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Par : Tamara Milošević Grbić et Zoran Radosavljevic | EURACTIV Serbie et EURACTIV.com | translated by Anna Martino
26-01-2023 (mis à jour: 26-01-2023 )
Lors d’un entretien exclusif avec EURACTIV Serbie, M. Dačić a déclaré à EURACTIV que la Serbie, candidate à l’UE depuis 2012, était guidée avant tout par l’évaluation de ce qui est dans son intérêt. [EPA-EFE/ANDREJ CUKIC]Langues : English
Le ministre serbe des Affaires étrangères Ivica Dačić a laissé entendre pour la première fois mercredi (25 janvier) que Belgrade pourrait changer de cap et imposer des sanctions à la Russie, l’une des principales exigences de l’UE pour que la Serbie progresse dans ses négociations d’adhésion à l’Union.
Lors d’un entretien exclusif avec EURACTIV Serbie, M. Dačić, vétéran de plus de 30 ans de vie politique, a déclaré que la Serbie, candidate à l’UE depuis 2012, était guidée avant tout par l’évaluation de ce qui est dans son intérêt.
« Nous condamnons la violation de l’intégrité territoriale de l’Ukraine et c’est ainsi que nous avons voté dans les instances internationales. Quant à savoir si nous allons imposer des sanctions à la Russie, c’est une autre question. Ce n’est pas une question de temps ou de délais, c’est une question qui concerne nos intérêts politiques et économiques », a-t-il déclaré à EURACTIV Serbie.
Jusqu’à maintenant, le président serbe Aleksandar Vučić s’est farouchement opposé à l’idée de sanctionner Moscou pour son offensive en Ukraine, soulignant souvent que la Serbie importe tout son pétrole et son gaz de Russie, mais il a subi une pression croissante de l’Occident pour changer de position. En octobre, il a dévoilé un plan d’investissement de 12 milliards d’euros dans les infrastructures énergétiques sur six ans afin de diversifier et de sécuriser ses approvisionnements.
M. Dačić a déclaré que depuis l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014 et jusqu’à aujourd’hui, la Serbie ne s’est pas jointe aux sanctions occidentales « parce que nous avons estimé que cela ne serait pas dans notre intérêt ».
« Si quelque chose change au détriment des intérêts de la Serbie, alors notre décision sera ajustée en conséquence, car nous évaluerons à chaque instant quelle est la meilleure décision pour notre économie, pour notre statut dans le monde et pour les citoyens de Serbie. »
Le récit sur la Russie, considérée comme l’alliée traditionnelle de la Serbie, pourrait être enfin en train de se modifier. En effet, la Première ministre serbe Ana Brnabić, qui a assisté à l’événement de lancement d’EURACTIV Serbie à Belgrade mercredi soir, a parlé de « l’agression russe contre l’Ukraine », une formulation que la Serbie n’utilisait pas auparavant. Mme Brnabić a également fait l’éloge de l’UE, qui est le plus grand investisseur et donateur en Serbie.
M. Dačić a proclamé que l’adhésion à l’UE était « une priorité pour la Serbie », mais il s’en est pris à l’UE pour avoir traîné les pieds sur l’élargissement.
« Ce récit que l’on entend souvent, selon lequel les Balkans pourraient créer de nouveaux problèmes s’ils étaient à l’intérieur de l’UE, est plutôt un prétexte parce que l’UE a constaté une baisse d’enthousiasme pour l’élargissement. », a-t-il déclaré.
Et M. Dačić d’ajouter : « C’est une question qui ne rapporte pas de voix aux politiciens européens et c’est pourquoi ils la marginalisent. »
Lors d’une rencontre avec un conseiller du leader tchétchène Ramzan Kadyrov, le président serbe Aleksander Vucic a déclaré que les relations fraternelles de son pays avec la Russie ne peuvent être détruites et que Belgrade ne succombera jamais aux pressions qui la poussent choisir entre Moscou et l’Occident.
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