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Une escapade de football à Syracuse avec les proches de l’espoir québécois Matthew Bergeron.
Un texte de Félix St-Aubin Photographies par Pascal Ratthé
La ligne offensive est la colonne vertébrale d’une équipe de football. Ses cinq joueurs doivent travailler en symbiose, telle une famille. L’apport de chacun est nécessaire au succès. Cette dynamique a quelque chose de naturel pour Matthew Bergeron, joueur québécois prometteur sur le radar d’équipes de la NFL. Son histoire sportive est indissociable de celle de sa famille, son roc, malgré la distance qui les sépare.
Pour mieux comprendre le joueur, il faut connaître les siens. À la fin octobre, Podium est allé à sa rencontre en accompagnant depuis Victoriaville les membres de sa famille, qui font chaque fois qu’ils le peuvent le voyage à l’Université Syracuse, dans l’État de New York, pour ses matchs locaux.
Pour l’occasion, les illustres Fighting Irish de l’Université Notre Dame étaient de passage dans la demeure de l’Orange. Une affiche prometteuse entre deux programmes réputés et au passé glorieux.
Ces escapades sont pour les Bergeron autant d’occasions de renforcer des liens déjà très étroits. L’expérience se mesure autrement qu’en kilomètres (il en faut près de 1200 pour faire l’aller-retour). Quand on passe des heures dans une petite voiture, ça prend beaucoup d’amour.
Voici l’histoire de leur week-end de football.
Les Bergeron ont leur rituel avant le départ, toujours le vendredi, la veille du match. Annie, la mère de Matthew, et ses trois autres enfants, Malcolm, MarcArthur et Kimberley, ne comptent plus le nombre de fois qu’ils sont allés soutenir l’aîné à Syracuse.Les quatre sont tissés très, très, très serrés. Donc, même si Matthew est là-bas, il est au courant de ce qui s’est passé à l’école, il se tient informé. Le dernier commençait le secondaire cette année, avec une crainte, il est plus gêné, plus timide. Et Matthew, toutes les semaines, quand on va à Syracuse, lui demande : “Puis, comment ça va? Vas-tu mieux?” Il y a toujours un suivi, ils se tiennent au courant
, raconte Annie Bergeron au sujet de la relation qu’entretiennent ses enfants.J’ai toujours été proche de mes frères et de ma sœur, confiera plus tard Matthew Bergeron. Non seulement je suis un leader sur le terrain, je suis un leader dans la famille. Je leur montre l’exemple, que ce soit de focaliser sur l’école, sur le sport.
Ça fait juste partie de notre famille, tout le monde est là l’un pour l’autre, que ce soit dans les événements sportifs ou scolaires. Quand ma sœur obtiendra son diplôme, on sera tous présents. Je vais me déplacer, peu importe où je serai, je m’assurerai d’être là pour elle. C’est juste nos réflexes familiaux, on est vraiment proches.
Après avoir passé la matinée à l’école secondaire, les trois plus jeunes regagnent le domicile familial, le temps de casser la croûte et de fignoler les derniers préparatifs avant de mettre le cap sur Syracuse.
Tous mettent l’épaule à la roue avant de prendre la route en début d’après-midi. L’un vide le lave-vaisselle pendant qu’un autre remplit des sacs réutilisables de nourriture et de breuvages pour le week-end. Le rêve de tout parent, quoi!On a Matthew qui est sportif, on a Kimberley, 16 ans, qui est sportive aussi, et MarcArthur, 14 ans, qui a joué au basketball jusqu’à l’année passée. Ç’a toujours été une atmosphère de sport. Donc ç’a toujours été que l’un suit l’autre, l’autre suit l’autre et l’autre va voir l’autre jouer. Ils ont toujours évolué là-dedans. Le sport a pris beaucoup de place
, explique Annie Bergeron.
Là, c’est Matthew, tout simplement, et Kimberley aussi. Quand elle joue, les deux plus jeunes suivent. Si Matthew est au pays et que Kimberley joue, il viendra aussi.
« Ça s’est fait naturellement, c’est un support naturel qu’ils se donnent tous entre eux autres. »Je suis toujours fier de la voir, surtout quand je vais au match de basketball. Je suis vraiment impliqué, confie Matthew Bergeron à propos de sa sœur. Elle est en train de prendre sa décision pour le cégep. Moi, je suis là [et me connecte] sur FaceTime, je parle aux coachs, je leur pose des questions pour être certain qu’elle soit entre de bonnes mains.
Matthew est encore bien présent dans la maison familiale : il est la vedette d’un petit musée de Syracuse. Les choses ont bien changé pour lui depuis qu’il est parti aux États-Unis.Il était déjà allé en résidence à Thetford Mines pendant deux ans, mais il revenait les week-ends. De partir comme ça, ç’a été de l’adaptation aux deux niveaux, pour la famille et pour lui-même. Rendu où il est rendu aujourd’hui, quelques années plus tard, c’est vraiment devenu un homme, ce n’est plus le jeune adulte qui est parti. Il gère ses affaires, il le fait bien et il est très discipliné
, affirme avec grande fierté Annie Bergeron.
Le chapitre américain de Matthew Bergeron a commencé au printemps 2018, dans l’intersaison entre sa première et sa deuxième campagne collégiale.
Quelques mois avant son dernier tour de piste au Cégep de Thetford, le porte-couleurs des Filons, accompagné d’une dizaine de coéquipiers et d’entraîneurs, est monté à bord d’un autobus en direction de Syracuse pour un camp ouvert.
Au complexe d’entraînement de l’Orange, il a laissé une si forte impression aux recruteurs que le personnel de l’équipe de football a immédiatement demandé à le rencontrer afin de connaître ses intentions, ses aspirations.
Annie Bergeron y était. Il était impensable pour elle de rater les premiers pas de son fils au football universitaire américain. C’était le premier de ses voyages familiaux de Victoriaville à Syracuse.Je lui ai dit d’y aller avec son équipe de Thetford et, parallèlement, j’ai décidé de l’accompagner, mais d’être à l’extérieur. Je suis donc partie un week-end là-bas avec les trois plus jeunes, se remémore-t-elle. Après ça, on l’a toujours suivi à Syracuse, que ce soit pour la visite officielle, à laquelle les enfants ont assisté, ou pour les matchs locaux. C’était la suite des choses après les Vicas de Victoriaville et les Filons du Cégep de Thetford.
On a suivi l’organisation, ils nous ont parlé, les enfants aussi étaient là. Je parlais avec l’organisation et quelqu’un s’occupait des trois plus jeunes pendant ce temps. L’inconnu, c’était de savoir qu’on s’en allait dans la NCAA. Personnellement, je ne connaissais pas ça, je ne savais pas ce que c’était d’envoyer un enfant aux États-Unis. Ce qui cause quelques craintes.
Au fil du recrutement, nombre d’universités ont montré de l’intérêt pour le jeune prodige originaire de Montréal. Et pour cause, il était une force de la nature dans l’uniforme du Cégep de Thetford. Outre Syracuse, les programmes de football de Buffalo et de Rutgers l’ont aussi courtisé.Il n’y a pas beaucoup de mamans qui vivent cela au Québec, c’est donc difficile d’avoir un point de référence, de poser ses questions à quelqu’un. Je suis assez à mon affaire, et avec Internet, j’ai fait une liste de questions, puis Syracuse a bien répondu à toutes, toutes et plus que toutes mes interrogations
, assure Annie Bergeron avec beaucoup de satisfaction.
« Dans ma situation, seule avec les enfants, tu te fais parler de la bourse d’études et par rapport à tout ce qu’elle inclut. C’est sûr que c’est surprenant. On se demande elle est où l’arnaque. Il faut poser des questions, ça vaut vraiment la peine, parce qu’après ça, il y a quelque chose de bien pour nos jeunes. »
Se faire offrir une bourse d’études complète d’une université de la première division de la NCAA relève de l’exploit considérant le bassin monstre de footballeurs au pays de l’Oncle Sam, où chaque année, un million de jeunes joueurs concluent leur parcours au secondaire.
L’histoire du programme de football de Syracuse ainsi que le niveau des équipes adverses ont convaincu Matthew Bergeron que cette université était l’endroit approprié pour lui. Les programmes d’études et la proximité de Victoriaville ont également fait partie de l’équation.
Dès le début de la matinée, samedi, les amateurs se donnent rendez-vous près du stade, dans un parc où se déroulent de multiples activités pour égayer les visiteurs dans une ambiance familiale.
Entre les jeux d’adresse et les kiosques de maquillage pour les plus jeunes, on retrouve également nombre de camions-restaurants et de boutiques à l’effigie de l’Orange. Non loin des festivités, une statue du vénérable Ernie Davis, emblématique porteur de ballon qui est devenu le premier Afro-Américain à remporter le prestigieux trophée Heisman, veille au grain, croisant le regard de tout un chacun.
Le grand espace vert utilisé à des fins de fête d’avant-match, l’endroit principal où se rassemblent les amateurs venus festoyer avant la tenue du match, est adjacent à la chapelle Hendricks, considérée comme le cœur spirituel de l’Université Syracuse.
Les supporteurs des Fighting Irish de Notre Dame sont bien en vue sur le campus. Ils n’ont pas hésité à faire le trajet à partir de l’Indiana pour encourager leurs favoris. Une musique traditionnelle irlandaise se fait parfois entendre dans les rassemblements privés.
Moins de deux heures avant le botté d’envoi prévu à midi, les membres de la fanfare de l’Université Syracuse convergent vers le parc et s’installent dans les marches de la chapelle, de même qu’à son pied.
Un moment attendu des partisans qui gagnent en enthousiasme au rythme des notes exécutées par l’imposant orchestre de près d’une centaine d’étudiants.C’est une grosse ambiance. Les matchs qu’on a eus à Syracuse [contre les universités North Carolina State et Notre Dame] étaient à guichet fermé, on ne pouvait rien entendre, c’était vraiment bruyant. Et même sur le campus, il y a une très bonne énergie qui est positive, tout le monde est content et fier de son équipe. Quand on marche sur le campus, les gens nous arrêtent pour nous dire : “Bon match”
, ajoutera plus tard Matthew Bergeron.
La fièvre orangée est forte pendant notre passage dans cette ville étudiante. La troupe de l’entraîneur-chef Dino Babers arrive à la mi-saison avec une fiche parfaite de 6-0, une première à Syracuse depuis la campagne 1987, et au 14e rang à l’échelle nationale. Elle perdra ensuite de son lustre avec une série de cinq défaites pour conclure son calendrier avec un dossier de 7-5.
Au cours de l’intersaison, une semaine avant de remettre les crampons pour son quatrième camp d’entraînement universitaire, Matthew Bergeron, un colosse de 1,95 m (6 pi 5 po) et de 146 kg (322 lb), a intégré l’équipe des capitaines de Syracuse.
Ils étaient un trio dans ces fonctions au départ, avec un joueur associé à chacune des sphères de jeu : attaque, défense et unités spéciales. Un second vote a permis à quatre autres coéquipiers d’intégrer le groupe. Ils sont donc maintenant sept.
Le Québécois n’est pas le plus loquace du lot. Il prêche beaucoup plus par l’exemple. Mais il n’hésite pas à prendre la parole pour attiser sa troupe avant de batailler avec les Fighting Irish.
Bien plus qu’une simple lettre sur son uniforme, ce C
témoigne de l'ardeur au travail et de la discipline de Matthew Bergeron, deux qualités étroitement liées à ses succès sur la pelouse et sur les bancs d’école.
D’ailleurs, ses résultats scolaires lui ont valu deux nominations parmi l’équipe académique de l’Association de la côte atlantique (ACC), laquelle regroupe 14 universités dans deux divisions distinctes. Ses performances dans les tranchées, elles, lui ont procuré deux titres hebdomadaires de joueur de ligne offensive par excellence de l’ACC.
« J’ai vraiment été touché d’être nommé capitaine, c’est l’un des honneurs qui m’a rendu le plus fier. Je suis arrivé ici en 2019, et je parlais à peine en anglais, puis là, je suis capitaine de l’équipe de Syracuse, une équipe de l'ACC. C’est vraiment quelque chose de gros, et j’en suis vraiment fier. De semaine en semaine, j’essaie d’être le meilleur capitaine possible pour mes coéquipiers. »
Dans les minutes qui précèdent le match contre Notre Dame, le public est en liesse. C’est une autre salle comble de quelque 50 000 spectateurs, une seconde d’affilée, dans le stade JMA Dome, surnommé Loud House
. Matthew Bergeron se présente au centre du terrain aux côtés de deux coéquipiers pour le traditionnel tirage à pile ou face d’avant-match.
Quelques dépisteurs professionnels assistent au match pour observer le numéro 60 de l’Orange dans ses moindres faits et gestes.
Le choc opposant les universités Notre Dame et Syracuse vaut le déplacement pour les recruteurs, comme plusieurs espoirs des deux équipes cognent à la porte de la NFL. Matthew Bergeron figure dans leurs courtes listes de joueurs à épier. Des espions des Bears de Chicago, des Broncos de Denver et des Texans de Houston sont notamment aperçus.
Tous les regards sont tournés vers Matthew Bergeron. Il n’y est pas habitué puisqu’il se produit dans l’ombre des vedettes de l’équipe en raison de sa position. Le joueur de ligne offensive et ses homologues ne sont pas moins essentiels aux succès de l’Orange.
Matthew Bergeron a le lourd mandat, à titre de bloqueur à gauche, de surveiller les arrières du quart, l’homme aux commandes de l’attaque. Ce n’est pas une mince tâche.C’est sûr que c’est un rôle vraiment important. Depuis que je l’ai acquis en 2020, j’ai fait un travail quand même pas pire, dit-il avec modestie. Je suis proche de mon quart-arrière aussi, c’est sûr que je ne veux pas qu’il se fasse exploser sans pouvoir voir d’où ça arrive.
Matthew Bergeron a maintenu une séquence de 38 départs, digne d’un homme de fer, qui s’est amorcée lorsqu’il était une recrue en 2019 et s’est arrêtée lors de l’avant-dernier match de la campagne actuelle, à cause d’une blessure.
D’abord bloqueur à droite, il a rapidement été muté, au début de sa deuxième saison, à l’autre extrémité de la ligne offensive. L’équivalent d’une promotion. Depuis, il est impossible de déplacer ce roc, l’un des meilleurs de la profession.Depuis ce temps-là, je n’ai pas bougé, se plaît-il à dire. C’est la position à laquelle je joue. C’est quelque chose de vraiment plaisant, je me rends compte que j’ai une belle occasion. Le fait d’avoir joué aux deux positions me donne [plus d’outils] et fait aussi en sorte que je suis plus à l’aise, c’est vraiment bien.
Le principal intéressé n’a pas toujours apprécié son rôle comme il le fait aujourd’hui. Il a trouvé sa place dans l’ombre de coéquipiers, le quart-arrière en tête de liste.
« Au début, je n’aimais pas tant ça parce qu’en tant que joueur de ligne offensive, il n’y a rien d’attirant là-dedans, tu fais juste bloquer. Tous tes amis font des touchés, ils font des plaqués, mais toi, tu bloques. Je n’aimais pas ça au départ, mais d’année en année, je suis tombé en amour avec le sport. »Notre nom ne sera peut-être pas nommé durant l’annonce à la télévision. Mais dans le vestiaire, tout le monde respecte ce que l’on fait. Le fait de travailler dans l’ombre est quelque chose que j’apprécie vraiment.
Le programme de football de l’Orange est reconnu dans tous les États-Unis. Sans avoir la magnitude des universités Alabama, Ohio State ou même Notre Dame, Syracuse possède une excellente réputation.
Sa riche histoire et sa présence dans l'une des cinq associations membres du prestigieux Power Five au football universitaire américain y sont pour beaucoup.
Le calibre de jeu dans le Power Five y est supérieur à toutes les positions. En tant que bloqueur à gauche, Matthew Bergeron affronte ainsi la crème des chasseurs de quarts, la fine élite des ailiers défensifs.
En ce dernier samedi d’octobre, le gentil géant doit fréquemment batailler avec un certain Isaiah Foskey. Méconnu du grand public, le joueur de ligne défensive est l’un des meilleurs pour déranger les pivots et ruiner les plans de match adverses.
Il est pressenti, selon certains experts, pour être sélectionné dès le premier tour du repêchage de la NFL. Rien de nouveau ni de trop déstabilisant pour Matthew Bergeron, aux prises avec de futurs professionnels sur une base hebdomadaire. Le défi n’en est pas moindre.
« C’est vraiment un excellent joueur, l’un des meilleurs que j’ai affrontés cette année. Avec Myles Murphy [des Tigers de l’Université Clemson], ç’a été mes deux plus gros tests. Ç’a bien fait, je pense qu’il y a un ou deux jeux où j’ai commis une erreur. Je me suis bien débrouillé pour un joueur de cette trempe, je suis fier de ma performance. »Toute la semaine, quand l’on regardait les films, on voyait la force de l’équipe de Notre Dame, qui est la défense. Leur front défensif et les secondeurs sont excellents. Ce n’est pas le type de défense qui fait beaucoup d’erreurs, ils sont bons avec leur assignation. Ils n’ont pas fait beaucoup d’erreurs et nous ont contré tout le match. Ils avaient réponse à tous les petits détails en attaque.
Si la prestation individuelle de Matthew Bergeron est encore une fois louable, on ne peut en dire autant de la prestation collective de l’Orange, vaincu 41-24 au terme d’un match où l’équipe a rarement été dans le coup.
Une interception retournée pour un touché au tout premier jeu de la rencontre a calmé les ardeurs de la foule et a préparé le terrain à une victoire aisée des Fighting Irish. Un soubresaut de l’Université Syracuse au troisième quart a redonné vie au dôme un moment, mais l’espoir d’une remontée n’a pas duré longtemps.
Une fois la poussière du match retombée, les émotions relâchées, c’est la tête libérée que Matthew Bergeron retrouve ses proches aux abords du stade. Peu importe le résultat, victoire ou défaite, il a le sourire au visage avec les siens.
« Ça représente vraiment beaucoup. Ma famille n’a pas eu l’occasion de venir en 2020 et en 2021, c’était vraiment difficile pour moi de ne pas être avec elle. En 2019 [lors de ma saison recrue], ma famille venait à tous les matchs, après ç’a été pénible de ne pas les avoir à mes côtés. C’était difficile au niveau mental. »
Des émotions également ressenties par Annie Bergeron, la crise sanitaire ayant paralysé les déplacements transfrontaliers. J'ai trouvé ça très difficile… Il y a la possibilité de le regarder à la télévision ou sur Internet, c’est une réalité, et j’en suis privilégiée, mais ce n’est pas pareil. Il me manquait quelque chose.
J’ai l’impression d’avoir manqué une partie de sa carrière, de son développement personnel, même si je l’ai suivi sur les différentes plateformes. Il me semble qu’il manquait quelque chose, le feeling d’être sur place, la maman dans les gradins. Mais bon, je ne suis pas la seule, beaucoup de gens ont dû faire face à cette situation…
Un retour à la normale pour cette quatrième et, à moins d’un revirement, dernière campagne universitaire pour Matthew Bergeron tombait à point.Cette année, je suis tellement choyé de les avoir auprès de moi. Ce sont des moments pour eux aussi. Ils font de la route, ils voyagent, ils passent des moments en famille. Et moi, j’ai la chance de les voir après les matchs. Ça m’aide à me mettre un sourire, surtout après une défaite comme celle-là. Ça m’aide mentalement qu’ils soient à mes côtés. Je suis absolument comblé parce que je connais des joueurs qui ont leurs parents à l’autre bout du pays!
La confrontation avec Isaiah Foskey est un avant-goût de ce qui attend Matthew Bergeron dans les rangs professionnels. La force de frappe des chasseurs de quarts diffère énormément dans la NCAA. Contrairement à la NFL, il y a moins de parité à ce chapitre.Il avait déjà une aspiration, le but d’arriver là un jour, mais c’est un mot [la NFL] qu’on ne prononce pas beaucoup à la maison parce qu’on y va toujours un jour à la fois. On verra la prochaine étape. Il n’y a jamais rien de gagné, c’est un travail au quotidien. Il y a toujours beaucoup d’étapes qui restent à franchir pour y parvenir
, observe Annie Bergeron.
« C’est tout à son honneur parce qu’il réussit à garder le focus malgré le bruit. Il pourrait se laisser déranger par ça, que ça brise son focus, qu’il s’emporte et délaisse l’école… mais non, pas du tout. Ça vient vraiment de sa part, c’est lui qui trouve sa source de motivation. Parfois, je m’interroge à savoir comment on peut vivre avec tout ça. Il gère ça bien, toujours calme, posé, sensé, bien équilibré. »
La saison de l’Université Syracuse tire à sa fin et, par le fait même, la carrière universitaire de Matthew Bergeron. L’équipe a atteint le chiffre magique de six victoires et participera donc durant le temps des Fêtes à l’un des 41 bowls de fin de saison, l’équivalent d’un duel éliminatoire, le vainqueur remportant un titre.
Après quoi, le joueur de ligne offensive se concentrera sur le prochain chapitre de sa carrière, son passage de la NCAA à la NFL, à commencer par une participation au Senior Bowl. L’événement prisé regroupe les meilleurs finissants pendant une semaine d’entraînement qui culmine avec un match de mise en vitrine.
Le fait d'accepter l’invitation des organisateurs de cette rencontre d’étoiles a en quelque sorte officialisé la fin de son parcours à Syracuse puisqu’un joueur ne peut prendre part au Senior Bowl et, par la suite, renouer avec son équipe universitaire.
Matthew Bergeron n’a pas encore confirmé son admissibilité à la cohorte du repêchage de 2023, un détail technique, mais nécessaire, pour qu’un joueur universitaire se retrouve dans la liste des espoirs disponibles. Une annonce en ce sens devrait avoir lieu au cours de l’hiver.
« Ce n’est pas quelque chose qui était prévu que je joue au football aux États-Unis. Quand j’ai eu l’occasion, tout le monde était content, tout le monde était fier. On est ensemble là-dedans, je pense qu’ils sont fiers, eux aussi, de mes accomplissements. L’année prochaine, je pense qu’ils continueront à faire des voyages. »J’ai beaucoup de fierté, beaucoup d’admiration pour lui. Chaque jeune a son parcours personnel qu’il a vécu. Je me dis “wow”… C’est au-dessus des attentes d’une mère. Je n’ai jamais eu à le pousser, à lui dire de s’entraîner, d’étudier. Jamais, jamais. C’est toujours venu de lui. Tout le temps!
, prend le soin de répéter à quatre reprises Annie Bergeron.Moi, je suis à côté, je l’accompagne, je le supporte, mais tout le reste vient de lui. Il l’a vraiment en lui cette source de motivation de se dépasser tous les jours. C’est sa volonté, sa détermination, ça lui revient sur toute, toute, toute la ligne. C’est pour ça que je suis encore plus fière, je le vois voler de ses propres ailes. C’est génial!
La relation entre Annie Bergeron et ses enfants a également continué de fleurir au fur et à mesure que s’enchaînaient les nombreuses escapades routières. Elle se sent choyée par ces moments qui ont favorisé une proximité avec sa progéniture.Quand on passe plusieurs heures dans une petite voiture de la sorte, ça prend beaucoup d’amour, il faut rire, indique-t-elle. Il n’y a rien sur quoi je peux me plaindre, ils y prennent plaisir eux aussi. Il n’y a rien de forcé. Ils en ont vraiment envie. Je leur demande chaque fois s’ils veulent venir, et la réponse est : “oui”. Tout le monde embarque, tout le monde aime ça.
C’est ce qui fait en sorte qu’au fil des années, dans tout le sport, après avoir vécu ça avec les enfants dans la voiture à suivre l’un ou à suivre l’autre, ç’a créé des liens serrés. La communication et les échanges sont là.
« Je suis privilégiée parce que j’ai l’impression de connaître mes enfants, et mes enfants me font confiance. Ils ont le temps de raconter des confidences, ce qui se passe à l’école. »Je suis au courant de ce qui se passe dans leur vie. C’est grâce à ces moments-là. Et une relation extraordinaire a été créée avec eux. Ça s’est construit au fil des années, à force d’être tout le monde ensemble sur la route
, conclut Annie Bergeron.
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