e manière assumée, le domaine Scamandre, basé à Vauvert (Gard), annonce sa sortie définitive de l’appellation Costières de Nîmes, « pour sortir des contraintes que nous imposent le cadre d’une appellation », explique ainsi Franck Renouard, propriétaire du domaine de Scamandre. « Ce n’est d’ailleurs en rien contre l’appellation Costières de Nîmes en elle-même, mais bien pour s’affranchir des limites liées aux appellations en général, qui nous empêchait d’aller au bout des choses que nous avions mises en place », souligne-t-il spontanément.
Celui qui était implantologue dentaire lorsqu’il a repris le domaine en 2003, a tout mis en œuvre depuis ses débuts pour sortir des sentiers battus. Aux côtés de sa femme Nadine, chirurgien-dentiste ayant renoncé à son activité pour se focaliser sur le développement de la propriété, Franck Renouard dit « être parti de zéro » pour créer le domaine tel qu’il l’imaginait. Sur les 15 hectares de vignes certifiées bio que compte à présent le domaine Scamandre, le couple ne comptait au départ que sur 4 ha de vieilles vignes qui ont permis de démarrer la production de vin.


« Les blancs et rosés n’ont jamais été en Costières de Nîmes, mais en IGP Gard, et une partie des rouges, produite en cépage pur ou avec des cépages non éligibles n’était déjà pas labellisée en Costières », poursuit le producteur basé à Vauvert. Alors qu'il explique avoir passé beaucoup de temps à convaincre cavistes et restaurateurs que le terroir des Costières se prêtait à la production de grands vins, pourquoi sortir maintenant de l’appellation maintenant, plutôt qu’engager cette démarche dès ses débuts et construire son histoire sur cette base ?
« Nous y avons pensé, mais beaucoup de professionnels amis ou conseillers nous ont recommandé de produire des vins en appellation pour donner un repère aux clients sur notre production. D’autant qu’en 2003, nous étions déjà peut-être un peu trop tard pour s’inscrire dans une démarche disruptive à l’image de ce qu’ont pu faire d’autres fameux prédécesseurs languedociens. Les choses étaient déjà bien installés au niveau régional », développe Franck Renouard. Il se souvient avoir essuyé beaucoup de remarques négatives à l’encontre du terroir des Costières « simplement à cause du manque de dimension historique qu’on peut retrouver à Bordeaux ou en Bourgogne, alors que les Costières constituent un terroir exceptionnel », poursuit-il, ajoutant avoir eu du mal à imposer des prix élevés à cause, justement, « du manque de reconnaissance de l’appellation Costières pour beaucoup de cavistes et restaurateurs ».
Franck Renouard s’est donc toujours posé en défenseur des vins issus des Costières de Nîmes. « Il n’y a aucun conflit particulier avec le syndicat. Il y a eu juste une fois une cuvée qui a été refusée lors d’une dégustation à cause de la personnalité marquée de ces vins. Mais même hors de l’appellation, il continuera de nous soutenir », confirme Aurélie Pujol, directrice du syndicat d’appellation.
Engagé sur le bio et l’agroforesterie, le couple vigneron à la tête du domaine Scamandre va donc encore approfondir une façon de concevoir les vins qui lui sont propres, après avoir séduit de prestigieuses tables françaises. « Nous travaillons sur la finesse et la fraîcheur, avec des élevages longs qui font que nous commercialisons en ce moment nos rouges de 2015. Il y a des contraintes liées à l’appellation qui nous empêchaient d’aller plus loin dans les variétés cultivées et dans les élevages. Nous préférons donc sortir de ce système », énonce Franck Renouard. La mention vin de France remplacera donc désormais celle des Costières de Nîmes pour le Scamandre rouge. Le reste de la gamme restera en IGP Gard.