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Éco-anxiété : « Il faut transformer la peur en engagement » – Sud Ouest

Emmanuel Petit est économiste, professeur à l’Université de Bordeaux, chercheur à Bordeaux school of economics (BSE). Il s’intéresse au rôle des émotions dans la science et la société.
Quelle définition donnez-vous de l’éco-anxiété ?
Je ne vais pas donner une définition de psychologue. Je dirais que c’est une peur qui est objective – il y a une certaine réalité, il y a des fondements – mais qui est amplifiée par un excès d’information ou une agitation autour de cette question du changement climatique. J’ai l’impression que c’est quelque chose qui touche en majorité les jeunes. Pour une raison simple, la question du changement climatique les concerne principalement, pas…
Quelle définition donnez-vous de l’éco-anxiété ?
Je ne vais pas donner une définition de psychologue. Je dirais que c’est une peur qui est objective – il y a une certaine réalité, il y a des fondements – mais qui est amplifiée par un excès d’information ou une agitation autour de cette question du changement climatique. J’ai l’impression que c’est quelque chose qui touche en majorité les jeunes. Pour une raison simple, la question du changement climatique les concerne principalement, pas seulement eux mais leurs enfants et leurs petits-enfants. Du côté des plus anciennes générations, il y a peut-être une absence de perspective, qui est nécessaire par rapport à cette question.
Il s’agit d’une émotion qui peut avoir des aspects à la fois positifs et négatifs.
L’émotion est une réaction d’un individu avec son environnement, ici la question du climat. La peur est appropriée, quand elle indique qu’il y a un trouble et lorsqu’elle arrive à guider l’individu pour sortir de ce trouble. Mais pour cela, il faut que ce soit une émotion qui ne soit ni trop intense, ni trop insuffisante. L’éco-anxiété, en règle générale, est une émotion trop excessive. Elle bascule dans une forme d’impuissance.
Alors comment répondre à cette peur du changement climatique, largement répandue comme le montrent plusieurs enquêtes récentes ?
Il y a plusieurs réponses. La première, ce serait de contrôler les émotions par la raison, une forme de méthode Coué, comme les gens qui croient dur comme fer dans le progrès technologique. La deuxième façon, envisagée par les psychologues, c’est la régulation des émotions. Une autre voie existe, ce sont les stratégies de protection et de déni. L’émotion nous permet d’aller ailleurs et de ne pas voir les choses. Sartre explique cela dans son « Esquisse d’une théorie des émotions ». Il montre à travers un exemple : face à un ours, très vorace, qui va nous attaquer, qu’il y a trois possibilités : on l’agresse – ce qui n’est pas une bonne idée – ou on s’enfuit. Troisième éventualité qu’on connaît tous, l’évanouissement. C’est une forme d’évasion. Le déni pourrait correspondre à cela.
Existe-t-il des moyens de lutter contre cela ?
Le fatalisme peut être associé à la collapsologie. Elle programme quelque chose qui est inéluctable, donc, cela conduit à une forme d’impuissance. Ma position par rapport à cela, c’est qu’il faut arriver à transformer l’émotion de façon dynamique. Le changement climatique ce n’est pas forcément les images d’effondrement qu’on nous montre au cinéma ou à la télévision. On a la nécessité et les moyens d’agir. Le terme même d’émotion signifie se mettre en mouvement. Il faudrait transformer cette peur en engagement. Cela peut s’incarner par le biais d’une association, les Conversations carbone. Il s’agit d’un lieu où l’on réunit les gens pour réfléchir au problème, mais aussi pour exprimer leurs émotions. Cela permet de ne pas rester sur une peur trop intense. Quand vous avez une maladie, la première chose que vous dit votre médecin, c’est surtout de ne pas aller voir sur Internet. Il faudrait pouvoir faire cela pour le changement climatique et n’avoir que des informations relayées par des gens compétents. Ce serait mieux.
Les jeunes sont appelés le 23 septembre à ne pas aller en cours et à participer à la Grève pour le climat. Quel regard portez-vous sur ce mouvement ?
C’est un mouvement qui me paraît nécessaire. C’est une bonne façon pour les jeunes de faire passer cette forme d’éco-anxiété qui peut les toucher notamment lorsqu’ils sont isolés. Comme je le disais, une façon de faire passer cette peur, c’est de la transformer, notamment sous forme de manifestations de colère comme Greta Thunberg. Mais je ne suis pas sûr que ce mouvement prenne une forme très ample cette fois. Peut-être qu’il y a des phénomènes d’usure, d’habitude ou de lassitude. Ce sont des mouvements bien vus dans la société mais cela ne se traduit en actes. On ne prend pas en compte ces générations futures dans les décisions politiques.
Justement quand on regarde l’action de nos dirigeants, on peut s’interroger. Pensez-vous qu’ils ne sont pas concernés par l’éco-anxiété ?
On peut faire un constat d’une certaine forme d’inaction climatique. En tout cas d’un engagement qui n’est pas suffisant au regard des enjeux. J’ai en tête, par exemple, la possibilité qu’une centrale à charbon ouvre au mois d’octobre. La difficulté du politique, c’est qu’il n’est pas sur un agenda qui correspond à celui de l’enjeu climatique. Il est sur des enjeux de court terme, lié aux nécessités économiques, à la guerre contre l’Ukraine. Il peut y avoir un effet à partir du moment où l’émotion s’empare de l’opinion publique. Pour le moment, on est à la moitié du chemin. Il y a une prise de conscience et une absence d’insouciance qui sont peut-être venues cet été, notamment en France. Cela peut créer des prises de décision beaucoup plus fortes sur le plan politique.
Quelles pourraient être les actions à mettre en place ?
Il faut quelque chose qui s’inscrit dans la durée. J’ai bien aimé l’idée d’une climatologue de faire un plan Marshall du vélo. À partir du moment, où on verra des vélos partout, il y aura une prise de conscience plus forte et des signaux envoyés aux jeunes que les choses sont en train de changer. Alors que là, on est toujours un peu dans une forme de dissonance à ménager la chèvre et le chou. C’est très inquiétant parce que la priorité n’est pas à l’action, alors qu’il y a une communication politique autour de la sobriété. Mais il faut passer à une phase active plus forte et sans concessions par rapport à d’autres enjeux économiques.
Emmanuel Petit interviendra à Cap Sciences, à Bordeaux, le 15 octobre sur le thème « Que peut la peur face au changement climatique ? »

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https://seo-consult.fr/page/communiquer-en-exprimant-ses-besoins-et-en-controlant-ses-emotions

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