Ça fait près de 20 ans qu’elle exerce le métier de comédienne.
Au théâtre d’abord, qui l’a tout de suite acceptée, pour jouer Shakespeare ou Anouilh.
Au cinéma, ensuite, et plus encore après cette série créée par Eric Rochant : “Le Bureau des légendes”, avec son rôle de Marina Loiseau.
Aujourd’hui, elle revient à la maison d’une certaine façon : au théâtre, donc. Et elle prend les rênes. Elle joue et met en scène “Le syndrome de l’oiseau”.
Sur une scène ou sur un plateau, elle a été espionne, amnésique, amante, Jeanne d’Arc, mère, petite fille et pour les semaines qui viennent elle se prénomme Ève.
C’est au théâtre qu’elle a acquis ses appuis de comédienne en apprenant à s’affirmer et à admettre une force insoupçonnée dans le caractère initial de sa voix qu’elle avait d’abord sous-estimée : “Le théâtre, c’est un peu l’état adulte de l’acteur parce qu’on est maître de tout“. Sara Giraudeau a longtemps souffert d’un entourage qui jugeait sa voix très enfantine, mais cela était avant tout relié à une timidité et un manque de confiance en elle qu’elle est parvenue à dépasser grâce au théâtre. La mise en scène lui a permis de lutter contre ses fragilités et ses complexes : “Le théâtre, c’est un peu l’état adulte de l’acteur parce qu’on est maître de tout. Au théâtre, ce qui est merveilleux, c’est qu’il y a quelque chose dans le rapport avec la scène qui fait que cette fragilité, qui peut faire partie de vous-même, s’en va assez vite. Je pouvais enfin mêler cette force que me demandaient certains rôles à ma fragilité initiale, ce qui donnait un duo assez intéressant à développer et qui m’a profondément aidée“.
À l’issue de 20 ans de carrière, si elle devait s’adresser à la débutante qu’elle fut, voilà ce qu’elle lui dirait : “Je suis assez fière d’elle parce qu’elle avait très peur, qu’elle était remplie de doutes et de manque de confiance et que la patience, c’est quelque chose qui s’apprend. Je lui dirais que je suis assez fière d’elle. C’est important d’être fier de l’enfant qui a grandi “.
La pièce “Le syndrome de l’oiseau” qu’elle met en scène et dans laquelle elle joue, est inspirée de l’histoire de Natascha Kampusch, et met en scène l’histoire d’une séquestration, une jeune fille qui a été enlevée par un homme, séquestrée et violentée pendant 18 ans. On assiste à la dernière heure de sa séquestration. Cette idée de l’enfermement auquel renvoie la pièce fait un écho avec son histoire intime. Il y a quelque chose qui la relie profondément à cette pièce de manière assez étonnante et qui a fait qu’elle avait vraiment besoin de la mettre en scène. Une idée qui fait écho à une histoire intime qui l’anime et qu’elle essaie de transcender grâce à la fiction, par l’art.
Dès qu’on lui a présenté le texte, le thème l’a épouvantée puisqu’au départ, le glauque n’est pas quelque chose qui la fait rêver dans l’art pour pouvoir exprimer ses émotions. C’est après avoir lu le texte, qu’elle a eu une révélation : “C’est seulement ensuite en constatant combien c’était un texte bien écrit, rythmé avec une montée dramatique où se déroule sous nos yeux la ‘libération’ sous une certaine forme, que j’ai été conquise. Dans cette situation horrible, il y avait énormément de poésie et d’humour aussi. Il y a parfois dans l’horreur, un pathétique charmant. Il y avait plein de belles choses à raconter et après l’inconscient en fait son affaire puisque ça m’a beaucoup attiré aussi parce que je retrouve cet enfant à qui on a coupé les ailes et qui développe les armes qu’il développe pour survivre. C’est le thème de l’enfermement qui est très inconscient aussi qui a un écho certainement avec l’école que j’ai redouté pendant longtemps. À l’école, j’ai appris très très tard que j’avais eu une phobie scolaire où j’ai ressenti beaucoup de sensations d’emprisonnement et d’enfermement physiquement et intérieurement. J’avais vraiment énormément de mal à vivre dans cet univers sans me sentir oppressée. Ce spectacle fait resurgir des sensations extrêmement fortes qui peut-être reviennent subitement”.
La comédienne a été révélée par la série “Le Bureau des légendes” d’Eric Rochant qui a lui a aussi permis d’apprendre à mieux se révéler sur scène. Elle a également reçu le César de la meilleure actrice dans un second rôle pour le film “Petit paysan” en 2017 et, durant la cérémonie, elle avait notamment fait ses hommages au cinéaste qu’elle considère comme son “bienfaiteur” : “C’était une rencontre magnifique puisque rares sont ses rôles où on peut mélanger une fragilité et une force. Sans avoir foncièrement conscience de ma force, je pense qu’il y avait une contradiction entre l’extérieur et l’intérieur chez moi, et c’est des personnalités qui sont peut-être plus difficiles au cinéma, en tout cas à décrypter. Souvent, les réalisateurs en casting voyaient mon apparence et j’apparaissais tout de suite comme la jeune fille fragile, le petit oiseau qui, aussitôt qu’on soufflait dessus, allait tomber. Alors qu’intérieurement, je ne me sentais pas du tout comme ça. Cette rencontre avec Eric a été déterminante parce qu’il m’a permis de travailler cette force-là”.
C’était le biais le plus inspirant afin de véhiculer ses émotions : “Être artiste, c’est une manière d’essayer de penser le monde, de penser l’humain pour se protéger d’un monde qui nous agresse. C’est une manière de penser le monde”.
BARBARA – Mon enfance
YOA – Bootycall
L’équipe
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