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En 2014, François Hollande avait décidé d’annuler le contrat portant sur la livraison de deux porte-hélicoptères à Moscou, dans la foulée de l’invasion de la Crimée.
C’est une décision fondée – et encore plus dans le contexte de l’invasion russe en Ukraine – qui coûte cher à la France. Dans la foulée de l’annexion de la Crimée par la Russie en mars 2014, François Hollande, alors président de la République et mis sous pression notamment par les États-Unis, la Pologne et les États baltes, avait décidé d’annuler un contrat portant sur la livraison de deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) de classe Mistral à la Russie. Cette annulation, qui avait fait grand bruit à l’époque, se solde par une facture de 409 millions d’euros pour les finances publiques, vient de révéler la Cour des comptes dans un rapport sur le soutien aux exportations de matériel militaire.
Signé en janvier 2011, le contrat avec Moscou était valorisé à 1,12 milliard et même plus de 1,2 milliard avec les bateaux de débarquement. Il comportait aussi une option, jamais activée et pour cause, pour deux BPC supplémentaires. Une belle commande pour Naval Group, le constructeur de ces porte-hélicoptères de nouvelle génération, baptisés le Vladivostok et le Sébastopol. Mais aussi pour les Chantiers de l’Atlantique, partenaire de Naval Group, et fournisseur de la grande forme de Saint-Nazaire où sont assemblées les coques des très grands navires. Le contrat assurait une charge de travail pour 1 000 salariés pendant quatre ans.
Mais tout a dû être «détricoté», avant que Paris ne se mette en quête d’un autre client, en l’occurrence l’Égypte qui a passé commande en 2015. « Au total, compte tenu des résultats de la négociation avec la Russie, des abandons de redevances, des indemnités versées à Naval Group, de l’adaptation et de la cession des bâtiments à l’Égypte, cette opération aura eu un coût de 409 millions d’euros pour la France », détaille la Cour des comptes.
Pourtant en 2015, François Hollande avait promis que l’annulation de la commande russe et la revente au client égyptien se solderaient par une opération blanche pour la France. On en est loin. Paris a dû rembourser Moscou , à hauteur de 949,7 millions, dont près de 60 millions au seul titre de la formation des 400 marins des équipages russes. Une partie de ceux-ci avaient en effet fait le voyage jusqu’à Saint-Nazaire pour commencer leur formation, à partir de janvier 2014, à bord du premier Mistral, le Vladivostok, qui débutait ses essais en mer.
Mais l’annexion de la Crimée par la Russie avait tout remis en cause. À l’époque la France est sous le feu de vives critiques. Car ces BPC de 22.000 tonnes chacun sont des armes de projection de force redoutables. Ils peuvent transporter 750 combattants, en plus de l’équipage, un état-major, 16 hélicoptères d’attaque ainsi qu’une soixantaine de blindés. Alors qu’un embargo est décidé en juillet 2014 sur les ventes d’armements à la Russie, la France ne peut que s’incliner. Du gel de la livraison du premier Mistral, Paris passe à l’annulation du contrat.
Après huit longs mois de négociations, la Russie et la France trouvent, en août 2015, un accord sur les conditions de la résiliation de la commande. Il est prévu le remboursement des sommes déjà versées par Moscou – pris en charge par la Coface, l’assureur crédit qui gère les garanties publiques à l’exportation -, la France redevenant propriétaire des deux Mistral. Les deux navires construits aux normes russes sont à cette époque à quai à Saint-Nazaire. Leur entretien et les frais de gardiennage coûtent alors à Naval Group, «entre un et quelques millions d’euros par mois». Le gouvernement Hollande obtient aussi de la Russie que les deux bateaux soient «dérussifiés», au frais de Paris. Car, la moitié de la coque des deux porte-hélicoptères est fournie par des chantiers russes.
La Marine française, qui dispose déjà de trois BPC de classe Mistral – le Mistral, le Tonnerre, le Dixmude – envisage un temps de conserver un des deux ex-russes. Finalement, Paris signe en octobre 2015 leur revente à la Marine égyptienne.
En 2014, le dédit de la France vis-à-vis d’un client ayant payé rubis sur l’ongle avait parfois été critiqué. Aujourd’hui, alors que l’agression russe en Ukraine s’apprête à entrer dans sa deuxième année, Paris n’a aucun regret à avoir.
lucidator
le
Qu’est ce que c’est que cette conclusion d’article! Ce que nous avons fait était comme d’habitude court termiste, ça nous a coûté un pognon de dingue et 1000 familles n’ont pas eu de travail pendant 5 ans. Bravo Hollande!
Grand largue
le
Cela nous a coûté bien plus cher en terme de crédibilité. Nos clients potentiels savent que même si on signe un contrat et qu’ils le payent, ils peuvent être privé de leur bien au dernier moment. Un Mistral n’est pas un gâteau pour lequel il suffit de changer de pâtissier si le premier fait défaut. L’impact du coût et du délai est énorme pour le client éconduit. Hollande a clamé haut et fort que la parole de la France ne vaut rien.
DamMick83
le
Les livrer aurait pu coûter beaucoup plus cher
La société a annoncé «bloquer, sur l’ensemble de son réseau, les tarifs de péage de 70% des trajets de moins de 30 km».
Flybe avait repris du service en avril, après avoir fait faillite en 2020 en raison de la crise du Covid-19.
RÉCIT – Le groupe de Bernard Arnault, qui a réalisé en 2022 la meilleure année de son histoire, vaut désormais 400 milliards d’euros en Bourse. Ni le Covid, ni l’inflation, ni la guerre en Ukraine n’ont ralenti sa marche en avant.
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La non-livraison de deux navires Mistral à la Russie a coûté 409 millions à la France
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