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Juste avant Noël, la Peugeot 9×8, héritière des 905 et 908, a enquillé les tours d’essais durant deux jours sur le circuit Paul Ricard. Mots croisés avec ses pilotes français, Loïc Duval et Jean-Eric Vergne.
Elle était déjà venue aiguiser ses griffes incognito en terre varoise l’hiver dernier. Galop d’essais initial négocié au tournant du mois de février, bien avant de pousser ses premiers rugissements sur le front du championnat du monde d’endurance, alias le WEC, entre été et automne, à Monza, Fuji et Bahreïn. Elle? La 9×8! Nouvelle Lionne sortie des ateliers de Peugeot Sport avec l’ambition de rejoindre les aïeules 905 et 908 sur les tablettes des 24 Heures du Mans et ailleurs. Avant la trêve des confiseurs, le circuit Paul Ricard a encore accueilli l’Hypercar française pour deux jours de tests intensifs, mercredi et jeudi, jour et nuit. L’occasion pour l’équipe de “valider les corrections sur les problèmes rencontrés lors des trois premières courses en engrangeant un maximum de kilomètres”, dixit Olivier Jansonnie, le directeur technique. Et pour nous de tracer le bilan 2022 et les perspectives 2023 avec chaque pilier français des deux trios de pilotes, Loïc Duval et Jean-Eric Vergne.
Pour commencer, parlez-nous de votre première rencontre avec la 9×8. Comment avez-vous réagi en découvrant sa ligne, ses galbes?
Loïc Duval: C’était à l’usine, à Satory, avec les cinq autres pilotes. Je me souviens qu’on l’a d’abord vue bâchée. Drôle d’impression d’entrée: sans aileron, impossible de situer l’avant et l’arrière! Une fois le voile ôté, je l’ai trouvée sexy. Tout de suite, vous constatez que cette auto possède une vraie gueule, une identité forte. Qu’il s’agit d’une réussite, esthétiquement. Ce design la différencie de ses rivales. Il saute aux yeux.
Jean-Eric Vergne: Pour moi, ce fut un choc, dans le bon sens du terme. Formule 1, Formule E, LMP2: des nouvelles voitures, j’en ai déjà vu pas mal, sans qu’elles me fassent tomber la mâchoire. Celle-ci, elle frappe les esprits illico. Juste de par ce look sublime, vous comprenez qu’elle va marquer son époque, comme la Ford GT40, la Matra MS670 ou la Porsche 956 en leur temps. Maintenant, à nous de faire en sorte qu’elle entre aussi dans les annales des 24 Heures du Mans grâce à ses résultats.
Avec un peu de recul, quel regard portez-vous sur ses débuts en compétition?
L. D.: Un regard plutôt positif. D’abord, je pense qu’il fallait bel et bien commencer à disputer des courses en 2022 plutôt que d’enchaîner uniquement les séances d’essais seul dans son coin. Cela permet de mieux se préparer en tant qu’équipe, d’avoir des éléments de comparaison par rapport à la concurrence, d’apprendre à respecter des timings… Clairement, on a progressé dans notre façon de gérer les week-ends. Et lors de ces trois courses, on a pu aussi mettre le doigt sur les paramètres à améliorer en termes de fiabilité et de performance.
J.-E.V.: Un programme qui démarre dans la facilité, on arrive, on va vite, on gagne, ça n’existe pas! Monza, Fuji, Bahreïn, on les a abordés comme des tests grandeur nature. En sachant qu’on allait manger du pain noir. Pour les ingénieurs comme pour nous, pilotes, le développement d’une voiture n’est pas la période la plus agréable. Vous savez que des pièces vont casser, qu’il y aura des pannes. Si vous voulez grandir, progresser, il faut passer par là. Perso, je suis content du travail accompli et du comportement global de l’auto.
Techniquement parlant, peut-on dire qu’il s’agit du défi le plus complexe de votre carrière?
L. D.: Non! Par rapport aux LMP1 que j’ai connues (Peugeot 908 et Audi R18, ndlr), l’Hypercar propose le même type de complexité dans l’absolu. Le plus important, c’est le dialogue entre le pilote et l’ingénieur. Nous, il faut que l’on sache exprimer notre ressenti, nos besoins, nos envies. Et eux doivent être capables de comprendre et d’agir dans le bon sens. Il faut que l’on parle le même langage, quoi!
J.-E.V.: La référence en matière de complexité, c’est la Formule E Gen3. Croyez-moi, je n’ai jamais vu une voiture aussi compliquée à affûter, à exploiter, que cette nouvelle monoplace électrique! La 9×8, à côté, je la trouve plutôt simple quand tous les systèmes fonctionnent correctement. À partir du moment où vous donnez un bon feedback aux ingénieurs, ceux-ci arrivent à le retranscrire, à opérer les modifications souhaitées afin que la performance aille crescendo.
Au volant de la 9×8, que préférez-vous et qu’est-ce qui vous déplaît?
L. D.: Le plus excitant, c’est de se tirer la bourre avec tous les constructeurs qui arrivent ou reviennent en Endurance. La catégorie reine va vite réunir beaucoup de voitures, beaucoup de marques. La bagarre s’annonce féroce. Le public répondra présent. Il y aura une super ambiance. Travailler dans un tel contexte, avec de telles perspectives, c’est cool! Le point négatif? La réglementation Hypercar impose un poids minimum vraiment trop important. Avec moins de chevaux et moins d’appuis aéro qu’à l’époque des LMP1, on sent que la voiture pèse lourd. Dommage…
J.-E.V.: Ce que j’aime en premier lieu, c’est l’environnement dans lequel on évolue. Le fait de piloter une voiture de pointe magnifique dans une discipline en plein renouveau. Me dire que l’on va écrire un nouveau chapitre de l’histoire des 24 Heures du Mans avec une grande firme française comme Peugeot. Tout ça me plaît. Et a contrario, très franchement, rien ne me déplaît. Comprenez rien qui ne puisse être modifié ou amélioré dans les mois à venir.
Nous allons bientôt entrer dans la période des vœux. Que peut-on souhaiter aux pilotes Peugeot à l’aube de la première saison complète de la 9×8?
L. D.: De gravir quelques podiums, d’abord. De réussir une course de 24 heures propre, aussi. C’est-à-dire sans trop de soucis. Et puis, plus globalement, prolonger, accélérer notre dynamique d’équipe. Si on atteint ces cibles, 2023 sera une bonne année. En gardant à l’esprit que Peugeot ne revient pas pour faire de la figuration mais pour gagner le plus tôt possible.
J.-E.V.: Souhaitez-nous de remporter les 24 heures du Mans! Moi, je vise toujours haut. Je suis ambitieux. L’an prochain, il y aura donc deux objectifs dans le viseur: redevenir champion du monde de Formule E au sein du team DS Penske et trouver le chemin de la victoire avec Peugeot en Endurance.
Si vous deviez impérativement choisir une consécration, d’ici 2024: le titre WEC ou le trophée des 24 Heures?
L. D.: Ayant déjà remporté les deux, je peux vous répondre sans hésiter: ce championnat-là, on le dispute d’abord parce qu’il offre l’opportunité de remporter la plus belle course du monde à mon sens. Donc j’opte pour les 24 Heures du Mans matin, midi et soir. Et je dirais même plus: si on gagne au Mans et on abandonne partout ailleurs, je signe, ça me va!
J.-E.V.: Vous vous rappelez qui est devenu champion du monde d’endurance il y a deux ans, cinq ans, sept ans? Vous avez les noms en tête? Non! En revanche, vous connaissez les vainqueurs des 24 Heures du Mans en 2022, 2021 et ainsi de suite. Attention, n’en déduisez pas que je dédaigne le WEC. C’est un championnat FIA, un champ d’action apprécié par les constructeurs. Moi, je veux gagner les deux. Mais en tant que pilote, s’il doit y avoir un seul triomphe, c’est Le Mans. Évidemment.
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