Ils ont empoisonné l’été d’une partie des Français. Les moustiques peuvent même transmettre de nombreuses maladies, dont la dengue. 41 cas autochtones, c’est-à-dire des personnes qui « n’avaient pas voyagé en zone de circulation du virus dans les 15 jours précédant l’apparition des symptômes », définit le ministère de la Santé, ont été recensés au 16 septembre.
C’est beaucoup plus que les années précédentes (9 en 2019, maximum de 14 en 2020, 2 en 2021, etc.). On fait le point.
Il s’agit d’une maladie virale qui s’attrape par la piqûre de moustique infecté, en l’occurrence le moustique-tigre, nommé ainsi en raison de ses rayures blanches et noires qui le rendent reconnaissable. Le moustique-tigre (ou Aedes albopictus), implanté dans 67 départements cette année contre 51 en 2018, peut également donner d’autres maladies, comme le chikungunya ou le zika.
Au moins une personne atteinte de la dengue sur deux présente des symptômes, indique Santé publique France. La maladie se manifeste le plus souvent par de la fièvre et des douleurs articulaires mais « ses complications peuvent être sévères ».
Elle ne se transmet pas directement d’homme à homme mais par l’intermédiaire du moustique. En piquant une personne infectée, celui-ci peut prélever le virus dans le sang avant – dans certains cas – de le transmettre à un autre être humain. Aedes albopictus est le plus actif l’été, et le brassage de population avec les vacances estivales accentue le risque qu’une personne infectée ne propage la maladie.
Chaque année, Santé publique France suit de près le nombre de cas de dengue à partir du 1er mai. La maladie est dite à déclaration obligatoire, c’est-à-dire que chaque professionnel de santé doit signaler aux autorités toute personne infectée qu’il identifie.
Au 16 septembre, 165 cas importés et surtout 41 cas autochtones ont été recensés en France métropolitaine. Ces 41 cas autochtones ont forcément été infectés sur le sol de métropole, en l’occurrence en Occitanie et en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
26 d’entre eux forment un même foyer d’infections autour de plusieurs communes limitrophes dans les Alpes-Maritimes. L’Agence régionale de santé mène des enquêtes de porte-à-porte et des opérations de démoustication sont réalisées. Mais « d’autres cas seront vraisemblablement identifiés », anticipe Santé publique France, alors que ce bilan est déjà bien plus lourd que les années précédentes.
Tout d’abord, le moustique-tigre est implanté dans un nombre croissant de communes année après année. Or, une fois qu’il est présent quelque part, il est quasiment impossible de l’en déloger. « L’expansion du moustique-tigre sur tout le territoire est inéluctable, il est illusoire d’espérer revenir en arrière », avance Yannick Simonin, maître de conférences de virologie et spécialiste des arbovirus (les virus transmis à l’homme par des insectes).
Le ministère de la Santé liste plusieurs autres facteurs, dont « les conditions climatiques actuelles favorables à la multiplication des moustiques avec chaleur et pluies ». La saison estivale a été marquée par trois fortes vagues de chaleur, tandis qu’il a beaucoup plu durant la première quinzaine de septembre (notamment dans le sud du pays). « Les températures chaudes, les précipitations, les inondations, mais aussi les sécheresses favorisent la pullulation du moustique-tigre », insiste Marie-Claire Paty, membre de la Direction des maladies infectieuses de Santé publique France.
Par ailleurs, « la nette reprise du trafic aérien après la période Covid favorise l’entrée sur notre territoire de cas importés de dengue, qui peuvent par la suite être à l’origine de foyers autochtones de la maladie en France », indique Yannick Simonin.
41 cas, cela peut toujours sembler très peu. Mais « c’est très loin d’être anodin », insiste Yannick Simonin, rappelant qu’il « y a très probablement de nombreux cas non identifiés ». Et « l’évolution prévisible est une extension et une multiplication de ces épisodes d’infections », prévient Marie-Claire Paty.
Santé publique France juge ainsi nécessaire d’anticiper cette « menace » pour l’avenir. Le ministère de la Santé recommande « de porter des vêtements couvrants et amples, d’utiliser un répulsif cutané, de mettre en place des moustiquaires sur les ouvertures (portes et fenêtres) et d’utiliser des diffuseurs électriques à l’intérieur des habitations ». Outre ces mesures de prévention, la lutte contre les gîtes larvaires doit aussi figurer parmi les priorités. Et Yannick Simonin de conclure : « Il va falloir apprendre à vivre avec le moustique-tigre et avec les virus qu’il peut potentiellement transmettre. »
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