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Face à une demande importante en engrais azotés ces dernières semaines, la logistique d'approvisionnement en France peine à suivre.
Pénurie ou pas pénurie d’engrais ? C’est l’une des questions qui ont animé le webinaire consacré aux engrais azotés, organisé par Yara France le 8 décembre. « Pas de pénurie réelle, juge le président de la filiale française, Nicolas Broutin, qui explique que ses deux usines françaises dédiées à la production d’engrais agricoles tournent à 100 % et produisent les volumes habituels. »
Seulement, cette année, les prix des engrais étaient hauts dès la morte saison et les agriculteurs ont retardé le moment de s’engager. « On peut encore rattraper notre retard sur les fermes, explique-t-il. Il y a, par contre, un problème de transport en France ».
Céline Duroc, la directrice générale de l’AGPM, pointe elle aussi un manque de fluidité logistique pour les engrais : « On est inquiets sur la capacité à organiser leur arrivée effective. Si la matière première est là, mais pas là où on doit l’utiliser… il y a une pénurie ! Il faut des chauffeurs et des camions qui circulent tout le temps, à flux tendu. »
Face à un « marché des engrais tendu et complexe » et à « une demande en hausse qui crée un goulot d’étranglement », elle estime que l’organisation logistique française n’est pas à la hauteur, plombée par les contraintes administratives et par un sous-investissement collectif.
L’autre inquiétude majeure, ce sont les prix. Céline Duroc insiste sur l’impact économique de la situation sur les exploitations, d’autant plus que « le poste azote pèse déjà lourd : hors séchage, c’est 35 à 40 % des charges opérationnelles en maïs ! ». Certains agriculteurs pourraient choisir de limiter les cultures très demandeuses en azote sur la campagne en cours.
« Il faut travailler sur la structure du marché, car on est loin d’être autosuffisants en azote ! », martèle la responsable professionnelle. De fait, seulement 30 % de l’azote consommé en France est produit en France. Pour faire diminuer le prix de l’azote et ainsi fluidifier le marché, « il faut y faire entrer de l’azote ! D’où notre demande de supprimer les taxes antidumping et de revoir les droits de douane sur les importations en Europe », explique-t-elle.
« Le problème, c’est qu’on n’a pas de feuille de route sur les engrais au niveau européen, ajoute Jéremy Decerle, agriculteur en Saône-et-Loire et eurodéputé. Ça doit devenir un sujet géostratégique, géopolitique, de façon à entrer dans la danse et garantir aux producteurs les moyens d’assurer face à cette crise collective. Il reste du boulot ! »
Ce contexte de disponibilités en engrais et de prix pousse à revoir le regard posé sur ces produits. « Il ne faut plus les raisonner comme des commodités, mais comme des denrées rares et chères », juge Nicolas Broutin. Lequel conseille aux agriculteurs de « saucissonner, découper, fractionner leurs achats. Dès qu’une tranche manque, ça pèse ! ».
Et « s’il faut produire autant avec moins d’engrais, la solution c’est de produire plus ! », lance Céline Duroc. L’optimisation de l’utilisation passe par la productivité. Plus on fait des rendements importants, moins on a besoin d’azote à l’unité produite, en maïs notamment. » Le travail sur la génétique pourrait aussi apporter des solutions.
« On doit aussi prêcher la bonne parole sur le pilotage : la bonne forme, le bon produit. Il y a 10 % d’efficacité à gagner en pilotant mieux la fertilisation ! », avance-t-il.
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