Pièces complète 2 euro commémorative et accessoires protection pièces

Critique album jeunesse : “Hekla et Laki” de Marine Schneider (Pépite d'Or 2022) – France Culture

Littérature, cinéma, expos, musique, séries, BD… Chaque jour un objet de l’actualité culturelle passé au crible d’une critique libre et assumée.
Aujourd’hui Lucile Commeaux nous parle de Hekla et Laki de Marine Schneider (Editions Albin Michel Jeunesse), un album jeunesse qui vient tout juste de remporter la pépite d’or au Salon du Livre et de la Presse Jeunesse de Montreuil.
La pépite d’or est la plus haute distinction décernée au Salon de Montreuil, et elle récompense cette année un album illustré pour les enfants à partir de 4 ans, à la grande beauté plastique et au récit étrange. Au seuil de cette histoire, composée de deux parties, naît le petit Hekla, minuscule enfant qui un jour de grand vent atterrit devant le grand Laki, vieillard immense qui vit seul dans une petite maison posée dans le cratère d’un vaste volcan. Au départ le solitaire Laki le trouve bien dérangeant, ce tout petit être muet qui met le bazar dans ses livres, qui veut sans cesse sortir, et explorer le lac alentour alors qu’il paraît si fragile. Mais Laki s’attache, il fabrique pour Hekla un tout petit lit à côté du sien, lui lit des histoires, s’inquiète. Il vieillit aussi. Le conte est beau, qui met en scène, comme dans  Pinocchio un vieil homme qui s’achemine vers sa fin, et un fils adopté, petite créature dont on ne sait pas si elle est humaine, et qui elle ne vieillit pas. Au creux du livre, entre les deux parties qui le composent, il y a la mort du vieillard, évoquée sans ménagement mais avec cette explication optimiste : il part quand il est sûr que le petit Hekla va parvenir à se débrouiller seul, lui qui a apprivoisé le lac et ses dangers. La fable n’esquive pas le risque et la peine ; j’aime beaucoup le dessin qui accompagne l’annonce de la mort de Laki : il est représenté tout du long comme une grande silhouette dessinée au crayon noir et emplie de bleu foncé, et quand la vie le quitte, la couleur aussi, comme si on avait percé la forme de son corps, et que toute la couleur s’était déversée autour de lui. Sa silhouette au milieu du bleu est intacte, simplement elle est désormais remplie de blanc, comme un fantôme ou un souvenir.
Les illustrations sont une grande réussite. Marine Schneider a travaillé plusieurs techniques, a réalisé plusieurs dessins avant même de les ordonner en un récit, et cette multiplicité des formats et des esthétiques détermine la forme de l’album. Le texte s’adapte à cette variété : parfois l’image prend toute la page, parfois sur une double page coexistent plusieurs petites vignettes, ou de petits détails isolés. Quand il s’agit de représenter la maison de Laki par exemple, le livre propose à la fois une double page qui montre tout son intérieur avec des portes ouvertes laissant entrevoir plusieurs pièces en enfilade, et la page d’après sur un fond blanc, juste un détail de décoration : deux chiens sculptés qu’on imagine de faïence dont l’un est rempli de fleurs multicolores. De la même manière les textures et les traits sont très variés, des aplats de couleur et des flous pastel quand il s’agit de représenter l’extérieur, et au contraire de petits détails ouvragés sur des animaux ou des végétaux notamment sous-marins. C’est très beau et curieux à regarder. Certaines pages sont comme des plans larges, appréhensibles d’un coup d’œil, et puis certains fourmillent de petites choses qu’on passe du temps à détailler. C’est un livre sur la nature, sa beauté et ses dangers, à l’image du volcan et du lac où habitent les personnages, qui sont à la fois des refuges colorés et ludiques et des abysses menaçantes et sombres. Hekla et Laki, ce sont originellement les noms de deux volcans islandais, dont l’un est actif et l’autre éteint – Marine Schneider a un gros tropisme nordique, elle a déjà écrit des livres pour enfants inspirés de récits et légendes d’Europe septentrionale. Le Grand Nord dans l’album est une matière naturelle, fleurs, animaux, roches, cieux, toujours traités à la lisière du fantastique. Des éléments qui sont aussi une poétique : il y a un goût pour les mots de la nature, par exemple pour je cite “la samare d’un érable sycomore”. Dans cet univers on ne sait pas bien si Hekla et Laki sont des hommes, – il y a une forme de continuum très actuel, du minéral à l’humain, que le dessin figure simplement, à la fois rassurant et un peu effrayant, comme toutes les bonnes histoires. Lucile Commeaux
L’équipe

source

A propos de l'auteur

Backlink pro

Ajouter un commentaire

Backlink pro

Prenez contact avec nous

Les backlinks sont des liens d'autres sites web vers votre site web. Ils aident les internautes à trouver votre site et leur permettent de trouver plus facilement les informations qu'ils recherchent. Plus votre site Web possède de liens retour, plus les internautes sont susceptibles de le visiter.

Contact

Map for 12 rue lakanal 75015 PARIS FRANCE