Le sommeil est un moment privilégié favorisant la consolidation des souvenirs en mémoire à long terme. En effet, les cellules cérébrales échangent continuellement des informations et durant la nuit, cela joue un rôle particulièrement important dans la consolidation de la mémoire, y compris les mauvais souvenirs. Or, des souvenirs traumatisants, tristes ou tout simplement embarrassants ont tendance à persister dans nos esprits et à remonter à la « surface » à des moments inopportuns. Dans une nouvelle étude des chercheurs de l’Université de York suggèrent qu’il pourrait y avoir un moyen simple de les oublier pour de bon : des signaux sonores. Comme l’explique Le Parisien, cette découverte publiée dans la revue Learning & Memory pourrait potentiellement aboutir à l’élaboration d’une technique pour aider à affaiblir les souvenirs particulièrement traumatisants et intrusifs. L’équipe scientifique est partie du constat que des recherches antérieures avaient d’ores et déjà révélé que les signaux sonores joués pendant le sommeil pouvaient améliorer la mémoire d’une personne.
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Il s’agissait ici de fournit des preuves concrètes que cette technique peut également être utilisée pour aider les gens victimes de traumatismes. « Bien qu’ils soient encore très expérimentaux à ce stade, les résultats de notre étude soulèvent la possibilité que nous puissions à la fois augmenter et diminuer la capacité de se rappeler des souvenirs spécifiques en jouant des signaux sonores lorsqu’un individu dort. », explique le premier auteur de l’étude, le Dr Bardur Joensen. « Les personnes qui ont subi un traumatisme peuvent souffrir d’un large éventail de symptômes pénibles en raison de leurs souvenirs de cet événement. Bien qu’encore lointaine, notre découverte pourrait potentiellement ouvrir la voie à de nouvelles techniques d’affaiblissement de ces souvenirs qui pourraient être utilisées parallèlement aux thérapies existantes. » Pour mener à bien l’étude, 29 personnes ont été recrutées pour apprendre 120 pairs de mots qui se chevauchent, à savoir un objet avec un lieu ou un objet avec une personnalité. Un exemple de paires de mots comprenait « marteau » et « bureau » et « marteau » et « Cardi B ».
Tous participants ont ensuite dormi la nuit dans le laboratoire du sommeil de l’Université de York. L’équipe de recherche a analysé leurs ondes cérébrales grâce à un logiciel et lorsqu’ils ont atteint un sommeil profond ou à ondes lentes (également connu sous le nom de sommeil de stade trois), un haut-parleur a diffusé les noms des objets qu’ils ont dû retenir auparavant, mais seulement les objets et non les lieux ou les personnalités. Résultats ? A leur réveil, les participants ont fait état d’une plus grande capacité de mémoire par rapport à avant leur sommeil lorsqu’ils ont dû réciter les noms d’objets, mais parvenaient beaucoup moins bien à se souvenir de l’autre mot « paire » associé (lieu ou personnalité) : cette seconde paire était plus souvent effacée. Pour l’équipe scientifique, cela suggère bien « qu’il est possible de provoquer un oubli sélectif en jouant des sons associés pendant le sommeil. » Selon celle-ci, le sommeil a donc joué un rôle crucial dans les effets qu’ils ont observés dans leur étude. Les chercheurs ont donc bon espoir que ce procédé puisse également fonctionner sur les souvenirs.
« La relation entre le sommeil et la mémoire est fascinante. Nous savons que le sommeil est essentiel pour le traitement de la mémoire, et nos souvenirs sont généralement meilleurs après une période de sommeil. Les mécanismes exacts en jeu restent flous, mais pendant le sommeil, il semble que les connexions importantes soient renforcées et que les connexions sans importance soient rejetées. », précisent les chercheurs, avant de conclure que « cette recherche soulève la possibilité que ce processus puisse être manipulé afin que le sommeil puisse être utilisé pour aider à affaiblir les souvenirs douloureux. » Les prochaines étapes cette équipe de recherche consisteront à établir comment ces signaux provoquent l’oubli, afin que les scientifiques puissent « activer » et « désactiver » l’effet, et à déterminer s’il est possible d’utiliser cette même technique « pour affaiblir les souvenirs du monde réel existants. » A noter qu’une étude de l’Inserm publiée en 2019 avait démontré que les ondes delta émises pendant le sommeil ne sont pas des périodes de silence généralisées pendant lesquelles le cortex se repose, mais qu’elles jouent rôle essentiel dans la formation de la mémoire à long terme.
