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Pour les jeunes Sud-Africains, la libération de Nelson Mandela il y a vingt ans est à peine un événement.
«L’apartheid, je sais ce que c’est. J’en ai entendu parler à la télé. Mais la discrimination que nos parents ont connue, ça nous paraît très loin. Nous, on est libres. Libres d’aller à l’école qui nous plaît ou de faire le travail qu’on veut. Notre vie est très cool aujourd’hui», assure Pumla, 16 ans. Née après la libération de Nelson Mandela – intervenue il y a tout juste vingt ans, le 11 février 1990 -, Pumla fait partie de cette génération de Sud-Africains que l’on qualifie de born free («née libre»). Blancs ou noirs, riches ou pauvres, ces moins de 20 ans sont généralement plus optimistes que leurs aînés. Mais on ne les verra guère ce jeudi aux cérémonies commémoratives du vingtième anniversaire de la libération du héros national. Généralement apolitiques, ils sont plus intéresses par le hip-hop que par les chants révolutionnaires du Congrès national africain (ANC), au pouvoir depuis 1994 en Afrique du Sud.
Au lycée d’Itlamganiso (Khayelitsha, banlieue du Cap), où Pumla est en classe de seconde, on n’organise rien de spécial pour cet anniversaire. Les enseignants sont déjà suffisamment préoccupés par la Coupe du monde de football, qui leur fera manquer plus de deux semaines de cours en juin prochain. «Pas question de perdre plus de temps. Il nous faut assurer le plus de leçons possibles. Les résultats au dernier baccalauréat ont été catastrophiques dans la township», explique une enseignante. Résultat : on remplace les cours de sport par du soutien en mathématiques. Quant aux cours d’histoire, considérés comme «non prioritaires», ils ne seront maintenus cette année qu’en classes de quatrième et de troisième.
L’histoire de l’apartheid est officiellement enseignée dans les écoles sud-africaines. Mais le système public dispose de moins en moins de professeurs dans cette discipline. Alors, le passé passe par pertes et profits. «Il faut nous comprendre. Vu le manque de ressources et les conditions du marché du travail, on préfère orienter les jeunes vers des carrières informatiques ou médicales. C’est là qu’ils auront du boulot», explique Duke Ngcukana, le principal du lycée d’Itlamganiso. Conscients du combat de leurs aînés, les born free en connaissent mal les détails. «À part Mandela, la plupart des combattants qui nous ont libérés sont inconnus des enfants. En un sens, c’est bien, car on fait tout pour enterrer les horreurs du passé et s’orienter vers l’avenir», plaide le chef d’établissement.
L’ouverture de l’ancien pays de l’apartheid dans les années 1990 a coïncidé avec une explosion de la consommation dans une société devenue plus matérialiste. Ces jeunes, dont le revenu a augmenté de 40 % depuis 1994, sont plus intéressés par les iPod et les ordinateurs que par les livres d’histoire. Même la Constitution sud-africaine leur est mal connue. «Ce n’est plus la question raciale qui différencie aujourd’hui les centres d’intérêts des adolescents sud-africains, c’est une question de portefeuille. Il y a ceux qui peuvent acheter et il y a ceux qui ne peuvent pas, mais qui ont les mêmes aspirations», observe John Simpson. Ce professeur de marketing à l’université du Cap étudie depuis plusieurs années les tendances des born free. Avec l’augmentation des disparités salariales, le schisme se situe surtout entre les have not et les have lots.
Conscients du phénomène, les responsables du parti au pouvoir ont cherché à se moderniser. À la veille des élections de 2009, ils ont fait campagne a coups de jolies filles aux tee-shirts moulants. Les «poupées ANC» exhibaient alors sur leur généreuse poitrine des slogans en grosses lettres de couleur or, du type «ANC rocks».
Mais les partis politiques ont beau courtiser la génération Mandela – qui représente plus de 30 % de la population – personne ne semble l’avoir séduite. Qualifié de «révolutionnaire Gucci», le très controversé Julius Malema, patron de la jeunesse à l’ANC, n’a pas convaincu. Les partis d’opposition ne les attirent pas beaucoup non plus. Toujours nombreux à s’abstenir lors des élections, les moins de 20 ans critiquent la corruption des politiciens et se reconnaissent de moins en moins dans les discours réducteurs du parti unique.
Ce manque de confiance dans les institutions politiques est encore plus marqué chez les jeunes Blancs. «Ils sont nettement moins confiants dans l’avenirque leurs camarades de couleur, fait remarquer John Simpson. Avant, tout le monde avait du travail. Aujourd’hui, le marché de l’emploi est plus compétitif, et surtout il y a des lois qui imposent une préférence à l’embauche pour les Noirs. Cela joue un rôle décisif dans l’état d’esprit des jeunes Blancs.»
Blancs, Noirs, Indiens ou métis, tous en tout cas reconnaissent en Nelson Mandela le fondateur de leur nouvelle société. «Quelles que soient nos origines, c’est notre grand-père à tous. Sans lui, on ne serait pas ici, en paix, tous ensemble. Madiba (son surnom, NDLR) fait partie de nos racines à tous», conclut Brad, 20 ans, un rouquin assis en tailleur sur les marches de l’université du Cap, une jolie métisse à son bras.
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DÉCRYPTAGE – Contrairement aux Leopard, qui devraient être livrés à Kiev au printemps, les M1 américains n’arriveront pas avant fin 2023 ou début 2024.
Le président Lula a refusé de fournir des munitions de chars demandées par l’Allemagne. Alberto Fernández, fidèle à la position de neutralité de l’Argentine, a également rappelé de son côté ne pas envisager de livraisons d’armes.
ENTRETIEN – Le général Martin Herem analyse la situation en Ukraine avec notamment l’arrivée des chars occidentaux.
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La génération Mandela,
si loin de l’apartheid
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