(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({});
Publicité
Dans TV – cinéma
Emeric Gallego présente les courts métrages A nos images et Ariane.
Est-il possible de nous présenter le court métrage Ariane ?
Ariane est un court-métrage né lors du montage. Plus précisément, le fruit de plusieurs idées qui se sont concrétisées. Pour être honnête, je ne savais pas vraiment comment situer ce projet. J’avais ce besoin de raconter un fragment d’amour entre deux personnes. Une rencontre de l’instant mais qui marque à tout jamais, amenant des conséquences. Au début, ça devait parler d’une relation toxique mais je n’appréciais pas le résultat. Puis on est reparti sur autre chose, encore et encore. Le tout, toujours dans l’improvisation et avec une seule caméra.
Finalement, devant tous ses rushes, l’idée définitive d’Ariane est née. C’est devenu une ode à l’amour, au bien être de soi, à la nostalgie. Ariane, c’est l’histoire d’une femme qui se confronte à ses souvenirs le temps d’un trajet dans le métro. Des bribes de souvenirs inspirés d’un moment vécu.
C’est une façon pour elle de définitivement tourner la page. Oui, Ariane est un film expérimental né en post-production !
Que peut-on savoir du personnage d'Ariane ?
Emeric : Je crois que l’identité d’Ariane se ressent à travers les images. Une certaine douceur entre la rêveuse et la mélancolique. Je pense que beaucoup se reconnaîtront en Ariane et son histoire.
Tiphaine saura mieux expliquer que moi, je pense.
Tiphaine : Ma perception d'Ariane est qu'elle est hypersensible, elle vit chacune de ses émotions à fond qu'il s'agisse de la colère, la joie l'amour ou la tristesse et ça se voit. Chaque émotion la traverse et passe comme Ariane elle-même traverse les saisons. Elle me rappelle un peu ce proverbe perse "this too shall pass" qui reflète le caractère éphémère de la condition humaine et de la nature.
Miles : Pour moi, Ariane est une personne sensible et naïve au premier abord. Elle vit de ses émotions à cent pour cent, que ça soit de l'amour ou de la colère. On passe d'un état à un autre et on se rend compte qu'au final, elle est juste manipulée par un mec qui la fait passer d'un sentiment à un autre : ce qui la rend aveugle et dans l'incapacité de prendre une décision correcte pour elle-même.
Qu’est ce qui vous a intéressé dans le scénario pour tourner le film ?
Tiphaine : Ce qui m'a particulièrement intéressée dans ce tournage c'était le caractère improvisé, le scénario a d'ailleurs beaucoup évolué avec le temps, c'est rapide efficace et souvent même très fun.
Je garde un super souvenir de cette bataille de boules de neige par exemple.
Miles : Il y avait une part de liberté dans les gestes et les actions à effectuer lors du tournage. Le scénario a été écrit avec une voix-off, ça nous permettait d'improviser sous la direction d'Emeric. Il n'y avait pas de "Tu apprends ton texte et tu fais ce que je te demande". Ici, on pouvait apporter une part de nous-même aux personnages.
Comment avez-vous vécu le tournage ?
Tiphaine : J'étais toujours enthousiasmée par les jours de tournage parce que beaucoup de temps s'écoulait entre eux et ça a permis au film d'évoluer à chaque fois et de prendre une nouvelle direction ou une nouvelle profondeur. J’ai trouvé ça assez fascinant comme quoi un film pouvait raconter une histoire complètement différente rien qu'avec un nouveau montage par exemple. Je trouve qu'on a tous beaucoup progressé au fil des tournages autant Miles et moi en tant que comédiens que Émeric en tant que réalisateur, chaque nouvelle version devenait plus aboutie. C'était une expérience très enrichissante.
Miles : Il y a eu plusieurs lieux de tournages et à différents moments. Ce n'était pas le même jour donc parfois, je n'avais pas la même coupe de cheveux, j'étais rasé ou un poil barbu, une moustache etc… Ce que je veux dire aussi par là, c'est que les personnages, tout comme les comédiens qui les interprétaient, vieillissaient. Les tournages ont toujours été amusants, ce qui dénote de la narration du métrage. Le meilleur moment était bien sûr, cette bataille de boules de neige, improvisé sur le moment.
Le film a énormément changé par rapport au projet initial : je me souviens des premières versions avant les reshoots et avant d'arriver à ce résultat. À chaque fois, il y avait quelque chose de nouveau à apporter car on a tous évolué aussi bien en actorat qu'Emeric à la réalisation. Tiphaine est une excellente et agréable partenaire de jeu et je souhaite le meilleur pour Emeric qui est un très bon ami mais surtout j'estime qu'il a beaucoup de talent et qu'il ne faut pas le gâcher. Les yeux fermés, je dirais "oui" s’il m'appelle pour tourner dans un de ses prochains projets.
Pourquoi avez-vous voulu évoquer la solitude ici ?
Parce qu’il y a toujours un moment dans sa vie où l’on se retrouve seul. Peut-être pas socialement mais dans le sens où l’on n’arrive pas à se faire comprendre, qu’un grand vide existe en nous. Traiter de ça était très thérapeutique. Et c’était le meilleur sujet pour le film.
Quels ont été vos choix concernant la mise en scène et notamment d'être dans le métro ?
Le métro était devenu très important : la clé du film mais aussi de sa création. L'importance du métro n'est finalement arrivée qu'au montage. Ce sont les dernières scènes que l’on a tournées bien des mois après, quand le projet est arrivé à maturité. Au début, je me disais que cela ne servirait qu’à l’introduction mais j'ai réalisé qu'il était représentatif de ce sentiment d'errance que je recherchais.
C'était évident que le métro agissait comme un labyrinthe de souvenirs. Trouver le fil d'Ariane en quelques sortes. Sortir du métro revient à faire le deuil de ce qui s'est passé. En attendant, le personnage semblait faire des allers-retours incessants. Un peu comme nous sur le tournage.
Que souhaitez-vous apporter au public avec le film Ariane ?
L’idée de ne jamais abandonnez. De ne jamais regretter le passé et de toujours allez de l’avant. Je crois que ce film à été bénéfique même pour moi. Depuis la finalisation, j’ai beaucoup plus confiance en moi et j’arrive à avoir confiance en mes films et mes projets. Dans mes rêves de cinéma, je sens qu’il y a un avant et un après Ariane.
Ariane vient de remporter le Prix du Meilleur court métrage du mois. Comment vivez-vous vos présences en festival et qu'évoque ce prix pour vous ?
Emeric : Le succès de ce film est complètement inattendu. Je suis très fier d’Ariane. On compte à ce jour une dizaine de sélections à travers le monde et le film à même a eu droit à une projection au cinéma à Paris. Je ne remercierais jamais assez Miles, Tiphaine, Différent Productions et tous le reste de l’équipe qui ont participé à ce projet si étrange, si énigmatique mais qui est, je crois, le film le plus optimiste que j’ai pu faire. Je suis content que les premières idées ont été abandonnées.
Tiphaine : Je suis surtout très contente de voir que le film continue à vivre et ce genre de festival c'est un bon moyen de toucher un nouveau public !
Miles : Pour être honnête, je ne m'attendais pas à ce que Arianne ait un jour, une ou plusieurs récompenses. Il y a eu tellement de changement au cours de ses dernières années qu'aujourd'hui, je suis très content que le film trouve son public en festival et qu'il ait sa place parmi les sélectionnés et les vainqueurs. Je pense que ce n'est que le début de l'aventure, la suite au prochain épisode, comme on dit souvent. Bravo Emeric, et merci Tiphaine pour ce moment passé tous les trois.
Pouvez-vous nous présenter le court métrage A nos images ?
Avant, c’était juste un projet universitaire à l’occasion d’un cours de Master à Paris 8. C’étaient des mots qui s’enchaînaient prononcés par des volontaires. Construire une longue chaîne sans fin grâce au cinéma et des mots. La prof me disait que cela ressemblait beaucoup à du Godard. En vrai, je m’étais surtout inspiré d’une scène de psychanalyse dans A Dangerous Method de David Cronenberg.
Après l’obtention de la note, j’ai un peu laissé au placard ce film jusqu’à récemment où j’ai décidé de créer la fin de ce film et une voix-off tout en citation. La citation principale vient de David Cronenberg dans son roman Consumés. Je remercie d’ailleurs la talentueuse comédienne Corinne Menant qui à réussi à l’interpréter. Du coup, A nos Images devient alors une réflexion sur le cinéma et sur les idées qui se construisent et finissent par se ressembler. C’était aussi un énorme film collage de 120 films sur la conception d’un film à la recherche d’une idée.
Comment avez-vous sélectionné les images présentes dans ce montage ?
Chaque image correspondait à la définition d’un mot trouvé par un volontaire anonyme. Chacun de ses mots se retrouvent dans pleins de films, ce qui fait qu’on dirait des extraits qu’on a vu plus de 1000 fois au cinéma. Après pour le choix des films en priorité, je reconnais avoir été égoïste, j’ai choisi que dans ce que j’ai vu ! Quand j’ai monté définitivement le film, je me suis rendu compte qu’il y avait pleins de thématiques à montrer au cinéma : la volonté de sublimer les femmes, la fascination du mal et de la vengeance, des actions stupides et pleins d’autres trucs en fait. C’était rigolo.
Avez-vous déjà été confronté au manque d'inspiration et avez-vous des moyens pour la stimuler ?
Tout le temps et c’est terriblement frustrant. J’écris parfois pour rien, j’ai pleins d’idées mais je n’arrive pas à les concrétiser. Alors, parfois pour lutter contre le manque d’inspiration, j’expérimente ! Vraiment, j’aime faire des films avec rien du tout ! Récemment, j’ai fait un court métrage uniquement à base de Gif sur Tumblr. Le film à remporter le prix de la meilleure réalisation expérimentale dans un festival en Slovaquie. Ce genre de chose me pousse à me dire que, peut-être mes délires d’expérimentations, ne sont peut-être pas idiots.
Pourquoi avez-vous souhaité rendre un hommage ici et pourquoi le dédier à Jean-Luc Godard ?
J’admets ne pas être un grand adepte de son cinéma. Je n’ai bien évidemment pas vu tous ses films mais ce serait un mensonge de dire que son style ne m’a pas fasciné. J’ai toujours été passionné par le cinéma expérimental car c’est un vrai cinéma de liberté. C’est aussi comme ça que j’ai appris le cadrage, le montage. En faisant un peu n’importe quoi en fait !
Quand on s’intéresse à l’expérimental, on tombe sur Chris Marker, Jonas Mekas, Maya Dern et bien sûr les films de Jean-Luc Godard. Et je suis un admirateur de ses techniques de réalisation. Il peut faire du cinéma avec si peu de choses. Une photo ou des extraits. Sur ma chaîne Viméo, vous pouvez trouver un petit exercice documentaire que j’ai fait pendant le confinement sur les femmes tondues.
Avec la sublime voix de la comédienne Marie Courandière, nous avions donné vie à « Qui paient leurs coupables amours ! » qui est tout en photos à l’instar de Je vous Salue, Sarajevo de Godard.
Enfin, pour revenir à A nos Images (Ceci n’est pas un court-métrage), lorsque j’ai appris le décès du réalisateur, il s’avère que j’ai retrouvé ce montage universitaire imparfait et sans fin. J’ai décidé de tout refaire sans changer les mots existants et d’y faire une Histoire du Cinéma, enfin à ma manière quoi. De Godard, je retiens surtout son style. En finalisant ce montage, l’idée de faire un hommage était alors une évidence. Mais je l’ai fait avant tout pour m’amuser. Ce n’était pas une commande, ni un moyen de faire de l’argent, juste un jeu devenu un hommage. C’est un plaisir de monter !
Que souhaitez-vous dire pour terminer ?
On remercie le site Divertir de suivre notre travail, ça fait toujours plaisir et ça montre qu’on avance quoiqu’il arrive. Et ça, c’est une grande victoire !
Merci à Emeric Gallego, Tiphaine et Miles Drexler d'avoir répondu à notre interview !
A nos Images – Ceci n’est pas (vraiment) un court-métrage (2022)
interview Film
Articles similaires
Le réalisateur Emeric Gallego présente ses courts métrages Camille et Clara aux thèmes forts : les conditions des castings et le harcèlement scolaire.
Rosy est un court-métrage de genre qui sera réalisé dans le cadre d'un examen de fin d'étude. Découvrez le film avec l'équipe qui le prépare !
Ajouter un commentaire
S’inscrire gratuitement à la newsletter
Publicité
(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({});
Emeric Gallego : les courts métrages A nos images et Ariane
Juliette Armanet : l’album Brûler le Feu 2
Le prix René Pechère 2022 décerné à Catherine Maumi
Futur Proche présente l’album En flamme
Hoscar
Maxime
La Rédaction
Mehdi
La rentrée 2019 de Grands Formats
Une cinématique pour le Festival des Bêtes Lunaires
L’EP Trianon Hall Session de Warsaw
Accueil | Blog | Agenda | Pages | Vidéos | Sondages | Quiz | Livre d'or | Liens
Aide | Contact | A propos
Diffusion & parutions publicitaires
Maintenances et incidents
Inscription Newsletter
Espace membre : Inscription | Connexion | Mon compte | Forum | Ajouter un évènement à l'agenda
Réseaux sociaux : Facebook Divertir | Twitter @divertir_eu | Instagram @divertir_eu | RSS Blog | Dernières modifications du site