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Faible enneigement, fonte des glaciers, biodiversité : un expert … – Sud Ouest

Quel Sud-Ouest allons-nous laisser aux générations futures ? « Sud Ouest » ouvre le débat en ce début 2023 avec le lancement de son dispositif Déclic. Première thématique : l’avenir de la montagne. Pour répondre à toutes les questions sur les effets du dérèglement climatique sur les Pyrénées, la rédaction de « Sud Ouest » a ouvert une foire aux questions, via son site internet. Frank d’Amico, enseignant chercheur à l’université de Pau-Pays d’Adour, spécialiste des écosystèmes dans les massifs pyrénéens, s’est prêté au jeu des questions-réponses.
Peut-on craindre un manque de neige continu dans les saisons à venir dans les stations de moyenne altitude (1 500/2 500 mètres) ou s’agit-il de phénomènes épisodiques ? Jean-Eric, 69 ans, Chasseneuil-du-Poitou (86)
En dépit d’une forte variabilité interannuelle, le nombre de jours avec un sol enneigé a diminué notablement depuis les années 1980. À 1 800 m, les projections futures font état d’une baisse de l’enneigement moyen sur le massif Aspe-Ossau jusque dans les années 2030 (c’est-à-dire « demain » !) puis d’une situation qui empirera à partir des années 2050. Selon le scénario climatique le plus pessimiste, la neige pourrait même devenir rare d’ici la fin du siècle, un phénomène concomitant de la disparition programmée des glaciers dans les Pyrénées. Toutefois, les valeurs moyennes masquent la très grande variabilité des phénomènes…
Quel Sud-Ouest allons-nous laisser aux générations futures ? « Sud Ouest » ouvre le débat en ce début 2023 avec le lancement de son dispositif Déclic. Première thématique : l’avenir de la montagne. Pour répondre à toutes les questions sur les effets du dérèglement climatique sur les Pyrénées, la rédaction de « Sud Ouest » a ouvert une foire aux questions, via son site internet. Frank d’Amico, enseignant chercheur à l’université de Pau-Pays d’Adour, spécialiste des écosystèmes dans les massifs pyrénéens, s’est prêté au jeu des questions-réponses.
Peut-on craindre un manque de neige continu dans les saisons à venir dans les stations de moyenne altitude (1 500/2 500 mètres) ou s’agit-il de phénomènes épisodiques ? Jean-Eric, 69 ans, Chasseneuil-du-Poitou (86)
En dépit d’une forte variabilité interannuelle, le nombre de jours avec un sol enneigé a diminué notablement depuis les années 1980. À 1 800 m, les projections futures font état d’une baisse de l’enneigement moyen sur le massif Aspe-Ossau jusque dans les années 2030 (c’est-à-dire « demain » !) puis d’une situation qui empirera à partir des années 2050. Selon le scénario climatique le plus pessimiste, la neige pourrait même devenir rare d’ici la fin du siècle, un phénomène concomitant de la disparition programmée des glaciers dans les Pyrénées. Toutefois, les valeurs moyennes masquent la très grande variabilité des phénomènes hivernaux. Ce à quoi il faut s’attendre, c’est donc un manque de neige de plus en plus dramatique au fil du temps, avec quand même certains épisodes froids à très froids et plus ou moins neigeux : en bref, une tendance « en dents de scie » mais qui nous entraîne inéluctablement, si rien n’est fait pour atténuer le changement climatique, vers le pire cauchemar du skieur !
Le manque de neige à cette période de l’année est-il dû à un anticyclone exceptionnel resté un peu trop longtemps, ou doit-on redouter ce phénomène tous les ans ? Rémi, 40 ans, Pau (64)
Cette vague de chaleur hivernale ne relevait pas d’une circulation atmosphérique exceptionnelle, mais du contexte nouveau lié au changement climatique. L’air transporté a été plus chaud parce que l’océan Atlantique a été plus chaud et qu’en plus cet air n’a pas pu être refroidi en raison de l’absence de neige au sol. Ce phénomène (une rétro-action positive dont les conséquences peuvent être un emballement du phénomène !) est appelé à se reproduire, probablement pas chaque année, mais avec une fréquence et une intensité qui devraient augmenter. La modération ou l’exacerbation du phénomène pourrait dépendre d’éventuels changements dans les « grandes circulations » (comme le Gulf stream et le Jet stream) mais le recul statistique nécessaire manque encore pour être catégorique.
Possède-t-on des modèles climatiques permettant de connaître l’évolution locale du climat et son impact sur le milieu naturel ? Karim, 40 ans, Bordeaux
La modélisation est un outil extrêmement précieux pour anticiper et préparer l’avenir. En matière de climat, à l’échelle globale les modèles sont robustes, et ils commencent à le devenir au niveau régional. En revanche, à l’échelle locale, la complexité de leur mise en œuvre augmente l’imprécision ; de ce fait on manque encore de scénarios fiables à l’échelon d’un bassin versant des Pyrénées. Dans le cas d’un milieu naturel, comme un cours d’eau et sa biodiversité, la modélisation est encore plus complexe. Il est donc indispensable de compléter les résultats des modèles avec des mesures sur le terrain, ce que différents programmes de recherche actuels s’attachent à faire dans la région Nouvelle-Aquitaine.
Le réchauffement climatique étant une réalité, faut-il continuer à « faire comme avant », c’est-à-dire étendre les stations de ski, bétonner les vallées (expansion pavillonnaire, pumptrack comme à Payolle…), rouler en SUV et 4×4, etc ? David, 52 ans, Soues (65)
Pour parvenir à la durabilité de notre planète, et maintenir son habitabilité, les conclusions et recommandations des rapports successifs du GIEC convergent vers celles d’autres rapports, comme celles de l’IPBES (plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques) qui appelle à de véritables changements « transformatifs » c’est-à-dire à une réorganisation raisonnée, en profondeur, à l’échelle du système « de l’ensemble des facteurs technologiques, économiques et sociaux, y compris des paradigmes, des objectifs et des valeurs ».
Quel est l’avenir de la station de Peyragudes ? Sera-t-elle encore enneigée dans les prochaines années ? Jean-François, 60 ans, Bourg (33)
La tendance à l’érosion du manteau neigeux s’accompagne d’une grande variabilité interannuelle. Dans les prochaines années, on peut donc espérer encore quelques « beaux » hivers. Mais l’avenir d’une station de sports d’hiver, paradoxalement, ne dépend pas que de l’enneigement ! Les modes de gestion sont importants également ainsi que les choix faits par la clientèle, surtout en période de crise. L’avenir de chaque station de ski dépendra aussi de sa capacité d’adaptation à un enneigement de plus en plus faible, épisodique et irrégulier. La vulnérabilité de chacune des stations du massif Pyrénéen différera donc en raison de facteurs géographiques, physiques et socio-économiques.
Que vont devenir toutes les infrastructures de ski laissées à l’abandon dans la montagne ? Fernando, 46 ans, Thenon (24)
Cette question pertinente a trait aux stations qui ont définitivement cessé leur exploitation ; elle concerne plusieurs acteurs dont les collectivités et les opérateurs de remontées mécaniques. Le devenir de ces « stations fantômes », parfois appelées aussi « stations désarmées », interroge sur le cycle de vie des aménagements touristiques de montagne. Le marché professionnel du démontage existe. L’enjeu, au-delà de l’effacement des infrastructures dans les paysages, est d’assurer la conversion des territoires… tout en questionnant le futur de la fréquentation humaine en montagne, toute l’année, comme chacun a pu le constater dans nos vallées après la levée des restrictions de mobilité pendant la pandémie.
L’ours pourra-t-il survivre ? Et le loup ? Quels sont les animaux, oiseaux ou insectes que l’on trouvera dans les altitudes dans les prochaines années ? Vincent, 65 ans, Saint-Pandelon (40)
En rapport avec le changement climatique, le phénomène marquant dans les Pyrénées est la thermophilisation, un processus conduisant à une modification du cycle de vie des espèces, à une prédominance d’espèces adaptées à des températures plus élevées (comme le lézard catalan, le monticole bleu) et à une disparition progressive des espèces spécialisées de haute altitude et à affinité thermique froide (comme les mouches des neiges, le lézard de Bonnal, le lagopède…). Mais le climat n’est ni la seule, ni la principale cause des changements drastiques de la biodiversité. Pour les grands prédateurs en particulier, il y a aussi des considérations fonctionnelles (comme par exemple leur rôle dans les réseaux trophiques), éthiques et réglementaires à prendre en compte.
Quel est l’impact de la fonte des glaciers sur l’écosystème en milieu montagneux ? Liken, 41 ans, Pau (64)
Sorti en 2019, le rapport spécial du GIEC sur l’océan et la cryosphère souligne que les glaciers, les névés et le manteau neigeux en général sont en net recul. Ce recul est très marqué dans les Pyrénées ; il s’accélère et devrait accroître les aléas pour les populations de montagne : avalanches, éboulements, inondations, sécheresses. À mesure que les glaciers de montagne fondent, la qualité de l’eau et sa disponibilité en aval sont fortement impactées, toute l’année mais surtout aux saisons clés pour les socio-écosystèmes que sont le printemps et l’été, avec des sécheresses plus précoces, plus intenses et plus longues. Ceci a des conséquences profondes sur de nombreux secteurs comme l’élevage, l’agriculture, la sylviculture et l’hydroélectricité.
Quel sera l’impact de la fonte des glaciers et de la réduction de neige sur la production d’hydroélectricité ? Marie, 38 ans, Pau (64)
L’hydroélectricité, élément de premier plan dans la transition que doivent amorcer nos territoires en matière de production d’énergie, est tributaire du cycle hydrologique annuel qui est fortement impacté : augmentation des précipitations sous forme de pluie en hiver, avancée des crues printanières, intensification des sécheresses en été et automne, hausse des évènements extrêmes. Les producteurs d’hydroélectricité élaborent des stratégies d’adaptation à la modification de ce cycle, au cas par cas, en prenant en compte les capacités de stockage et le caractère particulier de chaque bassin versant. À cela, s’ajoutent les besoins de concertation avec les pouvoirs publics et la société civile, en raison des conflits d’usage qui vont s’intensifier : approvisionnement domestique, agricole, industriel, soutien d’étiage, prévention et gestion des crues, contraintes paysagères, usages sportifs et de loisirs, et… besoins de production d’énergie.
Est-ce que les zones d’habitats des marmottes vont se déplacer à plus haute altitude ? Marie, 38 ans, Pau (64)
Pour encaisser la hausse des températures, les animaux et les plantes de montagne sont contraints de se déplacer vers les sommets (l’image de l’escalator est appropriée). À défaut, ils doivent s’adapter sur place… sinon l’issue est fatale. Chez les marmottes, la survie dépend principalement de la nourriture (quantité, qualité, disponibilité), des liens sociaux et de la qualité de l’hibernation… qui dépend évidemment des contraintes climatiques. Températures hivernales suffisamment basses et manteau neigeux idoine (en épaisseur, étendue et durée) pour assurer le rôle isolant nécessaire à l’hibernation sont deux conditions essentielles, qui se dégradent. Dans les Pyrénées occidentales, le programme régional de recherche Les Sentinelles du climat vient d’établir clairement que les effets du changement climatique entraîneraient une réduction forte des zones favorables à la marmotte d’ici à 2 100.
Est-ce que l’on va rencontrer des moustiques en montagne ? Marie, 38 ans, Pau (64)
La réponse est oui. D’ailleurs, il y en a déjà. L’altitude en tant que tel n’est pas un facteur limitant. Pour les moustiques, ce qui est important, c’est la température (qui augmente irrémédiablement !), l’eau pour la ponte et le développement larvaire, et des hôtes vertébrés pour fournir du sang aux femelles moustiques. Le moustique-tigre, très anthropophile, aujourd’hui cantonné dans le piémont, colonisera rapidement les villages de montagne. La mobilité humaine est la principale responsable, tandis que le changement climatique est un facteur aggravant. Il faut renforcer l’épidémio-surveillance dès maintenant pour qu’un problème de nuisance ne devienne pas un sérieux problème de santé qui aura des impacts sur nos modes de vie au quotidien, avec un coût mal anticipé et sous-estimé.
Est-ce que les zones de montagne deviendront des zones d’agriculture ? Marie, 38 ans, Pau (64)
Les paysages actuels de nos vallées, tout comme les usages que les sociétés en font, sont la conséquence de processus dynamiques complexes. Sur des échelles de temps très longues, les changements climatiques passés ont conduit à des réarrangements plus ou moins rapides des espaces montagnards. Sur un pas de temps court, les changements, étudiés par exemple dans le cadre de dispositifs de recherche interdisciplinaire sur les interactions hommes-milieux, résultent souvent de modifications brutales consécutives à des crises socio-écosystémiques. Comme conséquences du changement climatique en cours et de la crise multiple actuelle, nous, ou les générations futures, assisterons sans aucun doute à une recomposition des paysages montagnards. Mais difficile de dire quels usages domineront…
Peut-on envisager adapter le concept de smart city à la montagne pour mieux gérer les ressources en eau, énergie électrique ? Marc, 61 ans, Oloron-Sainte-Marie (64)
Les trajectoires actuelles ne permettront pas d’optimiser les ressources à notre disposition et d’en faire un usage durable. Il faut des changements en profondeur sur les plans économique, social, politique et technologique comme l’exhortent les experts du GIEC et de l’IPBES. Donc, oui, en montagne comme ailleurs, une intelligence collective basée sur l’optimisation de l’information, la culture numérique, pourrait être envisagée pour contribuer à ces changements en profondeur nécessaires pour accompagner la dégradation attendue des services écosystémiques (liés à la biodiversité) et gérer les effets du changement climatique.
Le réchauffement climatique va impacter sévèrement l’activité des sports d’hiver pour les stations de basse et moyenne altitude. Quelles mesures à mettre en place pour faire face à cette nouvelle problématique (au niveau social, environnemental…) ? Christian, 62 ans, Toulouse (31)
Face aux changements structurels inéluctables, le défi est d’accompagner la cohabitation de différents modèles sociétaux et environnementaux et la transition vers des nouveaux. Les rapports produits par le comité Acclimaterra, et par l’Observatoire pyrénéen du changement climatique, évoquaient déjà cette transition. Elle peut être basée sur la diversification des pratiques et des responsabilités. Par exemple, un modèle conçu autour du concept de « station 4 saisons », avec une complémentarité des produits touristiques, a été proposé comme une des solutions concrètes.

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