Publié le par Alexis Biziere Cariou et Nicolas Gauthier
Si l’équipe AG2R Citroën de Vincent Lavenu a célébré ses 30 ans d’existence la semaine dernière, une autre formation française va devenir trentenaire en 2023 : St Michel-Auber93. Structure emblématique du cyclisme français, elle est portée depuis trois décennies par Stéphane Javalet, son manager général. Après avoir fréquenté le très haut niveau au début de son existence – avec notamment cinq participations au Tour de France (1996, 1997, 1998, 1999, 2001), marquées par une victoire d’étape en 1996 avec Cyril Saugrain – l’équipe francilienne évolue désormais au niveau Continental, ce qui ne l’empêche pas de tirer son épingle du jeu sur des épreuves très relevées du calendrier français. Ça a notamment été le cas lors d’une saison 2022 que Cyclism’Actu a pu évoquer avec Stephan Gaudry, membre de St Michel-Auber93 depuis près de vingt ans et actuel directeur sportif. Romain Cardis, Rudy Barbier, l’équipe féminine, l’avenir de la structure… beaucoup d’autres sujets ont été également abordés par Stephan Gaudry. Entretien.
Vidéo – Stephan Gaudry nous parle de l’équipe St Michel-Auber93 !
Quel bilan faites-vous de la saison 2022 de votre équipe ?
On a une saison 2022 qui s’est vraiment bien passée. On avait la chance d’avoir dans nos rangs un sprinteur de premier rang avec Jason Tesson, et c’est vrai que ça a canalisé l’équipe vers le haut. Ça a permis d’avoir des victoires et de voir l’équipe souvent travailler à l’avant du peloton.
Il y a eu 4 victoires en 2022, les 4 ont été l’œuvre de Jason Tesson. Ça a vraiment été l’homme fort de votre équipe, il a confirmé qu’il faisait parti des très bons sprinteur français ?
Comme vous avez pu le remarquer, le niveau des courses en France est maintenant tres élevé, et ce depuis les années Covid. Les grosses structures internationales se sont réfugiées sur le calendrier français et ont fait augmenter le niveau de ces courses. C’est quand même compliqué de gagner à ce niveau-là, quand on joue en Ligue des Champions tous les week-ends contre des équipes comme INEOS Grenadiers ou UAE Team Emirates (sourire). La seule manière qu’on a trouvé, nous, de remporter des victoires, c’était le sprint et avec Jason.
Avec surtout deux belles victoires sur des courses Pro Series, aux 4 Jours de Dunkerque et aux Boucles de la Mayenne. C’est quelque chose qui doit vous rendre fier de gagner sur des courses de ce niveau-là ?
C’est vrai que ce sont des courses qui sont catégorie Pro Series, mais il n’y a pas beaucoup de différences finalement avec les classes 1 du calendrier français, voire les classes 2, qui sont aussi de de belles épreuves. Je pense notamment au Tour de Bretagne, à la Ronde de l’Oise, sur lequelles il y a des réserves des équipes WorldTour qui viennent avec de jeunes coureurs mais qui sont de futurs grands talents. Tout ça fait que chaque course est belle et dur à gagner.
Jason Tesson a été l’homme fort de votre équipe en 2022, mais Romain Cardis a également fait une belle saison, avec notamment un top 10 au classement général des 4 Jours de Dunkerque.
C’est vrai. Dans l’équipe, on appelle Romain “assurance tous risques”. C’est un coureur qui est très régulier, il a un physique et un niveau de cyclisme très élevés. Il n’est passé pas loin d’une très belle victoire au Tour de l’Ain, il fait deuxième de la 1ère étape, derrière le Britannique de la Groupama-FDJ (Jake Stewart, ndlr). Il a un top 10 également au général du Circuit de la Sarthe (8e). En début de saison, il a été handicapé par une blessure assez grave survenue à l’ Étoile de Bessèges. Il a eu une coupure assez grave suite à une chute avec un disque. On n’en a pas trop parlé mais c’était une blessure grave à cause des freins à disque.
A part Jason Tesson et Romain Cardis, quels coureurs avez-vous envie de mettre en avant à l’issue de cette saison ?
Je pense qu’on va résonner en collectif. On avait un collectif solide, qui a travaillé c’est vrai autour de Jason, mais c’était aussi un vrai collectif. Après, je pense à des révélations comme Nicolas Debeaumarché, qui a été vraiment un attaquant hors-pair toute l’année, un équipier de premier rang sur toutes les courses où Jason a gagné. Je vais penser également Morne Van Niekerk, qui a été tres offensif et très collectif. On avait vraiment un vrai collectif, avec de belles individualités à l’intérieur de ce collectif, mais je pense que c’est vraiment l’équipe qui a porté vers le haut tous ces garçons. On travaillé vraiment là-dessus.
Jason Tesson va partir chez Team TotalEnergies, ce qui est une belle promotion pour lui. Quand on voit partir l’un de ses coureurs dans une équipe comme TotalEnergies, c’est aussi quelque chose qui doit faire plaisir lorsqu’on travaille dans une équipe comme St Michel-Auber93 ?
C’est vraiment la vocation de notre équipe. Quand on forme un jeune qui passe une ou deux saisons chez nous, qui passe en quelque sorte son diplôme de coureur cycliste professionnel (sourire) et qu’on le voit rejoindre une équipe de haut niveau, c’est une satisfaction. C’est un petit peu le cœur de notre travail. On est fier de ça et on est content de faire passer des coureurs au rang supérieur.
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�’� @jason_tesson a donné sa première interview au Team où il y évoque son choix, ses ambitions et ses affinités avec ses futurs coéquipiers. #WelcomeJason
Il a donc fallu remplacer Jason Tesson… et vous avez trouvé un sprinteur avec Rudy Barbier.
On avait quand même des difficultés à recruter un sprinteur de très haut niveau. À la fin du mercato, on n’avait pas vraiment trouvé un pur sprinteur pour remplacer Jason, mais une opportunité s’est présentée au dernier moment avec Rudy Barbier, qui n’est pas conservé chez Israel-Premier Tech. C’est un coureur qui rentre dans le moule de l’équipe. Il a 29 ans, c’est un coureur qui a encore vraiment envie et qui est revanchard.
C’est vraiment un athlète abouti, qui aime son sport et je pense qu’on a trouvé un très, très bon sprinteur. Pour la saison 2023, on va partager cette responsabilité. On va toujours avoir Romain Cardis sur les courses plus musclées, où Rudy Barbier ne passera pas forcément. On travaillera sur les deux tableaux, avec Romain Cardis sur les courses plus sélectives, un petit peu plus dures, et puis Rudy Barbier quand ce sera vraiment des arrivées sur le plat et où ça frottera un petit peu plus.
Quel a été votre discours pour convaincre Rudy Barbier de vous rejoindre en 2023 ?
C’est lui qui a vraiment eu l’envie de rejoindre notre équipe. Il a vu l’équipe travailler toute l’année pour Jason Tesson, il a vu que ce train était un bon train et que l’on avait rivalisé avec les grandes équipes sur Dunkerque, la Mayenne… Il s’est dit qu’il y avait une place à prendre et qu’il y avait un train qui était aussi opérationnel. Comme on le sait, le vélo évolue et un sprinteur qui est tout seul, isolé dans le peloton, c’est compliqué pour lui. Il y avait une place à prendre et il y avait aussi un collectif derrière qui était prêt a l’accueillir.
�’� Le sprinter @rudybarbier75 rejoint notre équipe en 2023.
🎙 Rudy Barbier : « Ces dernières saisons, l’équipe a prouvé qu’elle pèse sur dans le final. Elle n’a rien à envier aux plus grosses formations. Je suis très motivé et j’espère gagner le plus tôt possible. » pic.twitter.com/tQ7R0rEqVm
Rudy Barbier vient d’une équipe WorldTour, mais ce n’est pas le seul dans ce cas puisque vous avez aussi recruté Théo Delacroix, qui arrive d’Intermarché-Wanty-Gobert Matériaux. C’est aussi une belle pioche ?
Effectivement, c’est une belle pioche. Ça confirme aussi ce que l’on veut faire au niveau de l’équipe, on essaye de se renforcer et de progresser chaque année. On recrute des jeunes, mais on veut aussi un fond de jeu de coureurs solides, c’est obligatoire. Le niveau est tellement élevé qu’on est obligé d’avoir des coureurs aguerris. Pour nous, c’est extra de récupérer un coureur comme Théo Delacroix. Ça doit être gagnant-gagnant pour ce genre de coureurs. C’est pour eux l’opportunité de rebondir. Ce qu’on espère finalement, c’est qu’ils ne fassent qu’une année chez nous, qu’ils gagnent beaucoup de courses, qu’ils apportent à la structure et qu’ils aillent rebondir dans une WorldTour ou dans une ProTeam.
Et parlez nous également de Florian Rapiteau, Thomas Devaux et Thomas Gachignard, qui sont les trois autres recrues de St Michel-Auber 93 pour 2023.
Thomas Gachignard, on le connaît un petit peu puisque nous l’avons eu en stagiaire à partir du mois d’août. C’est un coureur complet, passe-partout, mais qui n’a pas encore vraiment trouvé sa voie et sa specialité. On va essayer de trouver son point fort.. De son côté, Thomas Devaux est un très bon grimpeur, il a toujours été dans le top 10 dans toutes les courses qu’il a faites à plus de 4000 mètres de dénivelé positif. On avait besoin aussi de se renforcer dans ce domaine avec le départ de Stéphane Rossetto.
Ce qui nous a plu chez Thomas Devaux, c’est que c’est aussi un gars qui est capable de faire du tempo, c’est un bon rouleur. Il sera également un petit peu intégré dans le train de l’équipe. Florian Rapiteau, ça fait partie des très bons coureur amateurs de la saison 2022. Il a fait notamment des belles performances au Tour de Guadeloupe au mois d’août, c’est ce qui nous a convaincus. On avait de très bons échos sur lui de la part de son directeur sportif à Laval.
Riche de deux ans en World Tour, Théo Delacroix nous rejoint pour la saison 2023 🤩
Bienvenue Théo ! 👊ðŸ»
🎙Théo Delacroix : « C’est un plaisir d’intégrer l’équipe St Michel – Auber 93, une structure qui fait partie intégrante du paysage cycliste français. » pic.twitter.com/YzrJHb6uDq
Joris Delbove avait terminé 10e en 2021 d’une édition très relevée du Tour de l’Avenir. Quand on voit le podium composé de Tobias Holland Johannessen, Carlos Rodriguez et Filippo Zana, ça veut tout dire. Qu’est-ce que vous attendez de lui en 2023 ?
On a vu sur quelques moments de la saison qu’il était vraiment capable de jouer les premiers rôles. Il s’est un petit peu dispersé, il avait fait pas mal de cyclo-cross l’hiver dernier, il a toujours jonglé entre les deux disciplines. Cette année, on lui a demandé et il a également décidé de mettre un petit peu la pédale douce sur le cyclo-cross. Il a juste fait les manche du Challenge et a le Championnat de France comme objectif principal, mais il va vraiment se consacrer à la route, avec un entraînement qui va être ciblé pour préparer la saison route. On a décidé ensemble de vraiment axer son programme sur la route.
Je voulais également évoquer l’équipe féminine. Une seule victoire en 2022, mais une participation au premier Tour de France Femmes avec Zwift et une belle présence à l’avant de la course. Ça s’est plutôt bien passé en 2022 ?
C’est un peu notre cœur de développement sur l’avenir. Cette équipe féminine, ça fait 10 ans qu’on l’a. L’hiver dernier, c’était un peu la cerise sur le gâteau puisqu’on a réussi à la faire passer de DN1 au niveau professionnel. Et là on renforce, on essaye de professionnaliser de plus en plus cette équipe. Les organisateurs sont tres contents de cette équipe. On est invités en Australie au mois de janvier, les filles vont commencer la saison 2023 avec la Cadel Evans Great Ocean Road Race et le Santos Tour Down Under. Elles sont vraiment dans le circuit, c’est un en équipe qui monte. Pour la structure, c’est vraiment intéressant d’avoir ses deux locomotives, avec l’équipe professionnelle Hommes et l’équipe professionnelle Femmes.
L’équipe St Michel Auber 93 est en continental depuis 2005. Y’a t-il une envie de progressser dans la hiérarchie été de monter au niveau ProTeam dans les années à venir ?
Ça tombe bien que cette question soit posée parce que je voulais justement dire que l’équipe St Michel-Auber 93 va fêter sa 30e saison en 2023. Effectivement, nous avons déjà été en première division – à l’époque, ça s’appelait BigMat-Auber 93 – à la fin des années 90 et au début des années 2000, avec des participations au Tour de France. On a toujours ce projet mais on sait que l’écart est vraiment important en termes de budget. Pour passer au rang supérieur, il faudrait que l’on multiplie notre budget par deux voire par trois, c’est compliqué. Ce n’est donc pas d’actualité, le sujet aujourd’hui étant de faire progresser nos deux équipe. On est toujours suivi par nos partenaires actuels, ils nous accompagnent, les budgets augmentent toujours un petit peu chaque année. On essaye de faire notre travail, un bon travail au niveau Continental et on verra par la suite.
Ces pronostics sont donnés à titre indicatif. Vous ne saurez engager la responsabilité de l’auteur quant aux résultats des courses. Les cotes sont susceptibles de changer jusqu’au départ. « Jouer comporte des risques : endettement, dépendance… Appelez le 09 74 75 13 13 (appel non surtaxé) »