Entre les lignes d’un dialogue entre Œdipe et le devin Tirésias, la lettre d’un homme en prison à sa mère. Tónan Quito, en survêtement et baskets, lit le texte qui défile en arrière-plan, sur deux lignes, lecture interminable dès la première minute jusqu’à ce qu’il pose son livret pour s’adresser au public, qui, soulagé, peut respirer à nouveau normalement. Le spectacle bascule provisoirement vers la comédie. Puis, le comédien portugais reprend la lecture. Au double récit s’ajoute l’histoire de la pièce en train de ne pas se faire, le dialogue entre Tónan et Tiago, la genèse rocambolesque de cette lettre écrite au centre pénitencier de Lisbonne qu’on a retrouvée dans une bibliothèque au Mozambique entre les pages d’OEdipe roi de Sophocle.
Les connexions se font entre les récits comme autant de nouvelles synapses et déploient des mises en abyme en cascade. Tiago devient aveugle, Tónan confie à la fin ses problèmes de vue, le vieil aveugle à la bibliothèque de la prison commente un passage de Don Quichotte et dicte à son compagnon la lettre d’un prisonnier à sa dulcinée. Ces deux vieillards, ce sont Tiago et Tónan en train d’inventer l’histoire qu’on nous raconte.
Tiago Rodrigues interroge les liens entre dramaturge et comédien, mais aussi entre fiction et réalité ; il métabolise le réel au profit de l’imaginaire, l’auteur et le comédien devenus personnages rejoignent OEdipe, Tirésias, Jocaste, Don Quichotte sans quitter la réalité puisque ce sont les manipulateurs qui se prennent eux-mêmes pour des marionnettes entre les mains de leur créateur.
On admire la virtuosité et la complexité de l’écriture funambulesque, caractéristique de l’auteur, sans pourtant adhérer vraiment au spectacle. Par choix, le comédien tient le texte à distance. Quand vient s’ajouter une dimension supplémentaire avec les didascalies soi-disant écrites par la fille de Tiago, il les exécute à dessein de manière caricaturale, mais cela tourne à vide. Et il n’est plus personne quand, à la fin du spectacle, il explique au public que la pièce n’a pas eu lieu, qu’elle restera peut-être coincée dans le futur pour ne pas avoir pu s’inscrire dans un passé. Il reste extérieur au récit et nous aussi. On pouvait espérer qu’un grain de folie l’entraîne au contraire à prendre tous les partis, un peu comme Cyrano dans la tirade du nez, à s’engager également dans toutes les instances de lecture. Les options de jeu ne servent pas le récit pourtant riche de fortes potentialités.
Entre les lignes, une création de Tiago Rodrigues et Tónan Quito. Texte, Tiago Rodrigues. Traduction, Thomas Resendes. Avec Tónan Quito. Décor, lumières, costumes : Magada Bizarro, Tiago Rodrigues, Tónan Quito. A Paris, A l’Athénée-Théâtre Louis Jouvet jusqu’au 17 décembre 2022. Durée : 1h20.
© Mariano Barrientos
Professeur de lettres ; travaille depuis dix ans dans le secteur de l’édition pédagogique dans le cadre de l’Education nationale. A collaboré comme critique théâtrale à divers journaux (Politis, Passage, Journal du théâtre, Zurban) et revue (Du…
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