé un mensonge.
Une fois qu’on a dit toutes ces choses, la question cruciale vient : “et maintenant ?”. Il est clair que nos sympathiques terroristes ne vont pas nous laisser de temps de réorganiser tout ce dispositif, avant de revenir les combattre. C’est là où nous devons bien lister les priorités. D’abord, libérer le pays. Restauration, refondation, reconstruction, tout ce que vous voudrez, mais cela ne pourra venir qu’après la victoire.
Et pour obtenir cette victoire, il y a des préalables redoutables. Principalement, cesser ce jeu mortifère entre “amis” et “détracteurs” du pouvoir en place. Comment comptez-vous obtenir l’union de tous les Burkinabè dans cette bataille, si chacun continue à grogner pour défendre sa chapelle ? Si chacun a raison dans son coin, on fait comment ?
Les “amis” des pouvoirs passés doivent au plus vite oublier leurs rêves de revanche. Les froids calculateurs qui pensent pouvoir se positionner à Kosyam et Koulouba doivent oublier leurs rêves de banquets pantagruéliques. Les “détracteurs” qui pensent pouvoir réussir un coup de main pour s’installer à Kosyam doivent au plus vite oublier ce genre de projet funeste.
La vie, ce n’est pas un jeu. Nos amis terroristes n’envisagent pas de nous faire “un peu la guerre”.
Sayouba Traoré
Journaliste, écrivain
Le 9 janvier à 17:03, par KPIELE HIEN Martin En réponse à : La vie, ce n’est pas du jeu
Analyse pertinente, limpide et objective comme à l’accoutumée. Sacré Sayouba Traoré ! Merci pour cette interpellation. A bon entendeur…
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Le 10 janvier à 14:02, par Pale N. AUGUSTIN En réponse à : La vie, ce n’est pas du jeu
Bonjour, merci de nous donner l’occasion d’exprimer ici, il est bon de critiquer, mais il est encore bien et sage de donner des conseils ou des pistes pouvant aboutir à des prises de conscience ou des décisions qui ne peut contribuer à résoudre les problèmes de notre pays. Il y a un adage qui nous interpelle : Nous sommes les héritiers de ceux qui sont morts, les associés de ceux qui vivent et la Providence de ceux qui naîtront. Alors notre pays a une longue histoire de la mal donné, de la mauvaise gestion, du vol, et autres mots. Donc arrêtons de dire que les autres ne sont pas bien.
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Le 9 janvier à 18:36, par Jonassan En réponse à : La vie, ce n’est pas du jeu
Que les naïfs permettent à nos penseurs de s’exprimer ; ce n’est ni par l’émotion, ni par le griotisme qu’on bâtit une nation mais dans le diagnostic vrai du réel et dans les stratégies efficientes d’utilisation des ressources humaines et financières de la République.
Merci à Sayouba Traoré.
Tous ceux qui viendront t’insulter ici savent au fond d’eux-mêmes qu’ils appartiennent au parti des tonneaux vides.
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Le 9 janvier à 19:18, par lapin_jo@yahoo.fr En réponse à : La vie, ce n’est pas du jeu
Il faudrait à un certain moment arrêter les critiques infructueuses au profit de celles qui permettent d’avancer. La raison commande de la mesure et un peu de bon sens. Si les Burkinabè continuent de se réjouir de la chute probable de leurs dirigeants comme cela a été le cas jusque-là, ils risquent d’être continuellement dans la tourmente sans responsables fixes…C’est une affaire de raison que de savoir arrêter la machine de la convoitise rancunière..J’espère que cet article nous aidera à prendre de la hauteur, militaires comme civiles.
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Le 9 janvier à 20:40, par Baoyam En réponse à : La vie, ce n’est pas du jeu
Ceci est une belle reflexion. Le seul probleme est qu’elle ne montre comment om va vers cette république. Certainement pas en collant le mot “république” au nom du pays. Le Faso suffit déjà. Ce n’est pas l’intention républicaine qui manque sur la forme. C’est dans le fond que se pose le problème.
Comment établir une république vraie ? Il faut une éducation de qualité, une administration productive, un état au service des citoyens, etc. Comment y arriver ? Peut-être un leader visionnaire ? Comment avoir ce leader ? La fameuse démocratie nous a donné Roch et le MPP qui ont acheté le pouvoir malgré leur incompétence. Organiser des élections et peut etre les plus corrompus acheterons le pouvoir encore. Elections n’est pas égales à démocratie qui n’est pas égale à république. Dites nous comment y parvenir. Sur le principe beaucoup d’entre nous sommes déjà convaincus.
Effectivement ceux qui veulent faire partir Traoré juste pour le remplacer dans un contexte de guerre antiterroristes sont des ennemis du peuple.
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Le 10 janvier à 10:51, par Sayouba Traoré En réponse à : La vie, ce n’est pas du jeu
Comment on arrive à la République ? J’ai déjà expliqué ça en long et en large. Et sur ce même forum lefaso.net. Tapez mon nom + République ! Vous verrez. Je ne vais quand même pas faire une thèse.
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Le 10 janvier à 12:34, par Kouda En réponse à : La vie, ce n’est pas du jeu
Baoyam, vous demandez “Comment établir une république vraie ?”
En plus de la réponse de Sayouba à votre question j’ajouterai ceci.
Baoyam, vous ignorez complètement l’importance, la puissance, la portée et la capacité de changement favorable que vous seul, par votre changement positif, pouvez initier, pouvez produire.
Quand vous prendrez compte que c’est d’abord et surtout, nous, pris individuellement, qui devrions construire cette république, vous changerez favorablement dans vos paroles, réflexions, actions, idées, etc. et votre entourage changera aussi. C’est cela qui nous conduira à cette république.
Aucun leader ou dirigeant providentiel ne pourra créer cette république.
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Le 9 janvier à 20:44, par Danton En réponse à : La vie, ce n’est pas du jeu
Wow ! Là c’est du solide. Merci Sayouba Traoré.
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Le 9 janvier à 20:59, par Ibrahim SAKANDE En réponse à : La vie, ce n’est pas du jeu
C’est l’un de mes rares fois de lire une limpide analyse qui en resume grossomodo le mal qui sévit le Burkina République ( Faso ) ..
En fait, souvent il faut juste mettre de la glace dans nos verres car ceux qui insultent ou vomissent vous présentent le niveau qu’ils ont vu que chacun pense où son Q.U lui permet d’atteindre….
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Le 10 janvier à 09:22, par A qui la faute ? En réponse à : La vie, ce n’est pas du jeu
Merci beaucoup cher frère ! Nous avons besoins d’écrits qui parlent de l’avenir du Burkina plutôt que des hommes et leurs clans.
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