Se former pour changer de métier, ou pour intégrer une autre entreprise, est un réflexe que de plus en plus de travailleurs ont aujourd’hui acquis. « Mais se former au sein même de sa propre entreprise, c’est un dispositif encore assez méconnu, notamment des salariés du privé », estime Sandrine Derville, vice-présidente de la Nouvelle-Aquitaine en charge des finances et de l’administration générale.
« Il y a, dans la fonction publique, une culture plus importante de la formation, puisque l’on se forme dès que l’on commence un poste et tout au long de sa carrière. Si l’on prend l’exemple de notre collectivité, le Conseil régional, 4 046 agents ont été formés en 2019, soit plus de la moitié du personnel. Soit 19 000 formations, donc 4,7 jours en moyenne, ce qui est assez long. C’est un peu moins dans l’ADN du privé mais cela se développe tout de même. »
Pour les salariés souhaitant se former, par exemple pour avoir davantage de responsabilités, un meilleur salaire ou un poste plus intéressant, c’est notamment vers le compte personnel de formation (CPF) qu’il faut se tourner. S’il se forme pendant le temps de travail, le salarié doit demander l’autorisation à son employeur qui doit valider le contenu et la durée. Il y a des délais légaux pour effectuer la demande : 60 jours avant le début pour les formations qui durent moins de 6 mois, et 120 jours pour celles qui sont plus longues.
Il reste, par ailleurs, possible de se former en dehors de ses horaires de travail si l’employeur refuse de donner son accord. « Mais franchement, c’est de plus en plus rare », avance Sandrine Derville. « Surtout dans ce contexte de tension sur le marché du travail, la plupart des dirigeants mesurent parfaitement l’importance de la formation pour l’attractivité de leur entreprise. Conserver un salarié performant, c’est lui donner la possibilité de progresser, donc de se former. Les mentalités ont beaucoup évolué sur ce point, des deux côtés d’ailleurs. Il y a 20 ans, la formation était un peu vue comme une punition par le salarié et une contrainte par l’employeur. Ce n’est plus du tout le cas. D’autant que les métiers évoluent à vitesse grand V et que les savoirs très théoriques dispensés en formation initiale diffèrent souvent de ceux que l’on doit avoir dans la réalité.
Après se pose un certain nombre de problèmes pratiques : quand faire la formation ? Comment compenser l’absence du salarié ? Ne peut-on pas envisager d’autres dates ? Faut-il former en interne ou en externe ? À la région, nous tentons d’encourager un dialogue maximal entre les employeurs et les organismes de formation, afin que les derniers s’adaptent au mieux aux besoins des premiers », assure Sandrine Derville. Au-delà du CPF, d’autres dispositifs existent pour se former sans forcément vouloir changer d’entreprise : plan de développement des compétences, projets de transition professionnelle, validation des acquis de l’expérience (VAE), dispositif de reconversion ou promotion par alternance PRO A, notamment.
Les salariés doivent pouvoir prendre connaissance des possibilités de formation dans leurs entreprises lors d’un entretien prévu tous les deux ans, durant lequel on doit aussi l’informer de la possibilité de faire appel à un conseil en évolution professionnel (CEP), qui les aidera à définir leur projet et à savoir comment le mener à bien.