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Les 35e Journées du patrimoine programmées ce samedi et ce dimanche veulent mettre en avant l’Europe et ceux qui l’ont fondée. Cachée dans une petite localité des Yvelines, la maison de Jean Monnet nous a ouvert ses portes. C’est un site que l’UE tient à mettre en valeur, à huit mois des élections européennes. Ce lieu permet aussi de redécouvrir le parcours assez méconnu de l’un des instigateurs de la construction européenne.
En marche, cela ne date pas d’hier. C’est en effet parce qu’il commençait chacune de ses journées par une heure et demie de marche que Jean Monnet a élu en 1945 domicile dans une propriété chaleureuse mais sans ostentation située à Houjarray, hameau de la commune de Bazoches-sur-Guyonne, dans les Yvelines. Cette bâtisse au toit de chaume et en forme de « L » offre en effet l’avantage de se trouver en lisière de la forêt de Rambouillet, domaine propice à cet exercice vivifiant pour le corps et l’esprit qui consiste à mettre un pied devant l’autre et de recommencer, tout en se triturant les méninges et en profitant de la nature.
« Il a compris, dès son enfance, qu’un homme ne vaut que par la maîtrise de lui-même et qu’aucun pouvoir ne s’impose, ni ne dure qui ne procède d’un mûrissement intérieur » dira à son propos François Mitterrand, un autre amateur de marche, dans un discours prononcé à l’occasion du transfert des cendres de Jean Monnet au Panthéon. C’était le 9 novembre 1988, soit exactement cent ans après la naissance – et un peu plus de neuf ans après la mort – de celui qui est considéré à raison comme l’un des « pères de l’Europe », un hommage sincère du natif de Jarnac (Mitterrand) à l’enfant de Cognac (Monnet), deux villes de Charente distantes d’à peine 15 km.
Une vie de globe-trotter
Considéré comme le plus anglo-saxon des grands Français du siècle dernier, Jean Monnet avait beaucoup sillonné la planète avant d’élire domicile, à 57 ans, dans les Yvelines. Dès l’adolescence, il avait représenté à l’étranger l’entreprise familiale, les Cognac Monnet, une eau-de-vie qui n’est plus guère commercialisée en France mais reste populaire dans certains pays d’Europe du nord. « C’est un parcours complètement atypique, reconnait Philippe Le Guen, le directeur de l’Association Jean Monnet, qui a guidé notre visite des lieux, le mois dernier. Parti de rien ou presque, d’une famille de la petite bourgeoisie charentaise, négociants de Cognac, il a été amené à voyager à travers le monde, à faire des rencontres ». « Et puis à la Première Guerre mondiale, poursuit Philippe le Guen, il a eu l’occasion de parler au sommet de l’État alors qu’il n’avait que vingt-six ans pour dire que, selon lui, la coopération entre les alliés franco-britanniques ne marchait pas bien ».
Jean Monnet a alors l’audace de proposer ses services à Georges Clemenceau et part, malgré son jeune âge, organiser à Londres les ressources alliées, lui qui a été exempté de combat pour raisons de santé. « Il était déjà parfaitement anglophone, précise notre guide, car son père l’avait sorti du système scolaire français à seize ans, pour l’envoyer à Londres où il a eu vraiment sa formation commerciale et financière au cœur de la City. Donc, rapidement, il a été très au fait des méthodes anglo-saxonnes si bien que, durant toute sa vie, son mode de travail n’a pas du tout été classique des gens de son époque dans son pays. ». « Ensuite, ce que beaucoup de gens ignorent, rappelle Philippe le Guen, il est devenu le numéro 2 de la Société des Nations, l’ancêtre de l’ONU [du 10 juin 1919 au 31 janvier 1923 ; Ndlr]. Il en a été le secrétaire général adjoint à 31 ans ! ».
C’est à partir de ce moment-là que Jean Monnet a décidé de ne plus s’occuper des affaires dans le privé et qu’il a commencé à élargir son réseau. Son poste à la SDN l’avait en effet amené à rencontrer de nombreux chefs d’État ainsi que les grands noms du secteur financier. Il deviendra d’ailleurs banquier d’affaire et banquier d’investissement internationaldurant l’entre-deux-guerres. Mais quand il s’installe à Houjarray en 1945, c’est en tant que commissaire au plan chargé de réorganiser l’économie française, poste que lui a confié le général de Gaulle, un de Gaulle avec lequel il n’a d’ailleurs pas toujours été sur la même longueur d’onde tout au long de sa vie, loin s’en faut. Mais comme le talent sait reconnaître le talent, le chef du gouvernement provisoire de la France libérée savait pouvoir compter sur lui. C’est déjà lui, de Gaulle, qui l’avait envoyé à Washington négocier l’approvisionnement en armes des généraux Leclerc et de Lattre de Tassigny en vue du Débarquement.
Jamais de week-ends
Si Jean Monnet s’installe à Houjarray en 1945, c’est qu’il a découvert les lieux par l’intermédiaire de sa sœur, laquelle avait épousé un héritier du joaillier Chaumet qui possédait une maison de campagne dans les environs. « Il a acheté la maison à un Suédois, un médecin qui pendant la guerre était le gérant de la société SKF dont l’usine de roulements à billes était située à Trappes, non loin d’ici », relate Philippe Le Guen.« Cet homme avait souhaité rentrer en Suède parce que sa femme avait trouvé la mort dans un bombardement allié à Trappes, ville qui, à la fin de la guerre, était un gros nœud industriel et de transport ferroviaire ».Jean Monnet arrive tout de suite dans la maison, négociée à bon prix, avec sa femme et ses deux filles, dont une avait cinq ans. Mais il n’a rien modifié de l’intérieur.« Il ne perdait pas de temps à ça, ça n’était pas son sujet », s’amuse le directeur de l’association.
De fait, cette maison confortable mais sans luxe superflu va en réalité servir de second bureau à Jean Monnet quand il n’est pas à Paris et plus précisément le salon, la première pièce que l’on visite.« Il avait un bureau à Paris qu’il occupait dans la journée, précise Philippe le Guen. Ici on travaillait en soirée, mais surtout les week-ends car pour Jean Monnet tous les jours étaient des jours de travail ». « Alors, continue-t-il, on me demande souvent « mais où était son bureau ? ». Mais il n’y avait pas de bureau où il s’enfermait puisqu’il travaillait toujours en équipe, avec beaucoup de collaborateurs autour de lui ou des personnes qu’il avait invitées spécialement pour traiter d’un sujet précis ».
Maison Jean Monnet
7 chemin du Vieux Pressoir, Houjarray
78490 Bazoches-sur-Guyonne
tél : 01.34.86.12.43
Cliquez ici pour avoir accès au site internet avec horaires et directions pour s’y rendre.
L’entrée est gratuite. Une visite de groupe guidée est possible au tarif de 5 EUR par personne.
Les meubles sont restés d’époque et les tableaux aux murs sont signés de Sonia Monnet, l’épouse de l’ancien maître des lieux, mais c’est surtout sur la petite machine à écrire de marque Underwood que notre regard s’attarde. C’est avec elle en effet que les sténos-dactylos qui se relayaient à Houjarray ont pianoté les neuf brouillons successifs de la Déclaration Schuman du 9 mai 1950, du nom de Robert Schuman évidemment, ministre français des Affaires étrangères de 1948 à 1952 et instigateur avec Monnet du projet de Communauté européenne du Charbon et de l’Acier, point de départ de ce qui deviendra plus tard l’Union européenne. « C’est ce qui explique aussi que ce lieu est un lieu que l’institution européenne qui en est propriétaire – le Parlement européen – ait voulu vraiment garder comme un lieu de mémoire parce que c’est ici, vraiment, que l’on a, sinon fondé l’Europe, du moins jeté les bases d’un projet qui a pu marcher »,argumente le curateur des lieux.
« Adenauer [le chancelier allemand de l’époque ; Ndlr] a cru dans la sincérité de ce qu’on lui proposait, appuie Philippe Le Guen. Et il faut se souvenir, reprend-il, que proposer la mise en commun du charbon et de l’acier entre la France et l’Allemagne cinq ans après la fin de la guerre, c’était quand même quelque chose d’audacieux, et le mot est faible ! Il fallait un courage politique ! On a eu des hommes qui se sont engagés politiquement là-dedans, qui ont joué leur carrière, qui n’avaient pas peur d’être traités de « collabos », de « boches », de tout un tas de choses qu’ils ont lues dans la presse le lendemain ». Aux yeux de Philippe Le Guen et de nombreux européistes, il fallait bien identifier ce lieu comme un élément fondateur. « Parce qu’où sont les lieux fondateurs de l’Europe ? » interroge-t-il. « Il n’y en a pas énormément ». Hormis les impersonnels bâtiments de Bruxelles et le froid Parlement européen de Strasbourg, on a même envie de dire qu’il n’y en a aucun.
Un horizon dégagé
« On a ici un lieu paisible, à l‘écart, pour pouvoir réfléchir », insiste Philippe Le Guen.« Jean Monnet emmenait parfois ses interlocuteurs marcher et certains se souviennent d’avoir été emmenés par tous les temps, sans forcément avoir emporté les chaussures adéquates ! Mais Jean Monnet vous entraînait quand même dans les champs parce qu’il avait quelque chose à vous dire. Et il voulait vous le dire en marchant ! Cela faisait vraiment partie de son mode de vie ». À Londres comme à Washington ou à Shanghai, villes où il a séjourné, Jean Monnet a toujours eu besoin d’un espace vert pour pouvoir marcher. Les grands hommes de cette époque – Adenauer à Bonn, Schuman à Scy-Chazelles, de Gasperi dans le Trentin ou encore De Gaulle à Colombey – aimaient eux aussi les grands espaces, c’était important pour eux d’avoir un horizon dégagé. « Aujourd’hui, la résidence est entourée d’arbres, regrette presque notre hôte, et les architectes des Bâtiments de France ne veulent pas qu’on les coupe. Mais au début, il y avait une vue dégagée sur la campagne, on voyait jusqu’à Montfort l’Amaury ! ».
Du salon autrefois fourmillant, on passe vite par le vestibule où sont restés accrochés sur un portemanteau un imperméable, un chapeau, et une canne de l’ancien propriétaire des lieux. Puis on découvre la bibliothèque dont on s’étonne un peu qu’elle ne soit pas plus fournie. « Jean Monnet lisait peu, il n’avait pas le temps », explique Philippe Le Guen. « Donc souvent il demandait à ses collaborateurs de lui faire des fiches de lecture. Il avait bien quelques livres qu’il gardait avec lui mais, le plus souvent, il était dans l’action ». Symptomatiques de cette vie en mouvement : les téléphones. « Il y en avait plusieurs par pièce, ce qui n’était pas courant dans les années 1950, observe Philippe Le Guen. Il avait la ligne numéro 11 de Bazoches …il n’y avait pas beaucoup d’abonnés au téléphone dans la ville. Il avait besoin d’être constamment en contact avec son réseau, que ce soit de l’autre côté de l’Atlantique ou dans différents pays européens ou à Londres, à toute heure de la journée. Le téléphone était son outil de travail ».
On peut consulter aussi des exemplaires de ses petites notes, des blocs-note sur lesquels Jean Monnet écrivait ses pensées en revenant de ses marches, le matin : à la fois des idées pour ses prochains discours et puis aussi des idées personnelles puisqu’il se parlait à lui-même. La plupart sont cependant consignées dans des livres à la Fondation pour L’Europe de Lausanne que Jean Monnet avait créée de son vivant, avec un professeur de l’université locale. On le voit également en photo avec ses parents à Cognac, avec John F. Kennedy à la Maison Blanche, quand Kennedy lui avait remis la Médaille présidentielle de la liberté, et aussi avec Konrad Adenauer. Dwight Eisenhower et toute sa famille sont également venus en visite privée à Houjarray, visite qui n’a cependant pas laissé de trace iconographique.
La méthode charentaise
« À l’époque, raconte Philippe le Guen, il y avait trois chambres à l’étage et il y avait le couple de domestiques qui en occupait une partie. On pouvait loger quatre couples invités mais certains logeaient à côté, à Montfort-l’Amaury. Il aimait recevoir dans une manière assez familiale avec la méthode charentaise : le café avec un petit peu de cognac et puis un cigare et on continuait comme ça les conversations dans une ambiance décontractée et toujours avec Silvia Monnet. Elle participait à toutes les discussions et Jean Monnet lui demandait souvent son avis ». Née Silvia de Bondini, son épouse italienne avait vu le jour à Constantinople, fille d’un journaliste qui dirigeait un journal francophone du Bosphore. De treize ans sa cadette et déjà mariée, elle a accompagné Jean Monnet dans la plus grande partie de ses voyages après l’avoir épousé en secret en 1934 à …Moscou, en URSS, car la loi italienne interdisait le divorce, d’autant plus que Francesco Giannini, le mari éconduit de la jeune femme (et ancien collaborateur de Monnet), a toujours opposé son veto à cette union.
Parmi les notes conservées, l’une tient particulièrement à cœur aux collectionneurs : la feuille de comptabilité du matériel militaire que les Allemands étaient en capacité de produire par rapport aux alliés en 1941 et 1942, document que Jean Monnet – missionné par Churchill – avait soumis à Roosevelt en 1940. « Plutôt que de faire un rapport de mille pages, précise Philippe Le Guen, il avait présenté ça sous la forme d’une feuille de comptabilité, une « balance sheet » comme disent les Américains, assez simple à comprendre : il y apparaît tout à fait clairement, sur une seule page, que les Allemands ont largement le dessus ! ». C’est l’un des éléments qui décideront Roosevelt à lancer le Victory Program et lui permettra aussi de convaincre le Congrès américain, un an avant Pearl Harbour, qu’il faut reconvertir une partie de l’industrie civile pour l’effort de guerre, afin de pouvoir livrer des armements à la Grande-Bretagne.
La visite se poursuit par la salle à manger, une pièce dans laquelle Jean Monnet n’aimait pas s’éterniser. « Les repas se passaient assez vite, confirme Philippe le Guen. On mangeait léger. Certains ont même dit que, quand ils sortaient de table, ils avaient encore faim. Jean Monnet ne passait pas beaucoup de temps à ça, il était lui-même assez soucieux de sa santé : un filet de sole avec des pommes de terre vapeur, ça lui allait très bien ». « Ce n’était pas un grand buveur de vin non plus, il buvait plutôt un petit coup de cognac après le repas mais on ne faisait pas des gueuletons. On était dans une ambiance chaleureuse, résume notre guide, mais toujours avec une arrière-pensée : au début, Jean Monnet vous posait des questions sur la situation mondiale ; au moment du plat principal, vous commenciez à comprendre pourquoi vous étiez là ; et puis au dessert, vous aviez soit votre feuille de route, soit vous aviez sorti toutes les informations que Jean Monnet voulait vous soutirer. Rien n’était jamais laissé au hasard ! ».
Des projets d’élargissement
Dernière pièce du rez-de-chaussée : la chambre à coucher. « On l’a évidemment un peu reconstituée, reconnaît Philippe Le Guen. Il y a deux téléphones et aussi le petit secrétaire où Jean Monnet pouvait encore rédiger une dernière lettre avant d’aller au lit. Et puis aussi les journaux de l’époque parce qu’il lisait beaucoup la presse, nationale et internationale, surtout en anglais, sa langue de prédilection après le français. Et puis on a quand même laissé sur sa table de chevet un livre qu’il cite dans ses mémoires : L’Expédition du Kon-Tiki de Thor Heyerdahl parce qu’il y voyait une métaphore du projet européen ». Dans ses mémoires publiées en 1975, Jean Monnet fait effectivement allusion à l’expédition norvégienne dans le Pacifique : « Voilà, on est comme les gens du Kon-Tiki, écrit-il. On ne peut pas revenir en arrière. Il nous faut aller de l’avant et il nous faut gouverner notre esquif pour arriver à notre objectif. »
Loin d’être un lieu figé dans le passé, celle qui est devenue la Maison-Musée Jean Monnet a déjà connu des transformations et devrait encore accroître ses activités, à présent que le Parlement européen a décidé de s’impliquer d’avantage dans sa gestion. La maison elle-même a été rénovée en 2012 et la salle de conférence, qui se trouve dans un autre bâtiment de la propriété, a été agrandie en 2015 pour accueillir des séminaires. Elle est également ouverte au public. Des chemins ont été aménagés récemment dans le parc avec un itinéraire qui passe par un petit amphithéâtre extérieur qui peut accueillir quarante personnes sur ses marches. Le premier étage de la maison aussi est en cours de rénovation. À l’horizon 2021, un centre d’hébergement devrait sortir de terre sur un terrain adjacent dont le Parlement européen a fait l’acquisition. Cela évitera ainsi aux dignitaires et aux participants à ces réunions et à ces séminaires d’aller dormir à Versailles ou à Rambouillet situés à une demi-heure de route. C’est aussi une façon de rendre les hôtes plus réceptifs à la quiétude des lieux qu’aurait sans doute appréciée Jean Monnet lui-même.
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