Il faut emprunter les routes tortueuses de l’Entre-deux-Mers, quelque part entre Castelviel, Gornac et Coirac, près de Sauveterre-de-Guyenne, pour atteindre les portes de la Grange Neuve. C’est dans cette ancienne ferme que l’association Oreag gère depuis 1997 l’un des deux centres éducatifs renforcés (CER)de Gironde (1). Les jeunes âgés de 13 à 17 ans viennent dans cet…
Il faut emprunter les routes tortueuses de l’Entre-deux-Mers, quelque part entre Castelviel, Gornac et Coirac, près de Sauveterre-de-Guyenne, pour atteindre les portes de la Grange Neuve. C’est dans cette ancienne ferme que l’association Oreag gère depuis 1997 l’un des deux centres éducatifs renforcés (CER) de Gironde (1). Les jeunes âgés de 13 à 17 ans viennent dans cet établissement semi-ouvert de Castelviel pour des séjours de rupture de trois mois et demi. La fugue est possible, mais les tentations ne sont pas nombreuses dans cet océan de vignes.
Les mineurs sont orientés ici par la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), à la suite d’une décision du juge des enfants. Le placement en CER concerne le plus souvent des primo-délinquants impliqués dans des affaires de drogue, de vol ou de violence. « C’est une alternative à l’incarcération », résume Sabrina Le Nepvou, directrice générale de l’association Oreag. Fin novembre, la sénatrice girondine Laurence Harribey a rencontré les éducateurs et les jeunes du CER de l’Entre-deux-Mers dans le cadre d’une mission parlementaire. La socialiste est coautrice d’un rapport d’information sur la prévention de la délinquance des mineurs.
Sept mineurs par session. Cette fois, ils viennent de Niort, Angers, Béziers et de la région parisienne. Aucun de Bordeaux. « On favorise l’éloignement pour protéger les jeunes », complète la directrice d’Oreag. Objectif : mettre les vicissitudes du quartier entre parenthèses.
Pas de programme scolaire au menu. L’heure est à la reconstruction. « Il faut repartir à zéro : se nourrir correctement, retrouver des cycles de sommeil, se laver, etc. Ce jeune, par exemple, mange exclusivement des barres sucrées depuis tout petit. Il a fallu lui apprendre à manger des repas équilibrés. » Respecter les horaires, dire bonjour, vouvoyer les adultes, etc. « Nous faisons également attention aux casquettes. Car, dans la rue, la position de la visière a une signification », partage le coordonnateur du CER, Christian Garic.
L’apprentissage de nouvelles règles est difficile. La cohabitation aussi. « Mais aucune forme de violence n’est tolérée. En cas de débordement, nous portons plainte à la gendarmerie de La Réole », cadrent les responsables.
Le centre éducatif renforcé de Castelviel est spécialisé dans les séjours de rupture sur le thème du sport : basket, foot, boxe, mais aussi relaxation et arts. « Nous organisons des séjours thématisés de plusieurs jours à l’extérieur : via ferrata, spéléologie, survie à l’extérieur. L’objectif est de remobiliser les jeunes, leur redonner des repères », éclaire la cheffe de service Angelina Machado.
Dans l’atelier, l’éducateur technique spécialisé enseigne la soudure ou la mécanique. « On leur apprend à réparer ce qu’ils cassent et même à exprimer leurs émotions », partage le formateur, Éric. Ce meilleur ouvrier de France en serrurerie montre des œuvres créées par les jeunes durant ce séjour. Un personnage tient dans ses mains des barreaux de prison. Une façon de conjurer le sort ?
(1) L’autre CER du département est piloté par Don Bosco, à Lesparre-Médoc.
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