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Karla Linke devant le bassin d’entraînement
Photo : Radio-Canada
En 1976, elle était adolescente et participait à ses premiers et seuls Jeux olympiques, sous les couleurs de l'Allemagne de l'Est, pays tristement célèbre pour avoir dopé systématiquement ses athlètes. Quarante-deux ans plus tard, Karla Linke est revenue à Montréal pour faire un voyage dans le temps.
Un texte de Robert Frosi
Une belle journée d’automne pour une belle rencontre. Je ne m’attendais certainement pas à vivre autant de sensations. Quand elle passe les portes du centre national d’entraînement au stade olympique de Montréal, je découvre une femme de 58 ans, le visage souriant. Un visage qui va lentement se transformer au gré des émotions qui vont l’envahir.
En 1976, à 16 ans seulement, Karla Linke va prendre part à deux finales aux 100 et 200 m brasse, épreuves où elle fait figure de favorite, notamment parce qu’elle a le record du monde du 200 m.
Elle finira 5e et 8e respectivement, une grande déception pour elle et son équipe. Quarante-deux ans plus tard, les souvenirs remontent rapidement à la surface.
« Honnêtement, je ne peux pas décrire ce que je ressens. Je ne pensais pas qu'un jour je revivrais tout cela, confie-t-elle. Il y a tellement de souvenirs qui me reviennent que je suis submergée par beaucoup d'émotions. Mes souvenirs? J'étais très jeune quand je suis arrivée ici et je savais que c'était ma chance.
« Je me souviens très bien de mes deux finales (elle montre du doigt son couloir, comme si c’était hier). La première finale, j'étais sur la ligne 7 et la deuxième, dans la ligne 8, et ça ne s’est pas bien passé. Mes parents avaient suivi les épreuves à la télévision en Allemagne et étaient tristes pour moi. Et par la suite, j’ai été réconfortée par toutes mes camarades. »
Karla Linke est heureuse de retrouver cette piscine olympique
Photo : Radio-Canada
En déambulant dans le centre aquatique, Karla Linke semble savourer chaque recoin de cette piscine olympique qui a bien changé depuis 42 ans. Quand on l'amène sur les lieux du bassin d'entraînement, qui, lui, est demeuré intact, tous les souvenirs se bousculent et l’émotion est à son comble.
Karla se pince, ses deux mains serrent ses joues et, dans un réflexe de nageuse, elle se penche pour prendre la température de l’eau. Elle se relève et n’en croit pas ses yeux.
« »
Le stade olympique de Montréal
Photo : Radio-Canada
Aux Jeux olympiques de 1976, les nageuses est-allemandes dominent outrageusement les épreuves de natation. Elles remporteront 11 médailles d'or sur 13.
À cette époque, la plupart des observateurs étaient impressionnés par le physique imposant de ces nageuses. Certaines avaient des voix d’homme et montraient une pilosité inquiétante. On découvrira plus tard que le pays avait mis sur pied un vaste programme de dopage institutionnel. Un dopage de masse surveillé par la Stasi, la police secrète de l'époque. Plus de 10 000 athlètes, entre 1970 et 1989, en seront victimes.
Le passé du sport est-allemand, ce sont des corps atrophiés, des vies détruites, des cancers, des malformations génitales pour ceux qui ont eu des enfants. Les effets des stéroïdes ont même poussé l'ancienne championne du lancer du poids Heidi Krieger à changer de sexe. Pour Karla Linke, en parler aujourd’hui est encore douloureux.
« On était jeunes. On ne savait pas qu'on nous dopait, confie-t-elle. On l'a appris plus tard et ça me rend très triste. C'est quelque chose qui n'aurait pas dû arriver. Quand j’y repense, ça me met en colère. Aujourd'hui, je suis bien. Je suis chanceuse d’être en bonne santé. J'ai deux enfants qui sont aussi en bonne santé, mais je pense souvent à mes collègues avec qui je suis encore en contact et qui ont eu des problèmes. »
Ce que me confiera Karla, c’est qu’après la chute du mur de Berlin, elle a fui l’Allemagne pour se réfugier en Suède avec son mari. Elle y restera pendant plus d’une décennie avant de revenir chez elle.
Durant cette période, des procès seront intentés par les athlètes victimes du dopage. Certains responsables ont été poursuivis, mais ont reçu des peines de prison avec sursis, comme si on avait voulu enterrer le passé. D'autres ont fui l'Allemagne de l'Est et sévissent encore dans le monde du sport, notamment en Afrique du Sud. Les indemnités du gouvernement allemand ont été, pour certains athlètes, ressenties comme une insulte, à peine quelques milliers de dollars pour des vies détruites.
« »
Karla Linke est heureuse de retrouver cette piscine olympique et la faire découvrir à son fils, nouvellement installé à Montréal. C’est une fierté pour elle de lui faire connaître son passé.
« Le message que je voudrais lancer? Si vous avez une passion et que vous la vivez avec votre cœur, alors rien n'est impossible, dit-elle. Si vous rêvez aux Jeux olympiques, alors dites-vous que tout est possible et qu'il faut foncer. Que l’on gagne ou l’on perde, qu’importe, tu es aux Jeux olympiques et ça c’est fantastique. »
Une fois sortis de la piscine, nous nous dirigeons vers la place Nadia Comaneci. Karla Linke regarde avec beaucoup d'attention et d'émotion la plaque commémorative de son équipe olympique. Chaque nom résonne dans sa mémoire comme si elle était encore la petite adolescente de 1976.
Plaque commémorative pour les athlètes ayant participé aux Jeux olympiques de 1976.
Photo : Radio-Canada
Tout en scrutant chaque nom du bout des doigts, elle explique à son fils, dans le détail, chaque course et chaque victoire. Certaines de ces nageuses médaillées d’or sont encore des amies proches. Et elles sont plusieurs à avoir décidé de retourner au CIO leurs médailles, synonyme de honte et de tricherie, selon elles.
Karla Linke semblait bouleversée par ce retour dans le passé. Mais l'émotion atteint son paroxysme quand je lui lance dans un allemand à l’accent approximatif : « Karla, j’ai une dernière surprise pour vous. » Je lui montre alors son nom gravé sur une plaque comme tous les athlètes qui ont participé aux Jeux de 1976.
Elle pose délicatement son doigt sur son nom comme pour vérifier que c’était bien d’elle dont il s’agissait. Incrédule, elle se retourne vers moi et éclate en sanglots. Le cœur serré, elle me remercie pour la délicatesse de mon geste. Elle se retourne, presque inconsolable, vers son fils et tombe dans ses bras.
Karla Linke regarde avec beaucoup d’attention et d’émotion la plaque commémorative de son équipe olympique.
Photo : Radio-Canada
Je la regarde maintenant repartir avec sa petite famille, le cœur léger, sans doute soulagée de la lourdeur des souvenirs qui l’ont envahie l’espace d’un instant.
Karla Linke a eu ce courage de revenir pour la première fois en 42 ans revivre tous ces moments de sa jeunesse. Une jeunesse torturée par des hommes avides d’une réussite à tout prix pour montrer la grandeur et la puissance de leur nation.
Malgré les blessures du passé, une chose est certaine, c'est qu'on ne pourra jamais enlever à Karla Linke qu'elle est et restera pour toujours : une athlète olympique.
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