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4 minutes à lire
Juliette Warlop,
Isabelle Poitte,
François Ekchajzer,
Thomas Richet
Publié le 23/01/23
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Pour sa cuvée 2023, qui se tient à Biarritz du 20 au 28 janvier, le Fipadoc offre l’occasion de découvrir quelque deux cents œuvres, des histoires vraies promptes à nous émouvoir et nous inspirer, mais aussi de rencontrer les réalisateurs. Solidaire, il accueille cette année des films ukrainiens. La catégorie Panorama de la création francophone comprend onze documentaires déjà diffusés dans l’année à la télévision, dans les salles de cinéma ou sur les plateformes. Nous en avons retenu quatre, à découvrir en priorité.
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On découvre Dirlinho dans un court travelling, perché sur un cheval au galop. En légère contre-plongée, on ne voit que le beau garçon de 12 ans, son destrier et le ciel sans nuages. L’impression de liberté est totale. Et absolument fugace, tant elle s’évapore quand apparaît le décor. Car l’horizon est bouché, dans ce coin du nord-est du Brésil aux faux airs de Far West poussiéreux. Pour fuir ce bourbier, Dirlinho rêve de devenir jockey professionnel et de posséder ses propres chevaux. En attendant, il a comme seule échappatoire les courses du Prado, où les animaux sont dopés et les normes de sécurité inexistantes.
Tout cela, on le comprend par petites touches dans ce beau documentaire impressionniste. À l’allure fracassante des chevaux répondent une narration lente et une réalisation soignée. On voit l’adolescent capturer un tatou pour le manger, draguer des filles, parler avec son cousin Edivan, qui lui aussi se met aux courses pour « sortir de ce taudis ». Et on devine dans ces petits riens le vide de leur vie. Tout comme on aperçoit la violence du Brésil lorsque Jair Bolsonaro déclare, face à cette famille miséreuse, regroupée devant sa télévision, qu’il « faut arrêter d’être un pays de pédales ». « Si je pense à tout ce qui m’a fait souffrir, ça me donne envie de pleurer », confie Edivan dans un rare moment de plainte. Lui aussi se contente de monter sur un cheval dopé, et de rêver d’ailleurs. – T.R.
► Lundi 23, 20h30, au Colisée.
► Jeudi 26, 13h, au Bellevue Auditorium.
Compagnie des phares et balises
Dans les premiers plans, Halimata Fofana en impose. Dans son bureau de la protection judiciaire de la jeunesse, elle recadre des jeunes, inflexible, droit dans les yeux. Puis elle s’échappe dans la nuit en fredonnant du Céline Dion, avant qu’on la retrouve, contemplative, au milieu d’une forêt de baobabs. Halimata Fofana, c’est tout cela à la fois. Tout cela, et aussi cette blessure profonde qu’elle ne veut pas secrète : « Je veux parler haut et fort de l’excision avec mes proches. Avec toi, maman. » Alors, avec sa mère, émigrée du Sénégal, elle engage une conversation intime, dont nous n’entendrons que les enregistrements audio.
Le titre, À nos corps excisés, est trompeur. Ce film n’est pas qu’un plaidoyer, et c’est surtout au singulier qu’il se conjugue. Et si le drame du corps excisé d’Halimata Fofana malmène ce récit sur le fil, il se livre à l’exercice d’un portrait complexe. « Je dois être assez solide pour être capable de mettre un uppercut quand je me prends une claque », confie Halimata à Emma, son amie d’enfance. Autoportrait revendiqué – puisque Halimata Fofana a coécrit ce documentaire avec la réalisatrice Anne Richard –, il assume les rugosités d’un personnage en quête perpétuelle d’équilibre. Et se clôt par les paroles bouleversantes de la mère d’Halimata, qui a su entendre sa fille : « Moi-même, aujourd’hui, je ne le referai pas. Et je dis non pour mes petites-filles. » – J.W.
► Dimanche 22, 18h, au Colisée.
► Mardi 24, 15h45, au Colisée.
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La politesse prédomine dans les échanges épistolaires entre le Commissariat général aux questions juives et les milliers de requérants qui, dès le printemps 1941, s’adressent à l’administration au sujet d’untel, privé de son commerce, de son emploi du fait de sa judéité, ou de tel autre dont on ignore où les autorités l’ont emporté. À l’incapacité d’imaginer le maréchal s’en prendre à de bons patriotes, se mêle dans certaines lettres l’expression d’un antisémitisme visant les seuls apatrides ou les Français de fraîche date, dont on est prêt à reconnaître qu’ils sont une menace pour la France.
En plongeant avec l’historien Laurent Joly dans ces milliers de requêtes et de réponses courtoises mais sans appel, le documentariste Jérôme Prieur rend tout autant compte de l’abomination de la politique antijuive de Vichy que du contexte idéologique dans lequel elle s’inscrit. Et l’on accueille avec une émotion d’autant plus vive des lettres comme celle de Gaston Lévy, qui moque avec une ironie cinglante l’hypocrisie du discours pétainiste. Les Suppliques excellent à exprimer la vie de ces pages jaunies et couvertes de mots qui disent la déférence, la détresse, mais aussi l’espoir de bénéficier d’une exception à la logique administrative. Elles touchent au cœur, en évoquant la persécution d’individus dont beaucoup ne soupçonnaient pas que le fait d’être juif puisse faire d’eux des obstacles au redressement national d’une France à genoux devant l’occupant. – F.E.
► Lundi 23, 11h15, au Bellevue Auditorium.
► Jeudi 26, 18h45, au Bellevue Auditorium.
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« On a la pandémie, le changement climatique, épargnez-moi l’assainissement ! » Lancée comme un cri du cœur par une femme d’affaires, la phrase résume le sentiment général concernant la question de l’évacuation et du traitement des excréments humains. Le sujet n’a certes rien de glamour, mais il est crucial, martèle avec ce qu’il faut de franc-parler ce documentaire aussi enlevé qu’instructif. Selon l’OMS, plus de la moitié de la population mondiale n’a pas accès à des toilettes dignes de ce nom. Les maladies liées au manque d’hygiène (dysenterie, diarrhée…) provoquent la mort d’au moins trois cent mille enfants par an. L’avenir de l’humanité passe par la révolution du « petit coin » : Bill Gates l’a compris, organisant par le biais de sa Fondation un vaste concours pour « réinventer les toilettes ». Le cahier des charges : pas d’eau, peu d’électricité et aucun raccordement à un réseau d’égout, pour répondre aux besoins des pays en développement.
Si Arnaud Robert sait s’amuser des trouvailles high-tech du milliardaire et de quelques facéties, il ne perd jamais le fil de son impeccable démonstration, entremêlant les approches historiques, sanitaires, économiques et sociales. Il voyage de l’Inde, où un programme gouvernemental de construction de latrines sèches promet la fin de la défécation à l’air libre, à la Suisse, où un centre de recherche œuvre pour le recyclage de l’urine, tout en pointant l’aberration de nos systèmes d’évacuation consommateurs d’eau potable. Irions-nous jusqu’à affirmer, à l’instar d’un spécialiste, que « la merde peut devenir à la mode » ? Peut-être pas. Mais un sujet passionnant, sans aucun doute. – I.P.
► Samedi 21, 13h30, au Bellevue Auditorium.
► Mercredi 25, 11h45, au Colisée.
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