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L’intensité de la lutte par les couts baisse un peu en Europe et c’est a priori une bonne nouvelle pour tous les salariés.
Vue de France ce n’est pas pourtant l’impression dominante, avec un SMIC revalorisé d’à peine moins de 1% et qui n’a plus bénéficié de « coups de pouce » depuis le 1er juillet 2012. Pour les 2 millions de personnes payées sur cette base, la pilule est amère. Mais, ce n’est pas le cas en Allemagne où la hausse du salaire minimum atteindra 4% cette année et encore plus en Espagne où elle sera de 8%. Bien entendu, ces informations sont trop parcellaires pour établir un diagnostic définitif de l’arrêt des hostilités entre pays européens.
La progression des coûts unitaires de la main d’œuvre permet, elle, d’aller plus loin dans l’analyse. Cet indicateur correspond au rapport entre le cout horaire de la main d’œuvre et la productivité horaire du travail. Le coût unitaire de main-d’œuvre augmente lorsque la rémunération horaire s’accroît plus rapidement que la productivité du travail. C’est une mesure des pressions inflationnistes dues à la croissance des salaires.
A la vue de cet indicateur, il y a clairement en zone euro un avant et après 2008, signe que la pression reste plus forte aujourd’hui qu’avant 2008. Mais ce n’est qu’une moyenne qui peut être trompeuse car masquant des trajectoires nationales très diverses. Ce qui se passe aujourd’hui doit être mis en regard de la grande divergence Nord-Sud des années 2000-2008. Avec d’un côté, les réformes initiées par Gerhard Schröder en Allemagne et la déflation salariale qui en a résulté. La diminution des coûts salariaux unitaires dans les années 2000 va creuser avec l’Europe pour atteindre un maximum courant 2008. Mais depuis, la progression est plus vive Outre-Rhin et l’écart s’est réduit de moitié par rapport à la moyenne de la zone euro. En clair, l’Allemagne joue aujourd’hui le rôle de modérateur en matière de guerre salariale.
Avec de l’autre côté, la trajectoire opposée, de l’Espagne. Après les années fastes, la correction est très violente avec la crise. Bien entendu il y a des effets de structures avec la disparition en masse d’emplois très faiblement productifs notamment dans la construction. Mais c’est aussi le signe de l’écrasement des rémunérations. Alors certes, le salaire minium va être fortement revalorisé mais, l’Espagne part de loin et c’est bien elle qui ces dernières années a le plus alimenté la guerre par les coûts. Mais là aussi les dernières informations vont faire l’apaisement. La France est proche de la moyenne de la zone euro à la fois dans les niveaux et les profils, avec en fin de période une progression moins rapide liée notamment à l’impact du CICE, tout comme en Italie mais qui part de plus haut. L’inflexion par rapport à la tendance est nette dans les deux pays, ce qui marque une rupture par rapport à la tendance passée.
Le panorama d’ensemble c’est une plus grande convergence, une lutte globalement moins intense de la compétition par les coûts que pendant la crise. Certes, la lutte reste plus intense qu’au début des années 2000, avec des temps très marqués : l’Allemagne déclenche les hostilités jusqu’en 2008, avec la crise c’est l’Espagne qui est en tête de proue dans la compétition coût mais l’essentiel de l’ajustement est maintenant terminé et c’est aujourd’hui à la France et encore plus à l’Italie de faire de la maitrise des coûts un axe prioritaire. Dans un contexte moins oppressant qu’en 2008 néanmoins.
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