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Le président chinois Xi Jinping s’est entretenu par visioconférence avec le chancelier allemand Olaf Scholz et le président français Emmanuel Macron, mardi 8 mars. De nombreuses voix, en France, en Europe, mais également en Australie exhortent la Chine à sortir de sa neutralité et à s’impliquer davantage dans la résolution de la crise ukrainienne.
De notre correspondant à Pékin
Il y a eu des sourires dans les retweets des reprises des déclarations de Josep Borrel par les médias d’État chinois, le week-end dernier. De quoi presque donner lieu à des explications de textes sur « qui est qui » et « qui fait quoi » au sein des institutions européennes. Le haut représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère a appelé Pékin à jouer un rôle de médiateur pour arrêter les chars de Poutine. Et puis d’autres voix ont relayé ce message. « C’est une occasion absolument historique pour la Chine de jouer un rôle », a ainsi affirmé Hubert Védrine, l’ancien ministre français des Affaires étrangères sur Europe 1.
Hubert Védrine sur la position de la #Chine 🇨🇳 face à l'invasion de l'Ukraine 🇺🇦 par les troupes de Vladimir Poutine : "Qui est-ce qui peut lui parler ? Ce sont des non-occidentaux, et peut-être les Chinois" #Europe1
pic.twitter.com/Sjqb5B5Hi0
Sourires, car ces demandes accompagnent l’entrée de la Chine dans ce que le président chinois Xi Jinping appelle la « nouvelle ère ». Une ère aux caractéristiques chinoises évidemment, dans laquelle la deuxième économie du monde, sûre de sa puissance, entend reprendre tout ou partie du leadership américain et dessiner un nouvel ordre mondial.
La Chine n’a pas répondu directement à ses différents appels du pied. Le président chinois a appelé à « un soutien conjoint » des pourparlers de paix entre la Russie et l’Ukraine, soulignant la nécessité « d’encourager les deux parties à surmonter les difficultés, et à aboutir à des résultats pacifiques », selon les comptes rendus de la presse officielle.
#UPDATE: Xi urged joint support for the peace talks between Russia and Ukraine, and stressed the need to encourage the two sides to keep the momentum of negotiations, overcome difficulties, keep the talks going and bring about peaceful outcomes. pic.twitter.com/4wnkqL5X6O
C’est aussi ce que répète la diplomatie chinoise depuis le début du conflit. Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, a redit il y a deux jours qu’il souhaitait des « pourparlers directs » entre la Russie et l’Ukraine.
中國呼籲俄羅斯和烏克蘭直接談判 https://t.co/HuSItlSzyW pic.twitter.com/uXCreIOyLE
Donc appel au dialogue, appel à la paix, mais sans intervenir comme médiateur directement. On n’est pas encore dans un format Antalya comme jeudi 10 mars, en Turquie avec la rencontre trilatérale entre représentants russe, ukrainien et turc. Pour l’instant, aucun signe d’engagement concret côté chinois.
► À lire aussi : Guerre en Ukraine: Xi Jinping veut que la Chine joue le rôle de médiateur
Cette position de neutralité positive de la Chine vis-à-vis de la Russie peut évoluer, c’est en tout cas ce qu’espèrent les diplomates occidentaux. À Paris, Berlin, à Londres et à Washington, on a bien noté que Pékin s’était abstenu lors des différents votes à l’ONU. La Chine n’a pas les mêmes intérêts que la Russie, dit-on dans les couloirs de Bruxelles. La Chine prône la stabilité et ne veut pas risquer de nouvelles sanctions commerciales en cas de soutien, même indirect, à l’aventure russe en Ukraine.
L’un des refrains régulièrement entonnés par les dirigeants chinois est que la Chine ne s’immisce pas dans les affaires intérieures des autres et que les autres ne doivent pas s’immiscer dans leurs affaires intérieures.
En même temps, Moscou reste un « partenaire stratégique » de Pékin, le commerce va continuer avec la Russie, au nom des liens qui lient les deux pays : « Le développement des relations russo-chinoises a une logique historique claire et une forte dynamique endogène, l’amitié entre les deux peuples est solide comme un roc et les perspectives de coopération entre les deux parties sont immenses », disait là aussi Wang Yi, en marge de l’Assemblée nationale populaire réunie jusqu’à vendredi dans la capitale chinoise. Sans parler des liens d’amitié personnels entre Vladimir Poutine et le numéro un chinois régulièrement mis en avant dans la presse. Vladimir Poutine est notre « meilleur ami », a déclaré Xi Jinping dans une vidéo qui a beaucoup circulé parmi les internautes fans du président russe.
Résultat : la diplomatie chinoise défend la souveraineté de l’Ukraine, mais refuse de condamner l’invasion russe, tout en accusant les Occidentaux et l’Otan d’avoir ouvert la boîte de Pandore en quelque sorte, ce qui rendrait les « préoccupations de sécurité » de Moscou « légitimes ». Bref, la Chine peut-elle être une solution en étant proche de Moscou et donc en pouvant lui parler et être entendue ? Ou, au contraire, n’est-elle pas trop impliquée dans les intérêts de la Russie pour pouvoir porter les revendications des Ukrainiens ?
► À écouter aussi : Guerre en Ukraine: « La Chine a une neutralité de façade »
Chinois et Russes sont d’accord sur ce point. Ils sont opposés à ce qu’on appelait autrefois le « monde libre ». « Établir des normes démocratiques selon le modèle américain est antidémocratique », affirme la diplomatie chinoise qui enverra probablement des représentants au « sommet contre le fascisme » annoncé pour août prochain en Russie – Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, souhaitant répliquer au « sommet pour la démocratie » de Joe Biden en fin d’année dernière. Un événement fortement critiqué côté chinois.
Setting "democratic standards" according to U.S. model is undemocratic: Chinese FM pic.twitter.com/94qu6iWgW9
Ce nouveau partenariat stratégique global sino-russe, qui entend proposer une autre vision du monde, pose un problème à celles et ceux qui ne partagent pas cette vision. Car si la Chine intervient comme médiatrice à l’appel de l’Europe, elle demandera forcément des gages en échange, et probablement certains pourraient exiger des renoncements à des valeurs défendues par les Européens.
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