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Le reportage de Katy Cloutier
Photo : Radio-Canada / Fanchon Aubry
Dans une démarche personnelle, les trois professeurs de la concentration Art dramatique de l'école secondaire Chavigny déplorent une iniquité gouvernementale entre les programmes artistiques et sportifs. Ils jugent insuffisant le financement consacré à la culture dans les écoles secondaires de la province, qui leur apparaît comme la mal-aimée de l'éducation au Québec.
Martin Malenfant va même jusqu’à qualifier de je-m’en-foutisme
l’attitude gouvernementale à l’endroit des arts. Celui qui enseigne depuis plus d’un quart de siècle dans cette école trifluvienne trouve regrettable que les infrastructures culturelles en milieu scolaire soient sous-financées.
Depuis sa création, la concentration offerte à l’école Chavigny se démarque pour la qualité de son programme et de ses productions théâtrales. Le théâtre permet aux jeunes de savoir comment se tenir, comment bien parler, comment prononcer, comment utiliser la langue comme média, comment s'exprimer, comment utiliser son corps
, énumère Martin Malenfant.
Dans les dernières années, il a été, avec ses collègues Amélie Martel et Lysanne Labrecque, aux premières loges de l'augmentation de la popularité de la concentration, l'une des rares reconnues par le ministère de l'Éducation qui a une portée internationale. L’ouverture du programme sur le monde et cette reconnaissance ailleurs sur la planète constituent des éléments attractifs, croient fermement les enseignants. D’ailleurs, cette année, ils sont 221 élèves inscrits dans 9 groupes, un nombre qui a plus que doublé en 25 ans.
Une bonne nouvelle qu'est cette popularité, mais elle vient avec des défis. Les installations ne suffisent pas à enseigner correctement. À plusieurs reprises dans les dernières années, ils ont développé des projets pour répondre aux besoins grandissants.
« Un peu comme les équipes de sport ont un terrain de football ou un gymnase, nous, on aimerait ça avoir des locaux pour pratiquer correctement le théâtre. Depuis plusieurs années, on a présenté des projets, même en collaboration avec la Ville de Trois-Rivières à un moment donné, pour faire un genre de bâtisse multiculturelle dans laquelle il y aurait des salles de pratique qui pourraient même servir pour les autres organismes le soir, et dans lequel, nous, le jour, on pourrait enseigner correctement le théâtre, ailleurs que dans une cafétéria. »
Faute de financement disponible, toutes leurs tentatives sont restées infructueuses.
Au fil des ans, ils ont envisagé plusieurs options pour obtenir les installations nécessaires à l’enseignement du théâtre, à des coûts variant de quelques dizaines de milliers de dollars à plusieurs millions. Ils déplorent aujourd'hui une forme d’iniquité gouvernementale envers les infrastructures artistiques, alors que les infrastructures sportives sont financées par de nombreux programmes.Présentement, même si la direction est de notre côté, même si le Centre de services scolaire ne nous bloque pas non plus, le blocage n'est pas à ce niveau-là. Même si on trouve des solutions avec des tables pliantes, souvent, on est pris pour enseigner dans la cafétéria, ou même sur la place d'accueil, parce qu’on ne peut pas enseigner le théâtre dans une classe, ça prend plusieurs plateaux
, précise Martin Malenfant.
Malgré la passion évidente qui anime les trois enseignants, la situation est parfois difficile, confirme Amélie Martel. On croit beaucoup en ce programme-là, mais c'est faire perdre un peu de confiance au public quand tu sais que ton enfant a son cours de théâtre dans la cafétéria entre deux tranches de sandwichs. Je trouve que ça enlève un petit peu, même beaucoup de crédibilité. Même pour nous, la qualité de notre enseignement n'est pas la même, parce qu'on est continuellement dérangé par plein d'actions qui se déroulent autour de nous, parce qu'une école, c'est vivant.
Les trois professeurs reconnaissent l’importance du sport dans le développement des adolescentes et des adolescents. Par leur prise de parole, ils veulent surtout mettre en lumière le rôle et le poids des arts dans les apprentissages.On n'est pas contre le sport, et on n'est pas contre cette vie scolaire qui doit être diverse et éclatée, mais les arts demeurent quand même un peu la portion mal-aimée. Nous, on prend soin de l'âme, mais pour prendre soin de l'âme, ça prend de beaux moyens et des infrastructures intéressantes, aussi
, évoque Amélie Martel.Personne n'ose en parler, personne n'ose lever le drapeau, personne n'ose creuser ce dossier et en attendant nous, on est une école dont la réputation à l'international n'est plus à faire en ce qui a trait de la qualité de l'enseignement théâtral et des spectacles que nous offrons, et on doit enseigner dans ces conditions
, se désole Martin Malenfant.
Les infrastructures dédiées à la pratique du sport peuvent être subventionnées par différents programmes de soutien aux installations sportives et récréatives du ministère de l'Éducation. Dans la dernière année, plus de 91 millions de dollars ont été investis pour le développement de 41 projets dans des écoles secondaires publiques et privées de la province.
Plusieurs programmes de soutien aux infrastructures ont permis de financer 41 projets dans des écoles secondaires, publiques et privées, selon des données du ministère de l’Éducation du Québec.
Photo : Radio-Canada
Ces projets ont permis notamment la construction de gymnases, l’aménagement de terrains de soccer ou de football à surface synthétique ou encore la réfection de piscines.
Il est difficile de connaître les sommes investies pour les infrastructures culturelles en milieu scolaire pour la même période. Le ministère de l'Éducation confirme dans un échange de courriels que : Les différents programmes d’infrastructures sous la responsabilité du Fonds pour le développement du sport et de l’activité physique ne permettent pas de soutenir des infrastructures culturelles. De plus, tous les projets de construction d’école et la plupart des projets d’agrandissement, lorsque nécessaire, incluent les plateaux sportifs et les espaces culturels requis pour la scolarisation. Toutefois, les montages financiers des projets ne permettent pas d’isoler les renseignements demandés. De plus, les infrastructures culturelles peuvent aussi être financées par le ministère de la Culture et des Communications.
Ce dernier ministère gère plusieurs programmes d’aide financière, incluant l’Aide aux immobilisations, qui permet entre autres de soutenir les projets visant à maintenir ou à bonifier les infrastructures et équipements culturels. Pour être admissible, l’organisme demandeur doit répondre à des critères précis, dont ceux de recevoir une aide pour son fonctionnement ou d’être soutenu par le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) par l’un des programmes suivants : Soutien à la mission ou Programmation spécifique, à l’exclusion d’un festival.Avec l'ancienne directrice de l'école, Mme [Chantal] Couturier, à deux reprises, on a essayé de travailler sur ce projet-là, et c'est elle qui m'avait dit, un moment donné, qu’il n'y a pas d'enveloppe budgétaire, au gouvernement, pour des infrastructures artistiques. C'est ça le combat qu'on essaie de mener présentement : pourquoi il n'y en a pas? Pourquoi il y en a pour l'un, mais pas pour l'autre?
, se questionne Martin Malenfant.
Ils ont même entrepris des démarches auprès du ministère de la Culture et des Communications, mais on leur répond que plusieurs organisations veulent aussi leur part du gâteau.On le sait et on est très conscient que le gouvernement a beaucoup de choses à arranger dans les écoles, mais quand même, on aimerait qu'il pense aussi aux arts. Les arts, c'est libérateur pour beaucoup d'adolescents, que ce soit les arts plastiques, la musique, l'art dramatique
, défend Lysanne Labrecque.
Devant des portes qui semblent closes, les enseignants estiment qu’il est difficile de s'y retrouver et d'obtenir le soutien nécessaire. Ils prennent la parole aujourd'hui dans une démarche personnelle. Il faut que le monde sache que les arts sont encore aujourd'hui relayés au rang du "ce n’est pas important"
, réitère Martin Malenfant.
Ils espèrent que leur appel sera entendu, afin de pouvoir continuer le développement de leur programme. Pour l’instant, la survie de la concentration n’est pas menacée par la désuétude des installations, mais son attractivité pourrait le devenir, croient les enseignants. Ce qui est remis en doute, c'est peut-être la crédibilité d'une concentration telle que la nôtre
, estiment-ils.
Martin Malenfant entend utiliser les prochaines années, les dernières avant sa retraite, pour mener cette bataille. Il me reste sept ans à peu près [à enseigner]. C'est mon cheval de bataille. Je veux travailler là-dessus, pour que, avant que je parte, l'école Chavigny rayonne par ses installations autant que par la qualité de sa concentration théâtre.
Le Centre de services scolaire du Chemin-du-Roy dit respecter la démarche personnelle des enseignants, mais n'a pas voulu se prononcer sur la question et a décliné notre demande d'entrevue.
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