INTERVIEW – Après presque deux ans de silence, l’acteur de 72 ans prend la parole sur l’affaire d’inceste qui l’oppose à sa fille Coline.
Richard Berry s’était tenu en retrait depuis son démenti publié sur Instagram, en février 2021, juste avant la révélation par Le Monde de la plainte de sa fille Coline l’accusant de « viols » et « agressions sexuelles » entre ses 8 ans et ses 10 ans. Il répond pour la première fois.
C’est votre première prise de parole depuis votre démenti sur Instagram, en février 2021, juste avant la révélation par Le Monde de la plainte de votre fille Coline vous accusant de « viols » et d’« agressions sexuelles » entre ses 8 ans et ses 10 ans. Pourquoi aujourd’hui ?
J’ai immédiatement démenti ces ignobles accusations, puis je me suis astreint au silence car j’ai voulu laisser faire la justice. Celle-ci a prononcé un classement sans suite, attendu car les faits étaient prescrits, et par deux fois, lors des procès en diffamation intentés par Jeane Manson [son ex-compagne], elle a condamné Coline pour ses mensonges. Le jugement est très clair, très précis, et l’affaire, en termes de justice, est derrière moi. Je peux aujourd’hui m’exprimer et affirmer que tout est faux.
Si tout est faux, pourquoi Coline a-t-elle lancé cette bataille judiciaire contre son père, un homme public, pour des faits prescrits ?
Je ne suis pas outillé pour répondre à cela. Il n’y a rien de plus douloureux que d’être accusé d’un crime qu’on n’a pas commis, a fortiori par sa fille. Coline a été très loin, jusqu’à dire que j’avais donné un rein à ma sœur pour la faire taire ! Alors que ce don d’organe date de 2005, près de dix ans avant ses premières accusations. J’ai constaté un tas de mensonges semés au fil des ans. Les deux décisions de justice ont permis de mettre ceux-ci au jour en profondeur.
Il n’y a rien de plus douloureux que d’être accusé d’un crime qu’on n’a pas commis, a fortiori par sa fille
Mais qu’avait-elle à y gagner ?
Je ne sais pas. Il y a comme une jalousie, parfois féroce, vis-à-vis de mon autre fille, Joséphine. Et ces accusations ont surgi au moment où j’ai annoncé la naissance à venir de mon troisième enfant avec ma femme Pascale [Louange]. Coline était aussi enceinte. Je cherche des éléments d’explications dans ces concomitances, mais au fond je ne comprends pas pourquoi elle a fait cela.
Le 8 décembre, Coline a été condamnée en appel pour diffamation envers Jeane Manson [qu’elle accuse de « corruption de mineur de moins de 15 ans »]. Des associations pointent une « procédure bâillon ». Vous, comment avez-vous vécu ce procès ?
C’était douloureux d’être confronté à nouveau à ces accusations inconcevables, démenties par les témoins présents à l’époque : Jeane Manson, sa fille Shirel, Fatima qui travaillait et dormait chez nous, et s’occupait des filles le matin. Ma sœur, qui était proche de nous… J’ai souffert lors de ces audiences, mais je suis soulagé qu’elles aient permis de discerner la vérité du mensonge.
Cet arrêt ne porte que sur la diffamation. Vous estimez-vous blanchi ?
Oui, je le suis par cette décision de justice très claire, rendue au terme d’un travail de fond au cours duquel tous ont pu s’exprimer.
Vous avez soutenu Jeane Manson en témoignant, mais pas porté plainte. Pourquoi ?
Car Coline est ma fille. Et malgré ses accusations mensongères, malgré la douleur, je reste son père.
Le 31 août, la plainte de Coline a été classée sans suite en raison de la prescription. Mais en l’absence d’enquête contradictoire, rien n’est tranché, ni pour vous ni pour Coline…
J’aurais souhaité qu’il n’y ait pas de prescription, qu’une enquête à charge et à décharge soit menée par un juge. C’est ce que je dis dès mon premier message. Comment se défendre d’un crime qu’on n’a pas commis ? Si Jeane n’avait pas intenté ce procès, je n’en n’aurais jamais eu l’occasion. Le mal est fait : Coline a proféré ses mensonges. Je tiens grâce au verdict de la justice, au soutien de mes proches et du public, et parce que je sais la vérité.
L’expert psy juge qu’elle « n’affabule pas » et présente « un syndrome psychotraumatique probant ». Comment expliquer ces déclarations répétées sur le jeu sexuel de « l’orchestre », les baisers avec la langue, la nudité à la maison ?
Je ne sais pas. Rien de ce qu’elle raconte n’est arrivé. Je ne l’ai jamais embrassée sur la bouche avec la langue, ni mes deux autres filles, c’est ignoble. Je ne me baladais pas nu. Ni Shirel, ni Jeane, ni Fatima, n’ont vu ce qu’elle décrit. Ce sont peut-être des souvenirs inventés ou induits, auxquels elle a fini par croire. Une autre chose, dont il a été question à l’audience : à 27 ans, Coline nous a révélés, à sa mère et moi, avoir été violée à 14 ans par son prof d’équitation. Elle nous a demandé de ne pas réagir. Tout s’est peut-être mélangé ?
Plusieurs camarades d’école évoquent les récits de Coline sur ces baisers, une ambiance qui semblait l’affecter…
Ils ne décrivent aucun fait précis, ne disent pas avoir vu quoi que ce soit. À chaque fois, cela ne repose que sur ce que Coline raconte.
Certains de vos gestes, anodins à vos yeux, auraient-ils pu traumatiser votre fille ?
Rien de rien ! Jamais.
Pouvait-il régner chez vous un climat d’ambiguïté sexuelle ? Dans des SMS à votre fille, en janvier 2021, vous admettiez avoir subi « l’inconsciente liberté de Jeane » et lui demandiez pardon.
Ces messages ont été tronqués : j’ajoutais justement « mais il n’y avait aucune ambiguïté sexuelle ». Jeane Manson, dans ses chansons, ses tenues, et parce qu’elle avait posé nue dans Playboy, incarnait une liberté de corps, une image subversive. À l’opposé de ce que représentait Catherine Hiegel, la mère de Coline, issue d’une famille radicalement antisémite et condamnée pour cela, et qui a pu transmettre à sa fille sa haine à mon égard après notre séparation. Ma relation avec Jeane Manson a duré dix-huit mois et Coline ne venait qu’un week-end sur trois ou quatre. Elle est peut-être venue neuf fois…
Être accusé à tort, c’est une douleur omniprésente, une blessure profonde
Le procès en diffamation est-il, comme l’a dit l’avocat de Coline, Me Klugman, celui « d’une époque qui cherche à se venger d’une autre » ?
Je ne suis pas certain qu’il aurait déclaré cela s’il avait gagné. Malheureusement, c’est le seul procès auquel on a eu droit.
Pensez-vous avoir quelque chose à vous reprocher ?
J’avais 25 ans quand Coline est née. Je n’étais pas prêt à élever un enfant. Depuis j’ai lu Dolto. J’ai compris que je n’avais pas assez bien géré le choc de l’arrivée de Jeane Manson dans ma vie, dont l’enfant vivait avec nous. Je tournais souvent, je n’ai pas mesuré non plus l’impact de mes absences. Aujourd’hui je saurais mieux préserver Coline. Mais j’ai beau l’aimer, je ne pourrai jamais accéder à sa demande de reconnaître un crime que je n’ai pas commis.
D’après vous, pourquoi son ex-mari Romain Rojtman, Josiane Balasko, votre nièce Marilou Berry et Catherine Hiegel la soutiennent et la croient ?
Ni Josiane ni Marilou n’étaient là à l’époque, contrairement à ma sœur. J’ai par ailleurs eu une relation très dégradée avec mon frère, dont elles étaient la femme et la fille, peut-être y a-t-il une explication de ce côté-là. Mais j’ai une grande famille qui ne se résume pas à ces personnes connues et qui est avec moi depuis le début.
Comment cette histoire affecte votre vie personnelle ?
Être accusé à tort, c’est une douleur omniprésente, une blessure profonde. Ma fille de 8 ans ne connaît pas l’existence de Coline – qui m’avait écrit : « Je ne verrai ton enfant que lorsque tu seras mort ». Pour les besoins de l’enquête, elle a dû être entendue par la brigade des mineurs. Envoyer notre enfant là, c’était terrible pour ma femme et moi. Pour mon autre fille Joséphine aussi, qui se bat pour moi, ces accusations ont eu des conséquences difficiles.
La profession vous a-t-elle soutenu ?
Énormément, et surtout le public. J’ai joué Plaidoiries au théâtre de novembre 2021 à juin 2022, devant des salles pleines. Rien n’a une telle force.
En mai, l’association Choisir la cause des femmes a demandé le retrait d’une plaidoirie de Gisèle Halimi que vous interprétiez. Le comprenez-vous ?
Jean-Yves Halimi, le fils de Gisèle, s’est élevé avec force contre cette demande émanant de Coline et sa mère. Alors même que Coline est venue voir le spectacle trois fois, et m’avait demandé des centaines de places au profit de la Wizo, une association qui vient justement en aide aux femmes et aux enfants. Jean-Yves Halimi a écrit à l’association, créée par sa mère, pour rappeler que celle-ci avait adoré le spectacle et m’avait donné les droits et la liberté d’interpréter ce texte où je le voulais, et j’ai continué à le jouer. Interdire de jouer cette plaidoirie importante, le procès de Bobigny en 1972, je ne le comprends pas.
Craignez-vous des actions féministes pour votre retour sur scène, en septembre 2023 ?
Je crois qu’après des décisions de justice claires, l’apaisement est possible. Les Femen ont interrompu mon spectacle un soir, 800 spectateurs les ont huées, ça a duré cinq minutes. Cette fois, je reviens dans une comédie de Sébastien Thierry, Check-up, qui parle des relations entre l’hôpital et un patient convoqué par erreur, contraint de faire croire qu’il est malade pour sortir… Un texte très drôle. Et ça me fait du bien.
« Coline Berry ne se taira pas », a prévenu Me Klugman, son avocat, indiquant son intention de se pourvoir en Cassation. Comment appréhendez-vous cette déclaration ?
De la même façon que j’ai abordé le procès en diffamation et le second en appel : je crois en la justice. Je sais que ce sont des accusations mensongères.
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