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Critique cinéma : "Les Aventures de Gigi la loi" d'Alessandro Comodin – France Culture

Dans son billet critique quotidien, Lucile Commeaux porte son regard tranchant et pétillant sur un objet culturel.
Aujourd’hui, Les Aventures de Gigi la loi, un docu-fiction fantaisiste qui sort aujourd’hui en salles :
“Gigi la legge” dans le texte est un sacré personnage, héros d’un film très étrange et très curieux, à la fois inquiétant et attachant. Le réalisateur, Alessandro Comodin est italien ; il a déjà réalisé plusieurs films, tous tournés dans le Frioul, cette région à l’extrême nord-est de l’Italie, des films bizarres au genre fluctuant, qui oscillent entre la fiction et le documentaire.
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Les aventures de Gigi la loi ouvre sur un long plan séquence magistral : c’est la nuit, Gigi est debout dans une végétation dense, il parle avec quelqu’un qu’on ne voit pas et qu’on ne verra jamais, un voisin qui se plaint derrière ce qui était probablement au départ une haie mais qui est devenue une jungle. Le jardin de Gigi prend trop de place, il ne coupe pas ses arbres qui menacent de s’effondrer, cette forêt anarchique attire des bestioles. La dispute dure et s’étire, les silences font de longues pauses, mais la réprimande continue et la tension monte. Gigi ramène des inconnus, Gigi mène une vie dissolue, bref, Gigi ne vit pas correctement.
Pourtant, on le découvre vite, Gigi la loi est policier, c’est de là que lui vient son surnom. Il patrouille dans son village toute la journée, dévisage les rôdeurs, salue les commerçants et les voisins. Un matin, au passage à niveau voisin, on lui signale un corps sur la voie ferrée, celui d’une jeune femme, plusieurs trains sont passés sans s’arrêter. Ce n’est pas la première fois. Suicide ? Meurtre ? D’une manière étrange et statique, à sa manière, Gigi mène l’enquête. ​
C’est un projet très personnel pour le réalisateur puisque celui qui interprète Gigi, Pier Luigi Mecchia, est son oncle. Il joue d’une certaine manière son propre rôle : celui d’un policier un peu marginal, dandy trop séducteur qui a fini dans la vraie vie par se faire virer de la police. Gigi reprend l’uniforme devant la caméra de son neveu dans un régime cinématographique très singulier, avec le retour à plusieurs reprises d’une séquence type : il est dans sa voiture, et tout en patrouillant sur des routes désertes, il parle à un interlocuteur ou une interlocutrice qu’on ne verra que dans un second temps – un champ/contrechamp radical, hyper stylisé, qui donne aux conversations quelque chose de très étrange. On ne sait jamais si les personnages parlent tout seuls, d’autant que s’adjoint régulièrement un troisième interlocuteur, la voix qui répond à la radio, cette belle voix qui émoustille Gigi, très porté apparemment sur les jeunes recrues du poste. Ce dispositif crée à la fois de l’étrangeté et du comique, deux directions vraisemblablement contradictoires que le film parvient à tenir tout du long sans incohérence, et avec une grande intensité d’émotion.
C’est le cas dans le rapport que le film entretient au genre policier, un rapport à la fois parodique et sérieux. On pense beaucoup, de ce point de vue, au P’tit Quinquin de Bruno Dumont, dans lequel des gendarmes enquêtent sur de mystérieux et terrifiants meurtres dans le nord de la France. Gigi est un trublion, il est filmé comme un personnage un peu clownesque, et en même temps, très mélancolique, un peu inquiétant, quand il erre dans son jardin devenu jungle, quand il drague à distance sa jeune collègue, garé sur un chemin de campagne désert. De la même manière, son obsession pour un jeune homme qu’il est apparemment le seul à trouver suspect relève à la fois du motif comique, et de la pathologie. Le film s’achève sur le parking d’un hôpital psychiatrique, où il a accompagné une femme apparemment habituée des lieux, mais qui pourrait aussi être le signe de sa propre dérive. La forêt magique et inquiétante, ces périphéries résidentielles un peu fantomatiques, ces routes arpentées sous un soleil aveuglant : l’espace filmé est toujours un peu son espace mental, de même que le rythme du film, accidenté, troué, mime le temps du rêve ou du cauchemar. Attachant et repoussant, malade et guérisseur, gendarme et abuseur, Gigi ne laisse pas indifférent.
Lucile Commeaux
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