Après presque cinq ans de guerre commerciale et diplomatique, Pékin et Canberra semblent vouloir passer à autre chose. Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rencontré ce mardi, en marge du G20, le président chinois Xi Jinping.
Par Claude Fouquet
Faut-il y voir l'amorce d'un réchauffement entre Pékin en Canberra ? Pour la première fois depuis des années en effet, le président Xi Jinping et le Premier ministre australien Anthony Albanese se sont rencontrés ce mardi en marge du sommet du G20 à Bali .
La dernière rencontre de ce niveau remontait en effet à 2019, lors du G20 au Japon. A une différence près, les dirigeants des deux pays, avaient eu un échange bref mais pas d'entretien formel. Cette fois-ci, ils se sont rencontrés pendant 32 minutes.
Visiblement, tant Canberra que Pékin étaient sur la même longueur d'onde pour esquisser, du moins publiquement, une amorce de dégel des relations entre Pékin et Canberra. « Nous avons eu nos différences », a en effet reconnu Anthony Albanese au début de la rencontre. Tandis que de son côté, Xi Jinping a reconnu « des difficultés » entre les deux nations.
Et esquissé un très diplomatique mea-culpa. « Ce n'est pas ce que nous voulions, car la Chine et l'Australie sont tous les deux des pays importants pour la région Asie-Pacifique. Nous devrions améliorer, maintenir et développer nos relations parce que c'est dans l'intérêt fondamental de nos deux peuples », a encore expliqué le dirigeant chinois.
Après la rencontre, Anthony Albanese s'est félicité sur Twitter d'une « discussion positive et constructive ». Tout en réaffirmant cependant que les deux pays n'avaient pas en tête de faire trop de concessions. « Nous allons coopérer quand nous le pourrons, être en désaccord quand nous le devons, et suivre nos intérêts nationaux », a-t-il en effet précisé.
Il est vrai que la crise qui empoisonne les relations ne date pas d'hier. Depuis 2017 en effet, , rien ne va plus entre l'Australie et la Chine, alors même que les deux pays avaient multiplié les accords et contrats commerciaux depuis le début des années 2000. Ils étaient alors fortement liés, économiquement.
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En 2017, un tiers des exportations australiennes étaient destinées au marché chinois qui était d'ailleurs le premier partenaire commercial de l'Australie. Pékin avait même décroché une concession de 99 ans pour le port de Darwin, dans le nord de l'Australie. L'arrivée de touristes et d'étudiants chinois avait aussi alors connu un véritable essor. De même que les achats immobiliers par des investisseurs venus de Chine continentale.
Mais la lune de miel s'était ensuite assombrie. Alors que Pékin voyait d'un mauvais oeil la volonté de l'Australie de multiplier les alliances régionales, le vase a débordé lorsque l'Australie a décidé de fermer ses portes au groupe chinois de télécoms Huawei pour son réseau 5G et a été le premier pays à demander une enquête internationale sur l'origine de la pandémie de Covid-19.
Touché au vif, Pékin a adopté une série de sanctions commerciales et de droits de douane élevés contre le boeuf, l'orge, le coton, les fruits de mer, le charbon ou bien encore les vins australiens. La Chine a aussi dans le même temps accusé Canberra de subventionner des projets de recherches « antichinois » ou bien encore de mettre son veto à une dizaine de projets d'investissements chinois.
Pékin a aussi accru la pression militaire dans cette partie du monde, aiguisant le sentiment d'insécurité des Australiens dans le Pacifique sud. Notamment en resserrant ses liens avec la Vanuatu ou bien encore en signant un accord de sécurité avec les îles Salomon . Une politique d'intimidation qui n'a pas forcément eu l'impact escompté puisque cela a poussé l'Australie à se rapprocher un peu plus des Etats-Unis. Un rapprochement qui a fait de la France, la victime collatérale des tensions sino-australiennes : c'est en effet ce rapprochement avec Washington qui a conduit Canberra à préférer les sous-marinsaméricains aux français et à résilier le « contrat du siècle ».
Claude Fouquet
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