Au cours des six dernières semaines, plus de 2 300 soldats ukrainiens ont été formés au tir de précision, aux premiers secours sur le champ de bataille et à la guerre urbaine dans quatre bases militaires britanniques.
Cette opération montre le caractère réel du conflit en Ukraine: une guerre impérialiste par procuration. Si le front de la guerre se situe dans le Donbass et le long des côtes de la mer Noire, ses arrières s'étendent à toute l'alliance militaire de l'OTAN.
Plus de 1 000 soldats britanniques de la 11ebrigade d'assistance aux forces de sécurité participent à la formation des troupes ukrainiennes. Ils sont assistés par plus d'une centaine de soldats des forces armées canadiennes, suédoises et néo-zélandaises. La Norvège, le Danemark, la Finlande, la Lettonie, l'Allemagne et les Pays-Bas se sont engagés à y affecter des troupes.
La Norvège, la Lettonie, l'Allemagne et les Pays-Bas ont annoncé leurs contingents lors de la Conférence de Copenhague des alliés de Défense de l'Europe du Nord, organisée conjointement par la Grande-Bretagne, le Danemark et l'Ukraine jeudi dernier. Ce groupe de 26 pays a promis un montant supplémentaire de 1,5 milliard d'euros en fonds, équipements et formation pour l'armée ukrainienne. Selon Reuters, les ministres de la Défense polonais, slovaques et tchèques « ont signalé leur volonté d’étendre la production de systèmes d'artillerie, munitions et autres équipements militaires. »
Le Royaume-Uni a donné 250 millions de livres et promis d'envoyer des systèmes de roquettes à lancement multiple (MLRS) supplémentaires et des missiles M31A1 à guidage de précision, d'une portée de 80 km.
Un communiqué du gouvernement explique que les fonds britanniques « assureront un flux régulier d'argent non seulement pour la fourniture de nouvelles armes vitales, mais aussi pour un entretien et des réparations essentiels de matériel existant, et pour la formation, afin de maximiser l'efficacité des forces armées ukrainiennes sur le champ de bataille ».
Le secrétaire à la Défense, Ben Wallace, a déclaré : « Cette conférence envoie un message clair à la Russie. Nous ne nous lasserons pas et nous soutiendrons l'Ukraine aujourd'hui, demain et dans les mois à venir.
« Le Royaume-Uni et les nations partenaires ont convenu de fournir un financement militaire à long terme, assurant un flux régulier de financement pour fournir des équipements militaires vitaux, la maintenance essentielle du kit existant et maximiser notre programme international de formation dirigé par le Royaume-Uni pour les forces armées ukrainiennes. »
La Grande-Bretagne et ses alliés fournissent de la chair à canon pour leur guerre sanglante avec la Russie, où l'armée ukrainienne perdrait jusqu'à 200 soldats par jour. Un officier supérieur britannique a expliqué que le programme de formation était conçu pour produire des « remplaçants pour ceux victimes de la guerre ».
Ceux ainsi formés sont de nouvelles recrues civiles, qui absolvent en trois semaines une variante du cours de formation de base de l'infanterie, d'une durée de six mois. La Grande-Bretagne s'est engagée à préparer 10 000 d’entre eux en 120 jours, d'ici octobre, mais Wallace a précisé à Copenhague: « Nous nous engageons maintenant à aller bien au-delà. Nous allons entraîner davantage et plus longtemps ».
Cette formation intensive vise à fournir un niveau d'entraînement supérieur à ce que les forces armées ukrainiennes peuvent accomplir, avec un ratio instructeur/stagiaire de 1:10 ou 1:15, en mettant l'accent sur la guerre urbaine.
Les soldats ukrainiens seront formés aux tactiques apprises lors des invasions impérialistes et des occupations brutales du Moyen-Orient. Un stagiaire a déclaré au New York Times: « Les officiers britanniques qui nous forment ont fait l'expérience de cette guerre en Irak et en Afghanistan – c'est donc très utile pour nous. » Au moins une des bases militaires concernées a été utilisée pour préparer les troupes britanniques à combattre en Irlande du Nord.
Dans une déclaration annonçant le début du programme, le ministère britannique de la Défense a déclaré que les recrues de l'armée ukrainienne « recevaient les compétences nécessaires pour être efficaces et mortelles sur la ligne de front et défendre leur patrie ».
Le chef d'état-major des armées, le général Sir Patrick Sanders, a visité la base militaire du Kent au cours de ses dix premiers jours de formation, à la mi-juillet. Il a fait l'éloge de « l'esprit de combat des soldats ukrainiens » et a promis de poursuivre « nos efforts pour accroître l'ambition et le rythme de la formation afin d'optimiser le soutien à l'Ukraine ».
Quelques semaines plus tôt, il avait déclaré à la Conférence annuelle sur la guerre terrestre du Royal United Services Institute (RUSI) que l'invasion russe signifiait que le Royaume-Uni devait être « prêt à se battre… Cela signifie qu'il faut se concentrer sur la victoire, travailler avec ces alliés, contre cette menace et à cet endroit ».
Il a ajouté: « L'Ukraine a également montré que s'engager avec nos adversaires et former, aider et rassurer nos partenaires est une activité à forte rentabilité. »
L'armée britannique, elle aussi, devait « être prête à s'engager dans la guerre là où elle est la plus violente ».
Le programme britannique de formation des recrues s'ajoute à la formation militaire spécialisée donnée à des centaines de soldats ukrainiens dans l'utilisation des équipements lourds.
Cette formation consiste en six jours d’instruction sur l’utilisation de l’obusier léger  L119 (portée 12  km), dont la Grande-Bretagne envoie 36  pièces à l’Ukraine, en plus de 20  obusiers  M109. Les soldats passent trois semaines – durée habituelle cinq semaines – sur le MLRS, l’arme d’artillerie longue portée la plus avancée de la Grande-Bretagne, similaire aux lanceurs américains HIMARS. Londres a déjà envoyé trois de ces systèmes à l’Ukraine et en enverra trois autres.
Les troupes ukrainiennes ont également eu plusieurs semaines de formation sur 120  véhicules blindés britanniques donnés, comportent des véhicules à mobilité protégée Mastiff, Husky et Wolfhound, des véhicules de combat de reconnaissance Spartan, des blindés de commandement Sultan et de récupération Samson, et des ambulances Samaritan.
Plus de 100  marins ukrainiens sont formés par la Royal Navy en Écosse, sur sa base navale de Rosyth.
Hors du Royaume-Uni, les forces britanniques sont en Pologne pour former les Ukrainiens à l’utilisation du système de défense aérienne antimissile Starstreak et de ses véhicules de lancement Stormer. En avril, on a appris que les forces spéciales SAS britanniques formaient les soldats sur le terrain en Ukraine à l’utilisation des missiles antichars NLAW – le Royaume-Uni en a expédié plus de 5.000. Cette nouvelle a suscité en Russie des commentaires que la «troisième guerre mondiale» et une «guerre à plusieurs niveaux» avaient commencé contre «l’Occident collectif».
Les États-Unis assurent eux aussi l’entraînement militaire. Plus de cent soldats de la Garde nationale de l’armée de New York se sont rendus en Allemagne en juillet. Des gardes nationaux de Floride ont également été déployés. Ils forment le personnel ukrainien à utiliser artillerie, radars et autres systèmes. D’autres soldats américains font de même en Pologne.
Les principaux généraux des forces armées ukrainiennes – comme Oleksiy Nozdrachov, chef du centre de coordination à Kiev – sont passés par le Collège de commandement et d'état-major général de l'armée américaine, à Fort Leavenworth au Kansas. Les officiers ukrainiens ont commencé à fréquenter cette école dans les années  1990, immédiatement après la dissolution de l’Union soviétique. «Aujourd’hui, selon les experts, les connaissances qu’ils y acquièrent aident les Ukrainiens à organiser une défense acharnée de leur pays», rapporte la BBC.
Les programmes de formation de l’OTAN sont une continuation de plans établis de longue date pour utiliser l’Ukraine dans un conflit militaire avec la Russie. Selon le journal militaire Stars and Stripes le lieutenant-colonel Todd Hopkins, commandant adjoint de l’équipe de combat de la 53e  brigade d’infanterie de la Garde nationale de Floride, a repris les propos d’un officier ukrainien déclarant aux soldats américains: «La plus grande erreur des Russes a été de nous donner huit ans pour nous préparer à cela».
Dans le cadre de l’opération «Orbital», le Royaume-Uni a formé 22.000  soldats ukrainiens entre 2015 et le début de la guerre. Les États-Unis en ont formé dans le même temps 23.000 à travers leur Groupe d’entraînement multinational interarmées Ukraine, soutenus par le Canada, la Lituanie, le Danemark, la Pologne, la Suède et le Royaume-Uni. Le Canada en a formé 33.000 depuis 2015 dans le cadre de l’opération Unifier, également avec la participation de la Suède.
Tout cela indique que la guerre impérialiste contre la Russie a été minutieusement préparée. Des ressources et des systèmes massifs ont été mis en place pour la soutenir jusqu’à la sanglante conclusion voulue – l’effondrement et la subjugation de l’État russe. Au fur et à mesure que la guerre progresse et que la fiction que l’OTAN serait une tierce partie de ce conflit s’évanouit totalement, le danger d’un affrontement direct entre puissances nucléaires devient de plus en plus réel.
(Article paru d’abord en anglais le 18 août 2022)

source
https://netsolution.fr/piece-de-monnaie-commemorative-lettone-de-2-euros