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Des chiffres alarmants démontrent l’impact néfaste du plastique et de ses déchets sur notre planète. Ainsi, la masse de plastique présente dans l'environnement est à ce jour plus de deux fois supérieure à celle de tous les mammifères vivants. Près de 80 % du plastique produit ne se décompose pas et subsiste dans nos villes, nos campagnes et nos océans[1]. Mais il n’est pas trop tard pour agir. Les prochaines années seront cruciales et les investisseurs ont un rôle important à jouer.
Des indicateurs préoccupants – Les pouvoirs publics et les investisseurs responsables se trouvent devant une réalité chiffrée sans appel. La question du plastique est passée au premier plan : en 2017, les Nations unies ont déclaré la « Guerre à la pollution plastique des océans ». En cause, des chiffres alarmants : sans action concrète, la quantité de déchets plastiques rejetés dans les écosystèmes aquatiques atteindrait environ 53 millions de tonnes par an d'ici à 2030, soit le double du volume en 20162. Avec ça, des coûts économiques dus aux externalités négatives de cette pollution sur le tourisme, la pêche et l’aquaculture, pour un total mondial estimé entre 6 et 19 milliards de dollars en 2018. Les Nations unies ont donc adopté en mars dernier le tout premier traité mondial de lutte contre la pollution plastique, visant un cadre juridiquement contraignant à l’échelle international d'ici à 20243. Quelque 175 pays ont approuvé cet accord historique, centré sur la chaîne de valeur du plastique et la réduction de son impact sur les populations et la nature4.
Le plastique, à la racine de nombreux risques ESG – Issu de combustibles fossiles, le plastique joue un rôle indéniable dans le réchauffement climatique. Son empreinte carbone est lourde, comprenant la production mais aussi l'extraction et le transport du pétrole et du gaz nécessaires. Selon le Fonds Mondial pour la Nature (WWF), 4 % de la production annuelle de pétrole dans le monde est affectée à la fabrication du plastique, plus 4 % pour le raffinage5. Ainsi, notre économie, très gourmande en plastique, stimule de plus en plus la demande de combustibles fossiles. On estime à environ 12 millions de barils le volume de pétrole utilisé chaque année pour fabriquer des sacs en plastique rien qu'aux États-Unis.
Selon le deuxième Rapport d'évaluation mondiale de l'océan par les Nations unies, les matières plastiques représentent jusqu'à 80 % des déchets marins, avec un volume annuel charrié par les rivières entre 1,15 million et 2,41 millions de tonnes. Ce plastique finit sans surprise dans l’organisme de plus de 1 400 espèces marines, alors qu’une personne consomme en moyenne cinq grammes de plastique par semaine, soit l'équivalent d'une carte de crédit6. Ces microplastiques transitent même par l'eau en bouteille et le poisson consommé. Une étude plus large a ainsi estimé que, chaque année, entre 400 000 et un million de personnes dans les pays en développement meurent de maladies causées par ces déchets7, véritable enjeu de justice sociale.
Les entreprises seront au cœur de la transition – Les initiatives publiques doivent trouver leur écho dans le privé. Selon un rapport publié en 2020 par l'organisme Pew8, la transition vers une économie plus sobre en plastique permettrait une refonte de la filière mondiale à hauteur de 600 milliards de dollars, voire 1 200 milliards de dollars selon les estimations du Forum économique mondial. D’autant que les risques financiers annuels des entreprises pourraient atteindre 100 milliards de dollars d'ici à 20409. Une étude menée récemment par J.P. Morgan révèle par exemple qu'une hausse des prix du pétrole, et donc des dérivés du plastique, peut avoir des effets sévères sur les bénéfices des entreprises. A titre d’illustration, les produits en plastique peuvent représenter près de 50 % du total des pièces de véhicules pour les constructeurs automobiles. Les investisseurs ont donc tout intérêt à prendre position car tous les secteurs auront besoin de capitaux10 pour rendre leurs modèles et leurs technologies responsables viables sur le plan commercial.
Des pistes de solution…– Politiques de recyclage du plastique dans le cadre d'une économie circulaire, de solutions bioplastiques ou de dissuasion à la production : l’adoption de ces mesures, d’après le Pew Research Center, pourrait réduire les flux de plastique de 80% au cours des 20 prochaines années. Les analystes de Barclays évoquent pour leur part une compensation carbone à hauteur des émissions « évitées », cependant, il ne s’agit pas d’une « compensation plastique » à proprement parler. L'économie circulaire du plastique représente alors une opportunité de taille pour les entreprises et les investisseurs. Selon les estimations de la Fondation Ellen MacArthur, ce modèle pourrait permettre de réduire de 80 % le volume annuel de matières plastiques rejetées dans les océans d’ici 2050 et de 25 % les émissions de gaz à effet de serre, tout en créant jusqu’à 700 000 emplois nets et permettant des économies de 200 milliards $ par an. De nouvelles technologies de transformation des déchets en combustibles émergent : ainsi, les déchets plastiques liquéfiés se présentent en alternative au pétrole brut, et permettent la production d'hydrogène. De même pour les solutions chimiques, comme le recyclage enzymatique. Toutefois, ces procédés nécessitent d’importantes quantités d’énergie, ce qui les rend hélas coûteux et peu performants à ce stade. Plus de moyens sont donc nécessaires.
…qui recoupent des opportunités à saisir pour les entreprises – La demande des industriels en faveur d'alternatives au plastique vierge est en hausse11, ainsi que pour les matériaux de substitution : aluminium et verre. L’objectif : augmenter la teneur en plastique recyclé et substituts, accélérer le recyclage et réduire les volumes d'emballage. Les exigences des parties prenantes, y compris des investisseurs responsables exigent des reportings des émissions indirectes de gaz à effet de serre (GES) de périmètre 3 et des efforts de réduction adéquats. Ces démarches sont inégales d'une entreprise à l'autre, ce qui permet de tirer son épingle du jeu pour satisfaire ces demandes12. Mais le plastique inexploité représente également une matière à valoriser : sur les 7,6 milliards de tonnes de déchets plastiques produits dans le monde depuis les années 1950, plus de six milliards demeurent sans emploi. Cette valorisation devrait contribuer à accroître les taux de recyclage au niveau local, pour peu que les capacités de collecte soient investies en conséquence.
Liudmila Strakodonskaya, Analyste Investissement responsable, AXA IM Core
Jules Arnaud, Analyste Investissements à impact, AXA IM Core
1Safe planetary boundary for pollutants, including plastics, exceeded, say researchers (article en anglais) – Stockholm Resilience Centre
2POLSOLSum.pdf (unep.org)
3What you need to know about the plastic pollution resolution (unep.org) (article en anglais)
4Parmi les Objectifs de développement durable des Nations unies les plus pertinents pour le plastique et la pollution plastique figurent les ODD 3, ODD 6, ODD 12, ODD 13, ODD 14 et ODD 15
5Plastic waste and climate change – what's the connection? (article en anglais) – WWF-Australie, 2021
6Plastic ingestion by humans could equate to eating a credit card a week (article en anglais), WWF, 2019
7No Time To Waste: Tackling the plastic pollution crisis before it’s too late, Tearfund, Fauna & Flora International, WasteAid and The Institute of Development Studies, 2019 (document en anglais)
8Breaking the Plastic Wave: A comprehensive assessment of pathways towards stopping ocean plastic pollution (article en anglais), The Pew Charitable Trusts, 2020
9POLSOLSum.pdf (unep.org) À titre de comparaison, le marché mondial du plastique a été estimé à environ 580 milliards de dollars en 2020, tandis que la valeur monétaire des pertes en termes de capital naturel marin est estimée à 2 500 milliards de dollars par an
10Des chercheurs ont créé une enzyme qui décompose le plastique PET au moyen d'un procédé de dépolymérisation, une hydrolase, capable de décomposer les bouteilles en plastique en quelques heures. Une fois décomposé en monomères, le plastique peut être repolymérisé. Ce PET recyclé présente les mêmes propriétés que le PET vierge d'origine pétrochimique, contribuant ainsi au concept de PET circulaire. An engineered PET depolymerase to break down and recycle plastic bottles (article en anglais), Tournier, Topham, Gilles, David, Folgoas, Moya-Leclair, Kamionka et al, Nature, 2020
11La demande de plastique recyclé a atteint un niveau historique et, comme de nombreux marchés cette année, celui des paillettes de polyéthylène téréphtalate recyclé (R-PET) franchit un nouveau seuil en termes de prix puisqu'il a doublé l'an dernier pour dépasser les 1 400 livres sterling la tonne. Deloitte: Plastic Packaging Tax (article en anglais). https://www2.deloitte.com/uk/en/blog/consumer-business/2022/plastic-packaging-tax.html
12Périmètre 1 : toutes les émissions directes de gaz à effet de serre (GES) associées aux activités d’une entreprise. Périmètre 2 : émissions indirectes de GES provenant de la consommation d’électricité, de chaleur ou de vapeur achetée. Périmètre 3 : autres émissions indirectes provenant de la chaîne de valeur d’une entreprise et de ses clients (en amont et en aval des activités de l’entreprise).
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