Contrairement aux billets et aux pièces de plus grande valeur, les pièces de 1 et 2 centimes ne font pas l'unanimité. Cinq pays européens tentent déjà d'en limiter l'usage.
Rares sont les occasions de les utiliser. Les « pièces rouges » [1,2 et 5 centimes d'euros, NDLR] – et surtout celles de 1 et 2 centimes – ont plutôt tendance à s'accumuler, voire à se perdre. Au total, il y en aurait 82.463.000 en circulation, dont près des trois quarts sont des pièces de 1 et 2 centimes, selon un relevé établi par la BCE en juin. Mais contrairement aux billets et aux pièces de plus grande valeur, les pièces de 1 et 2 centimes sont souvent délaissées par les Européens et certains Etats préféreraient les voir disparaître.
C'est le cas en Finlande (2002), aux Pays-Bas (2004), en Belgique (2014), en Irlande (2015) et, plus récemment, en Italie (2018), où l'arrondi aux 5 centimes les plus proches s'est imposé. Cette mesure – qui vise peu à peu à limiter l'usage des pièces de 1 et 2 centimes jugées peu pratiques – ne peut toutefois pas aller jusqu'à leur suppression pure et simple. Les pièces rouges ont effet cours légal, comme le rappelle la BCE, les commerçants se doivent donc de les accepter.
En France, le rapport du Comité action publique 2022 (« Cap 22 ») encourage le passage à une société sans cash. « On pourrait commencer à court terme par mettre fin à la circulation des pièces de 1 et 2 centimes », préconisent les auteurs du rapport.
Pour autant, ce document ne contient que des recommandations. L'exécutif ne s'est pour l'heure pas lancé dans une guerre ouverte contre les pièces rouges. De plus, certaines voix, comme l'association UFC-Que Choisir, pointent déjà les effets négatifs qu'aurait selon elle une suppression de ces petites pièces. Son président, Alain Bazot, dénonçait dans une tribune fin juillet un « effet inflationniste » que pourrait provoquer leur disparition : « Il est à craindre, au vu des expériences passées (passage à l'euro ; baisse de la TVA dans la restauration) ou étrangères que les commerçants arrondissent les prix à l'unité supérieure. »
> rapport du Comité action publique 2022 (« Cap 22 ») encourage le passage à une société sans cash
Peu pratiques, les petites pièces rouges faites d'acier et de cuivre sont aussi décriées en raison de leur coût de fabrication, plus élevé que leur valeur faciale. Il n'empêche, certaines d'entre elles peuvent voir leur valeur s'envoler auprès de collectionneurs. Ainsi les pièces de 1 centime monégasques frappées en 2001 ou 2002 auraient une valeur supérieure à 100 euros à la revente. Les pièces moins rares, elles, peuvent être recyclées dans des distributeurs Centimeo ou Eurocycleur. Ces deux acteurs français se chargent de rassembler les « cents » en échange d'un produit ou d'un bon d'achat.
Carole Favreau
Infographie
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