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Femmes d'affaires du Sud : le contexte plus fort que le concept – Alternatives Economiques

La participation des femmes aux activités entrepreneuriales dans le monde est en augmentation depuis ces dernières décennies. Les entrepreneures apportent une contribution importante à l’économie et à la société. Après enquête, le Global Entrepreneurship Monitor (GEM, 2021) a estimé qu’environ 274 millions de femmes dans le monde sont impliquées dans la création d’entreprise, en plus de 139 millions de femmes propriétaires/gestionnaires d’entreprises établies et 144 millions de femmes investisseurs informels. Cependant, les taux et les modèles d’entrepreneuriat féminin varient considérablement à travers le monde. Selon le rapport du GEM (2021), les femmes en Europe ont un taux d’entrepreneuriat plus faible que les femmes d’autres régions du monde. Le taux d’activité entrepreneuriale des femmes en Amérique du Nord est historiquement élevé (environ 13,6% aux États-Unis et 13,9% au Canada, bien au-dessus de la moyenne mondiale des femmes : 11,0%) ; les régions du Moyen-Orient et de l’Afrique affichent des taux d’intention entrepreneuriale les plus élevés au monde ; les régions d’Amérique latine et des Caraïbes, d’Asie centrale et d’Asie de l’Est ont des taux de participation à l’entrepreneuriat parmi les plus élevés.
 
Diverses études antérieures montrent que les taux de prévalence de l’entrepreneuriat féminin ont tendance à être relativement plus élevés dans les pays en développement que dans les pays développés (Minniti, Naudé, 2010). La raison principale est que les femmes des pays en développement sont confrontées à des obstacles plus importants à l’entrée sur le marché du travail formel et doivent recourir à l’entrepreneuriat pour sortir du chômage et de la pauvreté. Plus précisément, les femmes jouent un rôle important dans les petites et moyennes entreprises (PME) des pays en développement. En outre, les femmes des zones rurales sont souvent à la pointe des activités économiques, en tant que main-d’œuvre salariée, dirigeantes ainsi que gestionnaires de ces activités. Les compétences féminines « traditionnelles » sont valorisées comme moyens de subsistance ; les femmes créant des entreprises à domicile dans plusieurs domaines tels que l’agriculture, le textile, la restauration, la broderie, les boutiques, l’artisanat, etc. Selon la Banque mondiale, actuellement entre 8 et 10 millions des PME formelles ont au moins une femme propriétaire.
 
Mais ces statistiques ne racontent qu’une partie de l’histoire. Bien que le nombre de femmes exploitant leur propre entreprise soit en augmentation dans le monde, les femmes continuent de faire face à d’énormes obstacles qui freinent la croissance de leurs entreprises, tels que le manque de capital, les contraintes sociales strictes et un temps et des compétences limités. Les entreprises appartenant à des femmes sont encore plus petites, et les défis auxquels sont confrontées les entrepreneures sont énormes et souvent très différents de ceux rencontrés par leurs homologues masculins (Banque mondiale, 2019).
 
Les contraintes des entrepreneures dans les pays en développement sont la discrimination sexuelle, le conflit travail-famille, la difficulté à mobiliser de capitaux, le manque d’infrastructures, l’instabilité des environnements commerciaux, économiques et politiques, le manque de formation et d’éducation (Panda, 2018). Selon la Banque mondiale qui a recueilli des observations sur la situation des femmes dans les petites entreprises des pays en développement, trois défis en particulier entravent les capacités des femmes à développer et à gérer avec succès une entreprise dans leur environnement.
 
Tout d’abord, le manque de financement est une contrainte majeure à la croissance des entreprises dirigées par des femmes dans les pays en développement. L’accès au financement est souvent cité comme l’un des principaux obstacles des entrepreneures. Selon un sondage de Gallup World Poll, des différences significatives dans l’accès aux services financiers pour les entreprises dirigées par des femmes et des hommes dans les pays en développement persistent. En général, les entrepreneures ont moins accès aux services bancaires de base (y compris les comptes chèques et les comptes d’épargne). Par conséquent, de nombreuses entrepreneures comptent sur leur propre épargne, sur les prêts de leur famille et de leurs amis ou sur les microcrédits pour financer leurs besoins commerciaux. Cependant, la petite taille et la nature à court terme des microcrédits ne permettent pas aux entrepreneures de faire des investissements à long terme dans leurs entreprises. Les contraintes financières conduisent donc les entrepreneures à engager des ressources peu coûteuses pour leur entreprise. L’utilisation de ressources peu coûteuses compromet non seulement la qualité des services fournis par les entreprises dirigées par des femmes, mais peut également créer des blocages en raison du déploiement de ressources inférieures à la moyenne.
 
Deuxièmement, les femmes continuent de faire face à des défis majeurs qui tentent à élargir les écarts et les inégalités entre les sexes. Elles gagnent moins que les hommes pour le même travail et courent un plus grand risque de violence dans leurs foyers. Même si les femmes font des progrès considérables en matière d’éducation aux niveaux primaire et secondaire, elles ne bénéficient que rarement de la combinaison entre l’éducation, les compétences professionnelles et techniques et l’expérience professionnelle nécessaire au développement de leurs entreprises. Les femmes sont également moins susceptibles de se permettre ou d’avoir accès aux technologies de l’information et des communications (TIC), telles que la télévision, les ordinateurs et la téléphonie mobile. Lorsque l’accès à ces appareils est possible, le problème de l’analphabétisme est un autre obstacle à l’utilisation des TIC, en particulier pour les femmes à faible revenu ; ce qui réduit leur capacité à démarrer et à gérer leur entreprise. C’est pourquoi les entreprises dirigées par des femmes sont souvent en danger de faillite.
 
Troisièmement, les contraintes juridiques de l’application du droit de la famille et de l’héritage peuvent limiter la capacité d’une femme à posséder des biens et à accéder à des garanties de financement. L’environnement institutionnel et juridique joue un rôle important pour la croissance des entreprises détenues par des femmes. Précisément, ces lois strictes peuvent entraver l’accès des femmes aux biens qui peuvent être utilisés comme garantie lors de l’obtention d’un prêt. En conséquence, ces contraintes constituent un problème puisqu’elles interdisent même l’entrée légale des entrepreneures sur le marché. Alors que les écarts entre les sexes dans l’éducation ont tendance à se réduire avec le développement, ce n’est pas le cas des écarts entre les sexes en matière de droits juridiques. Aussi bien les pays à revenu intermédiaire que les pays à faible revenu ont tendance à définir les hommes comme le chef de famille, à donner au mari le droit de choisir le domicile conjugal ou à refuser aux femmes la possibilité de posséder des biens en leur propre nom.
 
Pour faire face aux défis inévitables de la vie professionnelle et familiale, les entreprises dirigées par des femmes ont tendance à être informelles, basées à domicile et concentrées dans les domaines de l’entrepreneuriat à petite échelle et des secteurs traditionnels, qui comprennent principalement la vente au détail et les services. Ces secteurs informels pourraient être considérés comme moins honorifiques aux yeux des autochtones et ne nécessitent pas un haut niveau d’éducation et de professionnalisation. Les femmes s’intéressent à ces catégories de travail, qui reposent principalement sur l’utilisation de l’énergie physique et du savoir-faire empirique, afin de pouvoir gagner de l’argent rapidement (Kane, Chroqui, 2021). Certaines études suggèrent que la principale préoccupation des femmes dans de nombreux pays en développement n’est pas la croissance mais plutôt la survie. C’est peut-être l’une des raisons de la thèse selon laquelle les entrepreneures dans les pays en développement sont plus largement des « entrepreneures de portefeuille » plutôt que des « entrepreneures en série », car elles tentent de diversifier leurs sources de revenus et leurs chances d’exister (Minniti, Naudé, 2010).
 
De plus, les entrepreneures, comme les autres entrepreneurs pauvres en ressources, ont tendance à s’engager à différentes stratégies « simples » mais efficaces pour pouvoir gérer leurs activités commerciales, telles que la collaboration, l’innovation frugale et le bricolage entrepreneurial. Précisément, les entrepreneures mobilisent de ressources humaines, financières et techniques auprès de structures et de personnes qu’elles connaissent bien ou recommandées par leurs proches, et elles activent ou utilisent leurs ressources en se basant sur les usages les plus rudimentaires des techniques de gestion rationnelle de projet. Ce comportement de bricolage permet aux entrepreneures de mieux résister à l’évolution de l’environnement économique et socioculturel, de plus en plus contraignant pour les porteurs de projets de petites entreprises (Kane, Chroqui, 2021).
 
Références
Panda, S. (2018), Constraints faced by women entrepreneurs in developing countries: review and ranking, Gender in Management: An International Journal, https://www.researchgate.net/deref/https%3A%2F%2Fdoi.org%2F10.1108%2FGM-01-2017-0003
Banque mondiale (2019), Profiting from Parity: Unlocking the Potential of Women’s Businesses in Africa, World Bank report.
GEM (2021), Women’s Entrepreneurship 2020/21: Thriving through Crisis, Report of Global Entrepreneurship Monitor.
Kane, N., Chroqui, R. (2021), L’entrepreneuriat féminin en Afrique, entre bricolage et survie, L’Harmattan.
 
 
A propos de l’auteure
 
Son Thi Kim LE est maître de conférences à l’Université du Littoral Côte d’Opale. Ses recherches portent sur la gestion de l’innovation dans des contextes de ressources limitées. Ses publications portent sur des thèmes spécifiques du processus d’innovation dans les pays en développement tels que le bricolage et le lien social.
 
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