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PARIS: Boulangers, petites entreprises, soignants: Emmanuel Macron et son gouvernement multiplient en cette rentrée les attentions à l’égard des secteurs en crise pour tenter d’apaiser les foyers de tensions avant la mobilisation sociale annoncée contre la réforme des retraites.
Des ministres de Bercy aux députés, et jusqu’au chef de l’État, toute la majorité s’est relayée ces derniers jours au chevet des boulangers, qui étaient montés au créneau, se disant pris à la gorge par l’explosion de leurs factures d’électricité.
Alors que le Rassemblement national s’est emparé de ce malaise pour dénoncer “l’indifférence du gouvernement Macron” et plaider pour une sortie du marché européen de l’électricité, il était urgent pour l’exécutif de répondre aux angoisses de ces artisans emblématiques du “savoir-faire à la française”.
Elisabeth Borne a annoncé dès mardi que les petites et moyennes entreprises (PME) pourraient “demander le report du paiement de leurs impôts et cotisations sociales” pour soulager leur trésorerie.
Mais la Première ministre a rappelé mercredi à l’ordre ses troupes contre la tentation d’apporter une solution budgétaire coûteuse pour l’État à chaque problème. Le gouvernement a donc surtout haussé le ton à l’égard des fournisseurs d’énergie.
Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a ainsi fait savoir que les boulangers pourraient résilier leur contrat d’électricité sans frais en cas de hausse “prohibitive”. Et Emmanuel Macron a vivement exhorté jeudi les fournisseurs d’énergie à “renégocier” d’ici la fin du mois d’éventuels “contrats excessifs” avec l’ensemble des très petites entreprises (TPE), dont plusieurs secteurs commencent à réclamer à leur tour de nouvelles aides.
« Fusion » entre les colères
“J’en ai comme vous assez qu’on ait des gens qui, sur la base de la crise, fassent des profits excessifs”, a-t-il martelé.
Cette “opération baguette” a été relayée par nombre de députés de la majorité, qui se sont affichés auprès de boulangers de leur circonscription, et par le parti présidentiel Renaissance, qui va distribuer en urgence un tract aux commerçants et artisans pour rappeler les aides gouvernementales.
L’exécutif était déjà intervenu avant Noël pour mettre la pression sur la direction de la SNCF, confrontée à une grève des contrôleurs de trains en pleines fêtes de fin d’année.
Car si des manifestations et des grèves semblent inéluctables après la présentation, mardi prochain, de la réforme des retraites, le pouvoir redoute plus que tout qu’elles viennent se greffer sur d’autres mouvements d’humeur. Et guette l’étincelle inattendue qui pourrait embraser un climat social inflammable.
“On est beaucoup plus en alerte sur des sujets moindres, les boulangers, les contrôleurs”, glisse une source gouvernementale, évoquant “l’irruption de sujets qui apparaissent très sectoriels mais qui peuvent produire une fusion entre eux, et qui révèlent une colère”.
Toujours dans le souci de déminer ces colères, le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti a dévoilé jeudi son plan pour améliorer le fonctionnement de la justice, dont les acteurs se disent en “souffrance”.
Quant aux soignants, avec un système de santé “à bout de souffle” de l’aveu même du gouvernement, le président Macron doit leur adresser vendredi ses vœux avec des annonces à la clé.
L’enjeu est là aussi de calmer les esprits, alors que des milliers de médecins généralistes ont manifesté jeudi à Paris pour obtenir une revalorisation de la consultation, et que le deuxième syndicat de la fonction publique hospitalière, FO-Santé, a appelé à la “grève illimitée” à partir du 10 janvier.
Surtout, le chef de l’État, soucieux de se montrer “à l’écoute” des Français, met en scène ces derniers jours son agacement face à une administration et des ministres qu’il juge parfois trop distants.
“Mettez-vous toujours du côté des Français”, a-t-il lancé mercredi lors du Conseil des ministres de rentrée. “Les gens ne pensent pas ‘en moyenne'”, “arrêtez de leur parler ‘en moyenne'”, s’est-il exclamé, caricaturant les présentations souvent technocratiques des dispositifs d’aide mis en place par l’État.
Jeudi, devant les boulangers réunis pour la galette de l’Épiphanie à l’Élysée, il a longuement pesté contre les numéros verts qui “ne marchent pas” et autres “sites internet” qui renvoient vers “des circulaires absolument illisibles ou des tableaux incompréhensibles”.
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PARIS: “Un outil utile” permettant de récupérer “une partie très importante” de la fraude imputée à une entreprise: le ministre des Comptes publics Gabriel Attal a défendu mercredi devant le Sénat l’intérêt des conventions judiciaires d’intérêt public (CJIP).
Créée par une loi de 2016, la CJIP permet aux entreprises soupçonnées de corruption, de trafic d’influence ou de fraude fiscale d’échapper aux poursuites pénales en versant une amende.
Ces dernières années, des poids lourds comme Airbus (2,1 milliards d’euros en 2020), Google (500 millions d’euros en 2021) ou McDonald’s (1,25 milliard en juin 2022) sont ainsi passés à la caisse pour mettre un terme à des enquêtes judiciaires.
Les CJIP permettent à l’Etat de s'”assurer que les finances publiques recouvrent une partie très importante de la fraude” alléguée, a soutenu Gabriel Attal, interpellé par le sénateur communiste Eric Bocquet à l’occasion d’un débat au Sénat sur la lutte contre la fraude et l’évasion fiscales.
“Je me demande toujours où est l’intérêt public dans ce dispositif”, s’était interrogé quelques minutes plus tôt l’élu du Nord.
“Les amendes récupérées ne représentent pas la totalité des sommes éludées et cette méthode de ‘négociation’ laisse entendre au commun des mortels que la loi fiscale ne s’applique pas de la même manière selon que vous êtes puissant ou misérable”, a argumenté Eric Bocquet.
“Quand vous rentrez dans une bataille judiciaire, on se bat parfois face à des grandes entreprises qui ont une armée juridique et (…) peuvent faire durer les choses”, a répliqué Gabriel Attal, pour qui “40% des montants de la fraude récupérés chaque année” par les finances publiques sont issus de la DIVN, le service de Bercy qui contrôle les entreprises au chiffre d’affaires supérieur à 400 millions d’euros.
“La succession d’audiences et d’appels peut aussi finir par faire baisser le montant que nous réussissons in fine à recouvrer”, a-t-il ajouté.
En permettant de récupérer de l’argent, qui plus est rapidement, la CJIP est donc “un outil utile à plusieurs titres”, a insisté le ministre des Comptes publics.
Interpellé quelques minutes plus tard par le sénateur socialiste Victorin Lurel, Gabriel Attal a par ailleurs souligné que les CJIP étaient “homologuées par le juge”.
“Ces conventions sont largement négociées par le parquet national financier et ensuite le juge doit les valider. Donc ces outils sont évidemment examinés et validés in fine par l’autorité judiciaire”, a-t-il soutenu.
Dans sa question, M. Lurel avait fait part de ses craintes de “dérive de la philosophie même du contrôle” fiscal.
“Certes le développement d’une logique préventive est louable, mais faire primer l’absolution des fraudeurs me paraît une voie glissante et donc dangereuse”, s’était inquiété l’élu de Guadeloupe.
Fin octobre, une mission d’information du Sénat avait déjà conclu que face à la “saturation de la justice”, il convenait de “soutenir le déploiement des CJIP”.
Au cours du débat de mercredi soir, Gabriel Attal a par ailleurs reconnu la nécessité de “perfectionner” l’évaluation des montants qui échappent à l’Etat en raison de la fraude fiscale, et a rappelé son intention de présenter “avant la fin du premier trimestre” un plan de lutte contre les fraudes “fiscale, sociale et douanière”.
Autre priorité: “aider” les parquets à “prioriser” parmi l’afflux de dossiers qui a résulté de l’assouplissement du “verrou de Bercy” en 2018. Depuis cette réforme, le fisc est en effet obligé de transmettre à la justice tous les faits de fraudes supérieures à 100 000 euros.
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DUBAI: Le chef des Gardiens de la révolution iraniens a averti la France et les rédacteurs en chef du magazine Charlie Hebdo qu’ils pourraient subir le même sort que Salman Rushdie après la publication de nouvelles caricatures se moquant du Guide suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei.
Rushdie avait reçu des menaces de mort depuis les années 1980 lorsqu’il avait publié son livre controversé «Les versets sataniques».
Il avait passé près de dix ans dans la clandestinité tandis que son livre suscitait l’indignation dans les pays islamiques et, en 1989, l’ayatollah Khomeini, alors chef suprême de l’Iran, a émis une fatwa – une décision islamique – ordonnant aux Musulmans de tuer l’auteur.
Rushdie a été poignardé l’année dernière lors d’un festival littéraire à New York, lors duquel il a été grièvement blessé.
«Je conseille aux Français et aux directeurs du magazine Charlie Hebdo de prendre en considération le sort de Salman Rushdie», a affirmé mardi le général de division Hossein Salami, selon l’agence iranienne Mehr News.
«Ne jouez pas avec les Musulmans. Salman Rushdie a insulté le Coran et le Saint Prophète de l’Islam il y a trente ans et s’est caché dans des endroits dangereux.»
Charlie Hebdo a publié la semaine dernière les caricatures gagnantes d’un concours qui appelait le public du monde entier à dessiner les caricatures les plus offensantes de l’ayatollah, en signe de soutien au mouvement de protestation en Iran.
La publication des caricatures a accru l’animosité entre la France et l’Iran, qui a fermé l’Institut français de recherche.
Le ministère iranien des Affaires étrangères a qualifié la fermeture de l’institut de «première étape» en réponse aux caricatures et a déclaré qu’il «poursuivrait sérieusement l’affaire et prendrait les mesures nécessaires» pour que la France soit tenue responsable.
Face à ces menaces, le magazine satirique a doublé la mise et a publié cette semaine une couverture de magazine qui se moque à nouveau de l’Iran. La couverture représente des mollahs entrant et sortant du ventre d’une femme nue ayant les jambes écartées. «Il nous a fallu une semaine pour trouver la sortie», lit-on dans la légende.
Un éditorial du magazine a décrit la cyberattaque sur le site Web de Charlie Hebdo après la publication de l’édition spéciale la semaine dernière, sur laquelle il enquête mais qui, selon lui, est «hautement probable» d’avoir été menée par l’Iran.
L’éditorial indique: «Une attaque informatique ne fait pas de morts, mais elle donne le ton.
«Le régime des mollahs se sentirait tellement en danger qu’il jugerait vital pour son existence de pirater le site d’un journal français.
«C’est un honneur mais surtout la preuve que leur pouvoir se sent très fragile.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
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PARIS : Au lendemain de la présentation de la réforme des retraites, la bataille est lancée: les syndicats unanimes se préparent à protester dès le 19 janvier, par des grèves et dans la rue, contre le report de l’âge légal à 64 ans.
“Mobilisation” également dans les rangs du pouvoir: en Conseil des ministres mercredi, le président Emmanuel Macron a appelé le gouvernement “à expliquer aux Français très concrètement” ce “qui va changer pour eux”. Et à défendre une réforme “indispensable et vitale”, selon ses propos rapportés par le porte-parole Olivier Véran.
Après trois mois d’atermoiements et de concertations, le gouvernement a confirmé mardi la hausse attendue de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans d’ici à 2030.
Moins que les 65 ans promis par M. Macron avant sa réélection. Mais assez pour “garantir l’équilibre” budgétaire à la fin de la décennie, tout en finançant “des mesures de justice”, a assuré Elisabeth Borne.
La Première ministre a défendu des “avancées” sur l’emploi des seniors, les “carrières longues” et la prise en compte de la pénibilité. Mais surtout une revalorisation des petites pensions, bientôt portées à 1 200 euros brut (avant CSG) par mois pour une carrière complète.
La mesure concernera non seulement les futurs retraités, mais aussi près de deux millions de retraités actuels. De quoi contenter la droite, clé d’une adoption de la réforme au Parlement.
Mais le groupe LR à l’Assemblée nationale a une “ligne rouge” sur les “carrières longues”. Il exige qu’une personne qui commence à cotiser à 20 ans “puisse partir quand elle a atteint l’ensemble de ses annuités [43 ans dès 2027], c’est-à-dire non pas à 64, mais à 63 ans”, a souligné mercredi sur RFI son porte-parole, Pierre-Henri Dumont.
Côté patronat, c’est un satisfecit général: le Medef a salué des “décisions pragmatiques et responsables”, tout en réaffirmant son peu d’allant pour l’index mesurant l’emploi des seniors dans les entreprises de plus de 300 salariés, assorti d’une sanction financière en cas de refus de publication.
Restant sur une position de soutien critique du gouvernement, le président du MoDem François Bayrou a jugé le projet “améliorable”, en réitérant sa proposition d’inclure une hausse des cotisations patronales.
L’accueil est, sans surprise, beaucoup plus hostile du côté des syndicats, qui ont appelé à “une première journée de grèves et de manifestations” le 19 janvier. Appel bien reçu par les organisations de la fonction publique et de l’énergie, qui l’ont déjà relayé auprès de leur base.
Cette première date est censée “donner le départ d’une puissante mobilisation dans la durée”, a souhaité le leader de la CFDT, Laurent Berger, qui a dénoncé un projet bâti “sur le seul dos des travailleurs”.
Le syndicat étudiant Unef, dénonçant à travers la réforme “le massacre de la jeunesse et des classes populaires”, a appelé dans un communiqué à “prendre la rue massivement” le 19 janvier.
L’ensemble des partis de gauche s’est aussi rallié à cette première journée, y compris les Insoumis, qui prévoient aussi une “marche pour les retraites” le 21 janvier à Paris.
https://seo-consult.fr/page/communiquer-en-exprimant-ses-besoins-et-en-controlant-ses-emotions