L’alpinisme et le tourisme de haute montagne gagnent du terrain, à mesure que la nature en perd. L’ascension du mont Blanc, de plus en plus fréquenté, est ainsi plus dangereuse en raison du réchauffement climatique. Une situation qui renvoie dos à dos les défenseurs de la montagne, qui réclament une protection ou prônent la liberté, raconte le “Daily Telegraph”.
Dans le massif du Mont-Blanc, il n’y a plus d’arbres à partir de 2 362 mètres d’altitude. Quelques centaines de mètres plus haut, l’air se raréfie. À 3 000 mètres, le paysage se décline dans des tons de brun et de gris, et le blanc bleuté très clair que l’on aperçoit à l’occasion nous rappelle qu’il y a des glaciers à proximité, hors de notre vue. Il ne pousse pas grand-chose à cette altitude : c’est un miracle que les chèvres de montagne qui se déplacent dans cet environnement austère y trouvent quelque chose à manger.
Pendant ces quelques heures passées à grimper et à escalader sans relâche des rochers couleur rouille en essayant d’oublier les à-pics vertigineux, on pourrait se croire à la surface de Mars. Et quand on s’aventure plus loin, le paysage finit par devenir blanc.
Avec ses 4 808 mètres d’altitude, le mont Blanc est le point culminant de l’Europe de l’Ouest. Depuis plus de deux cents ans, les alpinistes et les aventuriers amateurs tentent d’atteindre son sommet. De mai à octobre, le toit des Alpes, un lieu sauvage, est parcouru par ce qui, de loin, a l’apparence d’un flot continu de fourmis. S’efforçant de mettre un pied devant l’autre, les visiteurs luttent contre la peur, le doute et le mal de l’altitude et mettent à l’épreuve comme jamais leur condition physique et leur force mentale.
La situation sur la montagne a atteint un point critique ces dernières années. Il faut savoir que le tourisme d’aventure a le vent en poupe. Récemment, un alpiniste britannique originaire de Portsmouth a failli mourir de froid alors qu’il tentait d’atteindre le sommet pour célébrer ses 26 ans. Il a été secouru après avoir fait une chute dans une crevasse et passé la nuit sur un glacier. Sa température corporelle était d’à peine 25 °C, ce qui est inférieur à la normale de plus de 10 degrés.
Les gens ont développé des obsessions : ils veulent collectionner les Munros (conquérir les sommets écossais de plus de 3 000 pieds [environ 900 mètres]), pratiquer l’escalade libre dans des endroits reculés du monde ou faire le tour d’un pays en kayak. Les vêtements de plein air sont très en vogue, et Instagram déborde de photos de randonneurs se tenant triomphalement au sommet des montagnes les plus élevées de la planète. Tout cela alors que notre monde naturel n’a jamais été aussi fragile.
Chaque année, quelque 20 000 personnes cherchent à atteindre le sommet du mont Blanc. Or les glaciers sont en train de fondre. La mer de Glace, le plus grand glacier de France, “fond maintenant à un rythme d’environ 40 mètres par an, et il a perdu 80 mètres de profondeur dans les vingt dernières années seulement”, a déclaré le glaciologue Luc Moreau en 2018.
Au sommet, les guides découvrent de nouvelles crevasses dans la glace. Plus bas, le terrain devient plus pentu et moins stable. Les chutes de pierres sont devenues si fréquentes dans le Grand Couloir – un passage court mais périlleux que 75 % des personnes qui tentent d’atteindre le sommet doivent franchir à mi-parcours – qu’il n’est souvent pas possible (ou, du moins, pas recommandé) de le traverser.
Cette année, l’enchaînement d’un hiver sec et d’un été exceptionnellement chaud a marqué un tournant. Le déficit de neige avait laissé de vastes portions de glacier sans l’épaisse couche de protection sur laquelle elles pouvaient habituellement compter. En mai, quand les températures ont commencé à augmenter et qu’elles n’ont plus cessé de le faire, la glace, exposée, s’est mise à fondre rapidement.
En altitude, de nouvelles crevasses se sont ouvertes et les fragiles ponts de neige qui permettaient aux alpinistes de franchir celles qui existaient déjà ont fondu. Plus bas, à cause de la sécheresse, les pierres ont commencé à se détacher, empruntant toujours le même chemin jusqu’au bas de la pente. “Le peu de neige qu’il y avait a fondu très vite, explique Olivier Greber, guide de montagne à Chamonix. Ça veut dire que la vieille glace, comme on l’appelle, est exposée. Or, d’après les scientifiques, c’est une glace qui, par endroits, a jusqu’à 6 000 ans.”
Quand la chaleur atteint la vieille glace qui se trouve sous la surface – “le ciment de la montagne”, comme il la décrit –, des fragments de pierre commencent à se détacher et à tomber. Seule une période de froid peut permettre de stabiliser les choses. Il y a déjà un bon moment que le Grand Couloir (un passage qui sépare deux refuges de montagne et que la plupart des grimpeurs mettent environ trois heures à franchir) a été surnommé l’“allée de quilles” ou le “couloir de la mort”.
D’après une étude des registres de la gendarmerie de haute montagne faite par Petzl, une entreprise française de matériel de montagne, 347 opérations de sauvetage ont été menées dans le Grand Couloir entre 1990 et 2017. Le bilan était de 102 morts et 230 blessés. À noter que 84 % des sauvetages concernaient des amateurs qui n’étaient pas accompagnés par un guide professionnel.
Il arrive que des guides qui accompagnent des clients au sommet contre rémunération doivent rebrousser chemin ou reporter la course. Ils sont alors contraints de surveiller la météo en continu en attendant un créneau qui leur permettra de se lancer sans risque. En juillet dernier, Matt Hancock, un ancien ministre de la Santé britannique, a dû changer ses plans. Au lieu de gravir le toit des Alpes comme il avait prévu de le faire pour lever des fonds au profit d’un hôpital pour enfants, il a fait le Tour du Mont-Blanc, une randonnée
Eleanor Steafel
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Atlantiste et antieuropéen sur le fond, pugnace et engagé sur la forme, c’est le grand journal conservateur de référence. Fondé en 1855, il est le dernier des quotidiens de qualité à ne pas avoir abandonné le grand format.
Son agenda est très prisé, en raison notamment du Court Circular qui présente tous les jours les activités de la famille royale. Un autre rendez-vous très attendu est le petit dessin de Matt, toujours élégant et drôle, publié en première page. Détenu jusqu’au début de 2004 par le magnat de la presse Conrad Black, le titre est désormais propriété des frères milliardaires David et Frederick Barclay.
C’est le premier quotidien britannique à avoir ouvert un site en 1994, lequel est, de l’avis général, l’un des plus complets du monde anglo-saxon. Très interactif, il met en ligne l’ensemble du contenu du quotidien et, à la fin de chaque article, il propose des renvois vers d’autres liens.
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