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Johan Clarey, ici à Val Gardena (Italie), regrette le désintérêt de la Fédération internationale de ski pour l’écologie. © Photo : Tiziana FABI / AFP
Il aurait dû lancer sa saison ce week-end, un mois plus tôt qu’à l’ordinaire. Finalement, il attendra fin novembre au Canada pour rechausser les skis. Et ce n’est pas pour lui déplaire. Car Johan Clarey n’avait pas hésité à blâmer le « non-sens » de cette nouvelle étape au pied du Mont Cervin, à une période de l’année où les pistes peinent à être couvertes de blanc.
La réalité a rattrapé la Fédération internationale de ski (FIS), forcée d’annuler les deux descentes à Zermatt-Cervinia, faute de neige. Même chose pour celles du circuit féminin la semaine prochaine. Une initiative qui fait pschitt mais qui illustre une forme de désintérêt de la FIS pour l’écologie. Ce que déplore l’expérimenté tignard (41 ans). Il souhaiterait une prise de conscience de l’instance, regrette d’avoir été le seul à dénoncer l’idée et milite pour une refonte du calendrier. Entretien.
Vous avez dénoncé la programmation de la descente à Zermatt-Cervinia. Quelques jours plus tard, elle a été annulée…
Cette course n’avait rien à faire dans le calendrier, au moins à cette date. Des courses de ski au mois d’octobre, avec des températures de plus en plus élevées, ça n’a pas de sens. Ça n’a ni queue ni tête. L’annulation m’a donné raison. La transition écologique se fait dans la société, il ne faut pas qu’on aille dans le sens inverse. On n’aurait jamais pensé faire ça il y a trente ans, quand c’était possible, et maintenant on l’envisage. Je ne comprends pas où la FIS veut en venir. Pourquoi ne pas planifier cette course au mois d’avril ? Ce serait plus simple à organiser et moins coûteux, que ce soit en énergie ou économiquement.
On vous sent irrité…
On envoie un très mauvais message, on a l’impression qu’on est hors-sol, que le réchauffement climatique ne nous touche pas du tout. Et c’est la même chose pour le géant de Sölden… Je ne veux pas faire de leçon sur l’écologie, je ne prétends pas être un écologiste acharné, un exemple.
J’ai d’ailleurs été critiqué par certains écologistes sur les réseaux sociaux, qui m’ont dit que je n’avais pas de leçon à donner, vu que je voyage partout dans le monde. Si dès que quelqu’un prend la parole dans votre sens, vous le critiquez sur son bilan écologique… Ça ne fera pas avancer la cause. Mais il faut qu’on prenne conscience que la transition écologique doit aussi se faire dans le ski alpin.
Et le "non sens" ne portait pas que sur l aspect écologique mais surtout sur l’aspect logistique . Et oui aller à pekin n était pas ma tasse de thé mais je fais mon metier en faisant la part des choses ( ça s appelle le professionnalisme ) . ??
— johan clarey (@yoclarey) October 19, 2022
Et le "non sens" ne portait pas que sur l aspect écologique mais surtout sur l’aspect logistique . Et oui aller à pekin n était pas ma tasse de thé mais je fais mon metier en faisant la part des choses ( ça s appelle le professionnalisme ) . ??
Vous avez été le seul à critiquer la FIS…
Et je le regrette. J’ai discuté avec beaucoup de monde depuis la sortie du calendrier. Il n’y a pas eu un coureur qui était d’accord pour faire cette course. Que ce soit du point de vue écologique ou logistique. Je peux le comprendre, je suis en fin de carrière, j’ai plus de liberté d’expression que certains athlètes qui ont des contrats publicitaires. J’ai l’impression qu’en haut lieu, ils n’en ont un peu rien à faire, les enjeux économiques sont trop importants. Si on avait été plusieurs, ça aurait eu plus d’impact.
Avez-vous envisagé un boycott ?
Pas une seule seconde. C’est comme quand on demande aux footballeurs de boycotter le Qatar. Ça me paraît incroyable. Un sportif de haut niveau ne décide pas du calendrier. On peut avoir un avis sur une compétition sans la boycotter. Je suis professionnel et je dois faire mon métier.
« Il faut revoir le calendrier »
Qu’attendez-vous de la Fédération internationale ?
Il faut revoir le calendrier, arrêter de faire des courses à des endroits et à des moments improbables. Pour moi, la saison ne devrait pas commencer avant fin novembre et se terminer mi-avril, avec de très bonnes conditions en montagne. Il faut choisir de bons sites, en altitude. Mais il y a sûrement un plan économique derrière qui m’échappe.
Il y a aussi ces deux voyages aux États-Unis pendant la saison, séparés par les étapes européennes. Il serait sans doute plus judicieux de regrouper ces manches américaines…
Il y aurait sans doute moyen de faire autre chose. Pour des raisons écologiques mais aussi économiques. Car on a de moins en moins de moyens. Ce n’est pas cohérent. Le calendrier doit être revu. Mais j’ai l’impression que la FIS ne pense pas aux coureurs ces derniers temps.
LIRE AUSSI. Clément Noël dénonce une catastrophe écologique pour les Jeux d’hiver en Arabie Saoudite
Récemment, l’attribution des Jeux asiatiques d’hiver 2029 à l’Arabie saoudite a également suscité la polémique…
On est dans un autre délire là. On a franchi un cap. On veut faire du ski dans l’un des endroits les plus désertiques du monde. C’est aberrant, incompréhensible et dramatique. J’espère que ça ne va pas déboucher sur des candidatures de ce genre pour les futurs JO d’hiver.
Car on s’est déjà tapés des Jeux olympiques d’hiver en Chine et en Corée, dans des régions très sèches, pas adaptées du tout aux sports d’hiver. On voit en plus que le ski ne s’est jamais développé là-bas, malgré les JO. Et je n’ai vu aucun message d’opposition de la FIS… C’est dommage. Il faut choisir des villes cohérentes, avec des infrastructures existantes. Le ski, ça se fait dans des zones montagneuses, avec du froid l’hiver.
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